Lelecteur aura en outre le plaisir de lire Ă la fin du livre un choix de lettres, des extraits de son Journal (1803) et dĂ©couvrira nombre de feuilles au crayon, sĂ©pias, aquarelles rarement vues qui renvoient notamment Ă sa formation, vers 1794, Ă la prestigieuse AcadĂ©mie royale de Copenhague oĂč lâenseignement sâappuyait entre autres sur lâantique.
VERSL'INFINI ET AU-DELĂ ! PubliĂ© le 27 DĂ©cembre 2017 DĂ©cembre 2018 C'est une pĂ©riode de rĂ©veil, mĂȘme sur le calendrier juif. Nous sommes dans les annĂ©es 5770, qui s'appellent Ayin. Cela signifie que les yeux sont ouverts (Ă©veil) et
Significationdu tatouage Boule de billard no 8. Elle dĂ©crit la chance dans la vie, le dernier Ă mourir, le but Ă atteindre, la volontĂ©. Signification du tatouage Brun. Le brun Ă©voque la terre, lâautomne, la douceur, la neutralitĂ©, lâhumilitĂ© mais il suggĂšre aussi la putrĂ©faction. Signification du tatouage Cannabis.
Informationset situation de l'association Vers l'infini et au-dela Défense des droits des enfants dans la ville de Cambrai. thÚmes : Santé
kHnsZX. Croisement entre les services financiers et la technologie, la Fintech a un impact majeur sur le marchĂ© des services financiers et le comportement des consommateurs. LâaccĂšs permanent Ă des supports informatiques puissants, lâaugmentation des attentes des consommateurs dont le niveau dâexpĂ©rience utilisateur ne cesse de croĂźtre, des besoins non satisfaits dans le monde traditionnel, lâĂ©volution dĂ©mographique, lâexclusion financiĂšre sont autant de vecteurs qui dopent les Fintechs au bĂ©nĂ©fice des consommateurs disposant davantage de choix, de commoditĂ© et de transparence. Les rĂ©gulateurs, pourtant trĂšs attentifs Ă ces Ă©volutions, restent en retard dâaction et de coordination. Ils ont cependant un rĂŽle-clĂ© Ă jouer pour minimiser les risques potentiels, permettre un dĂ©veloppement mesurĂ© et serein ainsi que maximiser finalement les avantages des consommateurs. Or, les banques font face Ă des concurrents Fintech mais qui ne sont en rien comparables avec celui qui arrive Facebook et la Libra. 1,7 milliard dâadultes dans le monde, en possession dâun tĂ©lĂ©phone portable ayant accĂšs Ă internet, restent exclus du systĂšme financier par lâintermĂ©diaire dâune banque traditionnelle. Pierre-Alexandre Degehet, Partner, Bonn Steichen Partners En effet, le livre blanc de Facebook laisse peu de doute quant au but et aux adversaires dĂ©signĂ©s; le monde accumule des connaissances et des informations universelles grĂące au progrĂšs dâinternet et du haut dĂ©bit mobile, mais approximativement 1,7 milliard dâadultes dans le monde, en possession dâun tĂ©lĂ©phone portable ayant accĂšs Ă internet, restent exclus du systĂšme financier par lâintermĂ©diaire dâune banque traditionnelle. Christine Lagarde dĂ©clarait lors du Paris Fintech Forum en janvier dernier que les Fintechs avaient un rĂŽle de premier plan Ă jouer dans le monde en offrant aux 2 milliards de personnes qui ne sont pas bancarisĂ©es, accĂšs Ă des plates-formes de transaction sĂ©curisĂ©e». Mark Zuckerberg entend y remĂ©dier et rendre aussi facile dâenvoyer Ă quelquâun de lâargent que de lui adresser une photo». Ceci Ă©tant, son ambition est plus vaste en visant la crĂ©ation dâun nouvel Ă©cosystĂšme par la crĂ©ation dâune monnaie privĂ©e mondiale en dĂ©veloppant des paiements et transferts entre consommateurs tout en sâappuyant sur toutes les messageries opĂ©rĂ©es par Facebook et en proposant un portefeuille numĂ©rique, le Calibra. La Libra ne sera pas simplement la cryptomonnaie de Facebook. Pierre-Alexandre Degehet, Partner, Bonn Steichen Partners Lâintelligence du projet, câest de dĂ©centraliser la gestion de la Libra Ă une association sans but lucratif basĂ©e en Suisse comptant actuellement 28 membres, parmi lesquels des gĂ©ants qui ont Ă©videmment senti le besoin dây participer Uber, Spotify, Ebay Ă©conomie numĂ©rique, Visa, Mastercard paiements, et des ONG Womenâs World Banking, mais aucune institution bancaire nâest prĂ©sente. La Libra ne sera pas simplement la cryptomonnaie de Facebook, au contraire, le but est de crĂ©er une monnaie dâĂ©change qui pourra ĂȘtre utilisĂ©e sur diffĂ©rentes plates-formes et pour les services proposĂ©s par tous les partenaires membres ainsi quâauprĂšs de commerçants. On imagine aisĂ©ment que cette plate-forme favorisera la consommation auprĂšs des membres du club» par divers moyens. Par ailleurs, la stabilitĂ© sera assurĂ©e, car contrairement au Bitcoin et autres, lâassociation Libra aura pour tĂąche de stabiliser cette monnaie en crĂ©ant une rĂ©serve composĂ©e des devises comme le dollar, lâeuro, la livre sterling, le yen et les bons du TrĂ©sor de grandes banques centrales selon une paritĂ© dâun pour un. Leur entrĂ©e dans la finance semble tracĂ©e car le large Ă©ventail de donnĂ©es sur le comportement Ă disposition brossera un tableau plus dĂ©taillĂ© que les informations dont disposent les banquiers traditionnels. Pierre-Alexandre Degehet, Partner, Bonn Steichen Partners Avec la Libra, Facebook va consolider son rĂ©seau et accĂ©der Ă une nouvelle catĂ©gorie de donnĂ©es stratĂ©giques habitudes, paiements et dĂ©penses des utilisateurs, ce qui permettra de profiler au mieux ses utilisateurs afin dâaugmenter ses revenus publicitaires. Cela prend toute sa signification si lâon considĂšre la taille de Facebook et le nombre dâutilisateurs approx. 2,5 milliards, si un quart dâentre eux crĂ©e un portefeuille Calibra, cela correspondra environ Ă 1,5 fois la zone euro. Ensuite, leur entrĂ©e dans la finance semble tracĂ©e car le large Ă©ventail de donnĂ©es sur le comportement Ă disposition brossera un tableau plus dĂ©taillĂ© que les informations dont disposent les banquiers traditionnels. Les inquiĂ©tudes ont fusĂ© dĂšs lâannonce car la taille de Facebook change tout, les rĂ©gulateurs sont au pied du mur. Facebook bouscule les Ătats et casse la fonction rĂ©galienne de battre monnaie et assurer protection et stabilitĂ©. Certains sâĂ©meuvent car les attributs de la souverainetĂ© des Ătats doivent rester aux mains des Ătats, et pas des entreprises privĂ©es rĂ©pondant Ă des intĂ©rĂȘts privĂ©s, mais le phĂ©nomĂšne est mondial et il nâexiste aucune chance de lâarrĂȘter. Une coordination nationale et internationale devra naĂźtre rapidement en vue dâharmoniser des rĂšgles et assurer un dĂ©veloppement serein et une concurrence saine. Pierre-Alexandre Degehet, Partner, Bonn Steichen Partners Facebook se renouvelle et se rend incontournable, mais quel rĂŽle entend-il jouer? Dans les pays Ă trĂšs forte inflation, les populations pourraient se retourner vers la Libra, adossĂ©e sur un panier de devises stables, et influer de la sorte sur les politiques monĂ©taires de ces Ătats⊠jusquâĂ rendre une monnaie locale inutile? Une coordination nationale et internationale devra naĂźtre rapidement en vue dâharmoniser des rĂšgles et assurer un dĂ©veloppement serein et une concurrence saine. Il se pourrait que Facebook force les rĂ©gulateurs Ă sâentendre et agir lĂ oĂč jusque maintenant des vĆux pieux Ă©taient Ă©noncĂ©s. La question non mentionnĂ©e dans le livre blanc est de savoir si les Ătats, Ă des fins de rĂ©gulation, pourraient investir dans la Libra et obtenir un siĂšge au conseil de lâassociation.
ChorĂ©graphie. Le Festival dâautomne Ă Paris dresse le portrait de Lucinda Childs, dont le style axĂ© sur la rĂ©pĂ©tition du mouvement a marquĂ© la crĂ©ation moderne. Explication de son influence Ă travers les tĂ©moignages de la jeune chaise» une fois, c'est un mot. Prononcez-le 2 000 fois et c'est devenu une sensation. Maintenant, observez le mĂȘme procĂ©dĂ© avec une action physique sauter, reculer, courir. Vous noterez vite que vos pupilles se dilatent, que vos mĂąchoires se desserrent et que le mouvement s'est progressivement dĂ©pouillĂ© de toute signification pour entrer dans une autre dimension du temps et de la perception. Vous voilĂ devant Dance, Ćuvre culte de la chorĂ©graphe amĂ©ricaine aujourd'hui septuagĂ©naire Lucinda Childs. C'est Ă cette grande star du minimalisme amĂ©ricain que le Festival d'automne Ă Paris consacre cette annĂ©e un portrait, avec d'une part la reprise de ce Dance, créé en 1979 sur une partition de Philip Glass, un dĂ©cor et un film de Sol LeWitt. Et d'autre part, la programmation de ses Early Works, qui rappelleront Ă bien des performeurs contemporains qu'ils n'ont pas inventĂ© la radicalitĂ©. Avec, aussi, une exposition d'archives photos, croquis, vidĂ©os proposĂ©e par la galerie Thaddaeus Ropac en collaboration avec le Centre national de la danse, Ă Pantin Seine-Saint-Senis. De quoi saisir en profondeur les raisons pour lesquelles les Ćuvres de Lucinda Childs, sortes de poĂšmes molĂ©culaires, ont su rĂ©concilier tous les traumatisĂ©s des cursus scientifiques avec les notions d'algĂšbre, de physique et de gĂ©omĂ©trie du publicMettre en scĂšne l'Ă©tat de perpĂ©tuelle transformation des choses dans l'univers. DĂ©multiplier Ă l'infini des mouvements Ă©lĂ©mentaires, les intĂ©grer Ă des systĂšmes complexes faits de micro-altĂ©rations, pour qu'au terme d'une partition rĂ©pĂ©titive, la danse soit devenue non pas une expression de soi-mĂȘme mais une transformation de soi-mĂȘme», selon la formule de John Cage. On a beaucoup Ă©crit sur l'hĂ©ritage des compositeurs minimalistes comme Steve Reich ou Philip Glass, qui va de la techno de Detroit Ă celle, minimale, de Berlin. On en sait moins sur l'influence que Lucinda Childs, la plus puriste et la plus fidĂšlement rĂ©pĂ©titive» de la bande du Judson Dance Theater, a pu avoir sur les gĂ©nĂ©rations pourtant, l'ombre de ses compositions rĂ©pĂ©titives semble planer sur bien des plateaux. Et il est saisissant de voir que beaucoup des grandes Ćuvres chorĂ©graphiques de ces derniĂšres annĂ©es, celles aussi qui ont remportĂ© une forte adhĂ©sion du public, ont toutes dĂ©cortiquĂ© un seul rĂ©gime de mouvement. C'Ă©tait une partition de sauts rĂ©pĂ©tĂ©s dans The Dog Days Are Over du jeune chorĂ©graphe belge Jan Martens. Une partition de marches dans TragĂ©die, le blockbuster que le Français Olivier Dubois a créé Ă la suite de RĂ©volution une partition de tours. Une partition de danse traditionnelle bavaroise rĂ©pĂ©tĂ©e jusqu'au cauchemar dans FOLK-S de l'Italien Alessandro Sciarroni. Et ce sont encore aujourd'hui, prĂ©sentĂ©s dans une mĂȘme programmation Ă la Biennale de la danse de Lyon, le fascinant Turning, du mĂȘme Sciarroni lire ci-contre, et la nouvelle crĂ©ation Auguri, du mĂȘme Dubois - une composition trĂšs trop lĂ©chĂ©e de courses infiniesOn ne peut pas dire que les partitions minimalistes avaient complĂštement disparu depuis les annĂ©es 80. A moins de rayer de l'histoire les premiers chefs-d'Ćuvre d'Anne Teresa De Keersmaeker Fase, Rosas Danst Rosas ou de passer sous silence l'entĂȘtant Umwelt de Maguy Marin basĂ© sur la rĂ©pĂ©tition hypnotique d'apparitions et disparitions, entre abstraction et théùtralitĂ©. Mais disons que l'effet de masse est aujourd'hui notable. Olivier Dubois, qui compte Dance et Rosas Danst Rosas comme deux piĂšces fondatrices de son parcours, ne se risque pas Ă parler de syndrome», mais nous donne une clĂ© d'analyse trĂšs pragmatique les compositions rĂ©pĂ©titives nĂ©cessitent souvent beaucoup d'interprĂštes en plateau. Or, pour des raisons esthĂ©tiques autant qu'Ă©conomiques, il y avait une certaine pauvretĂ© des chorĂ©graphies de groupe avant 2012 [la date de crĂ©ation de TragĂ©die, avec 18 danseurs, au Festival d'Avignon, ndlr]. Aujourd'hui, il y en a davantage [22 danseurs pour Auguri, ndlr] et la question de l'Ă©criture, souvent Ă©vacuĂ©e des plateaux pendant les annĂ©es 90-2000, revient en force. Et dans cette quĂȘte d'Ă©criture, le minimalisme, c'est Ă©videmment la grande Ă©vasion.» De son cĂŽtĂ©, le trentenaire Jan Martens avançait une autre carte, plus sociologique, quand il nous expliquait son dĂ©sir d'instaurer dans la salle de The Dog Days Are Over un rapport au temps et une qualitĂ© de concentration dont nous priveraient aujourd'hui les sociĂ©tĂ©s connectĂ©es. On est matraquĂ© d'infos, on voit mille fois plus d'images qu'il y a cinquante ans ! Le minimalisme, c'est prendre le temps de regarder en profondeur les transformations subtiles, ça rĂ©tablit de l'introspection.» Reste qu'entre la gĂ©nĂ©ration des annĂ©es 70 et celle d'aujourd'hui, la façon d'utiliser la rĂ©pĂ©tition n'est plus la mĂȘme. Sur les plateaux de Lucinda Childs, les danseurs dĂ©filent en flux continu, comme des chiffres. Ou des notes. Le mouvement n'exprime rien d'autre que lui-mĂȘme le pur prĂ©sent, la physicalitĂ©. Pas d'Ă©tat, pas d'expressivitĂ©, pas de subjectivitĂ©, aucune trace de narration, effacement total du sujet, l'Ă©motion naĂźt uniquement des combinaisons infinies inscrites sur la dâhypnoseQuant Ă aujourd'hui, j'ai l'impression que nous sommes quelques-uns Ă puiser dans des imaginaires plus archaĂŻques, plus proches des rituels de possession, en nous ancrant dans diffĂ©rents champs sociaux aussi», analyse le chorĂ©graphe Alexandre Roccoli qui, dans ses rĂ©centes crĂ©ations, tire les fils entre rituels traditionnels, musique electro et gestes de mĂ©tiers oubliĂ©s. On nourrit la densitĂ©, l'Ă©tat des interprĂštes via des motifs rĂ©pĂ©titifs mais ces motifs, parfois bruts, sortent du formalisme abstrait. L'Ă©volution est sensiblement la mĂȘme en musique.»La rĂ©pĂ©tition est en effet un principe commun Ă nombre de transes, de rituels d'hypnose, voire d'ensorcellement. Les minimalistes des annĂ©es 70 s'Ă©taient eux-mĂȘmes inspirĂ©s de certaines traditions extra-europĂ©ennes pour construire leurs mĂ©caniques d'Ă©criture Philip Glass a Ă©tudiĂ© les structures musicales indiennes. Mais souvent moins par amour du mysticisme que par volontĂ© d'Ă©tudier les phĂ©nomĂšnes de la perception. Aujourd'hui, si les procĂ©dĂ©s d'Ă©criture revisitent ceux des grands maĂźtres des annĂ©es 70, de maniĂšre plus ou moins formelle ou en introduisant plus ou moins de lyrisme, les objectifs semblent diffĂ©rents. Au centre du travail de Lucinda Childs, c'est la partition. Dans le mien, trĂšs clairement, c'est l'interprĂšte, commente Olivier Dubois. Tout ce cadenassage mis en place dans ma trilogie [RĂ©volution, TragĂ©die et aujourd'hui Auguri, ndlr] sert Ă libĂ©rer la singularitĂ© de chacun.» En somme, introduire le sujet, l'incarnation, parfois la fiction dans un cadre formel extra froid.
Vincent van Gogh, La nuit Ă©toilĂ©e, 1888 © RMN-Grand Palais MusĂ©e dâOrsay / HervĂ© LewandowskiMystique. Au risque de paraĂźtre un tantinet acadĂ©mique, abordons le sujet par sa dĂ©finition, car elle est Ă©tonnante de signification. Mystique donc ou mysticisme est un terme qui, selon Wikipedia le sage, sert Ă qualifier ou Ă dĂ©signer des expĂ©riences spirituelles de lâordre du contact ou de la communication avec une rĂ©alitĂ© transcendante non discernable par le sens commun ». Cette expĂ©rience dâune rĂ©alitĂ© transcendante » semble trouver un Ă©cho extrĂȘmement fĂ©cond dans lâart en gĂ©nĂ©ral, dans la peinture en particulier et dans la peinture de la fin du XIXĂšme siĂšcle et du dĂ©but du siĂšcle suivant en tout particulier la tension de lâindividu vers lâinfini, la puissance du subjectif face au monde, lâexpĂ©rience de la beautĂ© moderne telle quâelle a Ă©tĂ© initiĂ©e par Baudelaire, il serait mĂȘme tentant dâenvisager une mystique esthĂ©tique, Ă dĂ©tacher du mysticisme Khnopff, A Bruges. Un Portail, 1904 © DRVoilĂ globalement le sujet passionnant quâa choisi dâexplorer le musĂ©e dâOrsay dans sa nouvelle exposition intitulĂ©e un peu prosaĂŻquement Au-delĂ des Ă©toiles, Le paysage mystique de Monet Ă Kandinsky. De lâimpressionnisme Monet donne le ton Ă tout ce qui suit Ă lâabstraction mĂȘme si lâon dĂ©plore la prĂ©sence de seulement deux Kandinsky, lâexposition laisse place Ă des artistes venus de tous horizons qui ont pour point commun et pour point de dĂ©part la reprĂ©sentation du paysage, envisagĂ© dans sa capacitĂ© Ă traduire autre chose, Ă explorer au-delĂ et vers lâinfini, ou Monet, La cathĂ©drale de Rouen. Le portail, soleil matinal, 1883, musĂ©e dâOrsay, Paris, France ©photo musĂ©e dâOrsay / rmnTout commence effectivement avec Monet qui, dans son rapport au motif, nous permet dâentrevoir et de comprendre tout ce qui va suivre. Le motif, disait-il, est quelque chose de secondaire, ce que je veux reproduire, câest ce quâil y a entre le motif et moi ». Ainsi se prĂ©sente Ă nous la sĂ©rie des reprĂ©sentations de la cathĂ©drale de Rouen un mĂȘme objet Ă des moments diffĂ©rents. Ce qui compte ici nâest pas lâobjet, cette cathĂ©drale qui est strictement la mĂȘme dâune oeuvre Ă lâautre, mais lâinstant, lâimpression spirituelle, ce qui se prĂ©sente entre la cathĂ©drale physique et le regard du peintre. VoilĂ qui ouvre le chemin aux artistes qui suivront dans lâexposition, chacun inspirĂ© par tel ou tel motif qui finira par disparaĂźtre chez les abstraits, chacun exprimant ses propres sensations Ă travers une expĂ©rimentation formelle souvent savoureuse. Les yeux ont assez vu, câest maintenant lâĂąme qui montagnes du Nouveau-Mexique aux aurores borĂ©ales scandinaves, de la lumiĂšre intimiste dâun parc bruxellois aux couleurs bariolĂ©es des forĂȘts des nabis, nous avons lĂ affaire Ă un tour du monde littĂ©ral, gĂ©ographique, qui est Ă la fois un tour dâhorizon symbolique, un tour dâhorizon des esprits et des Jansson, RiddarfjĂ€rden Ă Stockholm, 1898 © NationalmuseumLes liens qui unissent les artistes de chaque salle sont absolument exaltants, malgrĂ© la diffĂ©rence des objets quâils sâappliquent Ă reprĂ©senter pour certains tout est dans la lumiĂšre, pour dâautres dans la sensualitĂ© des formes oui Madame Oâkeeffe, câest de vous quâon parle ou dans une quĂȘte spirituelle parfois mĂȘme un peu lightGustaf Fjaestad, Clair de lune en hiver, 1895 © Nationalmuseum/Hans Thorwid, ADAGP, Paris 2017Outre les monstres sacrĂ©s de lâHistoire de lâart, le MusĂ©e dâOrsay sâest donnĂ© lâoccasion de faire dĂ©couvrir certains artistes plus confidentiels, ou en tout cas de les rappeler Ă notre bon souvenir. Willumsen, Strindberg, Fjaestad nous interpellent par leur Ă©lĂ©gance comme ils ont interpellĂ©, en 1913, un groupe de peintres nord-amĂ©ricains qui puiseront chez eux leur inspiration de la tranquillitĂ© des paysages scandinaves Ă la majestĂ© des grands lacs amĂ©ricains, il nây a symboliquement quâun pas. Lawren Harris, Isolation Peak, Rocky Mountains © 1930GrĂące Ă la collaboration de la Art Gallery of Ontario, le MusĂ©e dâOrsay aborde ce groupe des sept » extrĂȘmement talentueux mais trop rare, parmi lesquels, notamment, Emily Carr et Lawren Harris qui iront jusquâĂ friser lâabstraction avec une patte qui restera sans doute gravĂ©e dans lâesprit des nombreux visiteurs de lâexposition pour un bon Carr, Sky, 1935â36 © Ottawa, MusĂ©e des Beaux-Arts du Canada, Photo MBACMystique, mi-raisonLa quĂȘte intĂ©rieure de cette beautĂ© sensible et invisible reste, chez certains, attachĂ©e Ă la religion, Ă une religion quelle quâelle soit. Câest notamment le cas de Charles-Marie Dulac, peintre dĂ©corateur qui, se sachant touchĂ© par une maladie incurable, se tourna vers un catholicisme radical Ă la symbolique Marie Dulac, La VallĂ©e du Tibre Ă Assise, 1898 © Droits rĂ©servĂ©sLa nouvelle exposition du MusĂ©e dâOrsay nous offre donc un panorama Ă©clectique et complet, un portrait dĂ©taillĂ© de ce renversement crucial de lâHistoire de lâart lâidĂ©al change, lâexploration de lâintĂ©rioritĂ© se traduit par la reprĂ©sentation de grands espaces dont lâimmensitĂ© correspond Ă celle des paysages de lâesprit. Un voyage stimulant, exaltant et introspectif oĂč les chocs esthĂ©tiques pleuvent afin de nourrir une rĂ©flexion scientifique claire et aboutie ouvrez grands les yeux, perdez-vous dans les cieux, vous inspirerez pleinement la beautĂ© infinie du souffle de lâesprit.
.+/>3 + etc. Supposons, pour fixer les idĂ©es, que lâon ait un nombre donnĂ© i dâurnes A, contenant des boules blanches et des boules noires, et que le nombre total de boules et le nombre de boules blanches soient c, et a, dans une premiĂšre urne, c % et a % daus une seconde, etc. Supposons aussi que E soit lâextraction dâune boule blanche, en mettant la main au hasard dans lâune de ces urnes. Cet Ă©vĂ©nement pourra alors arriver de i maniĂšres diffĂ©rentes, puisque i est le nombre dâurnes dâoĂč la boule blanche pourra sortir. La probabilitĂ© que la main se portera sur lâune de ces urnes sera la mĂȘme pour toutes et Ă©gale Ă la chance dâextraire une boule blanche sera â , â, â, etc., selon lâurne sur la- c.â c,â c 3 â quelle la main se portera effectivement; dâaprĂšs la rĂšgle du n° 5, les probabilitĂ©s p,, p t , Pi, etc., des diverses maniĂšres dont E pourra arriver, seront donc Px I fi i c, â P* L fi i c,â Pi i_ a 3 i c 3 â etc.; et il sâagira de prouver que la probabilitĂ© complĂšte p de lâextraction dâune boule blanche, de lâune ou de lâautre de toutes les urnes A, aura pour valeur p= - + - + - + etc.. r 1 \ c, 1 c, 1 c 3 1 J La dĂ©monstration de cette rĂšgle est fondĂ©e sur un lemme qui sera Ă©galement utile dans dâautres occasions. Concevons un nombre quelconque i dâurnes C, contenant des boules blanches et des boules noires en proportions diverses, mais dont le nombre total soit le mĂȘme et reprĂ©sentĂ© par p, pour chacune de ces SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 45 urnes; la probabilitĂ© dâextraire de leur ensemble une boule blanche ne changera pas si lâon rĂ©unit les i/x boules quâelles contiennent dans une seule urne B. En effet, elles y formeront des groupes disposĂ©s dâune maniĂšre quelconque, dont chacun contiendra les boules provenant dâune mĂȘme uiâne C, et qui seront tous composĂ©s dâun mĂȘme nombre fx de boules, ce qui suffit pour que la chance dây porter la main soit la mĂȘme pour tous ces groupes, et Ă©gale Ă A, comme quand chaque groupe Ă©tait renfermĂ© dans une urne C. La chance de tirer une boule blanche du groupe oĂč la main se portera nâaura pas non plus changĂ©; par consĂ©quent, la probabilitĂ© dâextraire une boule blanche sera la mĂȘme pour lâurne B et pour le systĂšme des urnes C. Cette conclusion nâaurait plus lieu, si les nombres de boules que les urnes C renferment Ă©taient inĂ©gaux; quels quâils soient, la chance que la main se portera sur lâune des urnes sera la mĂȘme, et Ă©gale Ă mais quand toutes les boules auront Ă©tĂ© rĂ©unies dans lâurne B, les groupes qu elles y formeront contenant des nombres inĂ©gaux de boules, la chance que la main sây portera ne sera pas Ă©gale pour tous ces groupes elle est Ă©videmment plus grande pour ceux qui seront formĂ©s dâun plus grand nombre de boules. Cela posĂ©, rĂ©duisons toutes les fractions â, â , â, etc., Ă un mĂȘme C, C, C3 dĂ©nominateur, que nous dĂ©signerons par fx. Soient alors a,, a % , a 3 , etc., leurs numĂ©rateurs, de sorte quâon ait La chance dâextraire une boule blanche de chacune des urnes A, et par consĂ©quent 4 e lâensemble de ces urnes, ne changera pas si lâon remplace chacun^.es nombres c lt c,, c 3 , etc., de boules blanches ou noires, par le meme nombre /x, et les nombres a lt a % , a 3 , etc., de boules blanches, par a,, a,, a 3 , etc. La probabilitĂ© de lâextraction dâune boule blanche ne changera pas non plus, si lâon rĂ©unit ensuile toutes ces boules dans une mĂȘme urne C. Or, cette urne contenant alors un nombre total ifx de boules, parmi lesquelles il y aura un nombre a, -f- a 3 -etc., de boules blanches, cette probabilitĂ© sera 46 RECHERCHES le rapport du second nombre au premier, ou, ce qui est la mĂȘme chose, - + - + - + etc -; t \ft U 1 U J quantitĂ© qui coĂŻncide, en vertu des Ă©quations prĂ©cĂ©dentes, avec la valeur de p quâil sâagissait de dĂ©montrer. n. Pour appliquer cette rĂšgle Ă des exemples, supposons dâabord quâil soit Ă la connaissance dâune personne quâune boule a Ă©tĂ© extraite, ou dâune urne A contenant cinq boules blanches et une boule noire, ou dâune urne B renfermant trois boules blanches et quatre boules noires, et quâelle nâait aucune raison de croire que cette boule soit sortie plutĂŽt de lâune que de lâautre des deux urnes. Pour cette personne , la probabditĂ© â â + 1 et la probabilitĂ© complĂšte ;ĂŻ + '» 7 7 + 0 ; en prenant leur somme et la divisant par trois, on aura donc f pour la probabilitĂ© complĂšte de cette extraction, comme pour celle dâune boule blanche, de lâurne A. >2 ConsidĂ©rons enfin un systĂšme dâurnes D,, D a , D 3l etc., dont la premiĂšre renferme un nombre c, de boules parmi lesquelles a t boules blan- 7 RECHERCHES ches,la deuxiĂšme ua boules dont a,boules blanches, etc.; et supposons que par une raison quelconque, il nây ait pas la mĂȘme chance pour toutes ces urnes, que la main sây portera pour en extraire une boule blanche ou noire. DĂ©signons alors par h, la probabilitĂ© quâelle se portera sur lâurne D 1} par k t la probabilitĂ© quâelle se portera sur lâurne D,, etc. Par la rĂšgle du n° 5, la probabilitĂ© dâextraire une boule blanche de la premiĂšre urne sera k, de la seconde k % â , etc. ; ces produits exprimeront donc les probabilitĂ©s par- tielles p,, p t , p 3 , etc., relatives aux diverses maniĂšres dont lâextraction dâune boule blanche pourra avoir lieu ; par consĂ©quent, la probabilitĂ© complĂšte q â 7i H - 7» âH fa âh" etc -> et, par consĂ©quent, Pi - f- P* + Ps + etc. + q t - F 7* + etc. Maintenant, si un nombre m des lettres A, B, C, D, etc, reprĂ©sentent un mĂȘme Ă©vĂ©nement E, celles de leurs permutations qui ne diffĂšrent que par les places de E seront aussi les mĂȘmes; ce qui rĂ©duira le nombre des permutations distinctes, au produit prĂ©cĂ©dent, divisĂ© par le nombre 53 SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS, de permutations dont ces m lettres E sont susceptibles, et qui est i .2 ; 3...m. Si les p â m ou n autres lettres reprĂ©sentent aussi un mĂȘme Ă©vĂ©nement F, il faudra Ă©galement diviser ce produit par le nombre de permutations de ces n lettres F, ou par n. Par consĂ©quent, le nombre de permutations distinctes que lâon peut faire avec m Ă©vĂ©nements E et n Ă©vĂ©nements F, câest-Ă -dire la valeur de K quâil sâagissait dâobtenir, sera K = t m. i . 2 .3... n A cause de = m +, cette quantitĂ© K est symĂ©trique par rapport Ă m et Ă n; mais on peut aussi lâĂ©crire sous ces deux autres formes u fi â i u â 2 . . .ic â m -j- i i. 2 .3 ... m fi./t â Ăź .fi â 2. . ,ft â n -f- i . n â K K= qui montrent que la probabilitĂ© n, ou le produit K p m q m , est le ternie du rang m - f- i dans le dĂ©veloppement de p - f- qĂż ordonnĂ© suivant les puissances croissantes de p, ou le terme du rang n-j- i dans ce dĂ©veloppement ordonnĂ© suivant les puissances croissantes de q. On conclut de lĂ que dans le cas que nous examinons, oĂč les chances p et q des deux Ă©vĂ©nements contraires E et F sont constantes, celles de tous les Ă©vĂ©nements composĂ©s qui peuvent arriver dans un nombre pt, dâĂ©preuves ont pour expressions, les diffĂ©rents termes de la formule du binĂŽme p-\- q Ă©levĂ© Ă la puissance p-. Le nombre de ces Ă©vĂ©nements est p - f- i. Ils sont inĂ©galement probables, soit Ă cause de la multiplicitĂ© des combinaisons qui peut les amener et qui est exprimĂ©e, pour chacun dâeux, par le nombre K, soit Ă raison de lâinĂ©galitĂ© des chances p et q. Dans le cas de p = q } lâĂ©vĂ©nement le plus probable est celui qui rĂ©pond Ă m â n, lorsque p RECHERCHES h 54 est un nombre,pair; et lâun des deux qui rĂ©pondent Ă m ân = rbi, quand /x. est un nombre impair. 1 5 . Soit P la probabilitĂ© que E arrivera au moins m fois dans le nombre fx. dâĂ©preuves. Cet Ă©vĂ©nement composĂ© pourra avoir lieu de m - f- 1 maniĂšres diffĂ©rentes, savoir, lorsque E arrivera les nombres de fois [x, fx, â 1, /x. â 2,... et eufin fx. â ou m ; les probabilitĂ©s relatives Ă ces m - 1 maniĂšres se dĂ©duiront de lâexpression prĂ©cĂ©dente de n, en mettant successivement fx, et zĂ©ro, u â 1 et 1, /x. â 2, et 2 ,.. . jusquâĂ m et n , au lieu de ces deux derniers nombres ; dâaprĂšs la rĂšgle du n° 10, la valeur complĂšte de P sera donc la somme de ces n - f- 1 probabilitĂ©s partielles; et, par consĂ©quent, on aura P = ^+ fxp^~'q+ *JL=-L pT-Zf +.. . _ 1 _ 1 â . . 1 . 2 . 3 ... n P ? » de sorte que P sera la somme des n - f- 1 premiers termes du dĂ©veloppement de p - f- qY , ordonnĂ© suivant les puissances croissantes de q. Pour m = o, ou n = fx , on aura p = p + qY â i ; ce qui doit ĂȘtre, en effet, puisquâalors lâĂ©vĂ©nement composĂ© comprenant toutes les combinaisons de E et F qui peuvent arriver, sa probabilitĂ© P doit ĂȘtre la certitude. Pour m = 1., cet Ă©vĂ©nement est le contraire de lâarrivĂ©e de F Ă toutes les Ă©preuves; et, effectivement, la valeur de P est, dans ce cas, le dĂ©veloppement entier de p -f- qt* , moins son dernier terme q^; ce qui sâaccorde avec la valeur de /âą du 11â 8. Si /x. est un nombre impair 21+ 1, et si lâon demande la probabilitĂ© que E arrivera plus souvent que F, on la dĂ©duira de lâexpression gĂ©nĂ©rale de P, en y faisant m = 1 + 1 et n = t. Si p. est un nombre pair 2i, on obtiendra la probabilitĂ© que E arrivera au moins autant de fois que F, en faisant m = n = i, dans cette mĂȘme expression. 16 . On dĂ©duit aussi de cette formule la solution du premier pro- 55 SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. blĂȘme de probabilitĂ© que lâon ait-rĂ©solu , que nous avons indiquĂ© au commencement de cet ouvrage, et qui est connu l sous le nom de problĂšme des partis. Deux joueurs A et B jouent ensemble Ă un jeu quelconque, oĂč lâun des deux doit gagner un point Ă chaque coup; p est la probabilitĂ© de A, q celle de B, pour gagner ce point; il reste Ă A un nombre a et Ă B un nombre b de points Ă prendre pour gagner la partie. On demande la probabilitĂ© et que ce sera A qui gagnera, ou la probabilitĂ© Ă« que ce sera B. Lâun de ces deux Ă©vĂ©nements contraires devant nĂ©cessairement arriver, la somme et Ă« sera lâunitĂ©, et lâon aura seulement a Ă dĂ©terminer. Observons dâabord que la partie sera terminĂ©e en un nombre de coups qui ne saurait excĂ©der a-\~b â i ; car dans ce nombre de coups, il arrivera nĂ©cessairement que A aura gagnĂ© au moins un nombre a de points, ou que B en aura gagnĂ© au moins un nombre b. De plus, sans rien changer Ă leurs chances respectives de gagner la partie, les deux joueurs peuvent convenir de jouer ce nombre a -{- b â 1 de coups; cardans cette sĂ©rie de coups, un seul joueur pourra prendre le nombre de points dont il a besoin selon que A aura pris a points avant que B en ait pris b , ou que B en aura pris un nombre b avant que A en ait pris a , ce sera A ou B qui aura gagnĂ© la partie, quelque chose qui arrive ensuite. Pour dĂ©terminer les chances a et Ă«, nous pouvons donc supposer quâil sera toujours jouĂ© le nombre a - f- b â i de coups. Alors et sera la probabilitĂ© que sur ce nombre d'Ă©preuves, un Ă©vĂ©nement E dont la chance est p Ă chaque Ă©preuve, arrivera au moins un nombre de fois a; par consĂ©quent, sa valeur se dĂ©duira de lâexpression prĂ©cĂ©dente de P, en y faisant p. â a b â i, m = a, n = b â 1. Si lâon a r par exemple, on trouvera _ I 12 g _ 1 31 â â 6 â Ă43 ; et Ă« surpassant et, il sâensuit quâun joueur A dont lâhabiletĂ© est double 56 RECHERCHES de celle de B, ou qui a une chance double de gagner chaque point, ne peut nĂ©anmoins parier, sans dĂ©savantage, de gagner quatre points avant que B en ait pris deux. Si les deux joueurs conviennent de se retirer sans achever la partie, on verra plus loin que ce qui reviendra Ă A sera Yenjeu multipliĂ© par la chance a de gagner, et Ă B le produit de lâenjeu et de la chance ÂŁ, câest-Ă -dire quâils devront partager lâenjeu proportionnellement aux fractions a et Ă«. 17. Au lieu de deux Ă©vĂ©nements E et F, supposons quâil y eu a un plus grand nombre, trois, par exemple, que nous dĂ©signerons par E, F, G, et dont un seul devra arrivera chaque Ă©preuve. Soient p, q, r, leurs probabilitĂ©s constantes, et p. le nombre des Ă©preuves. Par une extension facile de la mĂ©thode du n* 14, on trouvera . . . fc .p m q n r° n. 1 . 2 ,3 ...0 * pour la probabilitĂ© que le premier des Ă©vĂ©nements E, F, G, arrivera m fois, le second n fois, le troisiĂšme o fois. On aura, en mĂȘme temps, /â+? + ' = I, U2 + + O = 74; et la probabilitĂ© dont il sâagit sera le terme gĂ©nĂ©ral du dĂ©veloppement du trinĂŽme p - f- q - f- r Ă©levĂ© Ă la puissance p. Ce cas est celui dâune urne qui renfermerait des boules de trois couleurs diffĂ©rentes, dans les proportions marquĂ©es par les fractions p, q, r, et oĂč les Ă©vĂ©nements E, F, G, seraient les extractions de ces trois sortes de boules, en remettant Ă chaque fois dans lâurne la boule qui en est sortie. En prenant dans le dĂ©veloppement de p -\-q-\- r/*, la somme des termes qui renferment une puissance de p, Ă©gale ou supĂ©rieure Ă m, on aura la probabilitĂ© que E arrivera au moins un nombre m de fois dans un nombre p dâĂ©preuves. Quel que soit le nombre des Ă©vĂ©nements E, F, G, etc., parmi lesquels un seul arrivera Ă chaque Ă©preuve, on peut aussi dĂ©duire immĂ©diatement cette probabilitĂ©, de lâexpression prĂ©cĂ©dente de P. En effet, reprĂ©sentons toujours par p, q , r, etc., les chances constante» do E, F, G, etc.; Ă chaque Ă©preuve, lâarrivĂ©e de lâun ou lâautre des Ă©vĂ©nements E, F, G, etc., peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 5 7 comme un Ă©vĂ©nement composĂ©, que jâappellerai F'; en dĂ©signant par q' sa probabilitĂ©, on aura q' = q + r + etc., p + q' = I ; E et F' seront alors deux Ă©vĂ©nements contraires, dont un seul aura lieu Ă chaque Ă©preuve; par consĂ©quent, la probabilitĂ© que E arrivera au moins m fois, dans une sĂ©rie de fx. Ă©preuves, sâobtiendra en mettant q' au lieu de q dans lâexpression de P. âą Pour donner un exemple de cette rĂšgle fondĂ©e sur le dĂ©veloppement delĂ puissance dâun polynĂŽme, je suppose quâune urne A renferme un nombre m de boules portant les n OJ i, a, 3,.. . m; on tire x. fois de suite une boule de cette urne, en y remettant Ă chaque fois la boule sortie; la chance, Ă chaque tirage, de lâarrivĂ©e dâune boule portant un numĂ©ro dĂ©terminĂ©, est la mĂȘme pour toutes les boules, constante pendant les Ă©preuves, et Ă©gale Ă cela Ă©tant, dĂ©signons â par n,, n t , n 3 ... n m , des nombres donnĂ©s qui peuvent ĂȘtre zĂ©ro, Ă©gaux, inĂ©gaux, pourvu quâon ait toujours n i + n * + n 3 âą m = et soit U la probabilitĂ© quâon amĂšnera, dans un ordre quelconque, n, fois le n° i, n t fois le n° a,. . . n m fois le n° m si lâon fait G + t% + t 3 ... + ?â ,'* = 6, et que. lâon dĂ©veloppe 0 suivant les puissances et les produits des ^ indĂ©terminĂ©es t t , t t t m , la valeur de Usera le terme de ce dĂ©veloppement, contenant le produit t, n t 3 s ... dans lequel on fera toutes ces indĂ©terminĂ©es Ă©gales Ă En reprĂ©sentant par N le coefficient numĂ©rique de ce produit, nous aurons donc N Ă©tant un nombre entier, qui dĂ©pendra de fx. et des nombres n,, n % , Wj y âą âą * âą Tijj y savoir, N _ _ .fi _ i n t . 3 .. . 8 58 RECHERCHES oĂč l'on prendra lâunitĂ© pour le produit 1 . 2 .5...n,, quand n, sera zĂ©ro, et de mĂȘme pour chacun des produits semblables. Cela posĂ©, soit s la somme des numĂ©ros sortis dans les u tirages, on aura s â n i ~ h 2 n % - j- 3 n s - f* .. . -f- Ttin m . Par consĂ©quent, si s est un nombre donnĂ© j que lâon prenne successivement pour n t , n % ,.. . n m , tous les nombres entiers ou zĂ©ro qui satisfont Ă cette Ă©quation et dont la somme est Ă©gale Ă fx; et que Ion dĂ©signe par N', N", N w , etc., les valeurs correspondantes de N, et par V la somme de celles de U, il en rĂ©sultera V = â N' + N* + N"'-f- etc., pour la probabilitĂ© dâavoir, dans un nombre fx de tirages , une somme de numĂ©ros donnĂ©e et Ă©gale Ă s. On calculera plus aisĂ©ment la valeur de V en changeant dans G les indĂ©terminĂ©es t lt t a , t n , dans les puissances ,t, t*, t 3 ... t m , dâune mĂȘme quantitĂ© t si lâon dĂ©signe par T ce que G deviendra, on aura et il est aisĂ© de voir que la somme N'-j-N ,, +N' ,, -f-etc. ne sera autre chose que le coefficient numĂ©rique de t dans le dĂ©veloppement de T; par consĂ©quent, si lâon reprĂ©sente ce coefficient par M,, il en rĂ©sultera Ce coefficient M, dĂ©pendra des nombres donnĂ©s fi,m, s , et sâobtiendra facilement dans chaque exemple. Au lieu dâune seule urne V, on peut supposer quâon ait un nombre fx dâurnes A,, A s , A 3 ,.. .A^, dont chacune contienne m boules numĂ©rotĂ©es 1 , 2 , 3et tirer en mĂȘme temps une boule de chacune de ces urnes. On peut aussi remplacer ces urnes par un pareil nombre de dĂ©s sâil sâagit de dĂ©s ordinaires, Ă six faces, portant les nâ 1 , 2 , 3, 4? 5,6, ou aura m â 6, et V exprimera la probabilitĂ© quâen projetant simultanĂ©ment un nombre fx de dĂ©s , on amĂšnera une SUR LA PROBABILITE DES JUGEMENTS. 5 g somme de nume'ros Ă©gale Ă s . Soit, par exemple, tt = 3 , et consĂ©quemment T = t 3 {i + t + t 3 + t* + * 5 3 , V = ^ M,. L e dĂ©veloppement de T se composera de seize termes ; les coeffi cients des termes Ă©galement Ă©loignĂ©s des extrĂȘmes, tels que M 3 et M i8 , M 4 et M,â .. .M I0 et Mâ, seront Ă©gaux; la somme de tous les coefficients aura pour v valeur celle de T qui rĂ©pond Ă t = i, ou 6 3 ; la somme des huit premiers coefficientsM 3 , M 4 ... , M I0 , sera Ă©gale Ă ÂŁ6 3 , ainsi que la somme des huit derniers Mâ, Mâ. . . M l8 ; dâoĂč lâon conclut quâen projetant trois dĂ©sa\& fois, la probabilitĂ© dâamener io ou un nombre m oindre est ^, comme celle dâamener 11 ou un nombre plus grand ; en sorte quâo n peut parier Ă jeu Ă©gal, ou un contre un, que la somme des trois numĂ©ros qui arriveront passera ou ne passera pas le nombre dix. Câest sur ce rĂ©sultat quâest fondĂ© le jeu quâon appelle le passe-dix. Sans le secours dâaucun calcul, on sâassure aisĂ©ment de lâĂ©galitĂ© de chance de chacun des deux joueurs, en observant que chaque couple de faces opposĂ©es dâun mĂȘme dĂ©, porte les numĂ©ros dont la somme est sept, tels que un et six, deux et cinq, trois et quatre. Il sâensuit alors, que quand les trois dĂ©s tombent sur le tapis , la somme des trois numĂ©ros supĂ©rieurs, jointe Ă celle des trois numĂ©ros infĂ©rieurs, forme toujours le nombre 21; par consĂ©quent, si la premiĂšre somme est au-dessus de d ix, la seconde sera au-dessous et rĂ©ciproquement. Les deux joueurs sont donc dans le mĂȘme cas que si lâun pariait que ce sont les numĂ©ros supĂ©rieurs qui passeront dix, et lâautre que ce sont les numĂ©ros infĂ©rieurs. Or, il est Ă©vident que les chances de ces deux Ă©vĂ©nements seront Ă©gales; car quels que soient les trois numĂ©ros qui arriveront au-dessus et ceux qui arriveront au-dessous, lâĂ©vĂ©nement contraire, câest- Ă -dire lâarrivĂ©e de ceux-ci au-dessus et de ceux-lĂ au-dessous, sera Ă©galement possible. Mais pour connaĂźtre les chances des diverses valeurs de s , depuis s = 3 jusquâĂ s = 18, il est nĂ©cessaire de recourir au dĂ©veloppement de T. On trouve, en lâeffectuant M 3 =M, 8 = i, M 4 =Mâ= 3 , M s =Mâ=6 , M 6 =M i5 = 10, M, = M i4 =i 5 , M 8 =M i3 =2 i, M 3 =Mâ= 2 5 , M io =Mâ=2 7 , 8 .. 'Vf'' 60 RECHERCHES * pour les nombres des combinaisons de trois numĂ©ros qui peu- 1 vent amener les sommes 3 ou 18, 4 ou i7>...io ou 11 en les divisant par 6 S ou 216, on aura les chances de ces diverses som- f mes. 18. Lorsque la chance de lâĂ©vĂ©nement E varie pendant la durĂ©e des Ă©preuves, la probabilitĂ© de sa rĂ©pĂ©tition un nombre de fois donnĂ©, dĂ©pend de la loi de cette variation. Supposons, comme dans le n° 9, que E soit lâextraction dâune boule blanche, tirĂ©e dâune urne A qui contient des boules de cette couleur et des boules noires, et dans laquelle on ne remet pas la boule sortie Ă chaque tirage. Soient a et b les nombres de boules blanches et de boules noires que A renfermait avant les Ă©preuves, /-c. le nombre des tirages, et ^="748, x = 8t43,i5... La loterie aurait donc dĂ» payer au gagnant, pour que le jeu fĂ»t Ă©gal, 11748 fois sa mise elle lui payait seulement 55 oo fois, câest-Ă - dire, moins de moitiĂ©. La disproportion Ă©tait encore plus grande dans le cas du quateme et du quine; elle Ă©tait moindre pour Yambe et Yextrait. Il y avait de lâavantage Ă parier un contre un, quâun terne donnĂ© sortirait au moins une fois en 8144 tirages, et du dĂ©savantage Ă parier aussi un contre un, qu'il sortirait en 8143 Ă©preuves. Relativement Ă un numĂ©ro dĂ©signĂ© dâavauce, on aurait x l0g-3 log. 18 â log. 17 12,137....; il y avait donc dĂ©savantage Ă parier un contre un que ce numĂ©ro sortirait au moins une fois en 12 tirages, et il aurait fallu i 5 tirages, pour quâil fĂ»t avantageux de parier un contre un que ce numĂ©ro sortirait. Il y avait aussi un contre un Ă parier que les 90 numĂ©ros sortiraient au moins une fois en 85 ou 84 tirages *. Parmi les joueurs, les uns choisissaient des numĂ©ros parce quâils nâĂ©- {* ThĂ©orie analytique des probabilitĂ©s ; page 198. RECHERCHES 70 taient pas sortis depuis long-temps, dâautres choisissaient, au contraire, ceux qui sortaient le plus souvent. Ces deux prĂ©fĂ©rences Ă©taient Ă©galement mal fondĂ©es quoique, par exemple, il y eĂ»t une probabi- litĂ© trĂšs approchante de la certitude et Ă©galĂ© a 1â [tqJ 5 ou Ă peu prĂšs 0,997,quâun numĂ©ro dĂ©terminĂ© sort irait au moinsune fois dans 100 tirages successifs ; si cependant, il ne fĂ»t pas sorti dans les 88 premiers, la probabilitĂ© de sa sortie dans les 12 derniers aurait toujours Ă©tĂ© Ă peu prĂšs l -, comme pour tout autre numĂ©ro dĂ©terminĂ©. Quant aux numĂ©ros dont la sortie avait Ă©tĂ© plus frĂ©quente que celle des autres, cette circonstance ne devait ĂȘtre considĂ©rĂ©e que comme un effet du hasard, compatible avec lâĂ©galitĂ© Ă©vidente de chance de tous les numĂ©ros Ă chaque tirage. A tous les jeux de hasard oĂč les chances Ă©gales ou inĂ©gales sont connues dâune maniĂšre certaine, les Ă©vĂ©nements passĂ©s nâont aucune influence sur la probabilitĂ© des Ă©vĂ©nements futurs, et toutes les combinaisons que les joueurs imaginent ne peuvent augmenter le gain ni diminuer la perte, qui rĂ©sultent de ces chances dâaprĂšs la rĂšgle du numĂ©ro prĂ©cĂ©dent. Dans les jeux publics de Paris, lâavantage du banquier Ă chaque coup est peu considĂ©rable au jeu de trente-et -quarante par exemple, il est un peu au-dessous de onze milliĂšmes de chaque mise *; mais Ă raison de la rapiditĂ© de ces jeux et du grand nombre de coups qui se jouent en peu dâheures, il en rĂ©sulte pour le banquier des bĂ©nĂ©fices assurĂ©s, Ă peu prĂšs constants chaque annĂ©e, et sur lesquels il peut payer annuellement cinq Ă six millions Ă lâadministration publique, qui lui en concĂšde le monopole. Ils sont encore plus prĂ©judiciables que la loterie ne pouvait lâĂȘtre ; car lâargent quâon y joue dans la capitale seulement sâĂ©lĂšve chaque annĂ©e Ă plusieurs centaines de millions, et surpasse de beaucoup celui que lâon mettait Ă la loterie dans la France entiĂšre. Ce nâest pas ici le lieu de discuter les raisons que lâon a coutume de donner pour la conservation des jeux publics , je nâai jamais pu les trouver bonnes; et il devrait suffire que ces jeux fussent la cause de beaucoup de * Voyez sur les chances de ce jeu, le me'moire que jâai insĂšre' dans le journal de tome XVI, n° 6 ; dĂ©cembre 1825. SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. ;i malheurs et peut-ĂȘtre de crimes, pour que lâadministration les interdit au lieu de partager les bĂ©nĂ©fices quâils procurent, avec les hommes auxquels elle en vend le privilĂšge *. a 3 . Le produit dâun gain et de la probabilitĂ© de lâobtenir est ce quâon appelle Y espĂ©rance mathĂ©matique de chaque personne intĂ©ressĂ©e dans une spĂ©culation quelconque. Si ce gain est 60,000 fr., par exemple, et que ^ soit la chance de lâĂ©vĂ©nement auquel il est attachĂ©, la personne qui devra recevoir cette somme Ă©ventuellement, pourra considĂ©rer le tiers de 60,000 fr., comme un bien quâelle possĂšde, et que lâon devrait comprendre dans lâinventaire de sa fortune actuelle. En gĂ©nĂ©ral, si quelquâun doit gagner une somme g Ă lâarrivĂ©e dâun Ă©vĂ©nement E, une somme g'Ă lâarrivĂ©e dâun autre Ă©vĂ©nement E', etc., et que les chances de ces Ă©vĂ©nements soient p , p', p", etc., son espĂ©rance mathĂ©matique aura pour valeur la somme gp-\-g'pâ -j-g'p* + etc. Lorsquâune ou plusieurs des quantitĂ©s g , g ', g", etc., exprimeront des pertes que cette personne aura Ă craindre, on leur donnera le signe â dans cette somme, eu conservant le signe -f- Ă celles qui sont des gains Ă©ventuels. Selon qtie la valeur totale de lâespĂ©rance sera positive ou nĂ©gative, elle reprĂ©sentera une augmentation ou une diminution du surplus de la fortune, et devra ĂȘtre comprise actuellement parmi les crĂ©ances ou les dettes, si lâon ne veut pas attendre lâissue des Ă©vĂ©nements. 11 est bien entendu que quand les gains ou pertes ne devront avoir lieu quâĂ des Ă©poques Ă©loignĂ©es de celle que lâon considĂšre, il faudra les escompter pour les convertir en valeurs actuelles, indĂ©pendamment de leur Ă©ventualitĂ©. Si g ne doit ĂȘtre payĂ©, Ă la personne dont on Ă©value la fortune, que dans un nombre n dâannĂ©es, g' dans un nombre n', etc., ces quantitĂ©s valent aujourdâhui g , g', g", etc., divisĂ©es respectivement par les puissances n, n 1 , n", etc., de 1 + 0 , en dĂ©signant par S le taux de lâintĂ©rĂȘt annuel. Par consĂ©quent, si lâon appelle e la partie de cette fortune qui rĂ©sulte de lâes- {* Ce numĂ©ro de mon ouvrage Ă©tait Ă©crit avant que la derniĂšre loi de finance eĂ»t heureusement prohibĂ© les jeux de hasard Ă partir du 1 " janvier i838. 72 RECHERCHES pĂ©rance mathĂ©matique de celte personne, on aura e ==-ÂŁ_ + J'P' . 4. etc Pour se charger des gains et pertes que les Ă©vĂ©nements amĂšneront, g est la somme quâune autre personne devrait payer aujourdâhui Ă celle-lĂ , ou recevoir dâelle, selon que cette quantitĂ© g est positive ou nĂ©gative. Le calcul des rentes viagĂšres sur une ou plusieurs tĂȘtes, des assurances sur la vie, des pensions, est fondĂ© sur cette formule et sur les tables de mortalitĂ© , ainsi quâon peut le voir dans les ouvrages qui traitent spĂ©cialement de ces questions. 24 . Comme lâavantage quâun gain procure Ă quelquâun dĂ©pend de lâĂ©tat de sa fortune, on a distinguĂ© cet avantage relatif, de lâespĂ©rance mathĂ©matique, et on lâa nommĂ© espĂ©rance morale. Lorsquâil est une quantitĂ© infiniment petite, on prend §GQ rapport Ă la fortune actuelle de la personne, pour la mesure de lâespĂ©rance morale, qui peut dâailleurs ĂȘtre positive ou nĂ©gative, selon quâil sâagit dâune augmentation ou dâune diminution Ă©ventuelle de cette fortune. Par le calcul intĂ©gral, on dĂ©duit ensuite de cette mesure des consĂ©quences qui sâaccordent avec les rĂšgles que la prudence indique sur la maniĂšre dont chacun doit diriger ses spĂ©culations. On a aussi trouvĂ©, dans les rĂ©sultats de ce calcul, des raisons de ne pas jouer, mĂȘme Ă jeu Ă©gal, qui ne sont peut-ĂȘtre pas les meilleures que lâon puisse donner. Lâargument sans rĂ©ponse contre le jeu, quand il a cessĂ© dâĂȘtre un simple amusement, câest quâil ne crĂ©e pas de valeurs, et que les joueurs qui gagnent ne peuvent trouver leur avantage que dans le malheur et quelquefois la ruine de ceux qui perdent. Le commerce est aussi un jeu, en ce sens que le succĂšs des spĂ©culations les plus prudentes, nâa jamais quâune forte probabilitĂ©, et quâil reste toujours des chances de perte que lâhabiletĂ© et la prĂ©voyance peuvent seulement attĂ©nuer; mais il augmente la valeur des choses par leur transport dâun lieu dans un autre ; et câest dans cet accroissement de valeur que le commerçant trouve son bĂ©nĂ©fice, en procurant aussi un avantage aux consommateurs. 25 . La rĂšgle du n° 21, quelque simple et naturelle quâelle soit, SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 7 3 donne lieu cependant Ă une difficultĂ© dont on sâest autrefois beaucoup occupĂ©. Deux personnes A et B jouent Ă croix et pile; les conditions du jeu sont i°. que la partie se terminera lorsque croix arrivera; 2». que B donnera Ă A deux francs si croix arrive au premier coup, quatre francs sâil arrive au deuxiĂšme coup,... et gĂ©nĂ©ralement 2" francs si croix arrive au n Umt coup; 3 °. que la partie sera nulle si croix nâarrive pas dans les m premiers coups, limitation sans laquelle la partie pourrait ĂȘtre interminable. On suppose que la piĂšce nâa aucune tendance Ă retomber plutĂŽt sur une face que sur lâautre, de sorte quâĂ chaque coup, la chance dâamener croix soit ^ comme celle dâamener pile. Il sâensuit que ^ sera la probabilitĂ© que croix arrivera au ''"'coup sans quâil ait paru auparavant; car, pour cela, il faudra quâon amĂšne pile n â 1 fois de suite, ce qui a pour probabilitĂ© ; et que lâon amĂšne croix au coup suivant, autre Ă©vĂ©nement dont la probabilitĂ© est^. Par consĂ©quent, la probabilitĂ© que croix arrivera au n iim coup pour la premiĂšre fois, aura le produit de et de ou pour valeur. Dans ce cas, A recevra 2* francs; ce qui donne un franc pour la valeur correspondante de son espĂ©rance mathĂ©matique; et comme elle est la njĂȘme pour chacun des m coups dont la partie peut se composer, il sâensuit que la valeur entiĂšre de lâespĂ©rance mathĂ©matique de A sera un franc rĂ©pĂ©tĂ© m fois. Pour que le jeu fĂ»t Ă©gal, A devrait donc donner m francs Ă B, câest-Ă -dire mille francs, un million de francs, si la partie pouvait durer jusquâĂ mille coups, un million de coups, et mĂȘme une somme infinie, si elle pouvait se prolonger indĂ©finiment. Cependant, il nây a personne qui exposĂąt une somme un peu considĂ©rable, mille francs par exemple, Ă un pareil jeu. Ici la rĂšgle de lâespĂ©rance mathĂ©matique parait donc en dĂ©faut; et câest pour lever la difficultĂ© que nous signalons, que 1 on a imaginĂ© la rĂšgle de lâespĂ©rance morale et sa mesure. Mais on doit remarquer que cette difficultĂ© tient Ă ce que, dans les conditions du jeu, on a fait abstraction de la possibilitĂ© pour B, de payer toutes les sommes que les chances du jeu pourront valoir Ă A. 10 7 4 RECHERCHES Quelle que grande qu'on la suppose, la fortune de B est nĂ©cessairement limitĂ©e; si donc on la dĂ©signe par un nombre b de francs, A ne pourra jamais recevoir une somme plus grande que b ; ce qui diminue, dans un trĂšs grand rapport, son espĂ©rance mathĂ©matique. En effet, on aura toujours b â a c i + h ; ÂŁ Ă©tant un nombre entier, et h une quantitĂ© positive et plus petite que lâunitĂ©. Si lâon a ÂŁ > m, ou seulement ÂŁ = m, B pourra payer toutes les sommes qui Ă©choiront Ă A ; mais dans le cas de ÂŁ P% Ps 1 âą âą -P* 5 âą âą -Pt* 5 les probabilitĂ©s connues de son arrivĂ©e, relatives Ă ces diverses causes ; de maniĂšre que p n exprime la probabilitĂ© de E qui aurait lieu si la cause Câ Ă©tait unique, ou, ce qui est la mĂȘme chose, si elle Ă©tait certaine, ce qui exclurait toutes les autres. DĂ©signons ensuite par D r & r m , . âą âą'©' m , 4 les probabilitĂ©s inconnues de ces mĂȘmes causes ; en sorte que soit la probabilitĂ© de la cause Câ, ou, autrement dit, la probabilitĂ© que câest Ă cette cause quâest due lâarrivĂ©e de E. Il sâagira de prouver quâon doit avoir Pn Or, quel que soit lâĂ©vĂ©nement E, on peut lâassimiler, pour fixer les idĂ©es, Ă lâarrivĂ©e dâune boule blanche, extraite dâune urne qui contenait des boules de cette couleur et des boules noires. On supposera, pour cette assimilation, quâil y avait un nombre m de semblables urnes Ai ? A, j A3, âą.. A.,.. âą A m , dont la boule blanche a pu sortir, et telles que dans lâurne quelconque Aâ, le rapport du nombre de boules blanches au nombre total de boules, soit Ă©gal Ă la fraction p u . Chacune de ces urnes sur lesquelles la main a pu se porter au hasard pour en extraire la boule blanche, reprĂ©sente une des causes de son arrivĂ©e ; lâurne A, rĂ©pond Ă la cause C, ; et la question consiste Ă dĂ©terminer la probabilitĂ© que la boule blanche est sortie de A a . Pour cela, supposons que lâon rĂ©duise les fractions p t , p it pa> etc., au mĂȘme dĂ©nominateur, et que lâon ait ensuite P> = P âą *n P m = 83 SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. pL et les numĂ©rateurs a,, etc., Ă©tant des nombres entiers. On ne changera rien Ă la chance de tirer une boule blanche de lâurne A., en y remplaçant les boules quelle contient, par un nombre a. de boules blanches et un nombre [z de boules, tant blanches que noires; et de mĂȘme pour toutes les autres urnes. Le nombre total des boules Ă©tant actuellement le mĂȘme dans toutes ces urnes, il rĂ©sulte du lemme du n° 10, que si on les rĂ©unit dans une mĂȘme urne A, et que lâon donne le nâ i Ă celles qui proviennent de A,, le n° 2 aux boules provenant de A a , etc., la probabilitĂ© fsr a quâune boule blanche extraite de lâensemble de ces urnes A,, A», Ă 3 , etc., provient de Aâ, est la mĂȘme que la probabilitĂ© quâune boule blanche sortie de A, portera le n n ; laquelle a pour valeur le rapport de a, Ă la somme des m quantitĂ©s a,, a a ', a 3 , etc., puisque cette somme est le nombre total des boules blanches qui seront contenues dans A, et que dans cette somme, il y en aura un nombre a. qui portera le n n. On aura donc aussi â a, - J- -J- a 3 - f- . . . -J- c$ n . .. -f- m â quantitĂ© qui coĂŻncide, en vertu des Ă©quations prĂ©cĂ©dentesâ, qvec lâexpression de quâil sâagissait de dĂ©montrer. 29. En calculant les probabilitĂ©s de plusieurs Ă©vĂ©nements successifs, il faut non-seulement tenir compte de lâinfluence que peut avoir lâarrivĂ©e de lâun dâeux sur la chance de celui qui le suit n° 9 ; mais on doit aussi quelquefois avoir Ă©gard , dans lâĂ©valuation de cette chance , aux probabilitĂ©s des diverses causes de lâĂ©vĂ©nement prĂ©cĂ©dent, ou des diffĂ©rentes maniĂšres dont il a pu avoir lieu. Câest ce quâon verra, par exemple, dans le problĂšme suivant. Je suppose quâon ait un nombre m dâurnes A, B, C, D, etc., contenant des boules blanches et des boules noires, et que les chances dâextraire une boule blanche soient a , de lâurne A, b de B, c de C, etc. On tire au hasard une premiĂšre boule de lâune dĂ© ces urnes, puis une seconde boule de lâune des urnes dâoĂč la premiĂšre nâest pas sortie, puis une troisiĂšme de lâune des urnes dâoĂč les deux premiĂšres ne sont pas sorties, etc., câest-Ă -dire, quâaprĂšs chaque tirage, on supprime lâurne dâoĂč la boule a Ă©tĂ© extraite. On demande la probabilitĂ© dâamener, de RECHERCHES 84 cette maniĂšre, un nombre n de boules blanches, dans un pareil nombre de tirages; n Ă©tant moindre que m ou Ă©gal Ă m. Faisons, pour abrĂ©ger, T jci â{â b * 4 â c " f - d -J- etc. â s t , ab ac - f- ad - bc - f- bd - f- cd-\- etc. â s % , abc + abd + bcd + etc. = s s , abcd - f- etc. = s 4 , etc. ; de sorte que s, soit la somme des fractions a, b, c, d, etc., que s % reprĂ©sente la somme de leurs produits deux Ă deux dont le nombre est âque s Ăź dĂ©signe la somme de leurs produits trois Ă trois dont t. m 2^ L a probabilitĂ© dâamener une boule le nombre est 1 . blanche au premier tirage, sera ^ s,. Si la boule blanche ou noire, extraite Ă ce tirage, est sortie de A, la probabilitĂ© dâamener une boule blanche au second tirage aura â ~ s,â a pour valeur; cette probabilitĂ© sera m ^ s, â b, si la premiĂšre boule est sortie de B ; elle sera - s t â c , si la premiĂšre boule a Ă©tĂ© extraite de C; et ainsi de suite. De lĂ et des rĂšgles des nâ 9 et 10, on conclut âą? â * _i_ c *'~* . >*â c m â 1 +- etc., pour la probabilitĂ© complĂšte de lâarrivĂ©e dâune boule blanche au second tirage; a Ă©tant la probabilitĂ© que la boule extraite au premier est sortie de A, ÂŁ la probabilitĂ© quâelle est sortie de B, y quâelle est sortie de C, etc. Or, ces probabilitĂ©s a, C, y, etc., ne sont point Ă©gales entre elles * dâaprĂšs ce quâon a vu dans le numĂ©ro prĂ©cĂ©dent, on a a âą a =7â A b C 6 â â , y â â , etc. ; * Faute dâavoir eu Ă©gard Ă cette circonstance, la solution de ce problĂšme qui se trouve dans le n° 17 de mon mĂ©moire sur la proportion des naissances des deux sexes, est inexacte, et jâen ai dĂ©duit une fausse consĂ©quence. SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 85 on a aussi, identiquement, â a-\-b s, â b - h cs, â c -f- etc. = 2 s t ; la probabilitĂ© dâamener une boule blanche au second tirage deviendra donc;ââ. De mĂȘme, la probabilitĂ© dâamener une boule blanche mâ is, au troisiĂšme tirage sera s,âa â b , si les deux boules blanches ou noires, extraites dans les deux premiers tirages, sont sorties de A et B; cette probabilitĂ© sera ^,â a âc, si ces deux boules ont Ă©tĂ© extraites de A et C ; et ainsi de suite. Donc la probabilitĂ© dâamener une boule blanche au troisiĂšme tirage, aura pour valeur complĂšte â g {s, âa â b h *, â a â c h *, â b â c j mâ 2 m â2 ' m â2 â g, h, k, etc., dĂ©signant les probabilitĂ©s que les boules extraites dans les deux premiers tirages sont sorties de A et B, de A et C, de B et C, etc. ; lesquelles probabilitĂ©s sont, dâaprĂšs le numĂ©ro prĂ©cĂ©dent, ab 7 ac , bc S = T, âą âą 'P n> âą âą âP m f les chances de E' relatives Ă ces diverses causes, de sorte que p' n soit la probabilitĂ© donnĂ©e que E' arriverait si la cause Câ Ă©tait certaine ; cette cause Ă©tant seulement probable, et sa probabilitĂ© ayant Ă©tĂ© reprĂ©sentĂ©e par fsr u , lâarrivĂ©e de E' en vertu de cette cause, sera un Ă©vĂ©nement composĂ© dont la chance aura pour expression le produit de ces deux probabilitĂ©s n° 5. De plus, la probabilitĂ© complĂšte de E' sera la somme des chances relatives aux m maniĂšres diffĂ©rentes dont cet Ă©vĂ©nement peut avoir lieu n° 10 , câest-Ă -dire, la somme des valeurs de p\ ou bien, en mettant pour' 1 ,, , etc., leurs valeurs, tsr' â P'P'* + P 'P' + âą âą âą + P*P* H- . . . +Pmp'm Pi +p 1 + âą âą âą +Pn + âą âą âą +Pm SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 87 Telle est la formule qui sert Ă calculer la probabilitĂ© des Ă©vĂ©nements futurs, dâaprĂšs lâobservation des Ă©vĂ©nements passĂ©s. On parvient aussi Ă la mĂȘme expression, sans lâintermĂ©diaire des causes communes Ă E et E', en les considĂ©rant comme deux Ă©vĂ©nements composĂ©s qui dĂ©pendent dâun mĂȘme Ă©vĂ©nement simple; les raisonnements qui nous y ont conduits, sâappliqueraient Ă©galement Ă cette autre maniĂšre dâenvisager la question; mais on peut, si lâon veut, la faire rentrer immĂ©diatement dans la prĂ©cĂ©dente. En effet, si E et E' sont deux Ă©vĂ©nements composĂ©s dâun mĂȘme Ă©vĂ©nement G, et que G soit susceptible de diffĂ©rentes chances §t > ÂŁ>» > âą*âąÂ§Â»> âą * ⹠§m , toutes Ă©galement probables avant que lâĂ©vĂ©nement E ait Ă©tĂ© observĂ©, on pourra les considĂ©rer comme autant de causes distinctes de E et de E'; en prenant donc g» pour la cause que lâon a appelĂ©e prĂ©cĂ©demment Câ, la probabilitĂ© de gâ sera la valeur de et Ă cause de 2 n{n â i _ mâ Ăź mm + i 9 on en conclura La probabilitĂ© dâextraire une boule blanche dâune urne, dâoĂč il est dĂ©jĂ sorti une boule de cette couleur que lâon nây a pas remise, est donc indĂ©pendante du nombre m de boules blanches ou noires que lâurne renfermait, et toujours Ă©gale Ă La valeur de 'âą = t , p', = r, p's = l; par consĂ©quent, sa probabilitĂ© complĂšte aura pour valeur zr' de lâarrivĂ©e dâune nouvelle boule blanche a eu pour valeur trĂšs approchĂ©e, le rapport du nombre des boules blanches sorties de B au nombre total des Ă©preuves, et que, dans chaque cas, ce rapport a aussi Ă©tĂ©, avec une probabilitĂ© trĂšs approchante de la certitude, celui du nombre de boules blanches au nombre total de boules contenues dans B, câest-Ă -dire la chance propre de lâextraction dâune boule blanche de cette urne. On verra effectivement, dans la suite, que quand un Ă©vĂ©nement, dâune nature quelconque, a Ă©tĂ© observĂ© un certain nombre de fois, dans un trĂšs grand nombre dâĂ©preuves, le rapport du premier nombre au second est la valeur trĂšs probable et trĂšs approchĂ©e de la chance connue ou inconnue de cet Ă©vĂ©nement. Dans lâexemple que nous considĂ©rons, cette chance ne pouvant ĂȘtre que - , ^il sâensuit que les valeurs ^, 2 j j 2 j 3 sont aussi les seules quâon doive supposer, avec vraisemblance, quand x et n sont de trĂšs grands nombres. 34. Nous avons supposĂ©, dans ce qui prĂ©cĂšde, quâavant lâarrivĂ©e de E toutes les causes C,, C,, C s , etc., auxquelles on peut attribuer cet Ă©vĂ©nement Ă©taient Ă©galement possibles; mais si lâon avait Ă priori 94 RECHERCHES quelque raison de croire plutĂŽt Ă lâexistence de lâune de ces causes quâĂ celle dâune autre, il serait nĂ©cessaire dâavoir Ă©gard Ă cette inĂ©galitĂ© des chances de C,, C a , C 3 , etc., antĂ©rieures Ă lâobservation, dans lâĂ©valuation des probabilitĂ©s que ces diverses causes ont acquises aprĂšs lâarrivĂ©e de E. Cette nĂ©cessitĂ© est un point important de la thĂ©orie des probabilitĂ©s, surtout dans la question relative aux jugements des tribunaux, ainsi quâon lâa expliquĂ© dans le prĂ©ambule de cet ouvrage. La dĂ©monstration du n° 28 est dâailleurs facile Ă Ă©tendre au cas gĂ©nĂ©ral oĂč les causes de E avaient, antĂ©rieurement Ă lâobservation, des probabilitĂ©s quelconques dont les valeurs sont donnĂ©es. En effet, comme dans ce numĂ©ro, remplaçons lâĂ©vĂ©nĂ©ment E par lâextraction dâune boule blanche qui a pu sortir de lâune des urnes A,, A,, Aj, etc., et supposons dâabord que la sortie de chacune dâelles a Ă©tĂ© Ă©galement possible pour toutes. La probabilitĂ© qu'elle est sortie de lâurne A» sera -, en dĂ©signant toujours par pâ le rapport du nombre de boules blanches au nombre total de boules contenues dans A., et Ă©tendant la somme 2 Ă toutes les urnes A,, Aâ A 3 , etc. Pour dâautres urnes Aâ,, A.», etc., comprises parmi celles-lĂ , cette probabilitĂ© sera de mĂȘme â, â, etc. ; dâaprĂšs la rĂšgle du n° 10, la probabilitĂ© que la Zpm ^-Pn boule blanche est sortie de lâune des urnes A,, A»,, A,â, etc., sera la somme P *Pn EĂŻL 4. 4. etc., âąz Pn ^ n ^ qui se rĂ©duira Ă lâune de ces fractions multipliĂ©e par leur nombre, lorsque les quantitĂ©s p m , p n >, p .â, etc., seront Ă©gales entre elles. Cela Ă©tant, concevons que les urnes A,, A,, A 3 , etc., se composent dâun nombre a, dâurnes A, dans chacune desquelles p , soit le rapport de la quantitĂ© de boules blanches Ă celle des boules blanches ou noires , dâun nombre a t dâurnes A, dans lesquelles ce rapport soit p % .... et enfin dâun nombre a, dâurnes A ; oĂč ce mĂȘme rapport soit pp, de maniĂšre que i exprime le nombre de ces groupes dâurnes semblables, et quâen appelant s le nombre de toutes les urnes, nous ayons { - CLy â 1â d t - f- Cl âf- .... âfâ di. SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 9 5 La somme 2 p u Ă©tendue Ă toutes les urnes pourra ĂȘtre remplacĂ©e par celle-ci 1a n p m qui sâĂ©tendra Ă tous les groupes, ou Ă toutes les valeurs de lâindice n , depuis = x jusquâĂ nâ i. Si donc les urnes A., A.' , Aâ», etc,, forment un des groupes et sont en nombre a m , la probabilitĂ© que la boule blanche extraite de lâune des s urnes, soit sortie de ce groupe, aura pour valeur le rapport Pn multipliĂ© para.; en sorte quâen la dĂ©signant par PmP' a Supposons que E' soit aussi observĂ© aprĂšs E. Soit E' un troisiĂšme Ă©vĂ©nement dĂ©pendant toujours des mĂȘmes causes ; et dĂ©signons par p r m , la chance que la cause Câ si elle Ă©tait certaine, donnerait Ă lâarrivĂ©e future de E". La probabilitĂ© de cette cause Ă©tait P> q*Pi + i5 3? pour la probabilitĂ© de la premiĂšre hypothĂšse, aprĂšs lâobservation ; de maniĂšre quâau lieu de deux contre un, il y a, au contraire, moins de un contre un, et seulement i 5 contre 16 Ă parier que la carte inconnue est rouge comme celle qui a Ă©tĂ© retournĂ©e. Cette valeur de zr, se vĂ©rifie immĂ©diatement; car il est Ă©vident que la question est la mĂȘme que si, aprĂšs avoir tirĂ© une carte rouge du jeu entier, on demandait la probabilitĂ© de tirer encore une carte rouge des 3 i cartes restantes et qui nâen contiennent plus que i 5 de cette couleur. En gĂ©nĂ©ral, si lâon a un tas de m cartes dont a rouges et b noires, que lâon y prenne au hasard un nombre n de cartes, et quâen retournant un nombre n â t de celles-ci, ou en trouve a rouges et b' noires, on obtiendra, par la rĂšgle prĂ©cĂ©dente, a â a m â n - J- 1 â 'S\ = b âbâ m â n 1 â pour la probabilitĂ© a r, que la ri im carte est rouge, et pour la probabi i3 RECHERCHES 9 8 litĂ© j ou p la diffĂ©rence est nulle et le tĂ©moignage ne change rien Ă la probabilitĂ© antĂ©rieure, dans le cas de p â \, oĂč il y a un contre un Ă parier que le tĂ©moin dit ou ne dit pas la vĂ©ritĂ©. Lorsque, Ă priori , on nâa aucune raison de croire plutĂŽt Ă la vĂ©ritĂ© quâĂ la faussetĂ© du fait que le tĂ©moin atteste, la probabilitĂ© q est il sâensuit r=p ; et, dans ce cas, la probabilitĂ© que le fait est vrai, ne dĂ©pend plus que de la vĂ©racitĂ© et des lumiĂšres du tĂ©moin, , Oyi ne peut pas supposer que lâune des deux quantitĂ©s petq soit lâunitĂ© et lâautre zĂ©ro; mais si p approche beaucoup de la certitude et que q approche encore plus de lâimpossibilitĂ©, de maniĂšre que le rapport de q Ă iâ p soit une trĂšs petite fraction, la probabilitĂ© r sera aussi trĂšs petite, et Ă peu prĂšs Ă©gale Ă ce rapport. Câest le cas dâun fait contraire aux lois gĂ©nĂ©rales de la nature, et attestĂ© par un tĂ©moin auquel on accorderait, sans cette opposition, un grand degrĂ© de confiance. Ces lois gĂ©nĂ©rales sont pour nous le rĂ©sultat de longues sĂ©ries dâexpĂ©riences; ce qui leur donne, sinon une certitude absolue, du moins une trĂšs forte probabilitĂ©, encore augmentĂ©e par lâharmonie quâelles prĂ©sentent, et quâaucun tĂ©moignage ne saurait balancer. Sr donc le fait attestĂ© est contraire Ă ces lois, la probabilitĂ© quâil nâest point inexact sera Ă trĂšs peu prĂšs nulle avant le tĂ©moignage ; et en supposant mĂȘme le tĂ©moin de bonne foi, il suffira quâil ne soit point infaillible pour que sa chance dâerreur i âp soit extrĂȘmement grande par rapport Ă cette probabitĂ© antĂ©rieure q , et que la probabilitĂ© r, aprĂšs le tĂ©moignage, puisse encore ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme insensible. En pareil cas, il serait raisonnable de rejeter notre propre tĂ©moignage, et de penser que nous sommes trompĂ©s par nos sens qui nous prĂ©senteraient comme vrai, quelque chose de contraire aux lois de la nature. 57. Supposons que le fait dont nous venons de considĂ©rer la probabilitĂ©, soit aussi attestĂ© par un second tĂ©moin; dĂ©signons par p' la probabilitĂ© que ce tĂ©moin ne nous trompe pas, et par r' la probabilitĂ© de la vĂ©ritĂ© du fait, rĂ©sultante du double tĂ©moignage; en observant 13.. 1 oo RECHERCHES que la probabilitĂ© de la vĂ©ritĂ© de ce fait Ă©tait dĂ©jĂ r, indĂ©pendamment de la seconde attestation, on en conclura que lâexpression de r' doit se dĂ©duire de celle de r, par le changement de p et q , en p' et r; ce qui donne r' â __ PL _ p' r ~ h i âP iâ'Oâ ou bien, en mettant pour r et i âr leurs valeurs, p __ qpp' _- qpp' + â? i âp i âp'' Si le second tĂ©moin atteste la faussetĂ© du fait dont la vĂ©ritĂ© a Ă©tĂ© affirmĂ©eâpar le premier, on remarquera quâindĂ©pendamment du second tĂ©moignage, la probabilitĂ© que le fait est faux avait dĂ©jĂ i âr pour valeur, en dĂ©signant donc par r, la probabilitĂ© de la faussetĂ© du fait, rĂ©sultante des deux attestations contraires, lâexpression de r, devra se dĂ©duire de celle de r du numĂ©ro prĂ©cĂ©dent, par le changement de p et q, en p' et i âr, et de cette maniĂšre, on aura p' ' â 'âą + r^âp'V ou, ce qui est la mĂȘme chose, r _ /»â/>âg _ p' l â p â q + qp O â p'' Dans le cas de p = p', cette valeur de r, se rĂ©duit Ă iâ q; et, en effet, les deux tĂ©moignages contraires et de mĂȘme poids se dĂ©truisent, et la probabilitĂ© de la faussetĂ© du fait doit demeurer la mĂȘme quâau- paravant. On dĂ©terminera de mĂȘme, sans difficultĂ©, la probabilitĂ© quâun fait est vrai ou faux, lorsquâil est attestĂ© par des tĂ©moins et niĂ©jpar dâautres, en nombre quelconque. Si le fait est attestĂ© par tous les tĂ©moins Ă la fois, lâexpression de la probabilitĂ© quâil est vrai prendra la forme suivante. Soit toujours, antĂ©rieurement Ă tous les tĂ©moignages, q la probabilitĂ© que le fait est vrai ; dĂ©signons par ce que devient cette proba- SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. IOI bilitĂ© aprĂšs que le fait a e'tĂ© attestĂ© par un nombre quelconque x de tĂ©moins; y x â\ sera cette mĂȘme probabilitĂ©, quand le fait est attestĂ© seulement par un nombre x â i de tĂ©moins ; et si lâon reprĂ©sente par p avec un nombre x â i dâaccents, câest-Ă -dire par la probabilitĂ© que le tĂ©moin qui nâest pas compris dans ceux-ci, ne nous trompe pas, lorsquâil atteste aussi la vĂ©ritĂ© du fait, lâexpression dey x se dĂ©duira de celle de r du numĂ©ro prĂ©cĂ©dent, en y mettant et Jxâx au lieu de p et q, de sorte que lâon aura J* ,i-0 âJx-x P^-'tyx-x + I y0*âI >I -Jx-xĂŻ La valeur deyâ sera la probabilitĂ© primitive q ; et si lâon fait successivement x = i, = 2 , = 3, etc., on dĂ©duira de cette formule r. = P 7 _ -LJ _ y = _ r a _ ptr âą pi + â p »â 7 â py>+'âp'x 102 RECHERCHES _ _ i â c PrP,P3-âą -fj-. C + Iâ C â et ces valeurs jointes Ă celle de jr x rendent identique lâĂ©quation donnĂ©e. On dĂ©terminera la constante c au moyen dâune valeur particuliĂšre Ă ej z , et, si lâon veut, au moyen de celle qui rĂ©pond Ă xz=o; en prenant alors lâunitĂ© pour le produit />,p,c 3 .. .p x , de x facteur, il en rĂ©sultera y 0 â q = c;et, pour un nombre quelconque x de tĂ©moins, nous aurons ensuite y * â ? + 1 â ? M*f3â - Pxâ Relativement au tĂ©moin qui rĂ©pond Ă lâindice quelconque i, la quantitĂ© f- est le rapport de la probabilitĂ© quâil nous trompe Ă la probabilitĂ© quâil ne nous trompe pas, de sorte quâon a ^>1 ou pj,, f % , f 3 , etc., ne soit nĂ©gative. Par une formule connue, leur produit sera Ă©gal Ă cos g; on aura donc _ % _. 7+ I âq COS g-â quantitĂ© qui diffĂ©rera beaucoup de lâunitĂ©, quand g diffĂ©rera de SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. io5 mĂȘme de -tt. Si lâon fait g = h \/ â i , la nouvelle constante h pourra ĂȘtre plus petite ou plus grande que lâunitĂ©. En dĂ©signant par e la base des logarithmes nĂ©pĂ©riens, il en rĂ©sultera ___ . âą^ 00 ~ - 1- i â q e A + e~ h â * et si /i ne surpasse pas lâunitĂ©, ou seulement si h nâest pas un trĂšs grand nombre, cette probabilitĂ© ne sera pas trĂšs petite. Toutefois, il sera facile de sâassurer que la premiĂšre valeur de jr m , sera toujours supĂ©rieure Ă la probabilitĂ© q antĂ©rieure aux tĂ©moignages, et la seconde toujours infĂ©rieure. Ces formules supposent que tous les tĂ©moignages soient directs; nous examinerons tout Ă lâheure le cas ou un seul est direct, et tous les autres sont traditionnels. 38. Quand un tĂ©moin ne se borne point Ă dire quâune chose soit vraie ou fausse, mais quâil atteste lâarrivĂ©e dâun Ă©vĂ©nement, dans un cas oĂč il y en avait plusieurs qui fussent possibles; lâĂ©vĂ©nement quâil peut annoncer, quand il se trompe ou quâil veut tromper, nâest point unique, et doit ĂȘtre seulement un de ceux qui nâont point eu ou quâil ne croit point avoir eu lieu; or, cette circonstance influe, comme on va le voir, sur la probabilitĂ© de lâĂ©vĂ©nement aprĂšs le tĂ©moignage, indĂ©pendamment de celle quâil avait auparavant. Je suppose, pour fixer les idĂ©es, quâune urne A renferme un nombre ft de boules, dont a , portent le n° i, a t le n° a,.. . a m le n* m, de sorte quâon ait /m â a, -f- fl, + a 3 ... - f- a m , et que m soit le nombre de numĂ©ros diffĂ©rents que cette urne renferme; si une boule en est sortie, on pourra aussi faire m hypothĂšses diffĂ©rentes C,, C,, C s ,...C m , sur le numĂ©ro de cette boule; leurs probabilitĂ©s avant aucun tĂ©moignage, Ă©tant dĂ©signĂ©es par q,, q % , q s , âą.. q m , on aura RECHERCHES 104 et si un tĂ©moiu annonce que la boule sortie de A porte le n° n, les probabilitĂ©s de ces hypothĂšses prendront les valeurs sur,, en admettant, toutefois, que le tĂ©moin nâait aucune prĂ©dilection pour un numĂ©ro plutĂŽt que pour un autre ; par consĂ©quent, dâaprĂšs la rĂšgle citĂ©e, la probabilitĂ© que ce numĂ©ro sera annoncĂ© par un tĂ©moin qui se trompe et qui veut tromper, aura pour valeur le produit des trois fractions 1 â u, 1 â v , m 1 ~~~ . Soit que le tĂ©moin se trompe et ne veuille pas tromper, soit quâil ne se trompe pas et veuille tromper, le tĂ©moin nâannoncera pas la sortie du n° ; car, dans le premier cas, il voudra annoncer le numĂ©ro quâil croira sorti et qui ne sera pas le n° n, et, dans le second, il saura que ce numĂ©ro est sorti et ne voudra pas lâannoncer. De toute cette discussion et dâaprĂšs la rĂšgle du n° xo, on conclut Pu = uv - f- I â u I â f m â 1 9 âą SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. io 5 pour la probabilitĂ© complĂšte que l'hypothĂšse Câ, si elle Ă©tait certaine, donnerait Ă lâĂ©vĂ©nement observĂ©. Dans lâhypothĂšse C,, correspondante Ă la sortie dâun n" i diffĂ©rent de n, le tĂ©moin nâannoncera pas le n° n , sâil ne se trompe pas et ne veut pas tromper. Sâil ne se trompe pas et quâil veuille tromper, il saura que le n° i est sorti, mais il annoncera la sortie de lâun des m â i autres numĂ©ros; et la chance pour que ce soit le n° n, sera ââ-; dâoĂč il rĂ©sulte ^ pour la probabilitĂ© que ce n° n sera effectivement annoncĂ© par le tĂ©moin. Sâil se trompe et quâil ne veuille pas tromper, cette probabilitĂ© sera Ă©gale Ă u ^ ; car le tĂ©moin pourra croire que le numĂ©ro sorti est un des m â i numĂ©ros diffĂ©rents de i; il annoncera celui quâil croira sorti; et â- sera la chance pour que n soit ce numĂ©ro. Enfin, si le tĂ©moin se trompe et quâil veuille tromper, il faudra dâabord quâil croie sorti de A, un des m â i numĂ©ros diffĂ©rents de celui quâil annonce ; n ~â ^ sera donc la probabilitĂ© quâil croira sorti un numĂ©ro dĂ©terminĂ© n'; cette fraction exprimera aussi la probabilitĂ© quâil annoncera le n° n, parmi les m âi numĂ©ros diffĂ©rents de ri; on aura donc 1 ^ pour la probabilitĂ© que le tĂ©moin croira sorti le n° ri et quâil annoncera la sortie de n. La chance qui en rĂ©sultera pour ce n° n dâĂȘtre annoncĂ© sera, par consĂ©quent, la fraction m multipliĂ©e parle nombre des numĂ©ros tels que n!, que le tĂ©moin a pu croire sortis de A; lequel nombre est seulement m â 2, puisque le tĂ©moin qui se trompe et qui veut tromper, ne peut croire sorti ni le n° i qui lâest rĂ©ellement, ni le n* n quâil annonce. Dâun autre cĂŽtĂ©, la probabilitĂ© de cette double erreur est le produit 1 â u 1 â v ; la probabilitĂ© que le n° n sera effectivement annoncĂ© par ce tĂ©moin, aura donc pour valeur le produit 1â u 1 â v multipliĂ© par la chance 1 2 . Je rĂ©unis les probabilitĂ©s de cette annonce dans les trois cas distincts oĂč elle peut avoir lieu; il en rĂ©sulte io6 recherches _ui â v . kiâm m â-ĂŻ i â u I â 1 > P m âi > . wâ i mâ 1 â » pour la probabilitĂ© complĂšte de lâĂ©vĂ©nement observĂ©, dans une des m â i hypothĂšses contraires Ă la vĂ©ritĂ© de cet Ă©vĂ©nement. Cette valeur de pi est dâailleurs liĂ©e Ă celle de p n par lâĂ©quation P* + m â i /> i= =i, rĂ©sultante de ce que la somme des probabilitĂ©s que le tĂ©moin annoncera la sortie du n° n, correspondante aux m hypothĂšses C,, Câ Câ. ... C m , doit ĂȘtre Ă©gale Ă lâunitĂ©. Maintenant * par la rĂšgle du n° 34, nous aurons 'zr. â y Pi ?/V + S qipi â les sommes 2 sâĂ©tendant Ă toutes les valeurs de lâindice i, depuis i = i jusquâĂ i = m , exceptĂ© i = n. Et comme la quantitĂ© pi est indĂ©pendante de i , et que la somme des valeurs de q t , moins celle qui rĂ©pond Ă i = n, est t â~ 1 > lâexpression de sr, deviendra [w-i w-f i-ai-Q]m-ia, aprĂšs quâon y aura substituĂ© les valeurs de p n , q ĂŒf p if q it et multipliĂ© son numĂ©rateur et son dĂ©nominateur par ju/nâ 1 \ Ce sera donc la probabilitĂ© que le numĂ©ro n annoncĂ© par le tĂ©moin est rĂ©ellement sorti de A ; la probabilitĂ© quâil ne lâest pas aura i â + 1 â u 1 â f]a _ [m>+i â u 1 â w]a-[i ~vu + ilâ a â pour la probabilitĂ© quâil est effectivement sorti une boule blanche de A. On peut assimiler Ă ce cas particulier, celui dâun fait vrai ou faux, attestĂ© par un tĂ©moin on prendra pour ce fait lâextraction de la boule blanche; r sera la probabilitĂ© quâil est vrai; et son expression devra coĂŻncider avec celle du n° 36 . Nous aurons dâabord p = uv + 1 â u 1 â v , pour la probabilitĂ© que le tĂ©moin ne nous trompe pas ; car cela peut avoir lieu parce quâil ne se trompe pas et ne veut pas tromper, ou bien aussi parce quâil se trompe et veut tromper, câest-Ă -dire parce que entre les deux seules choses possibles, lâextraction dâune boule blanche et celle dâune boule noire, reprĂ©sentant la vĂ©ritĂ© et la faussetĂ© du fait attestĂ©, le tĂ©moin croit le contraire de ce qui est, ou dit le contraire de ce quâil croit. La probabilitĂ© quâil nous trompe sera, en mĂȘme temps, 1 â p = 1 â vu - h 1 â uv; ce qui se dĂ©duit de la valeur de p, ou sâobtient directement en obser- 14.. io8 RECHERCHES vaut que le tĂ©moin peut nous tromper, soit qu'il ne se trompe pas et veuille tromper, soit quâil se trompe et ne veuille pas tromper. On aura encore / â a u jr x + laij'j â pour la probabilitĂ© de lâhypothĂšse Câ; la somme 2 sâĂ©tendant Ă tous les indices i,depuist= 1 jusquâĂ i= m, exceptĂ© i â n. On verra tout Ă lâheure que lâexpression dey'* est indĂ©pendante de i ; et la somme des valeurs dea,, exceptĂ© a., Ă©tant x â a n , cette valeur de ,, que le choix de cette personne se portera sur E,, une autre probabilitĂ© p a quâil se portera sur E a , etc.; il nây aura aucune probabilitĂ© qu il doive se porter sur un des Ă©vĂ©nements F,, Fâ, F 3 , etc. ; et ces divers Ă©vĂ©nements Ă©tant les seuls possibles, il faudra quâon ait Pi .+ P% + Ps - H etc. = i. Si les probabilitĂ©s/,, p a ,p 3 , etc., sont toutes Ă©gales, leur valeur commune sera et, par consĂ©quent, trĂšs grande relativement Ă p, quand le nombre total m + n des cas possibles sera trĂšs grand en lui-mĂȘme et par rapport au nombre m des cas remarquables. GĂ©nĂ©ralement, ces probabilitĂ©s pourront ĂȘtre fort inĂ©gales; nous nâavons aucun moyen de les connaĂźtre ; mais il nous suffira quâelles soient trĂšs grandes eu Ă©gard Ă la probabilitĂ© p; ce qui ne peut manquer dâavoir lieu, lorsque celle-ci est extrĂȘmement petite, ou le nombre m-\-n excessivement grand, comme dans les exemples quâon vient de citer. Tel est le principe dont nous partirons pour dĂ©terminer la probabilitĂ© de la cause C, dâaprĂšs lâobservation de lâun des Ă©vĂ©nements E,, E,, E 3 , etc., F,, F,, F 3 , etc., ou, du moins, pour faire voir quâelle est trĂšs grande, quand lâĂ©vĂ©nement observĂ© appartient Ă la premiĂšre sĂ©rie. Supposons que E, soit cet Ă©vĂ©nement. On pourra faire deux hypothĂšses, la premiĂšre quâil est dĂ» Ă la cause C, la seconde quâil est le rĂ©- SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 117 sultat du hasard. Si la premiĂšre hypothĂšse Ă©tait certaine, p, serait la probabilitĂ© de lâarrivĂ©e de E,; si câĂ©tait la seconde qui le fĂ»t, cette probabilitĂ© aurait p pour valeur; en appelant donc r la probabilitĂ© de la premiĂšre hypothĂšse aprĂšs lâobservation, et regardant les deux hypothĂšses comme Ă©galement probables Ă priori , nous aurons, par la rĂšgle du n° 28, Pâą 118 ment possibles augmentĂ©e, si la chance propre de chaque Ă©vĂ©nement est plus petite pour ceux de la premiĂšre sĂ©rie que pour les Ă©vĂ©nements de la seconde sĂ©rie; diminuĂ©e, dans le cas contraire. Lâharmonie que nous observons dans la nature nâest] sans doute pas lâeffet du hasard ; mais par un examen attentif et long-temps prolongĂ©, on est parvenu, pour un trĂšs grand nombre de phĂ©nomĂšnes, Ă en dĂ©couvrir les causes physiques qui donnent Ă leur arrivĂ©e, sinon une certitude absolue, du moins une probabilitĂ© trĂšs approchante de lâunitĂ©. En les regardant comme des choses E,, E a , E 3 , etc., qui prĂ©sentent des circonstances remarquables, ce serait le cas oĂč ces choses ont par elles-mĂȘmes une assez forte probabilitĂ©, pour rendre trĂšs improbable et tout-Ă -fait inutile Ă considĂ©rer, lâintervention de la cause que nous avons appelĂ©e C. Quant aux phĂ©nomĂšnes physiques, dont les causes nous sont encore inconnues, il est raisonnable de les attribuer Ă des causes analogues Ă celles que nous connaissons, et soumises aux mĂȘmes lois. Leur nombre diminue au reste de jour en jour, par le progrĂšs des sciences aujourdâhui, par exemple, nous savons ce qui produit la foudre, et comment les planĂštes sont retenues dans leurs orbites, connaissances que nâavaient pas nos prĂ©dĂ©cesseurs; et ceux qui viendront aprĂšs nous, connaĂźtront les causes dâautres phĂ©nomĂšnes, actuellement inconnues. 43;. Lorsque le nombre de causes distinctes auxquelles on peut attribuer un Ă©vĂ©nement observĂ© E est infini, leurs probabilitĂ©s, soit avant, soit aprĂšs lâarrivĂ©e de E, deviennent infiniment petites, et les sommes 2 contenues dans les formules des n os 3a et 34, se changent en des intĂ©grales dĂ©finies. Pour effectuer cette transformation, supposons que lâĂ©vĂ©nement observĂ© E soit lâextraction dâune boule blanche, dâune urne A qui contenait une infinitĂ© de boules blanches ou noires. On pourra faire sur le rapport inconnu du nombre de boules blanches au nombre total des boules, une infinitĂ© dâhypothĂšses que lâon prendra pour autant de causes distinctes de lâarrivĂ©e de E, et exclusives les unes des autres. DĂ©signons ce rapport par x, de sorte que x soit une quantitĂ© susceptible de toutes les valeurs croissantes par degrĂ©s infiniment petits, et comprises depuis x infiniment petit, qui rĂ©pond au cas oĂč la boule extraite serait la seule boule blanche que A renfermait, jusquâĂ xz=i, SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. ng qui rĂ©pond Ă lâautre cas extrĂȘme oĂč cette urne ne contiendrait que des boules blanches. ReprĂ©sentons aussi par X la probabilitĂ© que ce rapport, si sa valeur x Ă©tait certaine, donnerait Ă lâarrivĂ©e de E, de maniĂšre que X soit, dans chaque question, une fonction connue de x. En considĂ©rant donc cette valeur comme une des causes possibles de E, il sâagira de dĂ©terminer la probabilitĂ© infiniment petite de x, soit quand toutes ces causes sont Ă©galement probables avant lâobservation, soit quand elles ont, Ă priori , des chances diffĂ©rentes. Dans le premier cas, la probabilitĂ© demandĂ©e se dĂ©duira de la quantitĂ© etc., les valeurs de sb relatives Ă toutes celles de X. En faisant dâabord usage du signe 2 , comme dans le n° 32 , et appelant tst la probabilitĂ© de x, nous aurons donc nx u X depuisx = o jusquâĂ x= i. En dĂ©signant par y, cette chance de G, ou, plus exactement, ce quâon doit prendre pour sa valeur inconnue, avant que E ait Ă©tĂ© observĂ©, on aura donc y = J' xYdxĂź et lâon peut remarquer que si lâon considĂšre x et Y comme l'abscisse et lâordonnĂ©e dâune courbe plane, et si lâon observe que lâaire entiĂšre de cette courbe, ou lâintĂ©grale fYdx est lâunitĂ©, y sera lâabscisse du centre de gravitĂ© de cette mĂȘme aire. Câest dâaprĂšs cette valeur de y prise pour la chance de G, que lâon devrait parier pour une premiĂšre arrivĂ©e de cet Ă©vĂ©nement, mais non pas pour plusie^gp arrivĂ©es successives ; car selon que G aura eu lieu ou nâaura pas eu lieu dans une premiĂšre Ă©preuve, la probabilitĂ© de son arrivĂ©e sera augmentĂ©e ou diminuĂ©e dans les Ă©preuves suivantes. âą Si, par exemple, toutes les valeurs de x sont Ă©galement probables Ă priori, la quantitĂ© Y devra ĂȘtre'indĂ©pendante de xr; dâaprĂšs les deux Ă©quations prĂ©cĂ©dentes, on aura donc i > Y = y = ai SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. ia 3 et, en effet, nous nâavons alors aucune raison de croire, dans une premiĂšre Ă©preuve, Ă lâarrivĂ©e de G plutĂŽt quâĂ celle de lâĂ©vĂ©nement contraire. Mais si lâon prend pour chacun des Ă©vĂ©nements E et E' lâĂ©vĂ©nement simple G, auquel cas on aura, X = x, X'=jc, il en rĂ©sultera pour la probabilitĂ© que G Ă©tant arrivĂ© une premiĂšre fois, arrivera encore une seconde fois, de maniĂšre que la probabilitĂ© de son arrivĂ©e, aura augmentĂ© de de la premiĂšre Ă la seconde Ă©preuve. Elle diminuera delĂ mĂȘme fraction, et se rĂ©duira Ă â ÂŁ , ou 5, Ă la seconde Ă©preuve, lorsque lâĂ©vĂ©nement contraire aura eu lieu Ă la premiĂšre; car en prenant celui-ci pour E, et toujours G pour E', câest-Ă -dire en faisant X = 1 â x, X' =.x, on en conclura pour la probabilitĂ© que G nâayant point eu lieu la premiĂšre fois, arrivera Ă la seconde Ă©preuve. A priori, la probabilitĂ© que G arrivera deux fois de suite sera, par la rĂšgle du n" 9, le produit de la probabilitĂ© l quâil aura lieu une premiĂšre fois, et de la probabilitĂ© f quâĂ©tant arrivĂ© cette fois-lĂ , il arrivera encore Ă la seconde Ă©preuve; elle sera donc j, au lieu de qui serait sa valeur si la probabilitĂ© de G Ă©tait a * Ă la seconde Ă©preuve comme Ă la premiĂšre. La similitude des deux Ă©vĂ©nements qui arriveront dans les deux premiĂšres Ă©preuves, aura une probabilitĂ© double ou Ă©gale Ă car cette similitude aura lieu, soit par la rĂ©pĂ©tition de G, 16.. 124 RECHERCHES soit par celle de lâĂ©vĂ©nement contraire, qui sont toutes deux Ă©galement probables. En comparant f ou 4 i -f- ÂŁ, Ă la probabilitĂ© ji + cT* de la similitude, que nous avons trouvĂ©e dans le n° 27, on aura ^ = -1=. l/3 Lors donc quâĂ priori nous nâavons aucune donnĂ©e sur la chance dâun Ă©vĂ©nement G, de sorte que nous puissions supposer Ă©galement Ă x toutes les valeurs possibles, la probabilitĂ© de la similitude dans deux Ă©preuves consĂ©cutives, est la mĂȘme que sâil y avait, entre les chances de G et de lâĂ©vĂ©nement contraire, une diffĂ©rence -â= sans 1/3 que lâon connĂ»t la chance la plus favorable. Nous dĂ©terminerons tout Ă lâheure la probabilitĂ© de la similitude dans les cas oĂč lâon sait Ă priori que toutes les valeurs possibles de x, au lieu dâĂȘtre Ă©galement possibles, sâĂ©cartent trĂšs probablement fort peu dâune fraction connue ou inconnue. 46. Maintenant, lâĂ©vĂ©nement simple dont la chance est inconnue, Ă©tant toujours dĂ©signĂ© par G, appelons H lâĂ©vĂ©nement contraire dont la chance sera lâunitĂ© diminuĂ©e de celle de G, et supposons i°, que lâĂ©vĂ©nement observĂ© E soit lâarrivĂ©e de G un nombre m de fois et de H un nombre n de fois, dans un ordre quelconque; 2 0 . que lâĂ©vĂ©nement futur E' soit lâarrivĂ©e de G un nombre m' de fois et de H un nombre n' de fois, aussi dans un ordre quelconque. Pour la valeur x de la chance de G et 1 â x de celle de H, les probabilitĂ©s X etX' de E et E' seront n* 14 X = Kx"i- x\ X' = K'ar-'Ci â xf ; K et K' dĂ©signant des nombres indĂ©pendants de x. On aura donc K' f' Yx- + -'i âx'+*'dx / Yx" 1 â x°dx pour la probabilitĂ© de E' aprĂšs lâobservation de E. Le nombre K a disparu de cette formule; la valeur quâon y mettra pour K', sera SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. ia5 m'. 3 1 . 2 . 3 . . ..m' -\-n' Si E' Ă©tait lâarrivĂ©e de m! et n! Ă©vĂ©nements G et H dans un ordre dĂ©terminĂ© , il faudrait remplacer K' par lâunitĂ©. Lorsque avant lâobservation de E, on nâaura aucune raison de croire aucune des valeurs de x plus probable quâune autre, on prendra lâunitĂ© pour la quantitĂ© Y. Au moyen de lâintĂ©gration par partie, on a dâailleurs ou, plus simplement, en faisant, pour abrĂ©ger, â P i5 1 . pour un nombre quelconque i. On aura de mĂȘme P , _ x m +*'dx = p J o V * oi + m'-f-o. > P et Ă cause de * m t+i\i pjpT- il en rĂ©sultera j dans le cas dont il sâagit, m+n/ n+nt * m+o-t-r Pm/Pn/Pm^nPi mt* n/* m* n*m+wZ+n+fl'+t Afin que cette formule comprenne les cas oĂč lâun des nombres m , n , m', n', est zĂ©ro, il y faudra faire P. = i. Cela Ă©tant, si lâon a n = o et n' = o, on aura simplement m -f- i 126 RECHERCHES ce qui exprimera la probabilitĂ© que G arrivera m' fois sans interruption, aprĂšs ĂȘtre dĂ©jĂ arrivĂ© m fois sans que lâĂ©vĂ©nement contraire H ait eu lieu. Pour m' â i et n' = o, la valeur de »ou câest-Ă -dire selon que dans les m - j- n premiĂšres Ă©preuves, G est arrivĂ© plus souvent ou moins souvent que lâĂ©vĂ©nement contraire H elles sont Ă©gales entre elles et Ă Ăż, comme avant les Ă©preuves, quand ces deux Ă©vĂ©nements ont eu lieu le mĂȘme nombre de fois. Mais il nâen sera plus de mĂȘme, en gĂ©nĂ©ral, lorsque lâon saura Ă priori, soit par la nature de lâĂ©vĂ©nement G, soit par le rĂ©sultat dâĂ©preuves antĂ©rieures Ă lâĂ©vĂ©nement E, que les valeurs de la chance inconnue de G ne sont pas toutes Ă©galement probables, de telle sorte que lâon nâait pas Y = 1 non-seulement dans ce cas, la fraction y du numĂ©ro prĂ©cĂ©dent que lâon devra prendre pour la chance de G avant les m - j- n nouvelles Ă©preuves ne sera point \, mais Ă lâĂ©preuve suivante, la probabilitĂ© de G pourra ĂȘtre moindre que y , quoique G soit arrivĂ© plus souvent que lâĂ©vĂ©nement contraire II, ou plus grande, quoique ce soit G qui aura eu lieu le moindre nombre de fois ; câest ce que lâon verra dans lâexemple suivant. 47. Je suppose quâil soit trĂšs probable, Ă priori , que la chance de G sâĂ©carte fort peu, en plus ou en moins, dâune certaine fraction r, de sorte quâen faisant .r = r-f-z, SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 127 la quantitĂ© Y soit une fonction de z, qui nâa de valeurs sensibles que pour de trĂšs petites valeurs de cette variable, positives ou nĂ©gatives. La courbe plane dont x et Y sont les coordonnĂ©es courantes, ne sâĂ©cartera sensiblement de lâaxe des abscisses x, que dans un trĂšs petit intervalle, de part et dâautre de lâordonnĂ©e qui rĂ©pond Ă x â r; le centre de gravitĂ© de lâaire de cette course tombera donc dans cet intervalle; par consĂ©quent lâabscisse de ce point diffĂ©rera trĂšs peu de r; et en nĂ©gligeant cette diffĂ©rence, r sera la valeur de la quantitĂ© y du n 45 - Cela posĂ©, les limites des intĂ©grales relatives Ă z seront les valeurs z = â r et z = 1 â r, qui rĂ©pondent Ă x â o et x = 1 ; si donc on fait m! â 1, n' = o, dx => dz , dans la premiĂšre expression de m' du numĂ©ro prĂ©cĂ©dent, il en rĂ©sultera f Yx""*"' 1 â x n dz ' â J ~ r ] _ r -, J Yx m i â x"dz pour la probabilitĂ© que G arrivera une fois, aprĂšs avoir eu lieu m fois, et lâĂ©vĂ©nement contraire n fois, dans m - f- n Ă©preuves. Mais, par la nature du facteur Y compris sous les signes f, on peut, si lâon veut, borner ces intĂ©grales Ă des valeurs trĂšs petites de z. Alors, en dĂ©veloppant les autres facteurs en sĂ©ries ordonnĂ©es suivant les puissances de z; ces sĂ©iâies seront gĂ©nĂ©ralement trĂšs convergentes il nây aurait dâexception que si r ou 1 â r Ă©tait aussi une trĂšs petite fraction ; dans tout autre cas, il nous suffira dâeu conserver les premiers termes ; et en nĂ©gligeant le carrĂ© dez, nous aurons x m 1 â x" = râ 1 â r" -j- [/mââ* - ' i â râ â nr"* 1 â â 1 * 1âr"â â r n ~'-\-nn â 1 r" 1â r n, â*]z* ; dâoĂč lâon dĂ©duira la valeur de x"" 1 " 1 1 âx", en y rrtettant m - f- 1 au lieu de m. Je substitue ces valeurs de xâ 1 â x* et de xââ"*' 1 x â x" dans lâexpression de ^9 â 4» ^i â * 7 en nĂ©gligeant les fractions les nombres suivants aâ,a lt , etc., seraient au-dessous de lâunitĂ©. Or, si lâon compare cette sĂ©rie des valeurs calculĂ©es, Ă celles des nombres a,, a % , a s , etc., qui rĂ©sultent de lâobservation , on voit qu'elles sâĂ©cartent peu lâune de lâautre dans leurs premiers termes. Les Ă©carts sont plus grands dans les termes suivants; par exemple, la valeur calculĂ©e de a 7 nâest que les trois cinquiĂšmes de la valeur observĂ©e ; mais ce nombre a 7 rĂ©pond Ă un Ă©vĂ©nement dont la probabilitĂ© est au-dessous dâun centiĂšme. En sâarrĂȘtant aux trois premiers termes de la sĂ©rie des nombres observĂ©s, on en dĂ©duit p â ^= 0,51806, p â1 â j = 0,5344!» P= l â ^ = o,53o53; quantitĂ©s qui diffĂšrent trĂšs peu entre elles, et dont la moyenne, ou le tiers de leur somme, est p â 0,52760, qui diffĂšre Ă peine de 0,02, de la valeur â de p, rĂ©sultante de lâensemble des Ă©preuves. Jâai choisi cette expĂ©rience Ă cause du nom de lâauteur, et parce que lâouvrage oĂč elle se trouve, la rend authentique. Chacun en peut faire beaucoup dâautres de la mĂȘme espĂšce, soit avec une piĂšce de monnaie, soit avec un dĂ© Ă six faces. Dans ce dernier cas, le nombre de fois que chaque face arrivera, sur un trĂšs grand nombre dâĂ©preuves, sera Ă trĂšs peu prĂšs un sixiĂšme de celui-ci, Ă moins que le dĂ© ne soit faux ou mal construit. 5i. Le thĂ©orĂšme sur lequel est fondĂ©e la rĂšgle prĂ©cĂ©dente est dĂ» Ă Jacques Bernouilli, qui en avait mĂ©ditĂ© la dĂ©monstration pendant vingt annĂ©es. Celle quâil a donnĂ©e se dĂ©duit de la formule du binĂŽme au moyen des propositions suivantes. Soient, Ă chaque Ă©preuve, p et q les chances donnĂ©es des deux Ă©vĂ©nements contraires E et F ; soient aussi g, h , k , des nombres entiers, 11 ' 11 M wpp I i36 RECHERCHES tels que lâon ait P~ *1 = kâ g + ^ == Ă;, p + q = i ; dĂ©signons par m, n, p,, dâautres nombres entiers, liĂ©s Ă g, h, k, par les Ă©quations m = gk, n = hk , p. = m - n = g + h k, de maniĂšre que les chances p et q soient entre elles comme les nombres m et n, que lâon pourra rendre aussi grands quâon voudra en augmentant convenablement g , h, k, sans changer leur rapport. Cela posĂ© i°. Dans le dĂ©veloppement de p - f- qj 1 , le terme le plus grand sera celui qui rĂ©pond au produit p m q ", et comme ce terme est la probabilitĂ© de lâarrivĂ©e de m fois E et de n fois F n° il sâensuit que cet Ă©vĂ©nement composĂ©, câest-Ă -dire, lâarrivĂ©e des Ă©vĂ©nements en raison directe de leurs chances respectives, est le plus probable de tous les Ă©vĂ©nements composĂ©s qui peuvent avoir lieu dans un nombre quelconque p, dâĂ©preuves. 2 °. Si ce nombre pb est trĂšs grand, le rapport du plus grand terme du dĂ©veloppement de p -f- q Ă la somme de tous les termes, ou Ă lâunitĂ©, sera une trĂšs petite fraction, qui diminuera indĂ©finiment Ă mesure que p. augmentera encore davantage; par consĂ©quent, dans une longue sĂ©rie dâĂ©preuves, lâĂ©vĂ©nement composĂ© le plus probable, le sera cependant trĂšs peu, et de moins en moins Ă mesure que les Ă©preuves seront plus long-temps prolongĂ©es. 5°. Mais si lâon considĂšre dans le dĂ©veloppement de {p-\-qY, son plus grand terme, les l termes qui le suivent et les Z termes qui le prĂ©cĂšdent, et si lâon dĂ©signe par A la somme de ces il-\- i termes consĂ©cutifs , on pourra toujours, sans changer ni pmq, prendre p. assez grand pour que la fraction A diffĂšre de lâunitĂ©, dâaussi peu quâon voudra; et Ă mesure que p, augmentera encore davantage, A approchera de plus en plus dâĂȘtre Ă©gal Ă un. On conclut de lĂ que dans une longue sĂ©rie dâĂ©preuves, il y a toujours une grande probabilitĂ© A que lâĂ©vĂ©- {tement E arrivera uu nombre de fois compris entre les limites m'Ă zl, SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. i3 7 et F un nombre de fois compris entre nzpl; de telle sorte que sans changer lâintervalle il des limites de ces deux nombres, on pourra rendre le nombre p des Ă©preuves assez grand pour que la probabilitĂ© Ă soit aussi approchante quâon voudra de la certitude. Si lâon prend les rapports de ces limites au nombre p des Ă©preuves, que lâon ait Ă©gard aux Ă©quations prĂ©cĂ©dentes, et quâon fasse - = p, q^J' = q', r ces rapports seront p' et q'; et comme la fraction diminuera indĂ©finiment Ă mesure que p. augmentera, il sâensuit que ces rapports, variables avec p,, approcheront aussi indĂ©finiment, et avec une trĂšs grande probabilitĂ©, des chances p et q de E et F ; ce qui est lâĂ©noncĂ© du beau thĂ©orĂšme de Jacques Bernouilli. Nous renverrons pour la dĂ©monstration de ces propriĂ©tĂ©s des termes du dĂ©veloppement de p-hqY aux ouvrages oĂč elle est exposĂ©e *. Celle du thĂ©orĂšme mĂȘme, que lâon trouvera dans le chapitre suivant, est fondĂ©e sur lâemploi du calcul intĂ©gral. En attendant, on ne doit pas perdre de vue que ce thĂ©orĂšme suppose essentiellement lâinvariabilitĂ© des chances des Ă©vĂ©nements simples E et F, pendant toute la durĂ©e des Ă©preuves. Or, dans les applications du calcul des probabilitĂ©s, soit a divers phĂ©nomĂšnes physiques, soit Ă des choses morales, ces chances varient le plus souvent dâune Ă©preuve Ă une autre, et le plus souvent aussi, dâune maniĂšre tout-Ă -fait irrĂ©guliĂšre. Le thĂ©orĂšme dont il s agit ne suffirait donc pas dans ces sortes de questions; mais il existe d autres propositions plus gĂ©nĂ©rales, qui ont lieu quelle que soit la variatioti des chances successives des Ă©vĂ©nements, et sur lesquelles sont fondĂ©es les plus importantes applications de la thĂ©orie des probabilitĂ©s. Elles seront Ă©galement dĂ©montrĂ©es dans les chapitres suivants; on en va maintenant donner lâĂ©noncĂ©, et en dĂ©duire la loi des grands nombres, que lâon a considĂ©rĂ©e dans le prĂ©ambule de cet ouvrage, ? Ars conjectandi pars quarta. TraitĂ© Ă©lĂ©mentaire des probabilitĂ©s de M. Lacroix; i r * section. 18 138 RECHERCHES comme un fait gĂ©nĂ©ral, rĂ©sultant dâobservations de toutes natures. 5a. Dans un trĂšs grand nombre p. dâĂ©preuves consĂ©cutives, reprĂ©sentons la chance de lâĂ©vĂ©nement E de nature quelconque, par p, Ă la premiĂšre Ă©preuve, par p t Ă la seconde . par p^ Ă la derniĂšre. Soit aussi p' la moyenne de toutes ces chances , ou leur somme divisĂ©e par leur nombre, câest-Ă -dire, P'='-P> + P>+ Ps + - + en mĂȘme temps, la chance moyenne de lâĂ©vĂ©nement contraire F sera la somme des fractions i â p ,, i â p % ,. . . i â p divisĂ©e par p ; et en la dĂ©signant par q ', on aura p' - f- q' = i. Cela Ă©tant, lâune des propositions gĂ©nĂ©rales que nous voulons considĂ©rer, consiste en ce que si lâon appelle m et n les nombres de fois que E et F arriveront ou sont arrivĂ©s pendant la sĂ©rie de ces Ă©preuves, les rapports de m et n au nombre total p. ou m - f- n, seront, Ă trĂšs peu prĂšs et avec une trĂšs grande probabilitĂ©, les valeurs dĂ©s chances moyennes p' et q', et rĂ©ciproquement, p' et q' seront les. valeurs approchĂ©es de â et -. Lorsque ces rapports auront Ă©tĂ© dĂ©duits dâune longue sĂ©rie dâĂ©preuves , ils feront donc connaĂźtre les chances moyennes p ' et q 1 , de mĂȘme quâils dĂ©terminent, par la rĂšgle du n° 49 , les chances mĂȘmes p et q de E et F, quand elles sont constantes. Mais pour que ces valeurs approchĂ©es de p' et q' puissent servir, aussi par approximation , Ă Ă©valuer les nombres de fois que E et F arriveront dans une nouvelle sĂ©rie dâun grand nombre dâĂ©preuves, il faut qu'il soit certain, ou du moins trĂšs probable, que les chances moyennes de E et F seront exactement, ou Ă fort peu prĂšs les mĂȘmes, pour cette seconde sĂ©rie, et pour la premiĂšre. Or, câest ce qui a lieu effectivement en vertu dâune autre proposition gĂ©nĂ©rale dont voici lâĂ©noncĂ©. Je suppose que par la nature des Ă©vĂ©nements E et F, celui qui arrivera Ă chaque Ă©preuve puisse ĂȘtre dĂ» Ă lâune des causes C,, C,, C 3 ,.. . C t , dont v est le nombre, qui sâexcluent mutuellement, et que je regarderai dâabord comme Ă©galement possibles. Je dĂ©signe par Ci la chance que la cause quelconque C f donnera Ă lâarrivĂ©e de lâĂ©vĂ©nement E; de maniĂšre quâĂ une Ă©preuve dĂ©terminĂ©e, Ă la pre- SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. i3g miĂšre, par exemple, la chance de E soit c, quand ce sera la cause C, qui interviendra, c, quand ce sera C,, etc. Sâil ny avait quâune seule cause possible, la chance de E serait nĂ©cessairement la mĂȘme Ă toutes les Ă©preuves; mais dans notre hypothĂšse, elle sera susceptible, Ă chaque Ă©preuve, dâun nombre v de valeurs Ă©galement probables, et variera, en consĂ©quence, dâune Ă©preuve Ă une autre. Or, si lâon fait > = ~ c i âH + c s* âą âą âą âh > la somme des chances que E aura eu, dans un trĂšs grand nombre dâĂ©preuves dĂ©jĂ effectuĂ©es, ou que cet Ă©vĂ©nement aura dans une longue sĂ©rie dâĂ©preuves futures, divisĂ©e par leur nombre, sera, Ă trĂšs peu prĂšs et trĂšs probablement, Ă©gale Ă la fraction y, dont la grandeur est indĂ©pendante de ce nombre; par consĂ©quent, la chance moyenne p' de E pourra ĂȘtre regardĂ©e comme Ă©tant la mĂȘme dans deux ou plusieurs sĂ©ries , dont chacune sera composĂ©e dâun trĂšs grand nombre dâĂ©preuves. En combinant cette seconde proMsition gĂ©nĂ©rale avec la premiĂšre , on en conclut que si m est le nombre de fois que lâĂ©vĂ©nement E arrivera ou est arrivĂ© dans un trĂšs grand nombre p. dâĂ©preuves, et m dans un autre trĂšs grand nombre p', on aura, Ă trĂšs peu prĂšs et trĂšs probablement, m m' , m" Ces deux rapports seraient rigoureusement Ă©gaux entre eux, et Ă la quantitĂ© inconnue y, si les nombres p et p! pouvaient ĂȘtre infinis. Lorsque leurs valeurs donnĂ©es par l'observation diffĂ©reront notablement lâune de lâautre, il y aura lieu de penser que dans lâintervalle des deux sĂ©ries dâĂ©preuves, quelques-unes des causes C,, C,, C s , etc., auront cessĂ© dâĂȘtre possibles, et que dâautres le seront devenues; ce qui aura changĂ© les chances c,, c t , c 3 , etc., et par suite la valeur de y. Toutefois, ce changement ne sera pas certain, et nous donnerons dans la suite lâexpression de sa probabilitĂ©, en fonction de la diffĂ©rence observĂ©e âą â â.et des nombres dâĂ©preuves p et p. On fera rentrer cette consĂ©quence des deux propositions prĂ©cĂ©den- 18.. i4o RECHERCHES tes, dans le thĂ©orĂšme mĂȘme de Jacques Bernouilli, en observant que dans lâhypothĂšse sur laquelle la seconde est fondĂ©e, la fraction y est la chance de E, iuconnue, mais constante pendant les deux sĂ©ries dâĂ©preuves. En effet, cet Ă©vĂ©nement peut arriver Ă chaque Ă©preuve, en vertu de chacune des causes C,, C,, C 3 , etc., qui ont toute une mĂȘme probabilitĂ© - ; la chance de son arrivĂ©e en vertu de la cause quelconque Cj, sera le produit - câ dâaprĂšs la rĂšgle du n° 5; et dâaprĂšs celle du n* 10 , sa chance complĂšte aura pour valeur la somme des produits ~ c >t c > ~ c s> etc- > Ă©gale a quantitĂ© y. Pour plus de simplicitĂ©, nous avons regardĂ© toutes les causes C,, C,, C 3 , etc., comme Ă©galement possibles; mais on peut supposer que chacune dâelles entre une ou plusieurs fois dans leur nombre total v ; ce qui les rendra inĂ©galement probables. On dĂ©signera alors par vy t le nombre de fois que la cause quelconque C, sera rĂ©pĂ©tĂ©e dans ce nombre v; la fraction y t exprimera la probabilitĂ© de celte cause; et lâexpression de y deviendra y = y, c, 4- y* c t + y 3 c 3 - f- â 4- On aura, en mĂȘme temps, >. +% + >s +âą âą âą âą + >» â 1 1 puisque lâune des causes auxquelles ces probabilitĂ©s se rapportent, devra avoir lieu certainement Ă chaque Ă©preuve. Lorsque le nombre des causes possibles sera infini, la probabilitĂ© de chacune dâelles deviendra infiniment petite; en reprĂ©sentant, dans ce cas, par x lâune des chances c ,, c,, c 3 ,. .. . c, , dont la valeur pourra sâĂ©tendre depuis x = o jusquâĂ x â i , et par Y dx, la probabilitĂ© de la cause qui donne cette chance quelconque x Ă lâĂ©vĂ©nement E, on aura, comme dans le n° 45, y = /' Y xdx , J' Y dx = i. 53. Supposons actuellement quâau lieu de deux Ă©vĂ©nements possibles E et F, il y en ait un nombre donnĂ© /\, dont un seul devra arriver Ă cha- SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. ,4, que Ă©preuve. Ce cas est celui oĂč lâon considĂšre une chose A dâune nature quelconque, susceptible dâun nombre Ă de valeurs, connues ou inconnues, que je reprĂ©senterai par a ,, a t , a 3 ,. ... a*, et parmi lesquelles une seule devra avoir lieu Ă chaque Ă©preuve, de sorte que celle qui sera arrivĂ©e ou qui arrivera sera, dans cette question, lâĂ©vĂ©nement observĂ© ou lâĂ©vĂ©nement futur. Soit aussi c { â la chance que la cause C;, si elle Ă©tait certaine, donnerait Ă la valeur a v de A. Les valeurs de c M ,, relatives aux divers indices i et depuis i = r jusquâĂ i = v et depuis i' = 1 jusquâĂ i' == A, seront connues ou inconnues; mais pour chaque indice^, on devra avoir Ci, . + O,» + c t,t + âą âą âą âą + Ci,\ = 1 ; car si la cause C, Ă©tait certaine, lâune des valeiys a,, a t , a 3 ,. . . ,a K , arriverait certainement en vertu de cette cause. DĂ©signons, en outre, par a lr , la somme des chances de qui auront ou qui ont eu lieu dans un trĂšs grand nombre /a dâĂ©preuves consĂ©cutives, divisĂ©e par ce nombre, câest-Ă -dire, la chance moyenne de cette valeur a jf de A, dans cette sĂ©rie dâexpĂ©riences. En considĂ©rant a u comme un Ă©vĂ©nement E, et lâensemble des Aâ 1 autres valeurs de A comme lâĂ©vĂ©nement contraire F, on pourra prendre, dâaprĂšs la seconde proposition gĂ©nĂ©rale du numĂ©ro prĂ©cĂ©dent, a i> == y> C t,H â H y*C % ,ir -+- 3,1/ .... -f- ; >1 > y»> y%> âą âą âą y t Ă©tant toujours les probabilitĂ©s des diverses causes qui peuvent amener les Ă©vĂ©nements pendant la sĂ©rie dâĂ©preuves, ou autrement dit, qui peuvent produire les valeurs de A que lâon a observĂ©es ou que lâon observera. Cela posĂ©, la troisiĂšme proposition gĂ©nĂ©rale qui nous reste Ă faire connaĂźtre, consiste en ce que la somme de ces pi valeurs de A, divisĂ©e par leur nombre, ou la valeur moyenne de cette chose, diffĂ©rera trĂšs probablement fort peu de la somme de toutes ses valeurs possibles, multipliĂ©es respectivement par leurs chances moyennes. Ainsi, en appelant s la somme des valeurs effectives de A, on aura, Ă trĂšs peu prĂšs et avec une grande probabilitĂ©, RECHERCHES 142 de telle sorte que si lâon dĂ©signe par T une fraction aussi petite que lâon voudra, on pourra toujours supposer le nombre assez grand pour rendre aussi peu differente que lâon voudra de lâunitĂ©, la probabilitĂ© que la diffĂ©rence des deux membres de cette Ă©quation sera moindre que eT. Observons de plus que dâaprĂšs lâexpression prĂ©cĂ©dente de ctâ, et les valeurs de a,, a,, a 3 , etc., qui sâen dĂ©duisent, le second membre est indĂ©pendant de //.; quand ce nombre est trĂšs grand, la somme s lui est donc sensiblement proportionnelle ; par consĂ©quent, si lâon reprĂ©sente par s' la somme des valeurs de A dans une autre sĂ©rie dâun trĂšs grand nombre fi' dâĂ©preuves, la diffĂ©rence des rap- r $ S y âą ports - et â7 sera trĂšs probablement fort petite; et en la nĂ©gligeant, on aura + s s' f* fc'* Dans la plupart des questions, le nombre A des valeurs possibles de A est infini; elles croissent par degrĂ©s infiniment petits, et sont comprises entre des limites donnĂ©es; et la probabilitĂ© que la cause quelconque C, donne Ă chacune de ces valeurs devient, par consĂ©quent, infiniment petite. En reprĂ©sentant ces limites par l et l', et par Zjdz la chance que donnera Q Ă une valeur quelconque z, qui pourra sâĂ©tendre depuis z = l jusquâĂ z = on aura la chance totale de cette valeur z, ou Ă trĂšs peu prĂšs sa chance moyenne pendant la sĂ©rie des Ă©preuves, sera Z dz, en faisant, pour abrĂ©ger, y x Z t - > ,Z, + = Z; et il en rĂ©sultera âą , -= f l Z zdz. r* J 1 La quantitĂ© Z sera une fonction connue ou inconnue de z mais la somme des tractions y lf y t , ys, etc., Ă©tant 1 unitĂ©, ainsi que chacune des intĂ©grales Z t dz,^ Z % dz,^ Z 3 dz, etc., on aura toujours J*Zttz = . . SUR LA PROBABILITE DES JUGEMENTS. .45 soit quâil nây ait quâun nombre limitĂ© y de causes possibles, soit quâil y en ait un nombre illimitĂ©, ou quâon ait v = go . 54. Maintenant, la loi des grands nombre rĂ©side dans ces deux Ă©quations m P s f* applicables Ă tous les cas dâĂ©ventualitĂ© des choses physiques et des choses morales. Elle a deux significations diffĂ©rentes dont chacune rĂ©pond Ă lâune de ces Ă©quations, et qui se vĂ©rifient constamment lâune et lâautre, comme on a pu le voir par les exemples variĂ©s que jâai citĂ©s dans le prĂ©ambule de cet ouvrage. Ces exemples de toute espĂšce ne pouvaient laisser aucun doute sur sa gĂ©nĂ©ralitĂ© et son exactitude; mais il Ă©tait bon, Ă cause de lâimportance de cette loi, quâelle fĂ»t dĂ©montrĂ©e Ă priori; car elle est la base nĂ©cessaire des applications du calcul des probabilitĂ©s, qui nous intĂ©ressent le plus; et dâailleurs sa dĂ©monstration, fondĂ©e sur les propositionsdesdeux numĂ©ros prĂ©cĂ©dents, a lâavantage de nous faire connaĂźtre la raison mĂȘme de son existence. En vertu de la premiĂšre Ă©quation, le nombre m de fois quâun Ă©vĂ©nement E, de nature quelconque, a lieu dans un trĂšs grand nombre fJL dâĂ©preuves, peut ĂȘtre regardĂ© comme proportionnel Ă fi. Pour chaque nature de chose, le rapport â a une valeur spĂ©ciale y, quâil atteindrait rigoureusement, si p pouvait devenir infini ; et la thĂ©orie nous montre que cette valeur est la somme des chances possibles de E Ă chaque Ă©preuve, multipliĂ©es respectivement par les probabilitĂ©s des causes qui leur correspondent. Ce qui caractĂ©rise lâensemble de ces causes, câest la relation qui existe pour chacune dâelles entre sa probabilitĂ© et la chance quelle donnerait, si elle Ă©tait certaine, Ă lâarrivĂ©e de E. Tant que cette loi de probabilitĂ© ne change pas, nous observons la permanence du rapport dans diverses sĂ©ries composĂ©es dâun grand nombre dâĂ©preuves; si, au contraire, entre deux sĂ©ries dâĂ©preuves, cette loi a changĂ©, et quâil en soit rĂ©sultĂ© dans la chance moyenne y , un changement notable, nous en serons avertis par un changement semblable dans la valeur de â lorsque, dans lâintervalle de deux sĂ©ries dâob- RECHERCHES 1 44 servations, des circonstances quelconques auront rendu plus probables les causes, physiques ou morales, qui donnent les plus grandes chances Ă lâarrivĂ©e de E, il en rĂ©sultera une augmentation de la valeur de y dans cet intervalle , et le rapport ^ se trouvera plus grand dans la seconde sĂ©rie quâil nâĂ©tait dans la premiĂšre; le contraire arrivera, quand les circonstances auront augmentĂ© les probabilitĂ©s des causes qui donnent les moiudres chances Ă lâarrivĂ©e de E. Par la nature de cet Ă©vĂ©nement, si toutes ses causes possibles sont Ă©galement probables, on aura Y = i et y = 7; et trĂšs probablement, le nombre de fois que E arrivera dans une longue sĂ©rie dâĂ©preuves sâĂ©cartera trĂšs peu de la moitiĂ© de leur nombre. De mĂȘme, si les causes de E ont des probabilitĂ©s proportionnelles aux chances que ces causes donnent Ă son arrivĂ©e, et que leur nombre soit encore infini, on aura Y == ax; pour que lâintĂ©grale Ă Xdx soit lâunitĂ©, il faudra que lâon aita=2 ; il en rĂ©sultera donc >=f ; par consĂ©quent dans une longue sĂ©rie d'Ă©preuves, il y aura une probabilitĂ© trĂšs approchante delĂ certitude, quele nombre des arrivĂ©es de E sera Ă trĂšs peu prĂšs double de celui des arrivĂ©es de lâĂ©vĂ©nement contraire. Mais dans la plupart des questions, la loi de probabilitĂ© des causes nous est inconnue, la chance moyenne^ ne peut ĂȘtre calculĂ©e Ă priori, et câest lâexpĂ©rience qui en donne la valeur approchĂ©e et trĂšs probable, en prolongeant la sĂ©rie des Ă©preuves assez loin pour que le rapport â devienne sensiblement invariable, et prenant alors ce rapport pour cette valeur. LâinvariabilitĂ© presque parfaite de ce rapport - pour chaque nature dâĂ©vĂ©nements, est un fait bien digne de remarque, si lâon considĂšre toutes les variations des chances pendant une longue sĂ©ries dâĂ©preuves. On serait tentĂ© de lâattribuer Ă lâintervention dâune puissance occulte, distincte des causes physiques ou morales des Ă©vĂ©nements, et agissant dans quelque vue dâordre et de conservation; mais la thĂ©orie nous montre que cette permanence a lieu nĂ©cessairement tant que la loi de probabilitĂ© des causes, relative Ă chaque espĂšce dâĂ©vĂ©nements, ne vient point Ă changer; en sorte quâon doit la regarder, dans chaque cas, comme Ă©tant lâĂ©tat naturel des choses, qui subsiste de lui-mĂȘme SUR LA PROBABILITE DES JUGEMENTS. i45 sans le secours dâaucune cause Ă©trangĂšre, et aurait, au contraire, besoin dâune pareille cause pour Ă©prouver un notable changement. On peut le comparer Ă lâĂ©tat de repos des corps, qui subsiste en vertu de la seule inertie de la matiĂšre tant quâaucune cause Ă©trangĂšre ne vient le troubler. 55. Avant de considĂ©rer la seconde des deux Ă©quations prĂ©cĂ©dentes, il est bon de donner quelques exemples relatifs Ă la premiĂšre , et propres Ă Ă©clairer la question. Supposons quâon ait un nombre v dâurnes Câ Câ C 3 ,. . . C,, contenant des boules blanches et des boules noires. DĂ©signons par c n> la chance dâamener une boule blanche en tirant dans lâurne quelconque C,; laquelle chance pourra ĂȘtre la mĂȘme pour plusieurs de ces urnes. On prend au hasard une de ces urnes que lâon remplace par une urne semblable; on en prend ensuite une seconde, aussi au hasard et que Ion remplace Ă©galement par une semblable; puis une troisiĂšme que 1 on remplace de mĂȘme ; et ainsi de suite , de maniĂšre que lâensemble des urnes C,, C,, C 3 , etc., demeure toujours le mĂȘme. On forme ainsi une sĂ©riĂ© dĂ»mes B,, B a , B 3 , etc., indĂ©finiment prolongĂ©e, qui ne renferme que les urnes donnĂ©es C,, C., C 3 , etc., plus ou moins rĂ©pĂ©tĂ©es. DĂ©signons la chance dâextraire une boule blanche de B, par b t , de B a par b t , de B 3 par b 3 , etc., de sorte que la sĂ©rie indĂ©finie bâ b % , b 3 , etc., ne contienne aussi que les chances donnĂ©esc,,c a , c 3 ,etc., qui pourront y etre rĂ©pĂ©tĂ©es. Cela Ă©tant, on tire une boule de B,, une de B a , une de B 3 , etc., jusquâĂ lâurne inclusivement. En appelant ÂŁ la chance moyenne de lâextraction dâune boule blanche dans ces rn tirages successifs, on aura ^ = ~ ^1 -+âą b t - f- b 3 - f- . .. -f- b^. Or, les urnes C,, C a , C 3 , etc., reprĂ©sentent les v seules causes possibles de 1 arrivĂ©e dune boule blanche Ă chaque Ă©preuve; par consĂ©quent, si jj. est un trĂšs grand nombre, que lâon fasse, comme plus haut, y â , c i H- °⹠+âą c 3 +... + c,, !9 146 RECHERCHES. et que lâon de'signe par m le nombre de boules blanches qui seront extraites, on aura, dâaprĂšs ce qui prĂ©cĂšde, - = âŹ, Ă© = y, m â fxy, P* a trĂšs peu prĂšs et avec une grande probabilitĂ©. Ainsi le nombre m ne changera pas sensiblement si lâon rĂ©pĂšte les tirages sur les mĂȘmes urnes B,, B,, B 3 ,... B^, ou sur un nombre fx dâautres urnes consĂ©cutives, et si on les effectue sur un autre trĂšs grand nombre /x dâurnes, le / nombre de boules blanches qui arriveront aura -â pour valeur approchĂ©e et trĂšs probable. Si lâon extrait /x fois de suite au hasard, une boule de lâensemble des urnes C,, C,, C 3 , etc., en remettant Ă chaque fois la boule extraite dans lâurne dont elle est sortie, la chance dâextraire une boule blanche sera la mĂȘme Ă toutes les Ă©preuves, et Ă©gale Ă y dâaprĂšs la rĂšgle du n° 10; lorsque leur nombre sera trĂšs grand, celui des boules blanches que lâon amĂšnera sera donc, en vertu de la rĂšgle du n° 49» Ă trĂšs peu prĂšs et trĂšs probablement Ă©gal au produit fxy, comme dans la question prĂ©cĂ©dente; mais ces deux questions sont essentiellement distinctes; et les deux rĂ©sultats ne coĂŻncident que dans le cas oĂč fx est un trĂšs grand nombre. Quand il ne lâest pas, la chance dâamener un nombre donnĂ© m dĂ©boulĂ©s blanches dĂ©pend, dans la premiĂšre question, non- seulement du systĂšme des urnes donnĂ©es C,, C,,C 3 , etc., mais aussi du systĂšme des urnes B,, B,, B 3 , etc., que lâon en a dĂ©duit au hasard. Je rĂ©duis, par exemple, les urnes donnĂ©es Ă trois C,, C,, C 3 , et je prends jx = 2 et m = 1, de sorte quâil sâagisse de savoir quelle est la chance de tirer une boule blanche de lâune des deux urnes B,etB a , et une boule noire de lâautre. Relativement Ă ces deux urnes, il peut arriver neuf combinaisons diffĂ©rentes que jâindiquerai de cette maniĂšre B.=B. = C If B,=B.= C., B,=B a =Câ B, = C, et B a = ⏠,, B, = C, et B s = C 3 , B, = C. et B. = Câ B, =C,etB,= Câ B, = C 3 et B, = C., B, = C, et B, = C,. Pour chacune de ces neuf combinaisons, la chance demandĂ©e aura une SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. i4 7 valeur dĂ©terminĂ©e ; ses neuf valeurs possibles selon la combinaison qui aura eu lieu, seront 2C,l â C,, 2C.l â C % , 2Cj I â Cj , pour les trois premiĂšres; ÂŁ.i âc a -H'.iâC,, c,lâ C 3 +C 3 lâ C,, C,l â C 3 +C 3 lâc,, pour les trois intermĂ©diaires; et les mĂȘmes que celles-ci, pour les trois derniĂšres. Il est aisĂ© de voir que la valeur moyenne de ces neuf chances, ou leur somme divisĂ©e par neuf, doit ĂȘtre la chance dâamener une blanche et une noire, en tirant une premiĂšre fois au hasard dans le groupe des trois urnes C,, C,, Cj, puis une seconde fois aprĂšs avoir remis la premiĂšre boule extraite dans lâurne dâoĂč elle serait sortie. Et, en effet, cette chance serait le double du produit de et de i â ^ c, -f- c, -f- c 3 ; quantitĂ© Ă©gale au neuviĂšme de la somme des neuf chances prĂ©cĂ©dentes. Avant que le systĂšme des urnes B,, B,, B 3 , etc., soit formĂ© et dĂ©duit du systĂšme des urnes donnĂ©es, nous nâaurions aucune raison de croire que la n il!m ' urne B. sera plutĂŽt lâune que lâautre des urnes C,, C,, C 3 , etc.; pour nous, la probabilitĂ© de lâextraction dâune boule blanche au n f ' m ' tirage serait donc la somme des chances c,, c ,, c 3 ,etc., divisĂ©e par leur nombre, câest-Ă -dire la quantitĂ© y; mais quoique elle soit la mĂȘme pour tous les tirages, et que leur nombre fx fĂ»t aussi grand quâon voudra, nous ne serions pas autorisĂ©s Ă en conclure, en vertu de la seule rĂšgle du n° 49, que le nombre m des extractions de boules blanches, des urnes B,, Bâ B 3 , etc., devra sâĂ©carter trĂšs probablement fort peu du prodnit fxy ; car on ne doit pas perdre de vue que cette rĂšgle est fondĂ©e sur la chance propre de lâĂ©vĂ©nement que lâon considĂšre, et non sur sa probabilitĂ©, ou la raison que nous pouvons avoir de croire quâil arrivera. 56. Pour second exemple, je suppose que lâon ait un trĂšs grand nombre de piĂšces de cinq francs, que jâappellerai A,, A,, A 3 , etc., et dont chacune prĂ©sentera une de ses deux faces, en retombant Ă terre aprĂšs avoir Ă©tĂ© projetĂ©e en lâair. Relativement Ă la piĂšce quelconque Aj, je dĂ©signerai par a, la chance de lâarrivĂ©e de tĂȘte, qui dĂ©pen- 19.. *' âą 48 RECHERCHES dra de la constitution physique de cette piĂšce. La valeur de a, sera inconnue Ă priori; on la dĂ©terminera par lâexpĂ©rience en projetant A/ un trĂšs grand nombre de fois m; et comme cette chance demeurera constante pendant cette sĂ©rie dâĂ©preuves, si tĂȘte arrive un nombre n, de fois, on pourra prendre, par la rĂšgle du n° 49, pour sa valeur approchĂ©e et trĂšs probable. On sâen servira ensuite pour calculer les probabilitĂ©s des divers Ă©vĂ©nements futurs, relatifs Ă la projection de la mĂȘme piĂšce A, on pourra parier Ă jeu Ă©gal, m contre m â n t que tĂȘte arrivera dans une nouvelle Ă©preuve, m* contre T/z* â n* quâil arrivera deux fois dans deux Ă©preuves successives, 272 j m â Tij contre m *â 2 n t m â m que tĂȘte aura lieu une fois seulement dans ces deux Ă©preuves, etc. Dans une nouvelle sĂ©rie dâun trĂšs grand nombre m' dâĂ©preuves, le nombre de fois n / que tĂȘte arrivera , aura, Ă trĂšs peu prĂšs et avec une grande probabilitĂ©, le produit m'a * pour t valeur, toujours dâaprĂšs la rĂšgle du n° 49; les deux rapports ^jet^> > devront donc sâĂ©carter trĂšs peu lâun de lâautre ; mais, toutefois Ă raison de ce que cette valeur de donnĂ©e par lâexpĂ©rience, est seulement trĂšs probable et non pas certaine, la probabilitĂ© du peu de diffĂ©rence de ces deux rapports ne sera pas si grande, comme on le verra par la suite, que si la valeur de cette chance a t Ă©tait certaine et donnĂ©e Ă priori. Au lieu de projeter la mĂȘme piĂšce un trĂšs grand nombre de fois, supposons que lâon emploie successivement un trĂšs grand nombre p de piĂšces de cinq francs , prises au hasard parmi celles qui proviennent dâun mĂȘme mode de fabrication, et soit n le nombre de fois que tĂȘte arrivera. Appelons a la chance moyenne de lâarrivĂ©e de tĂȘte, non pas seulement pour toutes les piĂšces dont on aura fait usage, mais pour toutes les piĂšces de la mĂȘme espĂšce et provenant delĂ mĂȘme fabrication. En vertu des deux propositons gĂ©nĂ©rales du n° 52 , nous aurons, Ă trĂšs peu prĂšs et trĂšs probablement, a n ~ > t* SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 149 comme si les chances inconnues a,, a % , a if etc., Ă©taient toutes Ă©gales entre elles. Selon que lâon trouvera ^ > â ou ^ on en conclura que dans les piĂšces de cinq francs de cette fabrication, la chance de lâarrivĂ©e de tĂȘte est gĂ©nĂ©ralement plus grande ou moindre que celle de lâarrivĂ©e de la face opposĂ©e. A lâĂ©gard dâune piĂšce A, en particulier, la chance a, Ă©tant diffĂ©rente de a, il pourra arriver que lâon ait â en considĂ©rant la premiĂšre Ă©quation de ce numĂ©ro. La seconde Ă©quation, ou plutĂŽt celle-ci - = [ r Zzdz, f* J i donnera lieu comme la premiĂšre, Ă de nombreuses et utiles applications. Je suppose, par exemple, que a soit un angle que l'on veut mesurer. Cet angle existe; sa grandeur est unique et dĂ©terminĂ©e; mais lâangle que lâon mesure Ă chaque opĂ©ration, est une chose susceptible dâun nombre infini de valeurs diffĂ©rentes, Ă raison des erreurs inĂ©vitables et variables des observations. Je prends cet angle, qui sera mesurĂ© successivement un grand nombre de fois, pour la chose A, de sorte que Zdz exprime la chance dâune valeur quelconque z de A, rĂ©sultante de la construction de lâinstrument et de lâadresse de lâobservateur. Soit k 20.. i56 RECHERCHES lâabscisse du centre de gravitĂ© de lâaire dâune courbe plane, dont z et Z sont lâabscisse et lâordonnĂ©e, et qui sâĂ©tend depuis z= l jusquâĂ z= ĂŻ, en dĂ©signant, comme dans le n" 53, par l et l' les limites des valeurs possibles de A. Faisons z â k - f- x , l = k - f- h , l' ss k - f- h' ; et reprĂ©sentons par X ce que Z devient quand on y met k-\-x au lieu de z ; nous aurons f t Tidz = Xdx = i, f h Xxdx = o, et par consĂ©quent, Ă trĂšs peu prĂšs, en vertu de lâĂ©quation citĂ©e, dans laquelle s est la somme des valeurs de A que lâon obtiendra dans un grand nombre dâĂ©preuves. Câest donc vers la constante k que sa valeur moyenne - convergera de plus en plus, Ă H" mesure que ft augmentera davantage; mais lors mĂȘme que ce rapport sera devenu sensiblement constant, câest-Ă -dire, lorsqu il sera sensiblement le mĂȘme dans plusieurs sĂ©ries dâautres grands nombres de mesures, il pourra quelquefois arriver que cette moyenne diffĂšre beaucoup de lâangle a quâon veut dĂ©terminer elle sera toujours la valeur approchĂ©e de la constante y qui peut ne point coĂŻncider avec cet angle. En effet, soit z = et - f- u , l = et - f- g , l' a H - § '> appelons U ce que devient Z quand on y met a+M au lieu de 2 ; nous aurons J'* Zdz s= f'Vdu = i? Uttdtt. La diffĂ©rence u, entre lâangle a et une valeur possible z de lâangle mesurĂ© A, est lâune des erreurs possibles de 1 instrument et de 1 obseĂŻ- SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. i 5 7 vateur; elle peut ĂȘtre positive ou nĂ©gative, et sâĂ©tendre depuis = g jusquâĂ u = g' ; sa probabilitĂ© infiniment petite estUtfo. Or, sâil nây a dans la constructioa de lâinstrument aucune cause qui donne aux erreurs positives de plus grandes chances quâaux erreurs nĂ©gatives, ou rĂ©ciproquement, et quâil en soit de mĂȘme pour la maniĂšre dâopĂ©rer de lâobservateur, les limites g et g' seront Ă©gales et de signes contraires , la fonction U sera Ă©gale pour des valeurs de la variable u Ă©gales et de signes contraires, et il en rĂ©sultera Dans ce cas, qui est le plus commun, le rapport - sera donc la va- leurapprochĂ©e de a. Mais, si lâinstrument par sa construction, ou lâobservateur par sa maniĂšre de viser, donne quelque prĂ©pondĂ©rance, soit aux chances des erreurs positives, soit Ă celles des erreurs nĂ©gatives, lâintĂ©grale prĂ©cĂ©dente ne sera plus nulle, les constantes a et k diffĂ©reront lâune de lâautre, et le rapport - sâĂ©cartera notablement, en gĂ©nĂ©ral, H 1 de la vĂ©ritable valeur de a. On ne pourra sâapercevoir de cette circonstance, quâen mesurant le mĂȘme angle, soit avec dâautres instruments, soit par dâautres observateurs. Je me bornerai ici Ă indiquer cette application du calcul des probabilitĂ©s en ce qui concerne les erreurs des observations, et les mĂ©thodes de calcul propres Ă en diminuer et Ă©valuer lâinfluence, je renverrai Ă la ThĂ©orie analytique des probabilitĂ©s et aux mĂ©moires sur ce sujet que jâai insĂ©rĂ©s dans la Connaissance des teins * . 61. Pour second exemple de lâĂ©quation citĂ©e au commencement du numĂ©ro prĂ©cĂ©dent, supposons que les causes dĂ©signĂ©es par C,, C», C 3 , etc., soient toutes celles qui dĂ©terminent les chances de durĂ©e de la vie humaine dans un pays et Ă une Ă©poque dĂ©terminĂ©s. Ces causes sont, entre autres, les diverses constitutions physiques des enfants qui naissent, le bien-ĂȘtre des habitants, les maladies qui abrĂšgent cette * AnnĂ©es 1827 et i 832 . i58 RECHERCHES duree, et sans doute aussi quelques causes rĂ©sultantes de la vie elle- mĂȘme , qui lâempĂȘchent de se prolonger au-delĂ de limites quelles nâa jamais dĂ©passĂ©es il y a lieu de croire, en effet, que si les maladies Ă©taient les seules causes de mort, et quâelle fĂ»t, pour ainsi dire, accidentelle, quelques-uns des hommes parmi le nombre immense de ceux qui ont vĂ©cu, auraient Ă©chappĂ© Ă ces dangers pendant plus de deux siĂšcles; ce quâon uâa jamais observĂ©. La chose A sera alors le temps que vivra un enfant qui vient de naĂźtre; z exprimera une valeur possible de A , et Z dz la chance de z rĂ©sultante de toutes les causes, quelles quâelles soient, qui peuvent la dĂ©terminer, non pas pour un enfant en particulier, mais pour lâespĂšce humaine, dans le lieu et Ă lâĂ©poque que lâon considĂšre. Ainsi, concevons quâune certaine constitution physique en naissant, donne une chance Z 'dz de vivre prĂ©cisĂ©ment un temps Ă©gal Ă z , quâune autre constitution donne une chance Z 'dz de vivre jusquâau mĂȘme Ăąge, etc.; soient aussi ÂŁ', etc., les probabilitĂ©s de ces diverses constitutions Ă raison de ces causes, la fonction Z sera la somme ÂŁ'Z' -f- ÂŁ"Z" + etc., Ă©tendue Ă toutes les constitutions possibles ; et si ce nombre est infini, Z se changera en une intĂ©grale dĂ©finie, qui aura une valeur inconnue, mais dĂ©terminĂ©e. Dans le pays oĂč les hommes naissent le plus forts ou le mieux constituĂ©s, cette intĂ©grale aura sans doute la plus grande valeur; dans chaque pays, elle pourra nâĂštre pas la mĂȘme pour les deux sexes; sans doute aussi les valeurs de Z', Z", TJ", etc., dĂ©pendront dâailleurs des maladies possibles et du bien- ĂȘtre des habitants la fonction Z sera diffĂ©rente, et par suite, lâintĂ©grale Ă eTzdz le sera aussi, Ă deux Ă©poques Ă©loignĂ©es lâune de lâautre, si dans lâintervalle quelque maladie a disparu, ou que le bien-ĂȘtre du peuple ait augmentĂ© par le progrĂšs de la sociĂ©tĂ©. On pourra, si lâon veut, prendre zĂ©ro et lâinfini pour les limites l et ĂŻ de cette intĂ©grale , en considĂ©rant Z comme une fonction qui sâĂ©vanouit au-delĂ dâune valeur de z, inconnue aussi bien que la forme de Z. Cela Ă©tant, les valeurs observĂ©es de A seront les Ăąges auxquels sont morts en trĂšs grand nombre ft dâindividus nĂ©s dans un mĂȘme pays'et vers la mĂȘme Ă©poque; et en appelants la somme de ces Ăąges, on aura, Ă trĂšs peu prĂšs et trĂšs probablement, SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. i5g par consĂ©quent, ce rapport - , ou ce quâon appelle la vie moyenne , de- meurera constant pour chaque pays, tant quâaucune des causes C,, Câ C 3 , etc., connues ou inconnues, nâĂ©prouvera pas un changement notable. En France, on suppose la vie moyenne dâenviron 29 ans; mais cette Ă©valuation est fondĂ©e sur des observations antĂ©rieures Ă lâusage de la vaccine, et dĂ©jĂ trĂšs anciennes; elle doit ĂȘtre aujourdâhui sensiblement plus longue; et il serait Ă dĂ©sirer quâon la dĂ©terminĂąt de nouveau, sĂ©parĂ©ment pour les hommes et pour les femmes, pour les diffĂ©rents Ă©tats, et pour les diverses parties du royaume. On considĂšre aussi la vie moyenne Ă partir dâun Ăąge donnĂ© s est alors le nombre des annĂ©es quâont vĂ©cu au-delĂ de cet Ăąge , un trĂšs grand nombre u d-âindividus ; le rapport s - est la vie moyenne relative Ă cet Ăąge, avec lequel elle varie, en demeurant constante pour un mĂȘme Ăąge on suppose quâelle atteint son maximum entre 4 et 5 ans, et quâelle sâĂ©lĂšve alors Ă 43 ans. Les tables de mortalitĂ© ont un autre objet sur un trĂšs grand nombre /a dâindividus nĂ©s dans un mĂȘme pays et Ă la mĂȘme Ă©poque, elle font connaĂźtre les nombres de ceux qui vivent encore au bout dâun an, de deux ans, de trois ans, etc., jusquâĂ ce quâaucun nâexiste plus. En dĂ©signant par m le nombre des vivants qui ont un Ăąge donnĂ©, câest en vertu de la premiĂšre Ă©quation du n° 54, que le rapport â est sensible- ment invariable, du moins tant quâil ne sâagit pas dâun Ăąge trĂšs avancĂ©, et que m nâest pas devenu un nombre trĂšs petit vers cent ans, par exemple, cette invariabilitĂ© consiste en ce que le rapport â est toujours une trĂšs petite fraction. Dans lâintĂ©grale J' Zzdz, au lieu de faire varier z par degrĂ©s infiniment petits, si lâon fait croĂźtre cette variable par des intervalles trĂšs petits; que lâon prenne, pour fixer les idĂ©es, chacun de ces intervalles de temps pour unitĂ©; et que lâon dĂ©signe par k l} h t , h i7 etc., la sĂ©rie des valeurs de z, et par H,, H,, H 3 , etc., les valeurs correspondantes de Z, la somme des produits H,4,, 11,4,, H 3 4 3 , etc., sera, comme on sait, la valeur approchĂ©e de cette intĂ©grale. En dĂ©signant i6o RECHERCHES par v la vie moyenne, Ă partir de la naissance, on aura donc aussi v = H,A, - -f- H S A, -f- etc. Or, Hâ exprimant ici la cha nce de mourir Ă un Ăąge h u , il sâensuit que relativement Ă la durĂ©e de la vie humaine, on peut considĂ©rer la vie moyenne v comme lâespĂ©rance mathĂ©matique n° 23 dâun enfant qui vient de naĂźtre et dont la constitution physique nous est inconnue; mais dâaprĂšs les tables de mortalitĂ©, sur un trĂšs grand nombre dâenfants, plus de la moitiĂ© meurt avant dâavoir atteint cet Ăąge v. 62. Supposons, pour dernier exemple, que pour un lieu donnĂ© et pour un jour de lâannĂ©e aussi donnĂ©, on ait calculĂ© lâexcĂšs de la haute sur la basse mer qui aurait lieu en vertu des actions simultanĂ©es du soleil'et de la lune. Prenons pour la chose A, la diffĂ©rence entre cet excĂšs calculĂ© et celui qui est observĂ© dans le mĂȘme lieu et Ă la mĂȘme Ă©poque de chaque annĂ©e. Les valeurs de A varieront dâune annĂ©e Ă une autre, Ă raison des vents qui peuvent souffler en ce lieu et Ă cette Ă©poque, et qui dĂ©terminent les chances de ces diverses valeurs. Or, si lâon considĂšre toutes les directions et les intensitĂ©s possibles de ces vents, leurs probabilitĂ©s respectives, et les chances que ces causes donnent Ă une valeur quelconque z de A, lâintĂ©grale J i Zzdz aura une valeur inconnue, mais dĂ©terminĂ©e, et qui demeurera constante, tant que la loi de probabilitĂ© de chaque vent possible ne changera pas. Le rapport s - sera donc aussi Ă trĂšs peu prĂšs invariable; s Ă©tant la somme des valeurs de A, obser- .vĂ©es pendant une longue suite dâannĂ©es. Nous ne savons pas Ă priori, si - est zĂ©ro ou une fraction quâon puisse nĂ©gliger, câest-Ă -dire, si lâinfluence des vents sur les lois gĂ©nĂ©rales des marĂ©es est insensible ; lâexpĂ©rience seule peut nous faire connaĂźtre la valeur de ce rapport, et nous apprendre s il varie aux diffĂ©rentes Ă©poques de lâannĂ©e , et pour les lieux diffĂ©rents oĂč les observations sont faites, sur la cĂŽte, dans les ports, en pleine mer. Pour connaĂźtre lâinfluence de tel ou tel vent en par- SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 161 ticulier, il faudrait nâemployer que des valeurs de A observĂ©es sous cette influence; toutefois, afin de nâavoir pas besoin dâun trop grand nombre dâannĂ©es dâobservations, ces valeurs pourraient rĂ©pondre Ă plusieurs jours consĂ©cutifs, pendant lesquels la direction du vent aurait peu changĂ©. Plusieurs savants sâoccupent maintenant de cet examen, qui exigera un long travail, et ne manquera pas de conduire Ă des rĂ©sultats intĂ©ressants. 63. Lâexposition des rĂšgles du calcul des probabilitĂ©s et de leurs consĂ©quences gĂ©nĂ©rales, qui a Ă©tĂ© faite dans ce chapitre et dans le prĂ©cĂ©dent , Ă©tant actuellement complĂšte, je reviens sur la notion de cause et d 1 effet , qui est seulement indiquĂ©e dans le n° 27. La cause propre dâune chose E est, comme on lâa dit dans ce numĂ©ro, une autre chose C qui possĂšde une puissance de produire nĂ©cessairement E, quelles que soit dâailleurs la nature de ce pouvoir et la maniĂšre dont il sâexerce Ainsi, ce quâon appelle lâattraction de la terre est une certaine chose qui a la puissance de faire tomber les corps situĂ©s Ă la surface du globe, dĂšs quâil ne sont pas soutenus; et de mĂȘme, dans notre volontĂ© , rĂ©side un pouvoir de produire, par lâintermĂ©diaire des muscles et des nerfs, une partie de ces mouvements que lâon nomme, pour cette raison, mouvements volontaires. Quelquefois, dans la nature, la chose E nâa quâune seule cause C qui puisse la produire, de sorte que lâobservation de E suppose toujours lâintervention de C. Dans dâautres cas, cette chose peut ĂȘtre attribuĂ©e Ă plusieurs causes distinctes, qui concourent ensemble, ou qui sâexcluent mutuellement de maniĂšre quâune seule ait dĂ» produire E. Telles sont, en ce qui concerne le principe delĂ causalitĂ©, les idĂ©es les plus simples et que je crois gĂ©nĂ©ralement admises. Cependant lâillustre historien de lâAngleterre a Ă©mis sur ce point de [mĂ©taphysique, une opinion diffĂ©rente qu'il convient dâexaminer, et sur laquelle le calcul des probabilitĂ©s peut jeter un grand jour. Selon Hume *, nous ne pouvons avoir dâautre idĂ©e de la causalitĂ© que celle dâun concours et non dâune connexion nĂ©cessaire entre * Essais philosophiques sur lâentendement humain septiĂšme essai de lâidĂ©e de pouvoir ou de liaison nĂ©cessaire. 21 162 RECHERCHES ce que nous appelons cause et effet; et ce concours nâest pour nous quâune forte prĂ©somption, rĂ©sultant de ce que nous lâavons observĂ© un grand nombre de fois si nous lâeussions observĂ© un nombre de fois peu considĂ©rable, ce serait juger de la nature sur un trop petit Ă©chantillon, que de prĂ©sumer quâil se reproduira dĂ©sormais. Dâautres ont partagĂ© la mĂȘme opinion-, et lâont appuyĂ©e sur les rĂšgles de la probabilitĂ© des Ă©vĂ©nements futurs, dâaprĂšs lâobservation des Ă©vĂ©nements passĂ©s. Mais Hume va plus loin; et sans mĂȘme recourir Ă ces lois de probabilitĂ©, il pense que lâhabitude de voir lâeffet succĂ©der Ă la cause, produit dans notre esprit une sorte dâassociation dâidĂ©es qui nous porte h croire que lâeffet va arriver quand la cause a eu lieu; ce qui peut ĂȘtre effectivement vrai pour la plupart des hommes, qui nâexaminent pas le principe de leur croyance et son degrĂ© de probabilitĂ© pour eux, cette association dâidĂ©es doit ĂȘtre comparĂ©e Ă celle qui se fait dans notre esprit, entre le nom dâune chose et la chose mĂȘme, et qui est telle, que le nom nous rappelle la chose, indĂ©pendamment de notre rĂ©flexion et de notre volontĂ©. Un des exemples que lâauteur choisit pour expliquer son opinion est le choc dâun corps en mouvement contre un corps libre et en repos, et le mouvement de ce second corps Ă la suite de sa rencontre par le premier. Ce concours du choc et du mouvement du corps choquĂ© est, en effet, un Ă©vĂ©nement que nous avons observĂ© un trĂšs grand nombre de fois, sans que lâĂ©vĂ©nement contraire se soit jamais prĂ©sentĂ©; ce qui suffit, abstraction faite de toute autre considĂ©ration, pour que nous ayons une forte raison de croire, ou, pour quâil y ait une trĂšs grande probabilitĂ© que le concours dont il sâagit aura encore lieu dĂ©sormais. Il en est de mĂȘme de tous les concours de causes et dâeffets que nous observons journellement et sans exception leur probabilitĂ© sâalimente, pour ainsi dire, par cette expĂ©rience continuelle, et la raison ou le calcul, dâaccord avec lâhabitude, nous donne une grande assurance quâĂ lâavenir ces causes seront toujours suivies de leurs effets. Mais dans le cas dâun phĂ©nomĂšne que nous avons seulement observĂ© un nombre de fois peu considĂ©rable, Ă la suite de la cause que nous lui assignons, il nây aurait, dâaprĂšs les rĂšgles prĂ©cĂ©demment exposĂ©es, quâune probabilitĂ© qui ne serait pas trĂšs grande, pour le concours futur de cette cause et de cet effet. NĂ©anmoins, il arrive souvent que nous ne faisons i63 S? SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. aucun doute de la reproduction de ce phĂ©nomĂšne, lorsque sa cause aura lieu de nouveau. Or, celle assurance suppose que notre esprit attribue Ă la cause une puissance quelconque de produire son effet, et quâil admet une liaison nĂ©cessaire entre ces deux choses, indĂ©pendamment du nombre, plus ou moins grand, de leurs concours observĂ©s. Ainsi, lorsque M. OErsted dĂ©couvrit quâen faisant communiquer les deux pĂŽles dâune pile de Volta, au moyen dâun fil mĂ©tallique, il arrivait quâune aiguille aimantĂ©e, suspendue librement dans le voisinage de ce circuit voltaĂŻque, dĂ©viait de sa direction naturelle; lâillustre physicien fut sans doute convaincu, aprĂšs avoir rĂ©pĂ©tĂ© un petit nombre de fois cette expĂ©rience capitale, que le phĂ©nomĂšne ne manquerait pas de se reproduire constamment par la suite. Cependant, si notre raison de croire Ă cette reproduction Ă©tait uniquement fondĂ©e sur le concours du circuit voltaĂŻque et de la dĂ©viation de lâaiguille aimantĂ©e, observĂ© une dixaine de fois, par exemple, la probabilitĂ© que le phĂ©nomĂšne arriverait encore dans une nouvelle Ă©preuve, ne serait que ^ n° 46 dans une nouvelle sĂ©rie de 1 o Ă©preuves, ily aurait Ă parier 11 contre 1 o, ou Ă peu prĂšs un contre un, que lâĂ©vĂ©nement aurait encore lieu sans interruption ; et dans une plus longue sĂ©rie dâexpĂ©riences futures, il deviendrait raisonnable de penser que le phĂ©nomĂšne ne sc reproduirait pas Ă toutes les Ă©preuves. Je citerai encore pour exemple lâheureuse application Ă la composition chimique des corps, que M. Biot a faite rĂ©cemment de la polarisation progressive de la lumiĂšre dans un sens dĂ©terminĂ©, dont il avait depuis long-temps constatĂ© lâexistence dans des milieux homogĂšnes et non cristallisĂ©s * . Lorsque dans un nom- * Le principe de cette application est exposĂ© clairement et en peu de mots dans la note suivante que M. Biot a bien voulu me communiquer >âą cette polarisation. Car le rayon, qui les a traversĂ©s sous lâincidence normale, » donne des images doubles, dans les mĂȘmes positions du prisme rhomboĂŻdal oĂč » il en donnait primitivement de simples. Alors, en tournant graduellement la » section principale du prisme vers la droite ou vers la gauche de lâobservateur, » 011 trouve toujours une certaine position ou lâimage extraordinaire disparaĂźt. Et, >> pour cette position, le rayon prĂ©sente de nouveau tous les caractĂšres dâune po- » larisation complĂšte. De sorte que le plan de polarisation primitif a Ă©tĂ© seule- » ment dĂ©viĂ© angulairement par lâaction du corps interposĂ©. » Pour chaque substance, prise dans un mĂȘme Ă©tat physique, et agissant sur un » mĂȘme rayon, la quantitĂ© absolue de la dĂ©viation est proportionnelle Ă lâĂ©pais- seur de matiĂšre traversĂ©e ; de sorte que le sens dans lequel elle croĂźt, fait con- » naĂźtre de quel cĂŽtĂ© elle sâexerce. Certaines substances lâopĂšrent vers la droite, » dâautres vers la gauche de lâobservateur, pour les mĂȘmes rayons; et, si on les » mĂȘle ensemble, sans quâil sâexerce entre elles de rĂ©action chimique qui les dĂ©- » nature, la dĂ©viation rĂ©sultante est toujours la somme des dĂ©viations partielles » qui auraient Ă©tĂ© opĂ©rĂ©es isolĂ©ment par les mĂȘmes quantitĂ©s pondĂ©rables de cba- » que substance. » Ces phĂ©nomĂšnes de dĂ©viations progressivement croissantes, opĂ©rĂ©es dans un » sens propre, par des milieux homogĂšnes agissant sous lâincidence normale , ont » Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s Ă lâInstitut le 23 octobre i 8 i 5 . Ce sont les premiers faits de ce » genre qui aient Ă©tĂ© dĂ©couverts, et reconnus dans leur caractĂšre progressif. La » dĂ©couverte de M. OErsted, qui prĂ©sente un semblable caractĂšre, leur est postĂ©- » rieure de plusieurs annĂ©es. » *âą SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. i65 vateur, pour fixer les idĂ©es, et que les dĂ©viations observĂ©es ont Ă©tĂ© assez grandes pour ne laisser aucune incertitude sur le sens dans lequel elles ont eu lieu, cela suffit pour que nous soyons assurĂ©s, comme on lâest dâune chose dont personne ne doute, que dorĂ©navant la mĂȘme substance fera toujours dĂ©vier la lumiĂšre Ă droite; et cependant le concours de cette substance et dâune dĂ©viation Ă droite, observĂ© un nombre de fois qui nâest pas trĂšs grand, ne donnerait quâune faible probabilitĂ©, et mĂȘme une probabilitĂ© infĂ©rieure Ă ^ , que dans un pareil nombre ou un nombre un peu plus grand dâĂ©preuves nouvelles, aucune dĂ©viation Ă gauche nâaurait lieu. Ces exemples et dâautres qne lâon imaginera aisĂ©ment montrent, ce me semble, que la confiance de notre esprit dans le retour des effets Ă la suite de leurs causes ne peut avoir pour unique fondement lâobservation antĂ©rieure de cette succession, plus ou moins va voir, en effet, quâindĂ©pendamment dâaucune habitude de notre esprit, la seule possibilitĂ© d'une certaine aptitude de la cause Ă produire nĂ©cessairement son effet, augmente de beaucoup la raison de croire Ă ce retour, et peut rendre sa probabilitĂ© trĂšs approchante de la certitude, quoique les observations antĂ©rieures soient en nombre peu considĂ©rable. 64 . Avant quâun phĂ©nomĂšne P ait Ă©tĂ© observĂ© et quâon sache sâil arrivera ou sâil nâarrivera pas dans toute une sĂ©rie dâexpĂ©riences que lâon va faire, nous admettons donc que lâexistence dâune cause C capable de le produire nĂ©cessairement ne soit pas impossible. Nous concevons aussi quâavant ces expĂ©riences, lâexistence dâune telle cause avait une certaine probabilitĂ©, rĂ©sultant de considĂ©rations particuliĂšres qui la rendaient plus ou moins vraisemblable, et que nous reprĂ©senterons par p. Supposons ensuite que P soit observĂ© Ă toutes ces expĂ©riences dont le nombre sera dĂ©signĂ© par n. AprĂšs cette observation , la probabilitĂ© de lâexistence de C aura changĂ©; il sâagira de la dĂ©terminer, et nous la dĂ©signerons par connues ou inconnues, qui ont pu aussi, Ă dĂ©faut de C, donner naissance Ă ce phĂ©nomĂšne en se combinant avec le hasard n° 27, savoir B, dans la premiĂšre expĂ©rience, B a dans la seconde ,B. dans la derniĂšre. Soit gĂ©nĂ©ralement r ; la probabilitĂ© de lâexistence de B, , multipliĂ©e par la chance que cette cause, si elle Ă©tait certaine, donnerait Ă lâarrivĂ©e de P. En faisant, pour abrĂ©ger, i\.r\.r 3 - r n = f, ce produit serait la probabilitĂ© de lâarrivĂ©e de ce phĂ©nomĂšne dans toutes les n expĂ©riences, rĂ©sultante de lâensemble des causes B,, B,, B,, etc., et si la cause C nâexistait pas; et comme \âp est la probabilitĂ© de la non-existence de C, il en rĂ©sulte, dans lâhypothĂšse que C nâexiste pas, I â p f> pour la probabilitĂ© de lâĂ©vĂ©nement observĂ©, qui est ici lâarrivĂ©e constante de P. Dans la supposition contraire, sa probabilitĂ© est p, câest-Ă -dire, quâelle nâest autre chose que celle de lâexistence de C, antĂ©rieurement Ă lâobservation, puisque celte cause produirait nĂ©cessairement lâarrivĂ©e de P Ă toutes les Ă©preuves. Par consĂ©quent, dâaprĂšs la rĂšgle du n° 28, la probabilitĂ© de cette seconde hypothĂšse, ou de lâexistence de C aprĂšs lâobservation, a pour valeur esr p _ p -h 1 âprâ et celle de sa non - existence est 1 _1 ~Pt p + i â pi On parvient Ă©galement Ă ce rĂ©sultat, en ayant Ă©gard successivement aux n expĂ©riences, au lieu de les considĂ©rer toutes Ă la fois, comme nous venons de le faire. En effet, la probabilitĂ© de lâexistence de C Ă©tant p, par hypothĂšse, avant la premiĂšre expĂ©rience, dĂ©signons ce quâelle devient successivement, par p' aprĂšs cette expĂ©rience et avant la seconde, par p" aprĂšs la seconde et avant la troisiĂšme, etc. ; nous aurons n' â P 1 n' 1 âPr, P â P + * - - P r,â 1 P P + 1 âp r,â n" â 1 P 1â P r * P â P r + i- -/Or/ 1 âP 1 ** 1 + 1 etc. ; â SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 167 et en Ă©liminant dâabord p' et 1 â p' des valeurs de p" et 1 â p", ensuite p" et 1 â p" des valeurs de p"' et 1 â p 1 ", etc., on obtiendra les expressions prĂ©cĂ©dentes de W\W\VNV\W\> VV\S M \V\ V\\V\A\U\^\WVW\\U\ CHAPITRE III. Calcul des probabilitĂ©s qui dĂ©pendent de trĂšs grands nombres. 66 Lorsquâon veut calculer le rapport des puissances trĂšs Ă©levĂ©es de deux nombres donnĂ©s, on le peut toujours, sans difficultĂ©, au moyen des tables logarithmiques, eu employant, sâil est nĂ©cessaire, des logarithmes qui contiennent plus de dĂ©cimales , que ceux dont on fait usage ordinairement. Si a et b sont ces deux nombres, et m et n leurs puissances, on aura n . log. b â - n / les produits , et leur rapport sâobtiendront aisĂ©ment; et ce rapport Ă©tant le logarithme de celui quâon demande, on trouvera ensuite celui-ci dans les tables. Mais il nâen est plus de mĂȘme, lorsquâil sâagit du rapport de deux produits dont chacun est composĂ© dâun trĂšs grand nombre de facteurs inĂ©gaux, tel que a, . . n â 0 ÂŁliÂŁSlĂŒ h" - f- - d - 1o 8- h *'âą_ n JH n 6 dh 3 n â o, En dĂ©signant par t un nombre entier et positif, on a f e-* t tl+, dt = o, J â 00 f e-^t^dtâ I ' 3 ' 5, ' at ~ âą f e-^dt J â 0 a J â00 On a aussi, comme on sait, f e~ v dt = s/tt; SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. i 7 5 TT dĂ©signant toujours le rapport de la circonfĂ©rence au diamĂštre. Donc, Ă cause de d 4 - = d 4 - = h' + 2 h"t + 5 h'"t* + etc., dt dt nous aurons /T» rvrfi = H \/Ăt h'+ h'â+ 1 ~ k' -h A-+etc.. Il suffira donc de dĂ©terminer les coefficients hh 1 ", h % etc., de rangs impairs; or au moyen des Ă©quations 2, on trouve h 1 = s/m, h" 1 â Ćž-â n ~ 18n â k' = [/ in io8on * etc.; par consĂ©quent, en ayant Ă©gard Ă lâĂ©quation 1 et Ă la valeur de H, on aura finalement 3 ...n= Y/atfn 1 + 7^ + TĂąt" etc ' ^ 68. La sĂ©rie contenue entre les parenthĂšses sera dâautant plus convergente dans ses premiers termes, quâil sâagira dâun plus grand nombre n. Toutefois, elle est du genre des sĂ©ries qui finissent par devenir divergentes, en les prolongeant convenablement; mais en rĂ©duisant cette sĂ©rie Ă sa partie convergente, on pourra toujours faire usage de la formule 3 pour calculer une valeur approchĂ©e du produit des n premiers nombres naturels; et il ne sera pas mĂȘme nĂ©cessaire que a soit fort considĂ©rable pour que lâapproximation soit trĂšs grande. En prenant, par exemple, n â io, la formule rĂ©duite Ă ses trois premiers termes, donne 3628800 Ă moins dâune unitĂ© prĂšs, et ce nombre entier se trouve ĂȘtre aussi la valeur exacte du produit des ro premiers nombres naturels. En mettant 2 n au lieu de dans la formule 3 , il vient 2 n â 1 .2n=22n , "eâ*" \/frn 1+ â, âh \ 24 n i5in" -f- etc 176 RECHERCHES mais on a identiquement i . 2 n â i. 2n = 2â. i. 2 .3... n. i. . . 2n â \ ; on aura, par consĂ©quent, âi =2 nJr 'n tm e~ tn - f-etc.^; et en divisant cette Ă©quation membre Ă membre par lâĂ©quation 3, on en conclut I . = 2 n*e-V2i-^; + rr 5 b +elc - ; 4 en sorte que lâexpression en sĂ©rie du produit des nombres impairs ne renferme plus la quantitĂ© \Ar, qui se trouve dans celle du produit des nombres pairs et impairs. Si lâon fait n = i dans cette Ă©quation et dans la formule 3, on en dĂ©duit â= i â H- -V + Gtc -> 2I/2 24^1162^ -/= = 1 + â + ^ 5 + etc. \/ 2sr >2 288 Par le calcul direct, on a â= 0,96 io5. .., â7â = 1,08444 âą âą âą ; 2 y 2 y 2*- et ces sĂ©ries rĂ©duites Ă leurs trois premiers termes, donnent 0,95920 et 1,08680; ce qui diffĂšre trĂšs peu des valeurs exactes. Ces exemples numĂ©riques, joints au prĂ©cĂ©dent, montrent quel degrĂ© dâapproxima- tioQ on peut attendre des formules de ce genre, dont on fera un continuel usage dans ce chapitre. SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS, 177 En multipliant par 2" les deux membres de lâĂ©quation 3 , les Ă©levant ensuite au carrĂ©, et les divisant par 1 n, il vient en Ă©levant les deux membres de lâĂ©quation 4 au carrĂ©, et supprimant dans le premier un facteur Ă©gal Ă lâunitĂ©, on a de mĂȘme 1. 53 . 5 . 5 ...2 n- 1 t 5 irĂŻ i. 5 . 3 . 5 . 5 ...2»â âi=22 ,n e _ â Hâ^-1-=?-U etc. ' ' V 0/1 n 1 1 l'ton 1 1 De cette maniĂšre, les premiers membres de ces deux Ă©quations sont des produits composĂ©s dâun mĂȘme nombre de facteurs , Ă©gal Ă 2 n â1 ; et si lâon divise ces Ă©quations membre Ă membre, on en conclut n 2 .271 7T ] rĂ©sultat qui coĂŻncide dans le cas de n irifini, avec la formule connue de Wallis , savoir 1 .... - jr â - â - - _ 2 Câest Ă Laplace que lâanalyse est redevable de la mĂ©thode que uous venons dâemployer pour rĂ©duire les intĂ©grales en sĂ©ries convergentes dans leurs premiers termes, et propres Ă en calculer des valeurs approchĂ©es, lorsque les quantitĂ©s soumises Ă lâintĂ©gration sont affectĂ©es de trĂšs grands exposants. Nous en verrons dans la suite une autre application. 69. Maintenant, soient E et F deux Ă©vĂ©nements, contraires, de nature quelconque, dont un seul arrivera Ă chaque Ă©preuve; dĂ©signons par p et q leurs probabilitĂ©s que nous supposerons constantes; appelons U la probabilitĂ© que dans un nombre pc dâĂ©preuves, E arrivera un nombre m de fois, et F un nombre n de fois; nous aurons n" j 4 1 . 772 âą I . . . .fl 5 23 178 oĂč lâon devra faire RECHERCHES m + n = / U,, p + q = 1 . Or, si p., m, n, sont de trĂšs grands nombres, il faudra recourir Ă la formule 5 pour calculer la valeur numĂ©rique de cette quantitĂ© U. En supposant chacun de ces trois nombres assez grand pour quâon puisse rĂ©duire cette formule Ă son premier terme, nous aurons . fi = p? S/27Ip. > 1 . . .m â jn m \ /ztfm, 1 - \. n ~ h" S/ 27 rn , et par consĂ©quent u = ^y wxJZEi, 6 \m / \ n J V iirmn 7 pour la valeur approchĂ©e de U. Il est facile dâen conclure que lâĂ©vĂ©nement composĂ© le plus probable, ou celui pour lequel cette valeur de U sera la plus grande, rĂ©pondra au cas oĂč le rapport des nombres m et n approchera le plus possible dâĂȘtre Ă©gal au rapport des deux probabilitĂ©s p et q. En effet, si lâon considĂšre, au contraire, m et n comme des nombres donnĂ©s et p et q comme des variables dont la somme est lâunitĂ©, mais qui peuvent croĂźtre par degrĂ©s infiniment petits, depuis zĂ©ro jusquâĂ lâunitĂ©, on trouvera, par la rĂšgle ordinaire, que le maximum de U rĂ©pond Ă p = â et q â -. Mais vu le grand nombre des autres Ă©vĂ©nements composĂ©s, moins probables que celui-lĂ , sa probabilitĂ© sera nĂ©anmoins peu considĂ©rable et diminuera Ă mesure que le nombre des Ă©preuves, que lâon suppose trĂšs grand, augmentera encore davantage. Par exemple, si lâon a p = q =^, et que soit un nombre pair, lâĂ©vĂ©nement composĂ© le plus probable re- pondra Ă m= n =^; et dâaprĂšs la formule 6, sa probabilitĂ© U aura SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 1 79 ' pour valeur U = l/â; V KfA laquelle dĂ©croĂźtra, comme on voit, en raison inverse de la racine carrĂ©e du nombre /x. En prenant /x == i oo, on aura U = 0,07979, 1 â U = 0,92021; en sorte quâon pourra parier un peu plus de 92 contre 8, qire dans 100 Ă©preuves, les Ă©vĂ©nements contraires E et F, tous les deux Ă©galement probables, nâarriveront pas nĂ©anmoins un mĂȘme nombre de fois. Si lâon eiit conservĂ© le second terme de la formule 3, cette derniĂšre expression de U se trouverait multipliĂ©e par 1 â ^ ; ce qui diminuerait U dâun 4uO e de sa valeur, dans le cas de fx â 100. 70. Non-seulement lâĂ©vĂ©nement composĂ© pour lequel les nombres m et n approchent le plus dâĂȘtre entre eux comme les fractions p et q, est toujours le plus probable, mais dans un nombre /x dâĂ©preuves, donnĂ© et supposĂ© trĂšs grand, les probabilitĂ©s des autres Ă©vĂ©nements composĂ©s ne commencent Ă dĂ©croĂźtre rapidement que quand le rapport âą sâĂ©carte de en plus ou en moins, au-delĂ dâune certaine limite dont lâĂ©tendue est en raison inverse d e\/fx. En effet, prenons encore pour exemple le cas de /> = on aura, par la formule du binĂŽme n° 8, Ă trĂšs peu prĂšs, et en prenant sous le radical, ft au lieu de â g, il en rĂ©sultera pour la loi du dĂ©croissement de la probabilitĂ© U, dans une petite Ă©tendue, de part et dâautre de son maximum. En faisant, par exemple, fX = 200, on en conclura que dans 200 Ă©preuves, la probabilitĂ© que les Ă©vĂ©nements E et F, dont les chances sont Ă©gales, auront lieu le premier io5 fois et le second 95 fois, est Ă la probabilitĂ© quâils arriveront cha- I cun 100 fois, comme e 4 est Ă lâunitĂ©, ou Ă peu prĂšs, comme 3 est Ă 4. La formule 6 suppose que chacun des trois nombres /*, m, n, est trĂšs grand; cette condition Ă©tant remplie, et si le rapport â sâĂ©carte beaucoup de cette formule donne pour U une valeur trĂšs petite relativement Ă son maximum; mais il est bon dâobserver que si lâon suivait une autre mĂ©thode dâapproximation, la valeur toujours trĂšs petite de U que lâon trouverait, lorsque la diffĂ©rence âą ^ est une trĂšs petite fraction, pourrait 11e pas coĂŻncider avec celle qui se dĂ©duit de la formule 6, de telle sorte que le rapport de lâune de ces valeurs approchĂ©es Ă lâautre pourrait diffĂ©rer beaucoup de lâunitĂ©. Pour le faire voir, jâobserve quâen vertu dâune formule qui se trouve SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 181 dans lâun de mes mĂ©moires sur les intĂ©grales dĂ©finies *, on a 1 . 2 . 3 . n x dx x cos m m . n y* Quels que soient les nombres m et n, et leur somme /x, on aura donc, dâaprĂšs lâĂ©quation 5,. cos'' x cos /n n x dx, dans le cas d e p â q z='~, quâil nous suffira de considĂ©rer. Or, si fx est un trĂšs grand nombre, et si, dans un calcul dâapproximation, on le traite comme un nombre infini, le facteur cos M x de dx sous le signe dâintĂ©gration, sâĂ©vanouira dĂšs que la variable x aura une grandeur finie; et lâautre facteur cos m â n x ayant toujours une valeur finie, il sâensuit quâon pourra, sans altĂ©rer la valeur de lâintĂ©grale, lâĂ©tendre seulement depuis x âo jusquâĂ x â a. jgpn dĂ©signant par a une quantitĂ© infiniment petite et positive. Entre ces limites, on aura 1 , ** _ I /* cos x = i- x , cos x â e a 2 et, par consĂ©quent cos m â n x dx. O Mais actuellement, le facteur e a sâĂ©vanouissant pour toute valeur finie de a?, on peut aussi, sans altĂ©rer la valeur de cette nouvelle intĂ©grale, lâĂ©tendre au-delĂ de x = a, et si lâon veut jusquâĂ x = ce ; et comme on a, dâaprĂšs une formule connue, px _! â J - - m a 1 ! e * cos m â n x dx =%/ â e , 0 * Journal de F Ăcole Polytechnique, 19 e cahier, page 4 go. 182 il en rĂ©sultera RECHERCHES U = mâ» n* a f* Cela posĂ©, si lâon fait, comme plus haut, mân = g y/^, cette valeur de U coĂŻncidera avec celle qui se dĂ©duit de la formule 6, seulement lorsque g sera un trĂšs petit nombre relativement Ă vV; et pour dâautres valeurs de g, le rapport de lâune Ă lâautre de ces deux valeurs de U diffĂ©rera beaucoup de lâunitĂ©, et pourra mĂȘme devenir un trĂšs grand nombre. En prenant, par exemple, g = ^ y/y. et m â n = la formule prĂ©cĂ©dente donne I On dĂ©duit de la formule 6 -jr'o-r C'+irv ou bien, Ă cause que le second facteur est Ă trĂšs peu prĂšs Ă©gal au troisiĂšme , il en rĂ©sulte Or, ces deux valeurs de U sâaccordent en ce sens quâelles sont toutes deux trĂšs petites, et quelles montrent, en consĂ©quence, que dans un trĂšs grand nombre dâĂ©preuves, il y a une probabilitĂ© U extrĂȘmement faible que les deux Ă©vĂ©nements E et F, dont les chances sont Ă©gales, arriveront des nombres de fois ^ /Ă , et ^ //., ou dont lâun sera triple de lâautre. Mais si lâon divise la derniĂšre valeur de U par la pre- SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. i83 miĂšre, on a /3 l 81 J â quantitĂ© qui croĂźt indĂ©finiment avec fx ,, et surpasse dĂ©jĂ 800 pour & = 100. 71. Supposons toujours les chances de E et F constantes, mais inconnues. On sait seulement que dans un nombre fx. ou m - n dâĂ©preuves, E et F sont arrivĂ©s m fois et n fois. On demande la probabilitĂ© que dans un nombre jxJ ou m! +âą n' dâĂ©preuves futures, E et F arriveront m' fois et n! fois. En la reprĂ©sentant par U' ; dĂ©signant par P, le produit des i premiers nombres naturels, de sorte quâon ait P, = .3 ... . i ; et faisant, pour abrĂ©ger , I 2 âą 3 âą âą âą âą ^ 1 . 2 . 3 .... m . 3 .... ri 9 nous aurons n° 46 U'=H Pm+m/ Pn-+.»/ P P P r m * n r Quels que soient m' et n', si m et n sont de trĂšs grands nombres, et que lâon rĂ©duise, comme plus haut, la formule 3 Ă son premier terme, nous aurons P» â n n e " y/ 27 rn > les valeurs des autres produits P n + n ,, Pâ + ,, etc., se dĂ©duiront de celle de P. en y mettant n-\-ri, fx-+- 1, etc., au lieu de n; et il en rĂ©sultera m a n*ft +f,'+ 1 * i84 RECHERCHES pour la valeur approchĂ©e de U', dans laquelle on a fait, pour abrĂ©ger, » / m+m'n + n'f* + 1 _ ^ * V mn y + y - t- i On peut aussi mettre cette expression de U' sous une autre forme Ă cause de la grandeur de /a, on a, Ă trĂšs peu prĂšs, par la formule du binĂŽme, O+ar-O+.-T? y+y' et ;i cause de pt! â m! -+- n', il en rĂ©sulte U '= HK +ÂŁ>" + Si m" et n' sont de trĂšs petits nombres par rapport Ă m et n, on aura, âą Ă trĂšs peu prĂšs, soit par la formule du binĂŽme n° 8, soit par la considĂ©ration des logarithmes; on aura Ă©galement, Ă trĂšs peu prĂšs, fm + m'\ m ' /m\ m ' fn + ri\ /n\* f V y + y ~~\y â U + //~W â et lâon pojurra aussi remplacer le facteur K par lâunitĂ© dont il diffĂ©rera trĂšs peu. Par consĂ©quent, nous aurons '=» â";' q 'U 'Jl En la comparant Ă la formule 5, et dĂ©signant par V' la probabilitĂ© que deux Ă©vĂ©nements dont les chances seraient constantes et Ă©gales aux 2 4.. i8S RECHERCHES chances - et - des extractions dâune boule blanche et dâune boule noire C C a 1 origine des tirages, arriveraient des nombres de fois a' et b' dans un nombre c' ou a' - f- b' dâĂ©preuves, on aura V = V' y/l-, ce qui montre que la probabilitĂ© V est plus grande que Y' dans le rapport de \/c h. \/ p, quel que soit le nombre c' de boules qui restent dans A aprĂšs les tirages, et pourvu seulement que le nombre p de boules quâon en a tirĂ©es soit trĂšs grand. On peut remarquer que lâon a a' = p'c â p, b' = q'c â fi } de sorte que les nombres a' et U de boules des deux couleurs qui restent dans A, sont entre eux comme les probabilitĂ©s p' et q', ou comme les nombres a et b de pareilles boules que cette urne contenait primitivement. Si lâon a, par exemple, p' â q' = 7, et consĂ©quemment a' â b' = ÂŁ c', on aura n° 69 et Ă cause de c' = c â p ,, il en rĂ©sultera V â ./_âą â V Lorsque u.â\c, celte quantitĂ© a pour valeur V = i/i- = wĂ ; dâou lâon conclut que quand une urne A renferme des nombres trĂšs grands et Ă©gaux, de boules blanches et de boules noires, et quâon en tire la moitiĂ© de leur nombre total, sans y remettre les boules sorties, la probabilitĂ© dâamener autant de boules blanches que de boules noires, surpasse, dans le rapport de V / 2 Ă lâunitĂ©, la valeur quâelle aurait si lâon eĂ»t remis dans lâurne, la boule extraite Ă chaque Ă©preuve. SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 189 78. Je reviens actuellement au cas oĂč les chances p et q des deux Ă©vĂ©nements E et F sont constantes, et je vais considĂ©rer la probabilitĂ© que dans un nombre p, ou m-\-n dâĂ©preuves, E arrivera au moins m fois et F au plus n fois. Cette probabilitĂ© sera la somme des m premiers termes du dĂ©veloppement de p + qY > ordonnĂ©e suivant les puissances croissantes de q; de sorte quâen la dĂ©signant par P, on aura n° i 5 p = Y 1 + nf-'q . 4 - - 1 uâI + .... â \ . ..rfâ A .. .n 8 -pf~ n q n ; mais sous cette forme, il serait difficile de la transformer en une intĂ©grale Ă laquelle on puisse ensuite appliquer la mĂ©thode du n° 67 , lorsque m et n seront de trĂšs grands nombres. Cherchons donc dâabord une autre expression de P qui convienne mieux Ă cet objet. On peut aussi dire que lâĂ©vĂ©nement composĂ© dont il sâagit consiste en ce que F nâarrivera pas plus de n fois dans les p, Ă©preuves. En le considĂ©rant de cette maniĂšre, je lâappellerai G. Il pourra avoir lieu dans les n - j- 1 cas suivants i°. Si les m premiĂšres Ă©preuves amĂšnent toutes lâĂ©vĂ©nement E; car alors, il ne restera plus que p â m ou n Ă©preuves qui ne pourront pas amener F plus de n fois. La probabilitĂ© de ce premier cas sera p m . 2 0 . Si les 772 âfâ 1 premiĂšres Ă©preuves amĂšnent m fois E et une fois F, sans que F occupe le dernier rang, condition'nĂ©cessaire pour que ce second cas ne rentre pas dans le premier. 11 est Ă©vident que les n â 1 Ă©preuves suivantes ne pouvant amener F que n â 1 fois au plus, cet Ă©vĂ©nement nâarrivera pas plus de n fois dans la totalitĂ© des Ă©preuves. La probabilitĂ© de lâarrivĂ©e de m fois E et de une fois F, qui occuperait un rang dĂ©terminĂ©, Ă©tant p m q, et ce rang pouvant ĂȘtre les m premiers, il sâensuit que la probabilitĂ© du second cas favorable Ă G, sera mp m q. 3 °. Si les m-f-2 premiĂšres Ă©preuves amĂšnent m fois Eet deux fois F, sans que F occupe le deuxiĂšme rang, ce qui est nĂ©cessaire et suffisant pour que ce troisiĂšme cas ne rentre ni dans le premier, ni dans le second. La probabilitĂ© de lâarrivĂ©e de m fois E et de deux fois F, dans RECHERCHES >9° des rangs dĂ©terminĂ©s, serait p n q tm , en prenant deux Ă deux les m-f- i premiers rangs pour y placer F, on a-Ăźmm-f-i combinaisons diffĂ©rentes; la probabilitĂ© du troisiĂšme cas favorable h G aura donc j m m -f- i p m q % pour valeur. En continuant ainsi, on arrivera enfin au /i+ i" m 'cas, dans lequel les pi Ă©preuves amĂšneront m fois E et n fois F, sans que F occupe le dernier rang, afin que ce cas ne rentre dans aucun des prĂ©cĂ©dents ; et sa probabilitĂ© sera m. m i ,m -f- 2. .. .m + n â i 1 . 2 . 3 ....n Ces n-f- i cas Ă©tant distincts les uns des autres, et prĂ©sentant toutes les maniĂšres diffĂ©rentes dont lâĂ©vĂ©nement G puisse avoir lieu, sa probabilitĂ© complĂšte sera la somme de leurs probabilitĂ©s respectives ĂŒ* io; en sorte que nous aurons + Ăź .m -f- 2 p m [ I -f- mq - f- I . f + âąâąâą 9 + i ,m + 2 ...m + â expression qui doit coĂŻncider avec la formule 8, mais qui a lâavantage de pouvoir se transformer aisĂ©ment en intĂ©grales dĂ©finies, dont les valeurs numĂ©riques pourront ĂȘtre calculĂ©es par la mĂ©thode du n° 67, avec dâautant plus dâapproximation que m et n seront de plus grands nombres. 74. Pour effectuer cette transformation, jâobserve quâen intĂ©grant n __ 1 fois de suite par partie, et dĂ©signant par C une constante arbitraire, on aura x n n x n ~' x" 1 J 1 l+x'f f*â 1 I /â- 2 E+*/- a â â2... 1 fi â 1 . fiâ 2 . fi â3.. .fiâ n+i .fiân , n Comme on a u > n , tous les termes de cette formule, exceptĂ© C, dis' paraissent quand x â 00 ; si donc on dĂ©signe par et une quantitĂ© SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS, positive quelconque, ou zĂ©ro, on en conclura I 9 l / ,ĂŻ5 x n dx _ ** , n _ , âi , + *>*+ i4-â 4 ~ A* â 1 +* * -1 fĂȘâ 27 + - â i .nâ 2.. .2. i â â 2 ,ft â 3 ...ft â n-\ 1 a}/*â n Dans le cas de a = o, cette Ă©quation se rĂ©duit Ă x n dx vf - J o t . nâ 1. n â2.. . -f- x* +l et en divisant lâĂ©quation prĂ©cĂ©dente par celle-ci, et faisant, pour abrĂ©ger -â-3T=X, !+*/âą+' on obtient facilement f = ° J Xdx J a. _ i p. 0C 75. Appliquons dâabord la mĂ©thode du n°67 Ă lâintĂ©grale / En appelant, comme dans ce numĂ©ro, h la valeur de oc qui rĂ©pond au maximum de X, et H la valeur correspondante deX, lâĂ©quation ^ = 0, qui servira Ă dĂ©terminer h sera n{ 1 + h â 4 -f 1 h = o; dâou lâon conclut n-m+ i m+ * h = m -h 1 â H; SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. Si lâon fait, dans les Ă©quations 2, h* , 9 ĂŻ H =s , + f>r +i â et quâaprĂšs avoir effectuĂ© les diffĂ©rentiations relatives ah, on y mette pour cette quantitĂ©, sa valeur prĂ©cĂ©dente, on en dĂ©duit kâ â \ / 2 *± In â V m -f- i 3 â III _ 2 f* ~ 4 ~ 1 + n 1 â 3 m + 0 * â etc. ; efrorsque m, n, /x, seront de trĂšs grands nombres et du mĂȘme ordre de grandeur, il est aisĂ© de voir que ces valeurs des quantitĂ©s h ', h", h'", etc., formeront une sĂ©rie trĂšs rapidement dĂ©croissante, dont le premier terme h' sera du mĂȘme ordre de petitesse que la fraction > \ Vf* le second A" de lâordre de - , h"' de lâordre de etain- f* fcVf* si de suite. Cela posĂ©, nous aurons, pour la valeur en sĂ©rie de lâintĂ©grale donnĂ©e, f*Xdx=U\frh' + ~ h' etc., n 76. L expression formule 10 sera diffĂ©rente selon quâon aura a > h ou a En considĂ©rant k comme une quantitĂ© positive, il faudra donc prendre 0 = k , lorsquâon aura? >A,et 6 = â k, quand on aura ? h, et f"xdx=f^Xdx â HĂ , K 0 +3A W K,+ 5A'K, + etc. ^ +H 2 A"K 0 '+ 4A"K,' + 6A-K; h- etc., nr 1 p Ch]açtfpe des sĂ©ries contenues dans ces formules aura, en gĂ©nĂ©ral, le mĂȘme degrĂ© de convergence que la sĂ©rie 11 . Les valeurs des intĂ©grales dĂ©signĂ©es par K, ne pourront sâobtenir que par apprqxirçjq^on, lorsque k sera diffĂ©rent de zĂ©ro. Celles qui sont reprĂ©sentĂ©es par K/, sâexprimeront toujours sous forme finie, et lâon aura K',=e â l 'â&*'+/ â 1 ,k*~ H - . .. 1 .. .2 ,k*-+ â 1 .. . 2 . 1 . Quand on aura a = k, les formules i3 et 14 devront coĂŻncider. En effet, on aura en mĂȘme temps q n _ n _ m - f- i P m- f-i â ^ + ' P â + > â ce qui rendra nulle la valeur de k tirĂ©e de lâĂ©quation 12 . Il en rĂ©sultera K,= .2 i- \/jr 2 i+i » . I et dâaprĂšs lâĂ©quation 1 i,les formules i3 et 14 se rĂ©duiront lâune 25.. 196 et lâautre Ă RECHERCHES /; Srfx = H -^ A- + '4 h"â+ V + etc. + H h" - f- 1 , >r â jâ .h" - f- etc.. 77. Nous supposerons actuellement les nombres m, n, fi, assez grands pour quâon puisse nĂ©gliger dans ces diffĂ©rentes formules, les quantitĂ©s h!", h' 1 , etc. DâaprĂšs les valeurs de hâ et h" donnĂ©es plus haut, on aura r V 1 4- n\/1 _ 3t/n m -f- 1 ; -f- iâ et au moyen de lâĂ©quation 10 et des formules 11, i5, i4, nous aurons J , w ~ ^$ * 6 ! X, P == f Ć e -â dt + - ^ ± Ă^ â* âą \Z*rJ k 31 /trftmn P = I-^ \/ ir J & 3 y pinn h ou^ p , on aura h = 1 - > h. H- + 2* p Ce sera donc la premiĂšre Ă©quation i5 quâil faudra employer; cette SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS, formule et lâĂ©quation 12 deviendront 1/ >g j» 4- 2 2 ?^ + 0 log ^42 _ 2 /> l â+lâ ! t 7 et P exprimera la probabilitĂ© que dans un trĂšs grand nombre pair dâĂ©preuves, lâĂ©vĂ©nement F le plus probable nâarrivera cependant pas plus souvent que lâĂ©vĂ©nement contraire E. En appelant U la probabilitĂ© quâils arriveront tous les deux le mĂȘme nombre de fois, P â U sera la probabilitĂ© que F arrivera moins souvent que E. Dans le cas de p â q = l , il est Ă©vident que P â U sera aussi la probabilitĂ© que E arrivera moins souvent que F; le double de Pâ-U, ajoutĂ© Ă la probabilitĂ© U, donnera donc la certitude, ou, autrement dit, aP â U sera lâunitĂ©; dâoĂč lâon conclut u = 4- C e ~ i ' dt â 1 + 4=^ y/ tt J % \/ xp -k>. J et câest, en effet, ce que lâon peut aisĂ©ment vĂ©rifier. En rĂ©duisant en sĂ©rie, on a / Al0 Srx7=-^ 1 °g 1 +i == - 1 V 4- .f *+2 ^+2 Io g^ =~+2 l °g i -^r 2 = T + et, par consĂ©quent, A* = h + 4 t* 40 + 2 4 - etc. donc en conservant seulement les termes du mĂȘme ordre de petitesse que la fraction nous aurons V f* k = â=, e~ k ' â 1. y/ip *,8 RECHERCHES Nous aurons, en mĂȘme temps, 4 / i=0 /.CO /.* , _ . e~°dt = / e~ l 'dt â / e~''dt â - yV-=; k J O ./O 2 V^ 2 Jâ au moyen de quoi la valeur prĂ©cĂ©dente de U se rĂ©duira Ă U = l/-; V m ce qui coĂŻncide, effectivement, avec celle que lâon dĂ©duit de la formule 6, dans le cas de m = n et p = q. j Si est un nombre impair, que lâon fasse m == j /*-*- i, et quâon suppose toujours q > p, on aura encore^ > h ; la premiĂšre formule i5 et lâĂ©quation 12 deviendront P Ă* âą?-= f e~ l 'dt \ /â e~ k ' l/* J k V ** * ft+ 3 V ftâ 1 = V log 4 O + ' log + 3 *P /â 4 0 â et P sera la probabilitĂ© que dans un trĂšs grand nombre p. dâĂ©preuves, lâĂ©vĂ©nement le plus probable se prĂ©sentera cependant le moins souvent ; car p Ă©tant impair, le cas de lâĂ©galitĂ© des arrivĂ©es de E et F sera impossible. Dans le cas de p â q = cette probabilitĂ© P devra ĂȘtre Ă©gale Ă j; et câest aussi ce que nous allons vĂ©rifier. Nous aurons f* â ilog'~ I A* -4 3 log /â-H P+3 >4» âf*-01ogl + ^= -2+^1 - elC -> .^+5logi-^= 2 + ^3 + etc., et, par consĂ©quent, Ă* = â 1 ft 4 3 -f- etc. SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 199 En nĂ©gligeant, comme plus haut, le terme de lâordre de petitesse de la fraction - , il en rĂ©sultera = e~ k ' = 1 , f e~ i 'dt â -\/7r * â J k 2 V â Ćž-"L. 1 1â ce qui rĂ©duit Ă j la valeur prĂ©cĂ©dente de P. 78. Supposons maintenant que le nombre n diffĂšre du produit + dâune quantitĂ©p, positive ou nĂ©gative, mais trĂšs petite par rapport Ă ce produit. A cause de p - f- q = 1 et m - f- n = f*, on aura Ă la fois n = p -f- 17 â p, m + 1 = h- +âą ip - H p. La valeur correspondante de h sera h _ fc + iy âc â *+,/>+,» et, par consĂ©quent, moindre que J, en regardant dâabord p comme une quantitĂ© positive. Si lâon dĂ©veloppe le second membre de lâĂ©quation 12 suivant les puissances de p, on trouve A* = [ + pâq f 2 0*+i^yL et, r Ă©tant une quantitĂ© positive, si lâon fait f = r V* ;* + i pq, etc. ; on en dĂ©duit = r[j + P â 9 r 3 l/a {/* + \pq -j- etc. ^J. En excluant le cas oĂč lâune des deux fractions pet q serait trĂšs petite, la sĂ©rie comprise entre les parenthĂšses, est trĂšs convergente, puisquâelle procĂšde suivant les puissances de â, ou de En ne Vf* - f-i f* T 1 200 RECHERCHES conservant seulement que les deux premiers termes, et faisant, pour abrĂ©ger, P â ' En dĂ©signant par râ une quantitĂ© positive, et prenant â r' V 2 /U. + ipq pour la valeur de p, celle de n sera n = fi - f- i q 4- r ' Va / * 6 et dâaprĂšs la signification de ces deux probabilitĂ©s P, il est aisĂ© de voir que R sera la probabilitĂ© que lâĂ©vĂ©nement F arrivera dans un trĂšs grand nombre fi dâĂ©preuves, un nombre de fois qui nâexcĂšdera pas la seconde valeur de n , et surpassera la premiĂšre au moins dâune unitĂ©. 79. Pour simplifier ce rĂ©sultat, soient N le plus grand mgpbre entier contenu dans uq, et f lâexcĂšs de pq sur N; dĂ©signons par u , une quantitĂ© telle que u V2 /u-f- 1 pq soit un nombre entier/trĂšs petit par rapport Ă N; et faisons ensuite q + f â r \/2 p + 1 p? = â v'a O + 1 pq â 1, q + / + d V* fi + T pq = u\/2fi - f- 1 pq. Les limites des valeurs de n auxquelles se rapporte la probabilitĂ© R, deviendront n = N â u \^2 fi -j- 1 pq â 1, n = N + u V2At- 1 pq; par consĂ©quent, la formule 16 exprimera alors la probabilitĂ© que n excĂ©dera au moins dâune unitĂ© cette premiĂšre limite, et ne surpassera pas la seconde, câest-Ă -dire la probabilitĂ© que ce nombre sera contenu entre les limites N =p u V^fipq, Ă©quidistantes de N, et dans lesquelles on a mis fi au lieu de fi - f- », ou quâil sera Ă©gal Ă lâune dâelles. DâaprĂšs les Ă©quations quâon vient de poser, et les expressions de f et cf', on aura r -f- = -f- e H- . _ _ r' â cf' = â s; f - h OW i Ă©tant une quantitĂ© de lâordre de petitesse de la fraction â=. Or, ea 303 RECHERCHES dĂ©signant par v une quantitĂ© quelconque de cet ordre, dont on nĂ©gligera le carrĂ©, on a U+ V e~" clt eâdt â ve ~'; si donc on applique cette Ă©quation aux deux intĂ©grales contenues dans la formule 16, et si lâon fait r' = r, dans les termes compris hors du signe f, qui sont dĂ©jĂ divisĂ©s par \/a, il en rĂ©sultera * R = Ăż l 'dt V e~u' } l l oĂč lâon a aussi mis, dans le dernier terme, f t au lieu de i . Si lâon eĂ»t voulu que lâintervalle des valeurs de n dont la probabilitĂ© est R, ne comprĂźt pas sa limite infĂ©rieure, il aurait fallu augmenter dâune unitĂ© la plus petite des deux valeurs prĂ©cĂ©dentes de n ; ce qui aurait fait disparaĂźtre le dernier terme 1 - â de la valeur â aA*+i pq de r-j-cT, et, par suite, le dernier terme de la formule 17. De mĂȘme, pour que cet intervalle ne comprĂźt pas sa limite supĂ©rieure, on aurait dĂ» diminuer dâune unitĂ© la plus grande de ces deux valeurs de n; ce qui aurait diminuĂ© de â - - la valeur de r' â cf', et encore Vi{r+ipq fait disparaĂźtre le dernier terme de cette formule 17. Enfin, on devrait changer le signe de ce terme, si lâon voulait que lâintervalle des valeurs de n que nous considĂ©rons ne renfermĂąt ni lâune, ni lâautre, de ses deux limites. Il suit de lĂ que le dernier terme de la formule 17 doit ĂȘtre la probabilitĂ© que lâon ait prĂ©cisĂ©ment n = N +* u s/zppq ; u Ă©tant une quantitĂ© positive ou nĂ©gative, telle que le second terme de n soit trĂšs petit par rapport au premier. Câest aussi ce qui rĂ©sulte de la formule 6. En effet, en nĂ©gligeant les quantitĂ©s de lâordre de petitesse de la 0 SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. ao 5 fraction -, on aura dâoĂč lâon conclut ©'ÂŁ=- + J v/f - - * 0 -=\/f ? > ou, ce qui est la mĂȘme chose, -ĆXĂTâ-âąO + ĂŻ y/?-»* 0 -} v 7 f - v/^-i»6 v/^]i or, en dĂ©veloppant ces logarithmes, et nĂ©gligeant toujours les ternies de lâordre de - , on trouveâw*pour la valeur du second membre de cette f* Ă©quation ; par consĂ©quent, nous aurons et comme on a aussi, dâaprĂšs les Ă©quations prĂ©cĂ©dentes, mn ~ â m> la formule 6 deviendra U = â V 2itftpq ce quâil sâagissait de vĂ©rifier. La premiĂšre valeur de P du numĂ©ro prĂ©cĂ©dent, Ă©tant la probabilitĂ© que le nombre n ne surpassera pas la limite fxq â r y/2/xpq , dans laquelle je mets fx au lieu de p. - f- i, il sâensuit que si lâon fait u=r dans la valeur de U et quâon la retranche ensuite de celle de P, la diffĂ©- 26.. RECHERCHES 204 rence P â U sera la probabilitĂ© que n nâatteindra pas cette mĂȘme limite. De mĂȘme, si lâon fait u = r' dans la valeur de U et quâon la retranche ensuite de la seconde valeur de P du numĂ©ro prĂ©cĂ©dent, la diffĂ©rence P â U sera la probabilitĂ© que n sera au-dessous de la limite fxq-\-r \/2f/.pq. En appelant Q en Q' ces diffĂ©rences, on trouve dt + e~ 1 ' dt + gâg_ e-r* 3 y ixftpq â 3 \/ ixfipq â e~ . 8 On se rappellera que, dans ces formules, r et r' sont des quantitĂ©s positives, trĂšs petites par rapport Ă \/fx; en sorte que les limites de n auxquelles ces probabilitĂ©s Q et Q' se rapportent diffĂšrent peu du produit pq , lâune en plus et lâautre en moins. En mĂȘme temps, les valeurs des quantitĂ©s T et cT' quelles renferment, seront trĂšs petites par rapport Ă r et r'; et si lâon y met /a Ă la place de fx - j- 1, on aura j, _ p â qj2 i jv _ p â 9 r \ 3 y i^pq 3 y ippq 80 . En divisant par fx les limites de n auxquelles se rapporte la formule 17, et ayant Ă©gard Ă ce que U reprĂ©sente, on aura q â \J*ÂŁ 3 . pour les limites du rapport ^, dont la probabilitĂ© est R. Si donc, on nĂ©glige la fraction- , il en rĂ©sultera que cette quantitĂ© R, dĂ©terminĂ©e par la formule 17, est la probabilitĂ© que la diffĂ©rence ^ â q, se trouvera comprise entre les deux limites =F âV/â qui seront aussi, en changeant leurs signes, avec la mĂȘme probabilitĂ©, celles de la diffĂ©rence ^ â p, puisque la somme - ~^ n â pâ q, de ces deux diffĂ©rences, est Ă©gale Ă zĂ©ro. SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 20 5 On pourra toujours prendre u assez grand pour que cette probabilitĂ© R diffĂšre aussi peu quâon voudra de la certitude. Il ne sera pas mĂȘme nĂ©cessaire de donner Ă u une grande valeur pour rendre trĂšs petite la diffĂ©rence 1 â R il suffira, par exemple de prendre u Ă©gal Ă quatre ou cinq, pour que lâexponentielle e~ u ' t lâintĂ©grale J' e~ 1 â dt } et par suite la valeur de 1 âR, soient presque insensibles. La quantitĂ© u ayant reçu une pareille valeur et demeurant constante, les limites de la diffĂ©rence â â p se resserreront de plus en plus Ă mesure que le nom- P* bre p, quâon suppose dĂ©jĂ trĂšs grand, augmentera encore davantage; le rapport â du nombre de fois que E arrivera au nombre total des Ă©preuves, diffĂ©rera donc de moins en moins de la chance p de cet Ă©vĂ©nement; et lâon pourra toujours multiplier assez le nombre p des Ă©preuves, pour quâil y ait la probabilitĂ© R que la diffĂ©rence ââ p sera aussi petite quâon voudra. RĂ©ciproquement, en augmentant continuellement le nombre p, si lâon prend pour chacune des limites prĂ©cĂ©dentes, une grandeur constante et donnĂ©e l, câest-Ă -dire, si lâon fait croĂźtre u dans le mĂȘme rapport que vV> l a valeur de R approchera indĂ©finiment de lâunitĂ©; en sorte quâon pourra toujours augmenter assez le nombre p des Ă©preuves, pour quâil y ait une probabilitĂ© aussi peu diffĂ©rente quâon voudra de la certitude, que la diffĂ©rence ^âp tombera entre les limites donnĂ©es de Z. Câest en cela que consiste le thĂ©orĂšme de Jacques Bernouilli, Ă©noncĂ© dans le n° 49 - 81. Dans le calcul prĂ©cĂ©dent, nous avons exclu n° 78 le cas oĂč lâune des deux chances petq est trĂšs petite, qui nous reste, en consĂ©quence, Ă considĂ©rer en particulier. Je suppose que q soit une trĂšs petite fraction, ou que ce soit lâĂ©vĂ©- ment F qui ait une trĂšs faible probabilitĂ©. Dans un trĂšs grand nombre p dâĂ©preuves, le rapport - du nombre de fois que F arrivera Ă ce nombre p sera aussi une trĂšs petite fraction; en mettant p â nk la place de m dans la formule 9, faisant ao6 RECHERCHES et nĂ©gligeant ensuite la fraction -, la quantitĂ© contenue entre les parenthĂšses, dans cette formule, deviendra i + » + ^+'-=-3 +_- ~ ' 1 I .2 1 . .n En mĂȘme temps, on aura on pourra remplacer par lâexponentielle e ~ ", le premier facteur de cette valeur de p m , et rĂ©duire le second Ă lâunitĂ©; par consĂ©quent, dâaprĂšs lâĂ©quation 9, nous aurons, Ă trĂšs peu prĂšs, \ 1 . 2 . e ta 9 pour la probabilitĂ© quâun Ă©vĂ©nement dont la chance Ă chaque Ă©preuve est la fraction trĂšs petite - , nâarrivera pas plus de n fois dans un trĂšs grand nombre p dâĂ©preuves. Dans le cas de n = 0, cette valeur de P se rĂ©duit Ă e ~ â ; il y a donc cette probabilitĂ© e~â que lâĂ©vĂ©nement dont il sâagit nâarrivera pas une seule fois dans le nombre p dâĂ©preuves, et consĂ©quemment, la probabilitĂ© 1-e - " quâil arrivera au moins une fois, ainsi quâon lâa dĂ©jĂ vu dans le n° 8. DĂšs que n ne sera plus un trĂšs petit nombre, la valeur de P diffĂ©rera trĂšs peu de lâunitĂ©, comme on le voit, en observant que lâexpression prĂ©cĂ©dente de P peut ĂȘtre Ă©crite sous la forme P= 1 I . . . R-f> I \ * A» n -f- 2 + » + ».R + 3 + elC Si lâon a, par exemple, coâ 1, et quâon suppose n=io, la diffĂ©rence 1 â P sera Ă peu prĂšs un cent-millioniĂšme, de sorte quâil est presque certain quâun Ă©vĂ©nement dont la chance trĂšs faible est - Ă chaque SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 207 Ă©preuve, nâarrivera pas plus de dix fois, dans le nombre fi dâĂ©preuves. 82. LâintĂ©grale contenue dans la formule 17 se calculera, en gĂ©nĂ©ral, par la mĂ©thode des quadratures. On trouve Ă la fin de Y Analyse des rĂ©fractions astronomiques de Kramp, une table de ses valeurs qui sâĂ©tend depuis u = o, jusquâĂ u= 3 , et dâaprĂšs laquelle, on a e~ âą* dt = 0*00001957729.. pour u â 5 . Au moyen de lâintĂ©gration par partie, on trouve 3 , la sĂ©rie comprise entre les parenthĂšses, sera suffisamment convergente, du moins dans ses premiers termes, et cette formule pourra servir Ă calculer les valeurs de lâintĂ©grale. On a aussi et en dĂ©veloppant lâexponentielle e~ 1 ' suivant les puissances de t % , on aura uâ C -t* j. u , â 5 1 e dt â u -=-f-â _ J o i .3 3 .7 -f-etc.; sĂ©rie qui sera trĂšs convergente pour les valeurs de u moindres que lâunitĂ©. Si lâon veut calculer la valeur de u pour laquelle on a R = ;, on fera usage de cette derniĂšre sĂ©rie; et dâaprĂšs lâĂ©quation 17 on aura u u* 773 uâ .2 5 1. 2 . 3 .7 -f- etc. = y s/it â eâ u* 2 1 / 2 ftpq RECHERCHES 208 Eu dĂ©signant par a la valeur de u qui satisfait Ă cette Ă©quation, abstraction faite du deuxiĂšme terme de son second membre, nous aurons ensuite u = a I 2 y/ inpq â aux quantitĂ©s prĂšs de lâordre de petitesse de -. AprĂšs quelques essais, on trouve a = 0,47^5 pour la valeur approchĂ©e de a; dâoĂč il rĂ©sulte quâil sera Ă©galement probable que la diffĂ©rence âąâp tombera en dehors ou en dedans des limites =to, 4 7 65 . Pour une valeur quelconque de u, il y a la probabilitĂ© R que la diffĂ©rence des deux quantitĂ©s ^â p et ^â q, aura pour limite le double de ± u \f^, si donc on a p =9 = ÂŁ, il y aura une probabilitĂ© Ă©gale Ă ÂŁ que la quantitĂ© â-, sera comprise entre les limites h , f 0,6739 1 \ V ^ râ par consĂ©quent, lorsque les Ă©vĂ©nements E et F ont la mĂȘme chance , il sera Ă©galement probable qne la diffĂ©rence m â n entre les nombres de fois quâils arriveront, surpassera 0,673g. \/fx â1, ou sera moindre, abstraction faite du signe. Ainsi, quand deux joueurs A et B jouent lâun contre lâautre Ă jeu Ă©gal, un trĂšs grand nombre de parties, un million par exemple, il y a un contre un Ă parier que lâun dâeux, sans dire lequel, gagnera 674 parties de plus que lâautre. Câest dans cette diffĂ©rence qui peut Ă©galement favoriser les deux joueurs, que consiste la part du hasard. Mais si, Ă chaque partie, la chance p de A surpasse la chance q de B, il y SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 209 aura une probabilitĂ© R, toujours croissante avec le nombre p. , que A gagnera de plus que B, un nombre t up â q±iu\/2ppq ; et comme le terme p p â q, qui rĂ©sulte de la diffĂ©rence dâhabiletĂ© des deux joueurs, croĂźt proportionnellement au nombre des parties, tandis que le terme ambigu croit seulement dans le rapport de la racine carrĂ©e de ce nombre, il sâensuit que le joueur le plus habile, ou qui a le plus de chance Ă chaque partie, finira toujours par lâemporter sur lâautre , quelque petite que soit la diffĂ©rence/? â q. 83 .Dans ce qui prĂ©cĂšde, nous avons supposĂ© connues les chances p et q des Ă©vĂ©nements E et F, et nous avons dĂ©terminĂ©, avec une grande probabilitĂ© et une grande approximation, les rapports â et -, quand le nom- bre u des Ă©preuves est trĂšs grand. RĂ©ciproquement, lorsque ces chances ne seront pas donnĂ©es Ă priori, et que les rapports â et - auront Ă©tĂ© observĂ©s, les formules que nous avons trouvĂ©es feront connaĂźtre les valeurs trĂšs probables et trĂšs approchĂ©es des inconnues p et q. Ainsi, il y aura la probabilitĂ© R, donnĂ©e par la formule 17» que la chance p de E est comprise entre les limites â ± u \J Si R diffĂšre trĂšs peu de lâunitĂ©, la fraction p sera donc Ă trĂšs peu prĂšs et trĂšs probablement Ă©gale Ă â, et q Ă en mettant donc â et - Ă la place de p et q dans le p p ft ft r 11 terme ambigu de ces limites et dans le dernier terme de la formule 17, qui ont dĂ©jĂ V/* pour diviseur, il en rĂ©sultera R â 4^ r°° er~â dt + \J y sr J » â e ~ u% , 2 xmn 9 O9 pour la probabilitĂ© que la chance p de E est comprise entre les limites m u fimn b pyp' Lorsque m , n, p,, seront de trĂšs grands nombres, on pourra, en gĂ©nĂ©ral, se servir des valeurs approchĂ©es â et - de p et q , pour calculer la 27 210 RECHERCHES probabilitĂ© dâuu Ă©vĂ©nement futur, composĂ© de E et F ; par exemple, la probabilitĂ© de lâarrivĂ©e m' fois de E et n fois de F, dans un nombre p! ou de nouvelles Ă©preuves, pourvu que pt! soit trĂšs petit par rapport Ă u ; et cela Ă©tant, si /x est nĂ©anmoins un trĂšs grand nombre , on pourra employer la formule 17 en mettant fx', â, -, au lieu de fx, p, q , dans cette formule et dans les limites auxquelles elle se rapporte, elle deviendra R = 1 dt - 4- ==. e~ u V/ 27 Tfl' 20 et elle exprimera la probabilitĂ© c^ue le nombre n' sera compris entre les limites * ft. n u ,â-,â â z+z - V2U mn, U 1 fA oĂč lâon a mis â au lieu du plus grand nombre entier contenu dans ce rapport. Quelque approchĂ©es que soient ces valeurs â et -de/? et q, fA fA comme elles ne sont que probables et non pas certaines, on nâen pourra plus*faire usage, ainsi quâon lâa vu prĂ©cĂ©demment n° 71 , quand le nombre fx des Ă©preuves futures aura une grandeur comparable Ă celle du nombre /x. Câest pourquoi, nous allons considĂ©rer dâune autre maniĂšre la question des chances p et q de E et F, dĂ©duites des Ă©vĂ©nements observĂ©s, et appliquĂ©es ensuite Ă la probabilitĂ© des Ă©vĂ©nements futurs. 84. On suppose toujours que lâĂ©vĂ©nement observĂ© soit lâarrivĂ© m fois de E et fois de F, dans un trĂšs grand nombre /tou m - f- n dâĂ©preuves, pendant lesquelles les chances p et q de E et F nâont pas variĂ©. Il y aura alors, dâaprĂšs ce qui prĂ©cĂšde, uneâtrĂšs grande probabilitĂ© que ces chances inconnues diffĂ©raient trĂšs peu des rapports â et - que lâon pourra prendre, en consĂ©quence, pour les valeurs approchĂ©es de p et q. Ces chances Ă©tant dâailleurs susceptibles dâune infinitĂ© de valeurs croissantes par degrĂ©s infiniment petits, la probabilitĂ© dâune valeur exacte de p et de la valeur correspondante de q sera une quantitĂ© in- SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. an finimefit petite, quâil sâagira de dĂ©terminer, du moins pour chacune des valeurs de p et 9, qui sâĂ©cartent peu de - et - et que nous aurons seule- H" t* ment besoin de connaĂźtre. La quantitĂ© Q, dĂ©terminĂ©e par la premiĂšre formule 18, Ă©tant la probabilitĂ© que le nombre n est infĂ©rieur Ă fiq â r\/â elle est Ă©galement la probabilitĂ© que la chance inconnue q de lâĂ©vĂ©nement F, arrivĂ© n fois dans p Ă©preuves, est supĂ©rieure Ă ^ + r y~- t ou bien Ă -f. - \/ â2. en substituant dans le second terme de cette limite, Ă la ^ fi V fi place de p et q, leurs valeurs approchĂ©es â et -. Si lâon met râ -dr au lieu de r dans cette formule, et que lâon conserve seulement les infiniment petits du premier ordre, Qâ ^dr sera donc aussi la probabilitĂ© n r / a mn / 2mn dr , . dQ que q surpasse y â- y ââ ; par consĂ©quent,â ^ex- primera la probabilitĂ© infiniment petite que lâon a prĂ©cisĂ©ment n , r /zmn = Z+ZVlTâ pour toutes les valeurs de r positives et trĂšs petfĂźes par rapport Ă vV> comme le suppose lâexpression de Q. De mĂȘme, la seconde formule 08 exprimera la probabilitĂ© Q' que la chance q est supĂ©rieure a2 â 2 ^2122 en y mettant r'-\-dd au lieu de r , on aura donc Q' + ^ dd pour la probabilitĂ© que la valeur de q surpasse - â - â22 â par consĂ©quent, dd sera la probabilitĂ© que q est supĂ©rieure Ă la seconde limite sans lâĂȘtre Ă la premiĂšre, ou que lâon a prĂ©cisĂ©ment n r / = ĂŻâ*v- arnn 212 RECHERCHES r' Ă©tant aussi une quantitĂ© positive et trĂšs petite par rapport Ă V/ 4 * Mais par les rĂšgles connues de la diffĂ©rentiation sous le signe f, e t en substituant â et - Ă la place de p et q dans les derniers termes des for- J** ^ mules 18, on a dQ ^ f 1 - f- d '/' e-r+/*-j 2 n â m r dr V* V dr J n 3 1/ 2 Kftmn do; = -i=i f \ d âfe-r-*-âą- 2 n â mr dr V * K dr J 3 V iTrftmn DâaprĂšs les valeurs de T et S 1 ', et en y faisant les mĂȘmes substitutions, on a aussi _ 2 m â ri r 1 _ 2 m â ri ri d r 3 j/ iftmn â dri 3 \/ ifimn â d ailleurs, en bornant, comme prĂ©cĂ©demment, lâapproximation aux termes de lâordre de petitesse de la fraction et nĂ©gligeant, en consĂ©quence, ceux qui ont [/. pour diviseur, nous aurons Ă â Cr+fJ* - e~ â ? = ? + V En les substituant dans la valeur de n, il vient n â u ' C 1 â ÂŁ' + ÂŁ' âą t t Les quantitĂ©s et Ă©tant de lâordre de petitesse de la fraction âL ou â 1 =, on aura, en sĂ©ries trĂšs convergentes, Vf* Vf* '°s0 -ÂŁ = -ÂŁ-0-0-. dâoĂč lâon dĂ©duit âą - *â = , + v 1 ' ='âą"- » 3m » e etc., t*'* 1 ',* in' 3 n' e etc. Mais Ă cause du facteur U r de n', qui est dĂ©jĂ de lâordre de petitesse de j^r,'on pourra nĂ©gliger les quantitĂ©s de cet ordre dans les deux autres facteurs ; ce qui permettra de rĂ©duire toutes les exponentielles Ă lâunitĂ©, Ă partir de la troisiĂšme, dans chacun de ces 216 RECHERCHES deux produits. A ce degrĂ© dâappi'oximation, on aura donc n = U'e 2rrfn' Par la mĂȘme raison, on pourra nĂ©gliger le second terme de la formule 21; au moyen de quoi la formule 22 deviendra n '=7-; u '/ t 1 V , dv. Quoique cette intĂ©grale ne doive sâĂ©tendre quâĂ des valeurs de v trĂšs petites par rapport Ă Vp; si lâon observe quâĂ raison du facteur exponentiel, le coefficient de dv sous le signe f devient tout- Ă âfait insensible pour les valeurs de v comparables Ă y/f*» on en concluiâa que sans altĂ©rer sensiblement cette intĂ©grale, on peut lâĂ©teudre Ă de semblables valeuiâs de v, et la prendiâe, comme nous le ferons effectivement, depuis v â â 00 jusquâĂ v = 00 . Or, en mettant mh et nk au lieu de m' et n! dans la valeur de v /t on a imn v ' \Z-im n n cela Ă©tant, si lâon fait vy^i+Zi- Mft z= x, dv=.â^=^, y/ 2 m'ri 1 -f -h \/1 + h les limites de lâintĂ©grale lâelative Ă la nouvelle variable x seront encore ± oc, et il en rĂ©sultera aâ// * n' = â l=r U' e 2mVI+6 , 1 / 1 +h pour la probabilitĂ© quâil sâagissait de dĂ©terminer. Dans le cas de a = o, on auiâa simplement 23 SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 217 ce qui coĂŻncide, dâaprĂšs ce que U' reprĂ©sente, avec le rĂ©sultat quâon a trouvĂ© dâune autre maniĂšre dans le n° 71. 186. Pour le second exemple de lâapplication des formules 21 et 22, nous supposerons que n' soit la probabilitĂ© que la diffĂ©rence ^ â - nâexcĂ©dera pas la quantitĂ© âquelle devait atteindre f* f* Ćž f* dans lâexemple prĂ©cĂ©dent. La quantitĂ© ĂI sera en fonction des chances p et q de E et F, la probabilitĂ© que dans les p' Ă©preuves futures, F nâarrivera pas plus dâun nombre n ' de fois, Ă©gal Ă â + a vV> et que E aura lieu f* un nombre m! de fois, au moins Ă©gal Ă â â a \/i. Sa valeur sera donc donnĂ©e par lâune ou lâautre des formules 15, en y mettant p ', m, n , au lieu de p , m , n. Pour ces valeurs extrĂȘmes de m' et n', on aura ââ aft ' \ mâ+, m\ mny/ĂŻ' en bornant toujours lâapproximation aux quantitĂ©s de lâordre de petitesse de ou de DâaprĂšs les valeurs de p et q dn numĂ©ro prĂ©cĂ©dent, on aura, en mĂȘme temps, == â C1 -J- v \Jâ\ ; m \ 1 V mn si donc on limite la variable v de maniĂšre quâon ait v â â , selon m - 1 p ^ m 1 que la constante a sera positive ou nĂ©gative; par consĂ©quent, 28 RECHERCHES 218 dans le premier cas, nous aurons n = 1-~ r e-âdt {/* J k 2 ri+ri oâk 1 3 \A infini n' en vertu de la seconde Ă©quation i 5 , et dans le second cas, \/wJ k + 3 l/a wftâmân' â eu vertu de la premiĂšre ; k Ă©tant une quantitĂ© positive donnĂ©e par lâĂ©quation 12, ou dont le carrĂ© est 4 k * = ri log - 7 + rri + 1 log 1 . Des valeurs extrĂȘmes de rri et ri, et de celles de p et q, qui doivent ĂȘtre employĂ©es les unes et les autres dans ces formules, il rĂ©sulte ri , m' 4 1 1 P=yir + -', en faisant, pour abrĂ©ger, ri/ Vri y fi riri+ 0 v. Cette quantitĂ© v' sera de lâordre de - ; on aura donc, en sĂ©ries trĂšs VP convergentes, log}= logT^-; , ri + 0 v ' _ l ri + »* /* _ 1 ri+ QV 3 ri 2 n' 3 3 ri 6 etc., loe D â loe m + 1 - 4- + â I * , 1 ri-h QV 3 ^ ri- f-1 ^ m' 4-1 2 m' 4. 1* â 3 m'-f-i s etc., dâoĂč lâon dĂ©duit, au degrĂ© dâapproximation oĂč nous nous arrĂȘtons, rifi'4y * 2m' ri 3 m' a ri* ! et ensuite . IJ I 2 rri â rikâ ~J SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS, en ayant Ă©gard Ă la valeur de v', et faisant, pour abrĂ©ger, 2, 9 a fi ^ iniri v f*W mn fit \/ fitiri ri A cause de la limite cjuâon vient dâassigner Ă v, cette quantitĂ© k! sera de mĂȘme signe que a; pour que la valeur de k soit positive, il faudra donc prendre le signe supĂ©rieur ou infĂ©rieur devant son expression, selon que a sera une quantitĂ© positive ou nĂ©gative. Le second terme de cette valeur de k sera aussi de lâordre de petitesse de â Vf par consĂ©quent, nous aurons e~ l 'dt ± 2 m' rik'* e _ k .,' 3 ipt'mâri En mĂȘme temps, les valeurs prĂ©cĂ©dentes de n deviendront n n V/ I Z '* 00 -=. I e~°dt - f- n J K I /' oĂŽ 7%f-^" d,+ in' l/ infini ri o-K' V infini ri A'*. et, eu vertu des formules ai et 22, les valeurs correspondantes de n' seront n' = f e~ v, dv â- r° f e- t, â v 'dtAv -{- 2W - f^'- V 'dv ĂżnJ n J k' J inpim'ri J _ , r , vrfp _ . r y 3 ]/ QTTftmn \J Ăż * J K J / 9 uri n' = - r° fâT V - V 'dtdv 4 - f n J âi J y/ infini ri J - a m -"L P fe - 3 n y/ iftmnJ â KJ dv Les exponentielles e ~ v ', er- t 'â v ' t rendant insensibles les 38.. 220 RECHERCHES coefficients de dv sous les signes f, au-delĂ de la limite assiguee Ă v, il sâensuit que sans altĂ©rer sensiblement les intĂ©grales relatives Ă cette variable, on pourra les Ă©tendre, comme plus haut, depuis v = â oo jusquâĂ v = oo . Soit, en outre, -4ÂŁ===fcC, -rf 0 rfâ *âą J c J âoo 2n ' e - c ' + ^ - > + y>'dv V/ lâx^rriri J â + r r e-o'+^-i'+yy'sdWv, 3r\/ immn J C J â 00 ^=i r r e - * + i rj C J â oo 4- in _ Ă g â C' â iyCvâd + >' v 'd v m ri J â oo V/ 2 ^rrii -^=irr , - s â 3 ry iumn J C J â » 22 r SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. Les intĂ©grations relatives Ă v sâeffectueront sans difficultĂ© , en sorte que la probabilitĂ© 11' quâil sâagissait de dĂ©terminer ne renfermera plus quâune intĂ©grale simple relative Ă 0 . A cause de a = rfc S V imri la premiĂšre valeur de II' sera la probabilitĂ© que le nombre n' nâexcĂš- dera pas â -f- ÂŁ \J -, qui surpasse trĂšs peu â , et sa seconde valeur exprimera la probabilitĂ© que n! nâexcĂšdera pas n â â ⏠^/- m , n qui est un peu moindre que 87. On peut remarquer quâĂ raison des limites dh 00 , relatives Ă v, les deux premiĂšres intĂ©grales sont les mĂȘmes dans les deux valeurs de n', et la troisiĂšme est la mĂȘme au signe prĂšs. Il en rĂ©sulte quâen appelant 'dWv ; âą* j c J â » et cette quantitĂ© * yt f/ ^ = les limites relatives Ă la nouvelle variable z seront toujours ±03, et nous aurons , âp = c f-j- - t/ âąÂ» jl m,n, f *i V l*i en dĂ©signant cette diffĂ©rence par z, on en dĂ©duira p,, jyr , v . V %mji K p p Tn et si ÂŁ est une petite fraction positive, et quâil sâagisse de dĂ©terminer la probabilitĂ© que p, excĂ©dera p dâune quantitĂ© au moins Ă©gale Ă e, il ne faudra donner Ă la variable z que des valeurs positives qui ne soient pas moindres que Ă©. Cela posĂ©, les probabilitĂ©s infiniment petites des valeurs prĂ©cĂ©dentes de p et p,, seront Y dv et le coefficient V Ă©tant donnĂ© par la formule 21, et V, dĂ©signant ce que cette formule devient quand on y met m,, n,, v,, au lieu de ft, m, n, v. La probabilitĂ© du concours de ces deux valeurs sera le produit de V dv et V,dv t ; et si lâon appelle Ă la probabilitĂ© demandĂ©e, elle sera exprimĂ©e par une intĂ©grale double, savoir * = ff\V,dvdv,. Pour plus de simplicitĂ© je nĂ©gligerai le second terme de la formule 2 9 226 RECHERCHES 21; et il en rĂ©sultera Xâ-ĂĂe - v '- v * dvdv t . Si lâon veut substituer, dans cette intĂ©gration, la variable z Ă c,, il faudra prendre pour dv x la diffĂ©rentielle de la valeur prĂ©cĂ©dente de v,, relative Ă z; et, la variable p, Ă©tant ici supposĂ©e croissante, il faudra, pour que z le soit aussi, changer le signe de dv t ; en sorte que lâon aura On aura, en outre, dv x p 1 V/2 m,n, dz. V % - f V,* P a ft^m n\ %v tâz , *, 3 y/ mn m,n,ft\/ 2 fi , 3 2 m t n. LâintĂ©grale relative*Ă v pourra sâĂ©tendre, comme dans les questions prĂ©cĂ©dentes, depuis p = â co jusquâĂ v = 00. En faisant - - - - - - ââ â _. â - ' tX 3 ft[/y im x n x y pĂŻmjii+itfmn dv = ^ y'fimji , dx » % les limites relatives Ă la nouvelle variable x seront encore ± oc ; lâintĂ©grale relative Ă z ne devra sâĂ©tendre que depuis z = jusquâĂ z = 30 ; et comme on aura * n faisons aussi e â g, et non pas quâon ait p, â p > t, ou p, â p = e. Dans le cas de g = cP, la quantitĂ© u est nulle, et les deux valeurs de A sont A= i, câest-Ă -dire, quâil y a un contre un Ă parier que p, excĂšde p dâune quantitĂ© plus grande que J'. Les formules 26 serviront aussi Ă calculer la probabilitĂ© que la chance inconnue p , surpasse une fraction donnĂ©e. Pour cela , ie fais, dans lâĂ©quation 25 , w * m _ ^ _ ni, ^ _ ft â â p= 30 » 29.. 228 RECHERCHES ce qui la change en celle-ci vVi . y' 2 m,n, Mais le nombre p Ă©tant supposĂ© infini, la chance p est certainement Ă©gale au rapport â ou Ă la fraction ; par consĂ©quent, A est alors la H" probabilitĂ© quâon ap, > g + a. En prenant, pour plus de simplicitĂ©, a au lieu de 6 -f- et mettant aussi p, m, n, Ă la place de p, , m,, nâ on aura u r-l m\ u y p /*/ y/imn ' 3 7 et selon que la diffĂ©rence a -sera positive ou nĂ©gative, la pre- miĂšre ou la seconde formule 26 exprimera la probabilitĂ© que la chance inconnue dâun Ă©vĂ©nement arrivĂ© m fois, dans un trĂšs grand nombre p ou m + n dâĂ©preuves, excĂšde la fraction donnĂ©e a>. 89. Afin de donner une application numĂ©rique des diverses formules quâon vient dâobtenir, je prendrai pour exemple lâexpĂ©rience de Buffon qui nous a dĂ©jĂ servi dans le n° 5o. LâĂ©vĂšnement E sera alors lâarrivĂ©e de croix, et F lâarrivĂ©e de pile, dans une longue sĂ©rie de projections dâune mĂȘme piĂšce. DâaprĂšs cette expĂ©rience, on a eu m = 2048, =1992, p = pour les nombres de fois m et n que E et F sont arrivĂ©s dans le nombre pt, dâĂ©preuves successives. En substituant ces nombres dans la formule 19 5 et prenant u = 2, on aura 2 y 7T dt â 0,00468, On tro en mĂȘme temps, R = o,99555. 0,50693 3= 0,02225, SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 229 pour les limites de la valeur de p, auxquelles cette formule se rapporte ; en sorte quâil y a la probabilitĂ©' o,g9555, ou Ă trĂšs peu prĂšs 224 Ă parier contre un, que la chance inconnue p de lâarrivĂ©e de croix, est comprise entre 0,48468 et o,52gi8. Si lâon veut connaĂźtre la probabilitĂ© quâelle surpasse ^, ou que la chance de croix est supĂ©rieure Ă celle de pile, on substituera les valeurs prĂ©cĂ©dentes de , m, n, dans la formule 27, et lâon y fera co = en prenant le signe infĂ©rieur, et par consĂ©quent la seconde formule 26, on aura m = 0,62298, A =o,8io43, 1âA = 0,18957; ce qui montre quâil nây a pas tout-Ă -fait cinq contre un Ă parier que la chance de croix soit plus grande que LâexpĂ©rience dont nous nous occupons peut ĂȘtre divisĂ©e en deux parties, lâune composĂ©e de 2048 Ă©preuves, lâautre en contenant 1992 ; dans la premiĂšre partie, croix a eu lieu 1061 fois et pile 987" fois ; dans la seconde partie, croix est arrivĂ© 987 fois et pile ioo5 fois or, dâaprĂšs le rĂ©sultat de lâexpĂ©rience totale, et au moyen de la formule 24, on peut aussi calculer la probabilitĂ© que les nombres des arrivĂ©es de croix ou de pile ont dĂ» ĂȘtre compris entre des limites donnĂ©es, dans les deux expĂ©riences partielles. Pour cela, on fera, dans cette formule et dans les limites auxquelles elle rĂ©pond, J â ^ â o, 5 o 6 9 3, ^ = ^=o,4 9 3o 7 ; , . , , m ' . n cest-a-dire que Ion y mettra pour les rapports -y et -7, qui ne sont pas censĂ©s connus, leurs valeurs approchĂ©es, rĂ©sultantes de lâexpĂ©rience totale; ce qui est permis, attendu que m' et n' nâentrent que dans des termes qui sont de lâordre de petitesse de On y mettra Vf* aussi pour f*le nombre total 4040. Relativement Ă la premiĂšre partie 23 o recherches de lâexpĂ©rience, on aura , en outre , fi â â 2048; et si lâon prend , comme plus haut, u = 3 , on trouvera ^ = 0,99558, pour la probabilitĂ© que le nombre n' des arrivĂ©es de pile a dĂ» ĂȘtre compris entre les limites 1001 =p79^ ce qui a eu lieu effectivement, puisque pile sâest prĂ©sentĂ© 987 fois dans cette premiĂšre partie. Relativement Ă la seconde partie, on aura p ! = 1992; et en prenant toujours u = 2, on trouvera 956. Si lâon fait, par exemple, ⏠= 0,02, il faudra prendre le signe infĂ©rieur, et faire usage de la seconde formule 26; on aura de cette maniĂšre = o, 11553, A = o,5658g, 1â A = 0,43411; de sorte quâil y aurait Ă peine quatre Ă parier contre trois, que la chance de croix serait plus grande dâun cinquantiĂšme, dans la premiĂšre partie de lâexpĂ©rience que dans la seconde. En faisant âŹ=o,025, on devra prendre le signe supĂ©rieur et employer la premiĂšre formule 26 ; on aura alors = 0,10925, A = o,4386i, 1â A = o, 56 i 39; et il y aurait moins de un contre un Ă parier, que lâexcĂšs dont il sâagit surpasserait un quarantiĂšme. 90. Je placerai ici la solution dâun problĂšme, susceptible dâune application intĂ©ressante, et qui sera fondĂ©e sur les formules prĂ©cĂ©dentes et sur un lemme que je vais dâabord Ă©noncer *. Une urne A renferme un nombre c de boules, dont a boules blanches et b boules noires, de sorte quâon ait a-i- b = c. On en extrait dâabord au hasard un nombre l de boules, successivement et sans les remettre, ou toutes Ă la fois ; ensuite, on en extrait de mĂȘme * Depuis que la note de la page 61 est imprimĂ©e, on mâa fait remarquer que la proposition quâelle renferme est comprise dans ce lemme, dont jâavais dĂ©jĂ fait usage pour la solution du problĂšme du trente-et-quarante, citĂ©e Ă la page 70. 232 RECHERCHES un nombre /m ou ra -f- n dâautres boules; je dis que dans cette seconde opĂ©ration, la probabilitĂ© dâamener ra boules blanches et n boules noires, est indĂ©pendante du nombre et de la couleur des boules sorties dans la premiĂšre, et la mĂȘme que si / Ă©tait zĂ©ro. En effet, supposons que lâon effectue les l - f- fM tirages successifs; soient i le nombre total des combinaisons diffĂ©rentes de /+ f* boules qui pourront arriver, i' le nombre de ces combinaisons dans lesquelles les iM derniĂšres boules se composeront de ra blanches et de n noires , /', le nombre de celles dans lesquelles ce seront les f i premiĂšres boules qui en renfermeront ra blanches et n noires ; la chance dâamener ra boules blanches et n boules noires, aprĂšs une extrac- tion de l boules quelconques , sera j , et la chance dâamener ra boules blanches et n boules noires, avant quâaucune boule ait Ă©tĂ© extraite de A , aura j pour valeur; or, les deux nombres i' et i, sont Ă©gaux; car, en gĂ©nĂ©ra, une combinaison qui se compose de Z boules dĂ©terminĂ©es, suivies de ju boules aussi dĂ©terminĂ©es, et celle oĂč ces /m derniĂšres boules prĂ©cĂšdent, au contraire, les l premiĂšres, sont toutes deux Ă©galement possibles; et, en particulier, pour chaque combinaison dans laquelle les jm derniĂšres des boules extraites de A renferment ra blanches et n noires, il y a toujours une autre combinaison dans laquelle ce sont les u premiĂšres boules qui contiennent ces nombres de blanches et de noires, et rĂ©ciproquement. Lesfractions l - et j , et consĂ©quemment les probabilitĂ©s quâelles expriment, sont donc aussi Ă©gales; ce quâil sâagissait de dĂ©montrer. On peut vĂ©rifier cette proposition de la maniĂšre suivante. Les nombres de boules blanches et de boules noires contenues dans A Ă©tant a et b, la chance dâamener m boules blanches et n noires dans les m -f- premiers tirages, est une fonction de a , b, m , n, que je reprĂ©senterai par f{a, b , m, n. Celle dâamener g boules blanches et h noires dans les g-h b premiers tirages sera de mĂȘme f{a , b, g, h ; ces tirages ayant rĂ©duit ara â g et n â h, les nombres de boules blanches et dĂ©boules noires que A renferme , la chance dâen extraire ensuite m blanches et n noires dans ra+ ou /m nouveaux SUR LA PROBAbILITĂ DES JUGEMENTS. a& tirages, aura pour expression fa â g, b â h, m, n; le produit de ces deux derniĂšres fonctions sera donc la chance dâamener m boules blanches et n noires, aprĂšs avoir dĂ©jĂ extrait de A, g boules blanches et h boules noires; par consĂ©quent, si lâon fait la somme des /-f- i valeurs de ce produit, qui rĂ©pondent Ă toutes les valeurs entiĂšres ou zĂ©ro de g et h, dont la somme est l, on aura lâexpression complĂšte de la chance dâamener m boules blanches et n noires, aprĂšs avoir extrait de A un nombre l de boules quelconques. Cela Ă©tant, il sâagira de faire voir que cette chance est indĂ©pendante de l, et Ă©gale Ă Ja, b, m , n, câest Ă -dire de montrer que lâon a jci,b, rn, n= t g,hJ{aâg,b â h, m, n ; la somme 2 sâĂ©tendant depuis g = o et h = /, jusquâĂ g = L et / b if {a â g, b â h â ou, ce qui est la mĂȘme chose, / » b, g, h f a â g , bâh, m, n = i pm, n 3o ⏠254 RECHERCHES en supprimant le facteur , commun Ă tous les termes de scs deux membres; et comme a et b sont des nombres quelconques, on y pourra, si lâon veut, mettre a-J-n et b-\~m au lieu de a et b; ce qui la changera en celle-ci a â g, b â h. Or, son premier membre est le coefficient de \ dans le dĂ©veloppement de {x -\-y c ' , son second membre est le coefficient de x a j l , dans le produit des dĂ©veloppements de x +j 1 et x ou dans le dĂ©veloppement de x-f-j- 1 , comme le premier membre; par consĂ©quent, les deux membres de cette Ă©quation sont identiques; ce quâil sâagissait de vĂ©rifier. 91. Supposons actuellement que les nombres a, b, a â m, aân , soient trĂšs grands; les valeurs approchĂ©es de ' r e - *0. En mettant pour m etn leurs valeurs prĂ©cĂ©dentes, cette formule devient ensuite \ /Ă»y7Vy r _ b'aâbc> âc -i -S \c*/ Vt»/ L 3ft*a'b* J 6 3o.. 236 On trouvera, de mĂȘme RECHERCHES a{câ H \ ~ m bcâ n \ l -*r , 6 3 a - 6c , Ă» ^ ou bien, en faisant ] on aura, plus simplement J fi, h, m, n = H fi 4,' n t [/2 [ c â fifĂ©abc C* 2 9 Selon que le nombre ser% pair ou impair, la diffĂ©rence nâm sera aussi paire ou impaire. Si lâon dĂ©signe par i un nombre entier et positif, et quâon reprĂ©sente lâexcĂšs de n sur m par 2/ ou 2/â 1, lâexpression correspondante de t devra ĂȘtre, dâaprĂšs ces Ă©quations 29,, t = 2t"ef y , en faisant, pour abrĂ©ger, c 5 A- ĂŻ^ac â ptuabc SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMElNTS. ĂŒ 5 7 et dĂ©signant par y lâune de ces deux quantitĂ©s a â b fie {a â l>fti 2 y/ 2 r â ft fiabc savoir la premiĂšre quand fi sera pair, et la seconde quand il sera impair. La formule 28, aprĂšs quâon y aura substituĂ© celte valeur de t, exprimera donc la probabilitĂ© que dans les ft tirages successifs, le nombre des boules noires surpassera celui des boules blanches, dâun nombre dâunitĂ©s Ă©gal Ă 2 i ou 2/ â 1; consĂ©quent, si lâon y fait successivement r = 1, = 2, = 3 ,. . . jusquâĂ ce que lâexponentielle e ~*â soit devenue insensible, ou, si lâon veut, jusquâĂ i = 00, et que lâon prenne ensuite la somme des rĂ©sultats ; cette somme sera la probabilitĂ© que dans ces fi tirages, le nombre des boules noires excĂ©dera celui des blanches, dâun nombre pair ou impair quelconque dâunitĂ©s. En la dĂ©signant par s, nous aurons 4 i s a â b c â 2 ] = 2H[i â s 3 \/2 c â pfiabc 2 indiquant une somme qui sâĂ©tend Ă toutes les valeurs de t, comprise» depuis t = y - f- 2cf jusquâĂ t â 00 , et croissantes par des diffĂ©rences constantes et Ă©gales Or, 2cf Ă©taiat, par hypothĂšse, une trĂšs petite fraction, la somme 2 pourra sâexprimer en sĂ©rie trĂšs convergente, ordonnĂ©e suivant les puissances de cette diffĂ©rence. En effet, si lâon reprĂ©sente par T la fonction de t contenue sous le signe 2, et si lâon observe que cette fonction et toutes ses diffĂ©rentielles sâĂ©vanouissent Ă la limite t = ao, on aura, au moyen dâune formule due Ă Euler, fc' kl, k"', etc., Ă©tant les valeurs de T, â, etc., qui rĂ©pondent k t = x y. DâaprĂšs les Ă©quations 29, on a dâailleurs, au mĂȘme degrĂ© RECHERCHES 238 dâapproximation que prĂ©cĂ©demment, t/*a â b 1/2 c â /xftabi , ^ , L _ N câftYab ic â fta â b \/2 {a â ni {b â n â -ÂŁ â t c â fi a â b ^ 2 c â fiftabc _ en ayant Ă©gard Ă la valeur de T, il en resuite â H = â=rfi â l ~ a ~ ^ c â **> ' v/*- L . t/ 2 c â fi fiabc G- V/2xc â fifiabc. les termes dĂ©pendants de k', k" 1 , etc., Ă©tant multipliĂ©s par H dans lâexpression de s , auront Ă©, etc., pour facteurs, et devront ĂȘtre nĂ©gligĂ©s; et Ă cause de on conclura de ces diverses valeurs s = â r* e-dt â re->*, V*J y en faisant, pour abrĂ©ger, a â b c â Sfi 7-1-4 >* + 3c 3 _ r 6 2sr câ a* Soit ^ une quantitĂ© positive; selon que la quantitĂ© sera positive ou nĂ©gative, prenons v = zhy; Ă cause de e~dt, e~°dt SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS, nous aurons finalement a5 9 5 ° la premiĂšre valeur de s ayant lieu quand on a y o. En faisant t = y dans la formule 28, et dĂ©signant le rĂ©sultat par cr, on aura 50 iw c â fi fiabc â pour la probabilitĂ© que dans le nombres de tirages, les nombres m et n de boules des deux couleurs seront Ă©gaux entre eux, et Ă la moitiĂ© de p; ce qui nâest possible que quand p est un nombre pair. 92. AprĂšs avoir extrait p boules de A, supposons que lâon en extraie p' autres, puis p" autres, et ainsi de suite, jusquâĂ ce quâon ait Ă©puisĂ© le nombre c de boules que cette urne renferme, de sorte quâon ait c = P + P' + p" + f*'" -t- etc. ; supposons, de plus, que chacun de ces nombres p', p", etc, soit trĂšs grand , ainsi que p; et dĂ©signons par sâ, /' ,etc., ce que devient j, en y mettant successivement p', p", etc., au lieu de p, et faisant usage de la premiĂšre ou de la seconde formule 5o, selon quâĂ lâorigine des tirages, le nombre b des boules noires sera plus grand ou plus petit que le nombre a des boules blanches , contenus lâun et lâautre dans A ; ce qui rendra la quantitĂ© y nĂ©gative ou positive. DâaprĂšs le lemme du n° go, les chances dâamener plus de boules noires que de blanches, dans ces tirages successifs des nombres de boules p, p', p", etc., seront les quantitĂ©s s, s', s", etc.; eu sorte quelles ne varieront quâĂ raison de lâinĂ©galitĂ© de p, p', p", etc., et seraient toutes Ă©gales, si ces nombres Ă©taient Ă©gaux. Soit r la moyenne des valeurs ' de s, s', s", etc., câest-Ă -dire, r =-s+ /+ s " + etc, r4o RECHERCHES en reprĂ©sentant par a. le nombre total des tirages. Si Ton suppose encore que a soit trĂšs grand, et si lâon appelle j le nombre de ces a tirages dans lesquels les boules noires excĂ©deront les blanches, la probabilitĂ© que j se trouvera compris entre des limites donnĂ©es, sera la mĂȘme, en vertu de la premiĂšre proposition du n° 52 , que si toutes les chances s , s', s", etc., Ă©taient Ă©gales entre elles et Ă leur moyenne r. Par consĂ©quent, en mettant a, r, i â r, au lieu de a, q , p , dans la formule 17, nous aurons R = 1- - - f e~'dt H- - e ~ u ', \/ ir J u \/ nrar{ 1 â r pour la probabilitĂ© que le nombre j sera contenu entie ar us/zar 1 â r , ou Ă©gal Ă lâune dâelles; u Ă©tant un petit nombre par rapport k \ u. Telle est la solution du problĂšme que nous nous proposions de rĂ©soudre. Lâapplication dont elle est susceptible sc rapporte aux Ă©lections des dĂ©putĂ©s dans un grand pays, comme la France, par exemple. Voici en quoi elle consiste. Le nombre des Ă©lecteurs, dans la France entiĂšre, est reprĂ©sentĂ© par c; celui des Ă©lecteurs qui ont une opiniou, par a; celui des Ă©lecteurs de lâopinion contraire, par Z» ou c â a. On partage le nombre total c en un nombre a de collĂšges Ă©lectoraux, dont chacun Ă©lit un dĂ©putĂ©, de telle sorte que le dĂ©putĂ© Ă©lu dans un collĂšge soit de la seconde on de la premiĂšre opinion, selon que le nombre des Ă©lecteurs appartenant Ă lâune ou Ă lâautre y sera prĂ©pondĂ©rant. Cela Ă©tant, on demande la probabilitĂ© R que le nombre j des dĂ©putĂ©s qp appartiendront Ă la seconde opinion, sera compris entre des limites donnĂ©es, en supposant que le partage des Ă©lecteurs en un nombre a de .colleges, soit fait au hasard, câest-Ă - dire en supposant quâon prenne au hasard sur la liste gĂ©nĂ©rale, un nombre p dâĂ©lecteurs pour former un premier collĂšge, un nombre p' pour former un second collĂšge, un autre nombre p'' pour SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 24 1 en former un troisiĂšme, etc. ; et si lâon prend pour les limites de j celles que lâon vient dâĂ©crire, la probabilitĂ© demandĂ©e R sâexprimera par la formule prĂ©cĂ©dente. Quoique chaque collĂšge Ă©lectoral se compose des Ă©lecteurs dâun mĂȘme arrondissement, et non pas dâĂ©lecteurs pris au hasard sur la liste gĂ©nĂ©rale, ainsi que nous le supposons, il peut ĂȘtre utile cependant de savoir ce quâil arriverait dans cette hypothĂšse; câest ce que nous allons montrer par des exemples. {93. En France, le nombre des collĂšges Ă©lectoraux, Ă©gal Ă celui des dĂ©putĂ©s, est 4^9» et lâon peut Ă©valuer Ă environ 200000 le nombre total des Ă©lecteurs. Je supposerai que tous les nombres ft, /, etc., soient Ă©gaux; en prenant pour p un nombre impair, je ferai a = 4 5 9> f* = 4 35 > c = ap= 199665. Je supposerai aussi quâon ait a = 94835, b â io483o; de sorte que la diffĂ©rence entre la majoritĂ© et la minoritĂ© soit Ă trĂšs peu prĂšs le vingtiĂšme du nombre total des Ă©lecteurs. La quantitĂ© y sera nĂ©gative; on fera donc v = â y; en prenant la seconde des deux valeurs de y du n° 91, il en rĂ©sultera = 0,77396, -~r f eâ'dt = 0,1 3684 V V J u et, en vertu de la premiĂšre formule 3o, on aura s = 0,85426, 1 â s= o,i 4574- La chance dâune Ă©lection dans le sens de la majoritĂ© des Ă©lecteurs surpasserait donc fj; et la minoritĂ©, quoiquâelle ne diffĂšre pas beaucoup de la majoritĂ©, ne pourrait guĂšre espĂ©rer dâĂ©lire plus des des dĂ©putĂ©s. En mettant ces valeurs de s et 1 â s Ă la place de ret 1 â r dans lâexpression de R du numĂ©ro prĂ©cĂ©dent, 3i 242 RECHERCHES faisant a = 4^9» et prenant u = 2, ou trouve R = 0,99682', pour la probabilitĂ© que le nombre des dĂ©putĂ©s Ă©lus par la majoritĂ©, serait compris entre les limites 3g2 ^=21, et ceux de la minoritĂ© entre les nombres 67 ±21. Lâamplitude de ces limites est considĂ©rable relativement au nombre a, parce que a nâest pas extrĂȘmement grand. Je suppose toujours que la diffĂ©rence b â a soit Ă peu prĂšs le vingtiĂšme de c ; mais je prends pour fx un nombre pair. Je fais, en consĂ©quence, a â 4^9, p = 436, c = afJL = 200124, et, en outre, a = g5o64, b = io5o6o. On aura toujours v = â y ; mais il faudra prendre pour y la premiĂšre valeur du numĂ©ro 91. De cette maniĂšre, on trouvera 1 r e = 0,74006, â^ / e~ l 'dt = 0,14764; y * J v et il en rĂ©sultera s = 0,84279, 1 âs = 0,15721. Mais p Ă©tant un nombre pair, le cas de m = n est possible; dâaprĂšs la formule ^3i, sa chance est a = 0,02218; et si lâon en ajoute la moitiĂ© Ă la valeur de s, on a s = o,85388; quantitĂ© trĂšs peu infĂ©rieure Ă celle qui a lieu quand f* est impair. Afin de montrer lâinfluence de lâinĂ©galitĂ© des nombres dâĂ©lecteurs SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 245 dans les diffĂ©rents colleges, je supposerai que la moitiĂ© du nombre total des Ă©lecteurs soit rĂ©partie Ă©galement dans le tiers des collĂšges, et lâautre moitiĂ© dans les deux autres tiers. Pour appliquer les formules prĂ©cĂ©dentes au premier tiers, je ferai alors i=i 55, f* = 654, ji= 100062; et, pour les appliquer aux deux derniers, ja=3o6, fx= 327, 3 af* = 100062. Je supposerai, en outre, a =g5o6;?, b= io5oĂ2, c = 200124; de maniĂšre que la diffĂ©rence entre la majoritĂ© et la minoritĂ© soit toujours Ă peu prĂšs un vingtiĂšme du nombre total des Ă©lecteurs. Dans le premier cas, oĂč f* est un nombre pair, on trouve s = 0,89429, = 0,01376, s - f- i o" = 0,90 Ăź 17; dans le second, oĂč p est impair, on obtient s = 0,81981 ; il en rĂ©sulte donc r = j 0,90117 + 0,81981 = 0,86049, pour la chance moyenne dâune Ă©lection dans le sens de la majoritĂ©; laquelle surpasse un peu, comme on voit, celle qui a lieu quand tous les collĂšges sont composĂ©s dâun mĂȘme nombre dâĂ©lecteurs. Lorsque la diffĂ©rence b â a entre la majoritĂ© et la minoritĂ© vient Ă augmenter, la chance des Ă©lections dans le sens de la minoritĂ© diminue trĂšs rapidement, de telle sorte quâelle est bientĂŽt presque nulle. Pour le faire voir, je suppose les Ă©lecteurs rĂ©partis en nom- 3i.. 2 44 RECHERCHES bres Ă©gaux dans tous les colleges; je prends pour a, jx, c, les mĂȘmes nombres que dans le premier exemple ; et je fais, en outre, a = 8 g 835 , b= 109830; ce qui rend la diffĂ©rence b â a Ă trĂšs peu prĂšs le dixiĂšme du nombre c, et double de ce quâelle Ă©tait dans cet exemple. Je trouve alors 5 = 0,98176, 1 â 5 = 0,01824; en sorte que la chance dâune Ă©lection dans le sens de la minoritĂ© nâest plus que dâĂ peu prĂšs un soixantiĂšme. A cause de la petitesse de s, câest Ă la formule du n" 81 quâil faudra recourir pour dĂ©terminer la probabilitĂ© P que le nombre de fois quâune telle Ă©lection aura lieu dans le nombre total des collĂšges Ă©lectoraux, ne surpassera pas un nombre donnĂ© n. En faisant, dans cette formule , oĂč = a 1 â 5 = 8,3715, n = i 5 , on en dĂ©duit P = 0,98713 , 1 â P = 0,01287 ; ce qui fait voir quâil y aurait Ă peu prĂšs cent Ă parier contre un que la minoritĂ© nâĂ©lira pas plus de i5 dĂ©putĂ©s. En Ă©levant la diffĂ©rence entre la majoritĂ© et la minoritĂ© Ă 3oooo, câest-Ă -dire aux trois vingtiĂšmes du nombre total des Ă©lecteurs, on trouve que la chance 1 â 5 sâabaisserait au-dessous dâun milliĂšme, et quâil serait fort probable que la minoritĂ© nâĂ©lirait pas un seul dĂ©putĂ©. Sâil en Ă©tait ainsi, le gouvernement reprĂ©sentatif 11e serait plus quâune dĂ©ception, puisquâune minoritĂ© de 90000 sur 200000 Ă©lecteurs ne serait reprĂ©sentĂ©e que par un trĂšs petit nombre de dĂ©putĂ©s, et quâune minoritĂ© de 85ooo nâaurait plus quâune trĂšs faible chance dâavoir un interprĂšte dans la chambre Ă©lective. Il suffirait que dans lâintervalle de deux sessions, trois vingtiĂšmes de la totalitĂ© des Ă©lecteurs changeassent dâopinion, pour que la chambre entiĂšre passĂąt de la SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 24 ^ droite Ă la gauche, dâune opinion Ă lâopinion contraire. Mais les Ă©lecteurs dont chaque college est composĂ© ne sont pas pris au hasard, comme notre calcul le suppose, sur la liste des Ă©lecteurs de toute la France; et dans chaque arrondissement, lâopinion prĂ©pondĂ©rante se forme et se maintient par des causes particuliĂšres, telles que les intĂ©rĂȘts de la localitĂ©, lâinfluence du Gouvernement et celle de quelques citoyens. Toutefois, il Ă©tait bon de signaler lâextrĂȘme mobilitĂ© que le hasard pourrait produire dans la composition de la chambre Ă©lective, pour de trĂšs petits changements dans la proportion des Ă©lecteurs qui ont une opinion et de ceux qui appartiennent Ă lâopinion contraire. 246 RECHERCHES v\> vvn u\wv\\wwv\^wsm\>\w\\\wwv\>ww vvvv\uv\wu\\vn\\>\V'\\w\+q % = 1,... p^+q^iâ 1. Appelons U la probabilitĂ© que E et F arriveront suivant un ordre quelconque, m fois et n fois. DâaprĂšs la rĂšgle du n° 20 , U sera le coefficient de u m oâ dans le dĂ©veloppement du produit up, -h vq Y up t + vqj. .. i up f + vq^ . Or, si lâon fait u = e?Ćžâ' f v=e~ X Vâ> f le terme U"V" de ce produit deviendra Ue m ~ n x Vâ' f et tous les autres termes renfermeront des exponentielles diffĂ©rentes de e m â n *Vâ dâoĂč lâon conclut quâen dĂ©signant ce produit par X, en le multipliant, SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. â 247 ainsi que son dĂ©veloppement, par e~ - n x V '~ 1 dx , et intĂ©grant ensuite depuis x = â jusquâĂ x = 7 T, tous ces autres termes disparaĂźtront, et lâon aura simplement [" Xe â m â ^ = 27rU ; ce qui rĂ©sulte de ce que si i et V exprimant deux nombres entiers, positifs, nĂ©gatifs ou zĂ©ro, dont le premier sera i =zm â n , on aura Ćžâ>dx=zJ' [ cosj'-t'.r-f- smi'-ix \/â i~\dx~ o, quand i et i' diffĂ©reront lâun de lâautre, et, en particulier, e ixVâ' dx = 27 r, dans le cas de i' = i. Nous aurons, en mĂȘme temps, u Pi + V ii â cos x - f- p, â q t sinxy/â1 ; et si nous faisons cos 1 x + p, â qtfsln'x = p,', il y aura un angle rĂ©el r if tel que lâon ait â cos x = cos râ H â q, sin Ă , =sinr j ; dâoĂč il rĂ©sultera up t + vq, = f> t . Le signe fi sera ambigu ; pour fixer les idĂ©es, nous regarderons cette quantitĂ© comme positive. En faisant, pour abrĂ©ger, P./ = Y > , â>+ r »+ / a+-âą âą +r fl âTt \ 248 âą RECHERCHES le produit dĂ©signĂ© par X deviendra X = Ye>Ćž~; et nous aurons, en consĂ©quence, U = â Ă Y cos [j-âm â nx\dx- 1 -ââ-T Y sin [> â m â nx]dx. Pour des valeurs de x Ă©gales et de signes contraires, lesvaleursde le seront aussi, et celles de p, seront Ă©gales ; par consĂ©quent, la seconde intĂ©grale dĂ©finie sâĂ©vanouira, comme Ă©tant composĂ©e dâĂ©lĂ©ments deux Ă deux Ă©gaux et de signes contraires; et cela devait ĂȘtre, en effet, puisque U est une quantitĂ© rĂ©elle. Pour des angles x supplĂ©ments lâun de lâautre, les angles r t le seront Ă©galement, dâaprĂšs les expressions de cosr, et sinr,; la somme des deux valeurs de y â m â nx qui leur correspondront, sera donc pi7r â m â ou imr, et consĂ©quemment le cosinus de jr â m â rix ne changera pas il en sera de mĂȘme Ă lâĂ©gard des valeurs de Y ; en sorte que les Ă©lĂ©ments de la premiĂšre intĂ©grale dĂ©finie, correspondants Ă x et w â x > seront Ă©gaux, aussi bien que ceux qui rĂ©pondent Ă a et â x. En supprimant donc la deuxiĂšme intĂ©grale, rĂ©duisant les limites de la premiĂšre Ă zĂ©ro et -j tt, et quadruplant le rĂ©sultat, nous aurons simplement U = Y cos[^â m â nx\dx. i L intĂ©gration indiquĂ©e sâeffectuera toujours sous forme finie, parles rĂšgles ordinaires. Mais quand ^ ne sera pas un grand nombre, cette formule ne pourra ĂȘtre dâaucune utilitĂ© pour calculer la valeur de U; quand, au contraire, ce nombre sera trĂšs grand, on dĂ©duira de cette formule, comme on va le voir, une valeur de U aussi approchĂ©e quâon voudra. 95 . Chacun des facteurs de Y se rĂ©duit Ă lâunitĂ© pour x = o, et est moindre que lâunitĂ© pour toute autre valeur de x, comprise / 4 - SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 349 dans les limites de lâintĂ©gration ; il sâensuit que ^uand /a. sera un trĂšs grand nombre, ce produit sera gĂ©nĂ©ralement une trĂšs petite quantitĂ©, pour toutes les valeurs de x qui ne seront pas trĂšs petites, et que Y' sâĂ©vanouirait, pour toutes les valeurs finies de x , si /x devenait infini. Il nây aurait dâexception que si les facteurs de Y convergeaient indĂ©finiment vers lâunitĂ©; car on sait que le produit dâun nombre infini de semblables facteurs, peut avoir pour valeur une quantitĂ© de grandeur finie. A cause de sin\r cette circonstance supposerait que lâune des chances des deux Ă©vĂ©nements E et F, ou leur produit p,q lf dĂ©crĂ»t indĂ©finiment pendant la sĂ©rie des Ă©preuves. En excluant ce cas particulier, on pourra donc, dans le cas oĂč fx est un trĂšs grand nombre, considĂ©rer la variable x comme une trĂšs petite quantitĂ©, et nĂ©gliger la partie de lâintĂ©grale prĂ©cĂ©dente, qui rĂ©pond aux autres valeurs de x. de lâintĂ©grale prĂ©cĂ©dente, qui rĂ©pond En dĂ©veloppant alors suivant les puissances de x *, on aura, en sĂ©rie trĂšs convergente, Fi = 1 â *PiqtX + 7 pfH â â etc., et, par consĂ©quent, lo g fi = â ipfh*' + f Pfl, â ^P'qt x * A â etc.; dâoĂč lâon conclut logY == â fxk % x % - f* fx j k* â k u x* â etc., en faisant, pour abrĂ©ger, lâZptli = 4 2 />iV = pk'\ etc., et Ă©tendant la somme 2 depuis aussi Si lâon fait Z 3a RECHERCHES a 5 o que lâon considĂšre la nouvelle variable z comme une quantitĂ© trĂšs petite par rapport Ă VV > et quâon nĂ©glige les quantitĂ©s de lâordre de petitesse de -, il en rĂ©sultera Y = DâapiâĂšs les valeurs de p, et de sinr,-, on aura de mĂȘme n = Pt â Ptqi= h - En conservant seulement les quantitĂ©s de lâordre de petitesse de on en dĂ©duira dâabord z'h y = z p â q W + âr =, et ensuite cos[7 â m â nx ]=cos zg VT*â sin zg V/*, V,â oĂč lâon fait, pour abrĂ©ger, âą m / n\ P*-ĂŻ-\5-ĂŻ = 6' Je substitue ces valeurs de Y et cos [y â ni â 7ix] dans ^ a ^ or " SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 25 l mule i , et jây mets -dâ dz au lieu de dx; il vient Vf* ĂŒ = cos Z S v/ ^ t -^ f s5n z & vW s J- Le cas oĂč les valeurs de p t et q t dĂ©croĂźtraient indĂ©finiment ayant Ă©tĂ© exclu, k % ne peut ĂȘtre une trĂšs petite quantitĂ©; pour des valeurs de z comparables Ă s/p, lâexponentielle er~ k ' s ' sera donc insensible ; et quoiquâon ne doive donner Ă cette variable que des valeurs trĂšs petites par rapporta s/p, on pourra maintenant, sans altĂ©rer sensiblement lâintĂ©grale, lâĂ©tendre au-delĂ de cette limite, et la prendre, si lâon veut, depuis z= ojusquâĂ z=oo . DâaprĂšs une formule connue, on aura alors / Me' e âkâf C os zg vV dz â e ^ k ' > en diffĂ©rentiant successivement par rapport Ă g et Ă k, on en dĂ©duit _ MS 2 n zg VĂJz=S^f. 5 + f 6 et au moyen de ces valeurs, celle de U devient fig* f4g* U - **â 3 + ?Ă\e~\ k^iru liPĂżrfi V 2 k 2 / ââ A raison de lâexponentielle e , cette probabilitĂ© sera insensible dĂšs que g ne sera pas de lâordre de la fraction -L-j-mais Ă cause de Vf* P + 9 = i et m-\- n = ft, cette quantitĂ© g ne peut ĂȘtre de cet ordre de petitesse, Ă moins que cela nâait lieu sĂ©parĂ©ment pour p â â etq â ~, A* A* qui sont dâailleurs des quantitĂ©s Ă©gales et de signes contraires; si donc 3a.. 252 on fait RECHERCHES m ki n k& _ 2 kS p - T = ~ v%' q ~ Ă« ~VĂŻâ . la probabilitĂ© U nâaura de valeurs sensibles que pour des valeurs de 0, positives, nĂ©gatives ou zĂ©ro, ruais trĂšs petites par rapport Ă yV, et il en rĂ©sultera finalement u = n 75 e -^ 3 + ^ e -*âąâą W pour la probabilitĂ© que les nombres m et n auront pour valeurs m â pp â 0 ĂvV> n = qp - f- 0 Ă \/p, câest-Ă -dire, des valeurs qui sâĂ©carteront trĂšs peu dâĂȘtre proportionnelles aux chances moyennes p et q et au nombre p des Ă©preuves. 96. Pour que metn soient des nombres entiers, il faudra que 0 soit un multiple de â* 7 = ou zĂ©ro. En faisant 0= o dans la formule 2, kV on aura â x -= pour la probabilitĂ© que m et n seront prĂ©cisĂ©ment entre ky eux comme p et q. En dĂ©signant par t une quantitĂ© positive, multiple de faisant successivement dans cette formule 0 = â e t "deux exposants de t pris, lâun dans la premiĂšre et lâautre dans la seconde somme 2, il est Ă©vident que la valeur ma de A pourra arriver dâautant de maniĂšres diffĂ©rentes que lâĂ©quation n' -\-n" = m aura de solutions distinctes, en prenant pour n' et n" des nombres compris depuis a jusquâĂ Ă© ; la probabilitĂ© de chacune de ces maniĂšres sera le produit des valeurs de N, et N,, qui rĂ©pondent Ă chaque couple de nombres n' et n"; par consĂ©quent, la probabilitĂ© totale de s = ma> aura pour expression le coefficient de tâą dans le produit des deux premiĂšres sommes 2. Ce raisonnement sâĂ©tendra sans difficultĂ© aux cas de t = 3, = 4 , etc. Lorsque toutes les quantitĂ©s N,, N a , N s , etc., sont Ă©gales, leur produit se change dans la puissance p de lâun des polynĂŽmes qui rĂ©pondent aux sommes 2 , et ce cas a Ă©tĂ© considĂ©rĂ© dans le n° 17 . Cela Ă©tant, par une considĂ©ration semblable Ă celle quâon a employĂ©e plus haut, si nous faisons t* = e*V â>, et si nous dĂ©signons par X ce que deviendra le produit des sommes 2 , nous aurons n = - f* 2 w J â Soient actuellement iet i' deux nombres donnĂ©s, et P la probabilitĂ© que la somme s sera comprise entre ia et i'a, ou Ă©gale Ă lâune de ces limites; la valeur de P se dĂ©duira de celle de 17 en y faisant successivement ro = i, = i + i,=i + 2 ,.... = i'; et la somme des valeurs correspondantes de e~ V â ayant pour expression 2 sin ^ 0 il en rĂ©sultera RECHERCHES a 5 6 Pour simplifier cette formule, je supposerai que u> soit un infiniment petit; je prendrai, en mĂȘme temps, pour i et i' des nombres infinis; et je ferai ioĂč = c â g, i'cĂč = c - f- ĂȘ, 0 = ax , dĂ» = cadx ; ce te Ă©tant des constantes donnĂ©es, dont la seconde sera positive, afin quâon ait i' > i, comme le suppose l'expression de P. Les limites de lâintĂ©grale relative Ă la nouvelle variable x seront =b oo . On aura sin 7 0 = j ax; et en nĂ©gligeant ±7 par rapport Ă i et Ă i', cette valeur de P deviendra P = - Xe â c *Vâi sin ex â. 4 IC â 00 X ' Les valeurs possibles de A croissant actuellement par degrĂ©s infiniment petits, il faudra supposer leur nombre infini, et la probabilitĂ© de chacune dâelles infiniment petite; en dĂ©signant par a et b des constantes donnĂ©es, et par z une variable continue, on fera donc eta> = a, âŹcj = b, nu = z; on aura, en mĂȘme temps, et lâon fera aussi. t na â i; N, = a>/,z, N, = Ă»/,z, N 3 = af jz, etc. Chacune des sommes 2 contenues dans X se changera en une intĂ©grale dĂ©finie, dont a et b seront les limites; et en prenant a pour la diffĂ©rentielle de z, on en conclura X f.U . /V ,,/=r /, te, 5 pour le produit de /a facteurs quâon devra substituer dans la formule 4 Ă la place de X. 98. Cette formule exprimera la probabilitĂ© que dans le nombre /u SLR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 2 5 7 dâĂ©preuves, la somme des valeurs de A se trouvera comprise entre les quantitĂ©s donnĂ©es c â t et c - f- e. A la n in â Ă©preuve, la chance infiniment petite dâune valeur z de A estf n zdz-,et toutes les valeurs possibles de A Ă©tant, par hypothĂšse, comprises entre a et b, et lâune dâelles devant avoir lieu certainement Ă chaque Ă©preuve, il faudra quâon ait âą f!j' uiz = 1 > âą la fonction f t z pourra dâailleurs ĂȘtre continue ou discontinue, pourvu quâentre ces limites a et b, elle soit une quantitĂ© positive. Si la chance de chaque valeur de z ne change pas pendant les Ă©preuves, la fonction f % z sera indĂ©pendante den; et en la reprĂ©sentant par fz on aura x = fi** = 1 âą Si, de plus les valeurs de A sont Ă©galement probables, fz sera une constante qui devra ĂȘtre - ^ , pour satisfaire Ă la derniĂšre Ă©quation. En faisant a âh â g, b = h + g, on aura donc J * g J J g* â au moyen de quoi la formule 4 deviendra ou simplement p _ 2 r * 0 / s\ngx-f . , . , p â *Jo \~^r -cos&k-c^dx, 6 35 a 58 RECHERCHES parce que la seconde intĂ©grale sâĂ©vanouit comme Ă©tant composĂ©e dâĂ©lĂ©ments qui sont,deux Ă deux Ă©gaux et de signes contraires, et que ceux de la premiĂšre sont^ deux Ă deux Ă©gaux et de mĂȘmes signes. Lâexposant pĂ©tant uu, nombre entier je vais faire voir que cette valeur de P sâobtiendra toujours sous forme finie, en rĂ©duisant la puissance ^ de singx, en sinus u cosinus des multiples degx, au moyen des formules connues, savoir sin? â f* cos/* â 2 gx - f- fl â - ~ cos â4 gx .. L- 1,2 * â *' * 7 . 1 '. 3 ~ C0S ^ 6 + etc -]* . s\of i gx = â i a >i Qinpgxâ^sinf/â2^+^=^ sin â 4 g X â 7 .7 7 3 sinfx â \ qui sont composĂ©es chacune dâun pombre fini de termes, et dont la premiĂšre a lieu quand le nombre p est pair, et la seconde lorsquâil est impair. 99. Pour cela, jâobserve que lâon a, comme on sait, J o x 2 7 en preuaut le signe supĂ©rieur ou le signe infĂ©rieur, selon que la constante y sera positive ou nĂ©gative. Soient a et 6, deux autres quantitĂ©s positives; mettons Ăx et âŹdx Ă la place de x et dx, ce qui ne changera rien aux limites de lâintĂ©grale ; nous aurons J O X 2 " et en multipliant par dâŹ, et intĂ©grant ensuite depuis ÂŁ= 1 jusquâĂ a5g SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. f ÂŁ = a, il en rĂ©sultera / o °°co S >* â cos a?x ^ = =F I * 1 â a y- 8 Cette Ă©quation subsistera Ă©videmment pour y â o, quoique celle dont elle est dĂ©duite nâait pas lieu dans ce cas particulier. Son premier membre est la diffĂ©rence des deux intĂ©grales J' cos etyx ^ et / cos^r^, dont chacune a une valeur infinie. Pour cette raison, il nâest pas permis de les considĂ©rer isolĂ©ment, et de changer la variable x dans lâune, sans la changer dans lâautre. Ainsi, en mettant y djC âą âą jet â Ă la place de x et dx dans la premiĂšre, elle deviendrait râ° dx a / cos yx â ; et en divisant les deux membres de lâĂ©quation prĂ©cĂ©dente par i â a, on aurait / dx cos yxâ â ce qui serait absurde. La mĂȘme remarque sâapplique Ă toute intĂ©grale, comme le premier membre de lâĂ©quation 8, qui a une valeur finie, rĂ©sultante delĂ diffĂ©rence de deux intĂ©grales infinies. Je j^^iplie cette Ă©quation 8 par - dy ; puis jâintĂšgre ses deux membres, en assujĂ©tissant leurs intĂ©grales Ă sâĂ©vanouir quand y = o ; ce qui donne 2 /'° 0 / âą sin*yx\ dx , . y* En intĂ©grant une seconde fois de la mĂȘme maniĂšre, il vient 33 .. 2 ĂO RECHERCHES une troisiĂšme et une quatriĂšme intĂ©gration donneront de mĂȘme 2 /'"r . si il etyX . i âdx , j ±-. a - +-if I . . ./* â . . .p la premiĂšre rĂ©pondant au cas oĂč /tt est un nombre pair, et la seconde au cas oĂč fx est impair. Les quantitĂ©s C et C' sont des constantes dĂ©terminĂ©es, qui dĂ©pendent de a et ^, et dont les expressions, faciles Ă former, nous seront inutiles Ă connaĂźtre. Je mets successivement, dans chacune de ces Ă©quations, y-{-1 etyât au lieu de y; et par la soustraction des rĂ©sultats, jâen dĂ©duis 4 f 00 r â âą C0S>x sin IX . 1 dx 1 , *Ăź = * 'â HJ.'.J t>+.ng â O'*] i E et E' dĂ©signant aussi des constantes diffĂ©rentes de D et D\ En donnant Ă n les valeurs successives o , 1 , 2 , 3, etc. ; faisant, pour abrĂ©- g er > u=^cospgxâ/ cosft â 4gx t s-\ 1 . ~ 1 cos y- T s ' n tX cos p â 6 gx + etc. I ââ ; â2 v ==^j,in fzgx âWsin/A â agjr-{- âsin^t â 48 X â â2 . , . , ~ 1 cos yx sintx - sm g - bgx + etc. J ^fĂŻâĂź ; et dĂ©signant par ' et v' ce que deviennent u et v, quand on y change x en , on dĂ©duit des Ă©quations prĂ©cĂ©dentes ? fT- B '+Si=fn^ = Ăź^^{r+r_r,-r;, KJ O L x**- 1 J Xâ ...fi v ' 8 r-r. ,.> , i- a F -i^x_ d- a -i a;!-* Jxâ ;/*- rârâr y +r;; RECHERCHES 262 F et F' Ă©tant encore des constantes diffĂ©rentes de E et E'. On a fait, dans ces derniĂšres Ă©quations, r=±>-B*g+*r=FK> +f*g â *g+0 Mzi = fl ~y+f*-gâ 4 g-ht ,t > + Pg â % + e T + etc. ; et lâon a dĂ©signĂ© par T', ce que T devient quand on y change le signe de g, et par r, et r', ce que deviennent T et T' par le changement du signe de e. Or, en renversant lâordre des termes de T' et r/, qui sont en nombre fini, il est facile de voir que lâon a T'= T et Y' â T, quand fi est pair, T' = â T et T/ = â r, quand fi est impair; au moyen de quoi les Ă©quations prĂ©cĂ©dentes deviennent plus simplement i rVu- + H= 4 T\ jfrg 1 » â a r ~ Ă©zâ 1ââo a râ r, *J o L T Jx*â âą 9 Dans chacune des deux quantitĂ©s T et T, que ces Ă©quations renferment, on devra, dâaprĂšs lâorigine des doubles signes de leurs diffĂ©rents termes, prendre le signe supĂ©rieur ou le sigue infĂ©rieur dâun terme quelconque, selon que la quantitĂ© qui sây trouve Ă©levĂ©e Ă la puissance fx sera positive ou nĂ©gative. Maintenant, en vertu des Ă©quations 7, on a r Udx , J* r r, = =*= ^ + g â c â e zsp h â g â C â * âą Dans le premier des cinq cas quâon vient dâĂ©noncer, on aura c-j-âŹ> Ă-f-getc â g c-f-eetA â g c - f- g; on devra prendre les signes supĂ©rieurs dans T et dans T, ; ce qui donnera r = 2g, r y =2g, P = o. On pourra aussi avoir, dans ce troisiĂšme cas, h-\- g h â g, c âg h-\- g; il faudra prendre les signes infĂ©rieurs des deux termes de Y /} le signe supĂ©rieur du premier terme de T, et le signe infĂ©rieur de son second terme ; dâoĂč il rĂ©sultera r= 2Ăâ 2C-f-2Ă©, I\ = â 2g, P = * ±g âÂŁ + !. Enfin, dans le cinquiĂšme cas, on aura c â g â g,c-f-g>Ăčâ g, c + Ă© cos x z â z'dzdz; quantitĂ© moindre que J' J' f n zf K z'dzdz, ou que J' j t zdz. J' f n z'dz', pour toute valeur de x diffĂ©rente de lâunitĂ©; et, par consĂ©quent, moindre que lâunitĂ©, puisquâon doit avoir J' f m zdz= i et pf n z'dz' = i. Cela posĂ©, le nombre p Ă©tant trĂšs grand, il sâensuit que dĂšs que la variable x ne sera plus trĂšs petite, le produit Y, Ă©gal Ă lâunitĂ© pour .r = o, se rĂ©duira, en gĂ©nĂ©ral, Ă une trĂšs petite fraction qui serait lout-Ă -fait nulle si /x pouvait devenir infini. En faisant abstraction, comme dans le n° g 5 , du cas particulier oĂč Y convergerait vers une quantitĂ© diffĂ©rente de zĂ©ro *, nous pourrons donc ne donner Ă x, dans lâintĂ©grale que contient la formule 11, que de trĂšs petites valeurs, Ă la limite desquelles la valeur de Y soit insensible; de sorte quâen faisant Y = e-Sâ, la variable 0 pourra ĂȘtre supposĂ©e infinie Ă cette limite; et quâen substituant cette variable Ă x dans lâintĂ©gration, on devra prendre zĂ©ro et lâinfini pour les limites de lâintĂ©grale relative Ă 0. Pour exprimera et dx au moyen de G et d9, je dĂ©veloppe les valeurs prĂ©cĂ©dentes de p. cosr, et p. sinrâ suivant les puissances de x. En * Pour lâexamen de ce cas particulier et des singularitĂ©s quâil prĂ©sente, je renverrai Ă mon mĂ©moire insĂ©rĂ© dans la Connaissance des Tems, de 1827, et que jâai dĂ©jĂ citĂ© n° 60 . SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS, mettant la lettre z au lieu de z. sous les signes/, et faisant 269 f b = k,, f b z%zdz = k ',, j'\%zdz = k \, etc. nous aurons, en sĂ©ries convergentes, f. cos r - = 1 â fi *' + 7X34 *'"âą ~ etc â x i U sin râ = xk, â k" n + etc. En faisant aussi ^ k' x â A*. = A., g A". â + 2 k 3 n = g., etc. on dĂ©duira de ces sĂ©ries f u â 1 â x*h m x*l m â etc., r. = â x i g u - f- etc.; et de cette valeur de f, on dĂ©duira ensuite logp. = â x*h m + x\l a â ĂŻ h\ â etc. Faisons encore 2 A»^=f dt , 2 h m â gA, 2 g. â gg, 2 /. 7 ^ â etc. ; les sommes 2 sâĂ©tendant, ici et dans tout ce qui va suivre, depuis nz= r jusquâĂ n = ; nous aurons logY = â ĂŽ* = â x*ph + x* â etc.; x = _ĂŽ_ Vfth /Ă 3 \/ fth == -f- etc. ; dx _ c?j x ~~~ 6 /Ă 1 + etc.; dâoĂč lâon tire 2 7 o RECHERCHES et lâon aura en mĂȘme temps et 1 y â ax = â cx -2__ _j_ etc., hĂżfth eosj â ex = cos pk â cx - f- -^= sin fik âcar+ etc. h y feh Au moyen de ces diverses valeurs, la formule i i devient P = - f eâ s cos fik â cx sin ex â n J o 6 + ^W7hf e - > 'MtJ-cxsmexM, ^ en nĂ©gligeant les termes qui seraient divisĂ©s par f*, et conservant x Ă la place de sa valeur sous les sinus et cosinus. Si nous prenons C = idc, cette formule se rĂ©duira Ă t» 2 C , âą fl d6 P = - / e-s sin-= â, * J o \/uh fl y/ uh en supposant que le rapport de ⏠à s/p ne soit pas un grand nombre , ce qui permet de rĂ©duire la valeur de ex Ă son premier terme Or, u Ă©tant une constante indĂ©terminĂ©e, on a, dâaprĂšs une forts y/fch mule connue, f e~ s * cos io 5 . Quoique nous ayons supposĂ© n° 97 la chose A susceptible de toutes les valeurs comprises entre les limites a et b, mais inĂ©galement probables; les formules que nous avons obtenues nâen sont pas moins applicables au cas oĂč le nombre de valeurs possibles de A est limitĂ©; et pour cela, il suffira de considĂ©rer comme des fonctions discontinues , les fonctions^ z, f t z,fsZ , etc., qui expriment les lois de probabilitĂ© des valeurs de A dans les fi Ă©preuves successives. Soient, en effet, c ,, c,, c Sf ... c,, un nombre v de valeurs de z comprises entre a et b; supposons que la fonction f m z soit nulle pour toutes les valeurs de z qui ne sont pas infiniment peu diffĂ©rentes de lâune de ces quantitĂ©s c, f c t , c tt ... c,; en dĂ©signant par cf un infiniment petit, supposons aussi quâon ait SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. a 7 5 de cette maniĂšre, A ne sera susceptible que des v valeurs donnĂ©es c,, c,, c s ,... c, , dont les probabilitĂ©s respectives seront y,,y t , y 3 ,...y y Ă la ri ,me Ă©preuve, et pourront varier dâune Ă©preuve Ă une autre, câest- Ă -dire avec le nombre n. Mais lâune de ces valeurs devant avoir lieu certainement Ă la n ltm ' Ă©preuve, il faudra que lâon ait y, + >. 4- y 3 -+-âą âą âą -f- y, = i, pour toutes les vĂ leurs de n, depuis rc = i jusquâĂ nz=fz. Cette somme des quantitĂ©s y,, y t , y 3 , etc., sera dâailleurs la valeur de lâintĂ©grale J * j n zdz, et cette Ă©quation remplace la condition J' i f,zdz = i. Pour un indice quelconque i t on a identiquement fzf n zdz = c,ff n zdz + fz â cĂčfâzdz, fz'j H zdz â c*ff R zdz - f- 2 c,/zâ c,f,zdz - f-/zâ c t ' Si lâon prend ces intĂ©grales entre les limites c t =p ÂŁ, celles qui renferment le facteur z â c, sous le signe f sâĂ©vanouiront, puisque entre ces limites, ce facteur est infiniment petit, et les autres auront y t pour valeur. On aura donc f c c Zl z J* zdz ~ y,Ci > f'-Ă Z S ' zdz ~ y ' C ' ; dâoĂč lâon conclut f a z f*zdz = y l c I - f- y M c t - f- y& 3 â jâ. - . âf- y t c,, / »& a z%zdz= y,c, % -j- y t c a + y 3 c J + ...+ y,c\i au moyen de quoi les quantitĂ©s dĂ©signĂ©es par k et h dans le n° ioi, deviendront k = '- 2y l c t + .+ y T c,, h = i 2 +>. exprimera la probabilitĂ© infiniment petite que s aura piecisement 3ÂŁ SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS, pour valeur. Je fais aussi 2 ÂŁ = 2^ VW*> di = \ / dv ; 279 dP je dĂ©signe par BQ 3 dĂŒ, et Ă cause de ^ e~ 5 * cosafQd9 = S/it e~ ^ e~ 8 âsina'06 3 cf6= ^ Zv â 4v*e- cette valeur de rme ardv = -4=i -ĂŻ e-*dvi V* \ J V dĂ©signant un polynĂŽme qui ne contient que des puissances impaires de v, et qui nâinfluera pas, quel quâil soit dâailleurs, sur le rĂ©sultat de nos calculs. Cette expression de s>* âą -y, y leurs probabilitĂ©s respectives, dont la somme sera Ă©gale Ă l'imitĂ©, et dont chacune aurait une valeur infiniment petite, si le nombre de ces causes possibles Ă©tait infini. Les valeurs possibles de A Ă©tant toutes celles qui sont comprises entre a et b, et> consĂ©quemment, en nombre infini, la chance de chacune dâelles, provenant de chacune de ces causes, sera infiniment petite. Je reprĂ©senterai par Zjdz la chance que C, donnerait, si cette cause Ă©tait certaine, Ă la valeur zde A. LâintĂ©grale J' zf n zdz, relative Ă la n Um Ă©preuve, sera donc une chose susceptible des v valeurs J' zZĂz,^ zZ % dz,...j' zZ,dz, dont les probabilitĂ©s seront celles des causes correspondantes ; en sorte jue y, exprimera, Ă une Ă©preuve quelconque, la chance de la valeur J zZflz. Par consĂ©quent, la probabilitĂ© infiniment petite dâune valeur de la moyenne - zf,zdz , se dĂ©terminera par la rĂšgle prĂ©cĂ©dente, qui convient Ă la moyenne ^ des valeurs dâune chose quelconque, dans un trĂšs grand nombre [i dâĂ©preuves g sera alors la somme des p valeurs inconnues de J' zf n zdz, qui auront lieu dans cette sĂ©rie dâĂ©preuves, et les quantitĂ©s quâon devra prendre pour k et h, se dĂ©termineront dâaprĂšs les v valeurs possibles de cette intĂ©grale, Or, en prenant ces v valeurs J* zZ t dz, J' zZ 3 dz,... J* zZ,dz, pour celles que lâon a dĂ©signĂ©es par c,, c,, dans le n* io3, et faisant, pour abrĂ©ger, y â Sy,y^zZ,efe, ÂŁ S y, ĂJ'*zZflz â ^ Sy, ^ zZ,dz t oĂč la caractĂ©ristique S indique une somme qui sâĂ©tend Ă tous les indices i depuis i = i jusquâĂ i = v , ce sont, dâaprĂšs les formules de ce numĂ©ro, les quantitĂ©s y et 6, indĂ©pendantes de ^ ,quâil faudra prendre pour k et h. Si donc on dĂ©signe par v, une quantitĂ© positive ou nĂ©- SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 2 8i gative, trĂšs petite par rapport Ă vV ; que V, soit un polynĂŽme qui ue contienne que des puissances impaires de v t ; et que lâon fasse cet infiniment petit '& l dv / sera la probabilitĂ© de lâĂ©quatiou =>+ En considĂ©rant de mĂȘme la quantitĂ© comme une chose susceptible des v valeurs correspondantes aux causes C,,C,,...C, , et dont les probabilitĂ©s, Ă chaque Ă©preuve, seront celles de ces causes mĂȘmes; dĂ©signant par v u une quantitĂ© positiveou nĂ©gative, telle que le rapport soit une trĂšs petite fraction, et par VP \ n un polynĂŽme qui ne contienne que des puissances impaires de v n ; faisant ensuite / sr dv â i _ _Lv \ dv et, pour abrĂ©ger, a == Ăź S>i / W- l - S y, cette expression de f Sf,fĂźv ll sera la probabilitĂ© que la moyenne des p. valeurs de la quantitĂ© dont il sâagit, savoir i * - />*']. ne diffĂ©rera de a que dâune quantitĂ© dĂ©terminĂ©e, de lâordre de peti- 56 28a RECHERCHES tesse de , et quâil nous sera inutile de connaĂźtre. Dâailleurs cette Vf* * moyenne nâest autre chose que la quantitĂ© h du n° ioi ; si donc on nĂ©glige les quantitĂ©s de lâordre de -, il suffira de mettre a au lieu de h, dans le second terme de la valeur prĂ©cĂ©dente de -, qui est dĂ©jĂ de lâor- J** dre de â de cette maniĂšre, on aura Vf* \ - = k + 21>l/ © Ă©tant un polynĂŽme qui ne contient que des puissances impaires de 0. Il sâagira actuellement dâĂ©liminer lâinconnue a ĂȘ de cette Ă©quation 14; ce qui sera possible, comme on va le voir, parce que lâexpression de a -f- G se rĂ©duit Ă a j Sy, J' z'Zidz â ^ ^ Sy, J' zZ/dz , et se trouve indĂ©pendante de la somme S y, Ă Ă h z 2 ,/lz^ , qui Ă©tait contenue dans chacune des quantitĂ©s a. et ÂŁ. 106. En appliquant Ă ^ J' z*f n zdz le mĂȘme raisonnement quâĂ cette quantitĂ© diminuĂ©e, comme dans le numĂ©ro prĂ©cĂ©dent, de ~ > et dĂ©signant par ^ f z'Zflz de la valeur prĂ©cĂ©- 2 âĂŻ J a dente de a, - f- âŹ, sans rien changer Ă la probabilitĂ© »c /0 de cette Ă©quation. Lâautre partie de la valeur de a - ⏠étant exactement la quantitĂ© { y % , on aura donc * + ⏠= ĂŻ *; au moyen de quoi lâĂ©quation 14 deviendra dâabord Cela posĂ©, soit Z une fonction donnĂ©e dez. Lâanalyse des n* 97 et 101, etpar suite, lâexpression de rsdv du numĂ©ro prĂ©cĂ©dent, sâĂ©tendront sans difficultĂ© Ă la somme des valeurs de Z qui auront lieu dans les fi Ă©preuves que nous considĂ©rons. Il suffira de prendre au lieu de A , une autre chose A, dont les valeurs soient celles de cette fonction Z. La probabilitĂ© infiniment petite dâune valeur quelconque de A, sera la mĂȘme que celle de la valeur correspondante de z, et s'exprimera, en consĂ©quence, par J m zdz Ă la n in â Ă©preuve;, et si lâon dĂ©signe par k /t h t , g t , etc., ce que deviennent relativement Ă A / les quantitĂ©s k, h, g, etc., du n* 101 , qui se rapporteut Ă A, on aura fAk'âlj' Zj m zdz, v-h = 2 Z%zdz â^ J' ZJ n zdz^ J , etc. Donc, en appelant s,, la somme des valeurs de A / qui auront lieu a 86 RECHERCHES dans la sĂ©rie dâĂ©preuves, lâinfiniment petit = y + VĂ Or, on conclut de lĂ que si lâon dĂ©signe par u une quantitĂ© positive et donnĂ©e, lâintĂ©grale de la probabilitĂ© de cette Ă©quation, prise depuis Q== h jusquâĂ 0=â u, exprimera la probabilitĂ© que la valeur de - tombera entre les limites y = f ul ' En appelant T cette derniĂšre probabilitĂ©, et ayant Ă©gard Ă lâexpression de xrf0, on aura r dS ; et comme © est un polynĂŽme qui ne contient que des puissances impaires de 0, la seconde intĂ©grale sera nulle, et lâon aura simplement rĂ©sultat qui coincide avec la probabilitĂ© P donnĂ©e par la formule i 3 . Ainsi, cette formule exprime la probabilitĂ© que les limites -^ 4 , Vf qui ne renferment plus rien dâinconnu aprĂšs les Ă©preuves, comprendront la diffĂ©rence entre la moyenne - des valeurs de Aet la quantitĂ© spĂ©ciale y, dont cette moyenne approche indĂ©finiment, et quâelle atteindrait si devenait infini, sans que les causes C,, C», Cj,... C,, des valeurs possibles de A changeassent jamais. 107. Supposons actuellement que lâon fasse deux sĂ©ries dâun grand nombre dâĂ©preuves, qui sera reprĂ©sentĂ© par /u, dans lâune de ces sĂ©ries et par f/ dans lâautre. Soient .v et s' les sommes des valeurs de A 288 RECHERCHES dans ces deux sĂ©ries ; soient aussi A. et \' M les valeurs de A qui aurout ou qui ont eu lieu Ă la n iim Ă©preuve; et faisons - 2A. = A, ' 2 A. â A* = fC P -42A'â== V, -42 A'.-â A'J* = les sommes 2 sâĂ©tendant Ă toutes les Ă©preuves de chaque sĂ©rie, câest- Ă -dire, les deux premi?res depuis n = Ăź jusquâĂ n â /j., et les deux derniĂšres depuis n = i jusquâĂ n = f/,'. Si les causes C,, C,, C 3 ,. .. C, , ne changent pas dâune sĂ©rie dâĂ©preuves Ă lâautre, la quantitĂ© y du n° io5 ne changera pas non plus ; en dĂ©signant alors par 0 et 0' des variables positives ou nĂ©gatives, mais trĂšs petites par rapport Ă jx et S/'fJtl, les Ă©quations relatives aux valeurs moyennes de A dans ces deux sĂ©ries , seront s * > bl s ' , vr , - , ; = > + w ? = y + 5> et leurs probabilitĂ©s respectives rdĂŽ et n'dty auront pour expressions >% db, = © et 0' Ă©tant des polynĂŽmes qui ne contiennent que des puissances impaires de 0 et 0 '. De plus, si les sĂ©ries se composent dâĂ©preuves diffĂ©- S S* rentes, on pourra considĂ©rer ces valeurs de - et â, comme des Ă©vĂ©- f* * nements indĂ©pendants lâun de lâautre; et par la rĂšgle du n° 5 , la probabilitĂ© de leur arrivĂ©e simultanĂ©e sera le produit de W 0 et ndtf. Ce sera aussi la probabilitĂ© dâune combinaison quelconque des deux Ă©quations i 5 , et, par exemple, de lâĂ©quation que lâon obtient en les retranchant lâune de lâautre, savoir / t_ _ ÂŁT_ _ tl * * ~~ Vf Ainsi, en dĂ©signant par 4 / le produit M'dQdQ', et nĂ©gligeant le terme SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 389 qui aurait \/ 1 pour diviseur, nous aurons pour la probabilitĂ© de lâĂ©quation prĂ©cĂ©dente, relativement Ă chaque couple de valeurs de 0 et 0 '. Pour suivre ici, la mĂȘme marche que dans le n° io5, je fais 67' . 61 _ 1 t/f> +/ y V1 *" Vf* V h* â ce qui change cette Ă©quation en celle-ci fl _ i _ ? t* V H* Je remplace 0 dans 4 j par la nouvelle variable t ; et pour cela, je fais Ă»/ _ 1 V + /y 1 6l_Vft rVĂ* + rV? â d& V y*? + W7* dt; dâoĂč il rĂ©sulte / i*// = g _ n e "V *7r T! ^ ft ri/ĂŻ n Ă©tant un polynĂŽme dont chaque terme renferme une puissance im- s' s paire de t ou de 0. La valeur de - âne renfermant plus que la variable t , sa probabilitĂ© sera lâintĂ©grale de 4 Ă©tendue Ă toutes les valeurs que lâon pourra donner Ă lâautre variable 0 ; et Ă cause de lâexponentielle contenue dans 4 » cette intĂ©grale pourra sâĂ©tendre, sans en altĂ©rer sensiblement la valeur, depuis 0 = â 00 jusquâĂ 0= 00. En faisant alors, + p? = ,, ' ĂŻ Vf* 1 Vf* v V f* 3 7 RECHERCHES 290 et dĂ©signant par IT ce que n deviendra , nous aurons + = ÂŁi' â U' e- 1 ''-' 1 â dt'dt; ' les limites de lâintĂ©grale relative Ă t 'seront encore t' = r rp 00 ; et si lâon reprĂ©sente par Ădt la probabilitĂ© infiniment petite de la valeur prĂ©cĂ©- y s 1 dente de â-, on aura / r ÂŁdt = â Te-* dt; T Ă©tant un polynĂŽme qui ne contient que des puissances impaires de t . Enfin, si nous reprĂ©sentons par u une quantitĂ© positive et donnĂ©e, et par A la probabilitĂ© que cette diffĂ©rence s â â - tombera entre les li- f u mites = 1 = - 77=r -* Vh*â nous aurons = -ÂŁ= f tt e-"dt ,* y/w ./ ce qui coĂŻncide avec la valeur de P donnĂ©e par la formule 1 3 . Par consĂ©quent, cette quantitĂ© P est la probabilitĂ© que la diffĂ©rence entre les valeurs moyennes de A dans deux longues sĂ©ries dâĂ©preuves, tombera entre ces limites qui ne contiennent rien dâinconnu. AprĂšs avoir pris pour u une valeur suffisante pour reudre celle de P trĂšs peu diffĂ©rente de lâunitĂ©, si lâobservation donne pour cette diffĂ©- s' s rence â, â -, une quantitĂ© qui tombe en dehors des limites prĂ©cĂ©dentes, on sera fondĂ© Ă en conclure que les causes C,, C», C 3 ,... C,, des valeurs possibles de A, ne sont pas restĂ©es les mĂȘmes dans lâintervalle des deux sĂ©ries dâĂ©preuves, câest-Ă -dire quâil sera survenu quelque changement, soit dans les probabilitĂ©s y,, y % , y a ,. . .y, , de ces causes, soit dans les chances quelles donnent aux diffĂ©rentes valeurs de A. SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. agi DâaprĂšs ce quâon a vu dans le numĂ©ro prĂ©cĂ©dent, chacune des quantitĂ©s l et /' devra diffĂ©rer trĂšs probablement fort peu dâune mĂȘme quantitĂ© 2 y/ = 1 et dg' = â dg> on en dĂ©duira IV _ * *> + />' * r* â * f* et les limites les plus Ă©troites de y seront celles-ci sr 4 + s p + zy ^ \/i'u 4. zy ' dont la formule i3 exprimera toujours la probabilitĂ©. On peut facilement gĂ©nĂ©raliser ce rĂ©sultat, et lâĂ©tendre Ă un nombre quelconque de sĂ©ries dâun grand nombre dâobservations, faites avec des instruments diffĂ©rents pour mesurer une mĂȘme chose A. Les trois quantitĂ©s f/., s, l , rĂ©pondant Ă la premiĂšre sĂ©rie, si lâon dĂ©signe les quantitĂ©s analogues par /*', s' , l', dans la seconde sĂ©rie ; par /a", s", E' f SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 29 3 dans la troisiĂšme; etc.; et si lâon fait, dâabord ? + ÂŁ + ÂŁ + etc. =D*, et ensuite f* â ±_ â/ f*' . â a " e t c DT a â Ăź â U*/'* â ^ â DT» â ^ * 6tC â * la formule i 3 exprimera la probabilitĂ© que la valeur inconnue de A est comprise entre les limites f* S qâ f*" 4* etc. =p ^, rĂ©sultantes de la combinaison la plus avantageuse des observations. Et comme on pourra rendre cette formule i 3 trĂšs peu diffĂ©rente de lâunitĂ©, en prenant pour u un nombre peu considĂ©rable, il sâensuit que la valeur de A diffĂ©rera trĂšs probablement fort peu de la somme s s r s ,r des moyennes-,â,, etc., multipliĂ©es respectivement parles quan- titĂ©s q, q , q ', etc. Le rĂ©sultat de chaque sĂ©rie dâobservations influera dâautant plus sur cette valeur approchĂ©e de A et sur lâamplitude de ses limites, que celui des quotients etc., qui se rapporte Ă cette sĂ©rie, aura une plus grande valeur. Lorsque toutes les sĂ©ries dâobservations auront Ă©tĂ© faites avec un mĂȘme instrument, on pourra les considĂ©rer comme une seule sĂ©rie , composĂ©e dâun nombre dâobservations Ă©gal Ă + + etc. Ainsi quâon lâa dit plus haut, les quantitĂ©s Z, l', l\ etc., seront Ă trĂšs peu prĂšs et trĂšs probablement Ă©gales ; en Ă©tendant les sommes 2 Ă la sĂ©rie totale, ou depuis n == 1 jusquâĂ n â fjt, - f- -f- etc., et faisant f*+* + *'+* te. â Ă, ft+etc. 2 A.âX* = on pourra prendre Z, pour la valeur commune de /, Z', Z', etc. ; au moyen de quoi les limites prĂ©cĂ©dentes de lâinconnue y, et dont la 394 RECHERCHES formule i 3 exprime la probabilitĂ©, deviendront s -t- / -f- s" 4 - etc. __ f* + f* + f*" +âą etc- ft-h â ce qui coĂŻncide avec le rĂ©sultat du n° 106, relatif Ă une seule sĂ©rie dâĂ©preuves. 109. La question indiquĂ©e Ă la fin du n° 104 se rĂ©soudra par des considĂ©rations semblables Ă celles dont on vient de faire usage. Soit m le nombre de fois que lâĂ©vĂ©nement E, de nature quelconque, arrivera dans un trĂšs grand nombre jx dâĂ©preuves. La chance de E variant dâune Ă©preuve Ă une autre, soit p m celle qui aura lieu Ă la n imt Ă©preuve. Faisons l -Ep n = p, '-Xp'^q; dĂ©signons par v une quantitĂ© positive ou nĂ©gative, mais trĂšs petite par rapport Ă \/fi ; et reprĂ©sentons par U la probabilitĂ© de lâĂ©quation m v , - V2 p - 2 ?- Eu nĂ©gligeant, pour simplifier les calculs, le second terme de la formule 2 ; ayant Ă©gard Ă ce que reprĂ©sente la quantitĂ© k quâelle renferme ; et y mettant v au lieu de 6, on aura U = 1 e~ v '. Comme dans le n° 104, appelons C,, C a , ... C,, toutes les causes possibles de lâĂ©vĂ©nement E, qui peuvent ĂȘtre en nombre fini ou infini; y, , y % , ... y, , leurs probabilitĂ©s respectives; c,, c % , ... c, t les chances quâelles donnent Ă lâarrivĂ©e de E. En considĂ©rant p n comme une chose susceptible de ces v valeurs c,, c t ,.. .c ,, dont y, , y, ,... y,, sont les probabilitĂ©s ; faisant y> c t +âą yaP % + .... - f- = r, >.*.*+ yj t '+ â + y,c,'= n SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. a 9 5 et dĂ©signant par v t une variable .positive ou nĂ©gative, trĂšs petite par rapport Ă s/pt>, la probabilitĂ© infiniment petite que lâon aura prĂ©cisĂ©ment p = r 4- rVv â Vf* sera la quantitĂ© *+ 2K0 tfr âr* r â p - f- 8» r â r»] ,-r eu ayant Ă©gard Ă ce que T reprĂ©sente. Mais lâexpression de r ne renfermant pas v, sa probabilitĂ© en est aussi indĂ©pendante ; elle est Ă©gale Ă la somme des valeurs de e correspondantes Ă toutes celles que lâon peut donnera v, et qui doivent croĂźtre par des diffĂ©rences Ă©gales Ă J', dont v est un multiple ; Ă cause de la petitesse de eT, on obtiendra une valeur approchĂ©e de cette somme en mettant dv au lieu de P dans , et remplaçant la somme par une intĂ©grale cette valeur sera exacte aux quantitĂ©s prĂšs de lâordre de T ou de Quoique la variable v doive Vt* _ ĂȘtre une trĂšs petite quantitĂ© par rapport Ă \/ft, on pourra, Ă raison de lâexponentielle contenue dans e, Ă©tendre lâintĂ©grale, sans en altĂ©rer sensiblement la valeur, depuis v = â oo jusquâĂ v = oo . Alors, si SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 3 97 lâon fait v/^+Vr^= e '- les limites de lâintĂ©grale relative Ă 9 y seront aussi zfc 00 ; et en dĂ©signant par ĂdĂŽ la probabilitĂ© infiniment petite de lâexpression de r, on aura ĂdO = - e-* C e~»s A. = 4= e-8* S. Donc u Ă©tant nne quantitĂ© positive et donnĂ©e, la probabilitĂ© que la valeur inconnue de r tombera entre les limites m u \/im fi â m f* ^ P * coĂŻncidera avec la quantitĂ© P donnĂ©e par la formule i3, puisque cette probabilitĂ© sera Ainsi, P est la probabilitĂ© que la quantitĂ© spĂ©ciale r dont sâapproche indĂ©finiment le rapport â, Ă mesure que le grand nombrep aug- A* mente encore davantage, ne diffĂšre de ce rapport que dâune quantitĂ© comprise en les limites u \/im {fi â ni ^ f*V P * qui ne contiennent rien dâinconnu. Dans une seconde sĂ©rie composĂ©e dâun trĂšs grand nombre p! dâĂ©preuves, soit m 'le nombre de fois que lâĂ©vĂ©nement E arrivera. En dĂ©signant par 6* une variable positive ou nĂ©gative, mais trĂšs petite par rapport a\/x,', la probabilitĂ© infininjent petite de lâĂ©quation t' y/ im' {fi â m' fc Ăż t* ; 38 29 8 RECHERCHES sera â^ e -5 '* d§' ; celle de lâĂ©quation m' m __ âm' Sj/ 2m / t â m m t /*â m d t PĆž ftm'ifi â m 7 â et ensuite > yft 3 m'fiâ m' + â m ^ tpi \/p mft â m ft ft y pm'ftâm fiy ptm {ft â m' y yâą! {p â m' +pc 3 m ft â m ^ __ ^ *y t*m\ yâ âą r câest-Ă -dire, si lâon remplace dâabord la variable 0' par t sans changer 0, et ensuite 0 par i'sans changer t, cette probabilitĂ© de lâĂ©quation prĂ©cĂ©dente deviendra l dtdt!. V Cette Ă©quation devenant, en mĂȘme temps, m' m _ t yiftĂŻni ft â ni 2ft' , m ft â m f* P ftfi y ftft et ne contenant plus que la variable t, sa probabilitĂ© totale sera lâintĂ©grale relative Ă t' de cette expression diffĂ©rentielle; intĂ©grale que lâon pourra Ă©tendre, sans en altĂ©rer sensiblement la valeur, depuis ÂŁ = â oc jusquâĂ t' = oo , ce qui donnera e~ 1 ' dt ; dâoĂč lâon SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 2 99 I u conclura enfin que J e~ t% dt, ou la quantitĂ© P donnĂ©e par la formule 1 3 , exprimera fa probabilitĂ© que la diffĂ©rence âą â â est f* f 4, comprise entre les limites u y/2fi 3 rri {fi â m' - f- ifĂź m {fi â m dans lesquelles u sera une quantitĂ© positive et donnĂ©e, et qui ne contiennent que des nombres connus. Ces limites coĂŻncident avec celles que nous avons trouvĂ©es dans le n* 87 , dâune maniĂšre beaucoup plus simple, mais pour le cas seulement oĂč la chance de lâĂ©vĂ©nement E est constante et la mĂȘme dans les deux sĂ©ries dâĂ©preuves. Toutefois la formule 24 de ce numĂ©ro contient un terme de lâordre de ~ ou , qui ne se trouve pas V'f* dans la formule i 3 ; ce qui tient Ă ce que, dans le calcul que nous venons de faire, nous avons nĂ©gligĂ© les termes des probabilitĂ©s que nous avons considĂ©rĂ©es, qui seraient de cet ordre de petitesse. 110. Je ne me propose pas de traiter, dans cet ouvrage, les nombreuses questions auxquelles on peut appliquer les formules prĂ©cĂ©dentes, et dont les principales ont Ă©tĂ© indiquĂ©es dans le n° 60 et les suivants *;. Je me bornerai Ă prendre pour exemple de ces applications. une question connue qui se rapporte aux orbites des planĂšles et des comĂštes. Dans les quantitĂ©s qui ont Ă©tĂ© dĂ©signĂ©es prĂ©cĂ©demment par T et T nâgg, si nous faisons h = g, y = dgâc, C âi = 2gct, C = {* Je puis encore indiquer la probabilitĂ©' du tir Ă la cible, que jâai conside're'e dans un mĂ©moire Ă©crit avant cet ouvrage, et qui paraĂźtra dans le prochain numĂ©ro du MĂ©morial de l'artillerie. 38 .. 3oo nous aurons RECHERCHES ^_r =±f â '* q=f - â *Y ' =fc=F =*= etc - » âr ; =±oâ0' i =F/ A /* â iâe'* db a*- a- cr = F ^-^ -1 ft _5_ĂȘ^db etc., 1*2 oĂč lâon prendra le signe supĂ©rieur ou le signe infĂ©rieur de chaque terme, selon que la quantitĂ© qui sây trouve Ă©levĂ©e a la puissance /4 sera positive ou nĂ©gative. Cela Ă©tant, en reprĂ©sentant dans ces deux formules, par S et T les sommes des termes qui devront ĂȘtre pris avec leurs signes supĂ©rieurs, et par S 7 et T, les sommes de ceux qu on devra prendre avec leurs signes infĂ©rieurs, on aura donc r =.'â s âs,, r,= w 'T-T, ; mais quelle que soit la quantitĂ© T, on a, dâaprĂšs une formule connue et facile Ă vĂ©rifier, , - JT + At-a- JT â ^â5 â ^ 4* etc. rsa'- 1 j si donc on fait successivement tf = a et sibles depuis zĂ©ro jusquâĂ go*, il faudrait donc prendre pour a et âŹ, dans la formule 16, des nombres peu diffĂ©rents de 75 en plus et en moins, ce qui rendrait le calcul numĂ©rique de cette formule tout-a-fait inexĂ©cutable; par consĂ©quent, pour connaĂźtre, dans cette mĂȘme hypothĂšse, la probabilitĂ© P que la somme des inclinaisons des orbites de toutes les comĂštes observĂ©es, doit ĂȘtre comprise entre des limites donnĂ©es, il faudra recourir Ă la formule i 5 . Je suppose donc que la chose A soit lâinclinaison dâune orbite comĂ©- taire sur le plan de lâĂ©cliptique. Les limites des valeurs possibles de A, que lâon a dĂ©signĂ©es gĂ©nĂ©ralement par a et b, Ă©tant alors a = o et b â 90°, et toutes ces valeurs Ă©tant regardĂ©es comme Ă©galement pro- 54 RECHERCHES bables, la formule 13 exprimera la probabilitĂ© P que la moyenne dâun grand nombre dâinclinaisons observĂ©es, tombera n° 10a entre les nombres de degrĂ©s 45 q= 9OU Eu prenant u= 1,92, et faisant /* = i38, il en rĂ©sultera P = 0,99338, pour la probabilitĂ© que dans lâhypothĂšse dâune Ă©gale chance de toutes les inclinaisons possibles, lâinclinaison moyenne des 138 comĂštes observĂ©es ne sortirait pas des limites 45âq=6*; en sorte quâil y aurait Ă peu prĂšs i5o Ă parier contre un, que cette moyenne devrait ĂȘtre comprise entre 5g° et 5i°; et, en effet, on a trouvĂ© 48°55' pour sa valeur; en sorte quâil nây a pas lieu de croire que la cause inconnue de la formation des comĂštes ait rendu inĂ©galement probables leurs diverses inclinaisons. Sans faire aucune hypothĂšse sur la loi de probabilitĂ© de ces inclinaisons, la formule i3 exprimera aussi la probabilitĂ© que lâinclinaison moyenne dâun grand nombre fx de comĂštes que lâon observera par la suite, ne sâĂ©cartera de la moyenne 48 0 55 , relative aux i38 comĂštes dĂ©jĂ conuues, que dâun nombre de degrĂ©s compris entre les limites n° 107 ul \/ iZQ /a V t 38 f* On dĂ©duit*des inclinaisons calculĂ©es de ces 138 comĂštes, une valeur de la quantitĂ© l que ces limites renferment, Ă©gale Ă 34 0 49 , *; et en faisant p'=fi, par exemple, et prenant, comme plus haut, = 1,92, il y aura i5o Ă parier contre un que la diffĂ©rence entre lâinclinaison moyenne de i58 nouvelles comĂštes et celles des i38 comĂštes observĂ©es, tombera entre les limites rp 8 2i'. Le nombre des comĂštes * Le calcul en a Ă©tĂ© fait par le neveu de M. Bouvard. SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 3 o 5 existantes Ă©tant sans doute extrĂȘmement grand par rapport Ă celui des comĂštes dont on a pu calculer les orbites; si lâon prend pour p' le nombre des comĂštes inconnues, les limites prĂ©cĂ©dentes se rĂ©duiront Ă trĂšs peu prĂšs Ă de sorte quâelles seront plus Ă©troites que pour â dans le rapport de lâunitĂ© Ă y/ajet, en prenant toujours ,5o 1,92, il y aura encore a trĂšs peu prĂšs la probabilitĂ© y^, ou i 5 o Ă parier contre un, que la diffĂ©rence entre lâinclinaison moyenne des comĂštes inconnues et celle des comĂštes connues, est comprise entre les limites rp 5 ° fa'. Si lâon divise la totalitĂ© des comĂštes observĂ©es en deux sĂ©ries Ă©gales en nombre, dont lâune comprenne les 6g plus anciennes, et lâautre les 6g plus modernes, on trouve 49° 12' pour lâinclinaison moyenne dans la premiĂšre sĂ©rie, et 48° 38 ' dans la seconds, de sorte que ces deux moyennes diffĂšrent Ă peine dâun demi degrĂ©. Cet exemple est trĂšs propre Ă montrer que les valeurs moyennes dâune mĂȘme chose sâaccordent entre elles, lors mĂȘme que les nombres dâobservations ne sont pas extrĂȘmement grands, et quoique les valeurs observĂ©es soient trĂšs inĂ©gales, comme ici oĂč la plus petite inclinaison comĂ©- taire est i° 4 ri et la plus grande 89° 48 '. Les inclinaisons moyennes des 71 comĂštes directes et celle de 67 comĂštes rĂ©trogrades sâĂ©cartent davantage lâune de lâautre ; la premiĂšre est de 47 ° 3 ', et la seconde de 5 o° 54 â. Par le centre du Soleil, si lâon Ă©lĂšve dans lâhĂ©misphĂšre borĂ©al, une perpendiculaire au plan de lâĂ©cliptique, elle ira rencontrer le ciel au pĂŽle borĂ©al de lâĂ©cliptique ; de mĂȘme, si lâon Ă©lĂšve, dans cet hĂ©misphĂšre et par ce centre, une perpendiculaire au plau de lâorbite dâune comĂšte, elle rencontrera le ciel au pĂŽle borĂ©al de cette orbite la distance angulaire de ces deux pĂŽles sera lâinclinaison de cette orbite sur celui de lâĂ©cliptique; mais il 11e faut pas confondre, comme lâa fait lâestimable traducteur du TraitĂ© d'astronomie de M. Herschel , la supposition que tous les points du ciel puissent ĂȘtre, avec une mĂȘme probabilitĂ©, des pĂŽles dâorbites comĂ©taires, avec lâhypothĂšse dâune Ă©gale probabilitĂ© des inclinaisons comĂ©taires de tous les degrĂ©s. 39 jo6 RECHERCHES En effet, soient a et b deux zones du ciel, circulaires, contenues dans lâhĂ©misphĂšre borĂ©al, dâune mĂȘme largeur infiniment petite, ayant pour centre commun le pĂŽle borĂ©al de lâĂ©cliptique, et dont les distances angulaires Ă ce pĂŽle seront reprĂ©sentĂ©es par a. et G ; soient aussi p la probabilitĂ© quâun point du ciel, pris au hasard dans cet hĂ©misphĂšre, appartiendra Ă la zone a, et q la probabilitĂ© quâil appartiendra Ă la zone b; il est Ă©videut que ces fractions p et q seront entre elles comme les Ă©tendues a et b des deux zones, et, par consĂ©quent, comme les sinus des angles a et G. Or, dans lâhypothĂšse dâune Ă©gale aptitude de tous les points du ciel Ă ĂȘtre des pĂŽles dâorbites comĂ©taires, p et q exprimeront les chances des distances a et G de deux de ces pĂŽles Ă lâĂ©cliptique, ou, autrement dit, les chances des deux inclinaisons comĂ©taires, Ă©gales Ă ces distances a et G; donc, dans lâhypothĂšse dont il sâagit, les chances des diffĂ©rentes inclinaisons, au lieu dâĂȘtre Ă©gales , seraient proportionnelles aux sinus des inclinaisons mĂȘmes la chance dâune inclinaison de 90° serait double de celle dâune inclinai- sou de 3 o*, et toutes deux seraient infinies par rapport Ă la chance dâune inclinaison infiniment petite *. 11a. Voici, en terminant ce chapitre, lâensemble des formules de * Il paraĂźt quâun nombre, qui semble inĂ©puisable, dâautres corps trop petits pour ĂȘtre observĂ©s, se meuvent dans le ciel, soit autour du Soleil, soit autour des planĂštes, soit peut-ĂȘtre mĂȘme autour des satellites. On suppose que quand ces corps sont rencontrĂ©s par notre atmosphĂšre , la diffĂ©rence entre leur vitesse et celle de notre planĂšte est assez grande pour que le frottement quâils Ă©prouvent contre lâair, les Ă©chauffe au point de les rendre incandescents, et quelquefois, de les faire Ă©clater. La direction de leur mouvement, modifiĂ©e par cette rĂ©sistance, les prĂ©cipite souvent sur la surface de la terre; et telle est lâorigine la plus probable des aĂ©roliihes. Telle est aussi lâexplication la plus naturelle dâun phĂ©nomĂšne trĂšs remarquable, que lâon a dĂ©jĂ observĂ© plusieurs fois, depuis quelque temps, en des lieux sĂ©parĂ©s par de grandes distances, et toujours Ă la mĂȘme Ă©poque de lâannĂ©e. Dans la nuit du ia au i3 novembre, diffĂ©rents observateurs, en AmĂ©rique et ailleurs, ont vu dans le ciel un nombre extrĂȘmement grand de corps semblables Ă des Ă©toiles filantes. Or, on peut supposer que ces corps appartiennent Ă un groupe encore bien plus nombreux, qui circule autour du Soleil, et vient rencontrer le plan de lâĂ©cliptique en un lieu dont la dis- SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 3o 7 probabilitĂ© qui y sont dĂ©montrĂ©es, ainsi que dans le prĂ©cĂ©dent. Le nombre des Ă©preuves, supposĂ© trĂšs grand, est reprĂ©sentĂ© par p; il se compose de deux parties m et n que lâon suppose aussi de trĂšs grands nombres; les formules sont dâautant plus approchĂ©es que ce nombre p. est plus considĂ©rable; et elles seraient tout-Ă -fait exactes, si pĂ©tait infini. i ". Soient p et q les chances constantes pendant toute la durĂ©e des Ă©preuves, des deux Ă©vĂ©nements contraires E et F, de sorte quâon ait p-\-q=i. Appelons U la probabilitĂ© que dans le nombre p ou m -h n dâĂ©preuves, E arrivera m fois et F aura lieu n fois. On aura n° 69 0?V i*mn Cette formule se rĂ©duit n° 79 Ă V Ixfipq tance au Soleil est e'gale Ă celle de la terre Ă cet astre, Ă lâĂ©poque oĂč la terre se trouve en ce mĂȘme lieu notre atmosphĂšre traversant ce groupe de corps Ă cette Ă©poque, agira sur une partie dâentre eux comme sur les aĂ©rolithes ; ce qui produira le phĂ©nomĂšne dont il sâagit. Si ce groupe nâoccupe pas une Ă©tendue trĂšs considĂ©rable sur la longueur de son orbite, câest-Ă -dire, si son diamĂštre apparent, vu du Soleil, nâest j>as beaucoup plus grand que celui de la terre, il sera nĂ©cessaire, pour que le phĂ©nomĂšne ait toujours lieu Ă la mĂȘme Ă©poque de chaque annĂ©e, que la vitesse de cette sorte de planĂšte brisĂ©e sâĂ©carte peu de celle de la terre; ce qui nâempĂȘche pas le grand axe et lâexcentricitĂ© de son orbite, de diffĂ©rer beaucoup du grand axe et de lâexcentricitĂ© de notre orbite ; et alors les perturbations du mouvement elliptique ont pu rendre la rencontre du groupe et de la Terre, possible depuis quelque temps, et pourront la rendre impossible par la suite. Si, au contraire, le groupe que nous supposons forme un anneau continu autour du Soleil, sa vitesse de circulation pourra ĂȘtre trĂšs diffĂ©rente de celle de la Terre ; et ses dĂ©placements dans le ciel, par suite des actions planĂ©taires , pourront encore rendre possible ou impossible, Ă diffĂ©rentes Ă©poques, le phĂ©nomĂšne dont nous parlons 3 o 8 lorsquâon prend RECHERCHES m = â v \Zwpq, n =z nq + v\/ v Ă©tant une quantitĂ© positive ou nĂ©gative, mais trĂšs petite par rapport Ă \/p; et sous cette forme, elle subsiste Ă©galement quand les chances de E et F varient dâune Ă©preuve Ă une autre, en prenant alors, dâaprĂšs la formule 2 du n° g 5 , pour p et q les moyennes de leurs valeurs dans la sĂ©rie entiĂšre desp Ă©preuves successives. 2 0 . Les Ă©vĂ©nements E et F ayant eu lieu effectivement m et n fois dans les p. Ă©preuves, et leurs chances p et q Ă©tant inconnues, soit U' la probabilitĂ© quâil arriveront dans [i ou m' -{-n' Ă©preuves futures, des nombre de fois m' et n', proportionnels Ă m et n , ou tels que lâon ait , fcm , un m = -â, » = â . Quelque soit le nombre p', on aura n° 71 u ' = v/ife C* en repiâĂ©sentant par U' la probabilitĂ© de lâĂ©vĂ©nement futur qui aurait lieu si les rapports â et - Ă©taient certainement les chances de F et F, câest-Ă -dire en faisant, pour abrĂ©ger, 1 .. . . ry'?y' = 0,.. i . .m'. 1 . .n \pj \p/ 3 °. Les chances constantes p et q de E et F Ă©tant donnĂ©es, soit P la probabilitĂ© que dans /a ou m-\-n Ă©preuves, E arrivera au moins m fois et F au plus n fois. On aura n° 77 P P I zâ» e ~" dt - 1 /»» 1 ~ r + "Wl ^ 3 Ćž wftmn e~ l âdt *+*_t / 2 c _â. 3 y xfimn SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. k Ă©tant une quantitĂ© positive dont le carrĂ© est ooq , i n . , .ni m -+ i k = nlog ââ Tâ + »» + log â, â-77â; ; ^ q ft+l v â P /âą* + O et en employant la premiĂšre ou la seconde formule selon que 1 on q ^ n q n aura - >-â ou - ? = dâoĂč lâon dĂ©duit u = py âą+ ? i â y, pour une expression de la probabilitĂ© que le jurĂ© ne se trompera pas, quâil est facile de vĂ©rifier. En effet, cela aura lieu de deux maniĂšres diffĂ©rentes parce que lâaccusĂ© sera condamnĂ©, et quâĂ©tant condamnĂ©, il sera coupable, ou bien parce quâil sera acquittĂ©, et quâĂ©tant acquittĂ©, il sera innocent. Or , par la rĂšgle du n° 9 relative Ă la probabilitĂ© dâun Ă©vĂ©nement composĂ© de deux Ă©vĂ©nements simples, dont les chances respectives influent lâune sur lâautre, la probabilitĂ© de la premiĂšre maniĂšre 'est le produit de y et de p , et celle de la seconde, le produit de 1 â 7 et de q. Donc aussi n° 10, la valeur complĂšte de u est la somme de ces deux produits. AprĂšs que la dĂ©cision du jurĂ© est prononcĂ©e, la probabilitĂ© quâil ne sâest pas trompĂ©, nâest autre que p, sâil a condamnĂ©, ou q sâil a acquittĂ©. Si lâon nâa pas k = j f elle ne peut ĂȘtre Ă©gale Ă u, comme auparavant, que quand on a u = o ou u=i. Ces formules renferment la solution complĂšte du problĂšme dans le cas dâun seul jurĂ©; problĂšme qui nâest, au reste, que celui de la probabilitĂ© dâun fait attestĂ© par un tĂ©moin, dont nous nous sommes oc- SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 5ai cupĂ©s dans le n° 56. La culpabilitĂ© de lâaccusĂ© est ici le fait qui peut ĂȘtre vrai ou faux; avant que le jurĂ© ait prononcĂ©, on avait une certaine raison de croire que ce fait Ă©tait vrai, rĂ©sultante des donnĂ©es quâon possĂ©dait alors A Ă©tait sa probabilitĂ©, et i â k celle de la non-culpabilitĂ©; aprĂšs la dĂ©cision du jurĂ©, on a eu sur le fait une nouvelle donnĂ©e; ce qui a changĂ© k en une autre probabilitĂ© p, si le jurĂ© a dĂ©cidĂ© ou attestĂ© que lâaccusĂ© soit coupable, et i â k en une probabilitĂ© q, sâil a attestĂ© que lâaccusĂ© ne soit pas coupable. Dans lâun et lâautre cas, il est Ă©vident que les probabilitĂ©s antĂ©rieures k et i â k ont dĂ» ĂȘtre augmentĂ©es, sâil j a plus de chance pour que le jurĂ© ne se trompe pas, quâil nây en a pour quâil se trompe, et diminuĂ©es, dans le cas contraire, câest-Ă -dire augmentĂ©es ou diminuĂ©es selon quâon a u > - j ou u ou 1 â A, selon quâon aa>ou= A>-f-i â k 1 â >; et puisque le premier membre de celte Ă©quation est Ă©gal Ă m, on a donc aussi u = ky-\- 1 â k 1 â >; ce qui servirait Ă calculer la probabilitĂ© que le jurĂ© ne se trompera pas, si lâon connaissait Ă priori, par un moyen quelconque, la chance y de la condamnation, outre la probabilitĂ© A de la culpabilitĂ©. Câest aussi ce que lâon vĂ©rifie en observant que le jurĂ© 11e se trompera pas, si lâaccusĂ© est coupable et condamnĂ©, ou bien sâil est innocent et acquittĂ© or, les probabilitĂ©s de ces deux cas, avant la dĂ©cision du jurĂ©, 4 1 5 2 2 RECHERCHES sont les produits ky et i â k i â y, dont la somme forme la valeur complĂšte de u. Quand on auraĂ=-j, les premiĂšres valeurs de pelq se rĂ©duiront immĂ©diatement Ă p=u et q= w, et, en effet, puisquâon nâa Ă priori aucune raison de croire plutĂŽt Ă la culpabilitĂ© quâĂ lâinnocence de lâaccusĂ© f notre raison de croire Ă lâune ou Ă lâautre, aprĂšs la dĂ©cision du jurĂ©, ne peut diffĂ©rer de la probabilitĂ© quâil ne se trompe pas. Si lâon a A = i, câest-Ă -dire si la probabilitĂ© de la culpabilitĂ© est regardĂ©e comme certaine Ă priori, on aura p = i et q = o; et quelle que soit la dĂ©cision du jurĂ©, et sa chance u de ne pas se tromper, cette culpabilitĂ© sera encore certaine aprĂšs cette dĂ©cision. Il en sera de mĂȘme Ă lâĂ©gard de lâinnocence de lâaccusĂ©, si lâon a k = o, câest-Ă -dire si elle est certaine Ă priori. Mais dans les deux cas, il nâest pas certain que lâaccusĂ© sera condamnĂ© ou acquittĂ© on aura y = u , dans le premier, et y = i â u dans le second, pour la chance de sa condamnation, qui sera donc Ă©gale, comme cela doit ĂȘtre, Ă la probabilitĂ© que le jurĂ© ne se trompera pas quand k= i, et se trompera lorsque k = o. i i5. Supposons actuellement quâaprĂšs la dĂ©cision de ce jurĂ©, lâaccusĂ© soit soumis au jugement dâun second jurĂ© dont la probabilitĂ© de ne pas se tromper sera reprĂ©sentĂ©e par u!. Il sâagira de dĂ©terminer les probabilitĂ©s que lâaccusĂ© sera condamnĂ© par les deux jurĂ©s, absous par lâun et condamnĂ© par lâautre, absous par lâun et lâautre; probabilitĂ©s que je dĂ©signerai respectivement par c, b , a. Soit y' la probabilitĂ© que lâaccusĂ© ayant Ă©tĂ© condamnĂ© par le premier jurĂ©, le sera aussi par le second. En observant que y est la chance de la premiĂšre condamnation , on aura c = yy, pour la probabilitĂ© de deux condamnations successives. Mais en paraissant devant le second jurĂ©, il y a la probabilitĂ© p , rĂ©sultant de la dĂ©cision du premier, que lâaccusĂ© est coupable; la valeur de y' se dĂ©duira donc de la formule i, en y mettant p et u' au lieu de k et w; ce qui donne y' = pu' - f- i â p i â u'; 5a5 SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS, dâoĂč lâon dĂ©duira, en verlu des formules i et a, c = kuu - j- i â Ă i â i â u '- Par un raisonnement semblable, on trouvera a = ki â u i â ĂŒ ' -4^i â kuu\ âąâą En ajoutant ces deux formules, il eu rĂ©sulte a + c â uu! + 1 â u j â u, pour la probabilitĂ© que les deux jurĂ©s dĂ©cideront de la mĂȘme maniĂšre, soit quâils condamnent, soit quâils absolvent; et lâon peut remarquer que cette probabilitĂ© totale est indĂ©pendante de celle de la culpabilitĂ© de lâaccusĂ© avant le double jugement. Si lâaccusĂ© a Ă©tĂ© absous par le premier jurĂ©, et quâon appelle y, la probabilitĂ© quâil sera condamnĂ© par le second, le produit i â yy, exprimera la probabilitĂ© que ces deux jugements contraires auront lieu successivement et dans cet ordre. Dâailleurs i â q sera la probabilitĂ© que lâaccusĂ© est coupable, quand il paraĂźt devant le second jurĂ© apres avoir Ă©tĂ© acquittĂ© par le premier; la valeur de y t se dĂ©duira donc de la formule i, en y remplaçant k et u par i â q et r/; ce qui donne y , = C 1 â ?â' + 91 â '» ou bien, en vertu des valeurs de 1 â y et q donnĂ©es par les formules 1 et 3 , , __ yy t âki 1 âk 1 â Il est Ă©vident quâen permutant les lettres u et u' dans cette expression, on aura la probabilitĂ© que les jugements des deux jures seront contraires, mais dans lâordre inverse de celui quâon vient de supposer. En 4i. 3 a 4 RECHERCHES ajoutant cette probabilitĂ© Ă la prĂ©cĂ©dente, il en rĂ©sultera b = i â uu + 1 â uu , pour la probabilitĂ© complĂšte de deux jugements contraires, rendus dans un ordre quelconque. On voit quâelle est indĂ©pendante de k, comme celle de deux jugements semblables. Dans le cas de u == ^ et u! = i, lâune et lâaulre%ont aussi J. Dans tous les cas, leur somme a + b + c est lâunitĂ©, comme cela devait ĂȘtre. La probabilitĂ© que lâaccusĂ© est coupable aprĂšs quâil aura Ă©tĂ© condamnĂ© par les deux jurĂ©s, sera donnĂ©e par la formule 2, eu y mettant/j et u! au lieu de k et u; et la probabilitĂ© de son innocence, quand il aura Ă©tĂ© absous par les deux jurĂ©s, se dĂ©duira de la formule 3 , par le changement de k et u en 1 â q et u'. En dĂ©signant par/?' et q' ces deux probabilitĂ©s, on aura donc ,__ pu_ _ ,_ _ qy! P pu + I â p 1 â u' % qu' + 1 â q I â u â et dâaprĂšs les valeurs de p et q, donnĂ©es par ces mĂȘmes formules 2 et 5 , ces valeurs de p' et q ' deviendront , kuu , 1â kuu' P â k 1 â u 1â u 'â ^ 1â kuu'-yk{ 1âuiâ u '* Soient encore p t la probabilitĂ© que lâaccusĂ© est coupable, aprĂšs quâil aura Ă©tĂ© absous par le premier jurĂ© et condamnĂ© par le second, et q, la probabilitĂ© quâil est innocent, quand il aura Ă©tĂ© condamnĂ© par le premier jurĂ© et acquittĂ© par le second. La valeur de p t se dĂ©duira de la formule 2, en y mettant u' au lieu de , et y remplaçant k par la probabilitĂ© 1 â q que lâaccusĂ© nâest pas innocent, aprĂšs quâil a Ă©tĂ© acquittĂ© parle premier jurĂ©; celle de q t sâobtiendra de mĂȘme en changeant et k dans la formule 3 , en u et p; on aura donc p _ _ _ UâpW 1â qu - j- qiâ u'* *1 1â pu'-\-pi â11'â 3 a 5 SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS, ou bien, en vertu de ces mĂȘmes formules 2 et 3 , _ jt-1â uu' n 1âĂi â u u ' P* * â uu - f-i *iâ uu' 1 ' = 1â k 1 â uu'-t- / 1â uâu' La probabilitĂ© que lâaccusĂ©, condamnĂ© par le premier jurĂ© et acquittĂ© par le second est coupable, sera 1 âi, et quâon fasse n â 2i = m, lâaccusĂ© aura Ă©tĂ© condamnĂ© Ă la majoritĂ© de m voix. Lorsque i jurĂ©s lâauront condamnĂ© et que les n â i autres lâauront absous , il aura Ă©tĂ© acquittĂ© Ă cette majoritĂ© de m voix ; la probabilitĂ© de cet acquittement, que je dĂ©signerai par Tj , se dĂ©duira de la valeur de y t en y permutant les nombres n â i et i, ce qui ne changera rien au coefficient N ; . On aura doue cfi = N* [ku i â u'~ + i â ku'~ i â ']. 5 En ajoutant ces deux derniĂšres Ă©quations, il vient y, 4- J'i = Ni \u n ~ i i â ii - j- u l i â il" -1 ] ; SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 5 2 g quantitĂ© indĂ©pendante de k; de sorte que la probabilitĂ© dâun jugement rendu Ă une majoritĂ© donnĂ©e m, soit quâil condamne, soit quâil absolve, ne dĂ©pend pas de la culpabilitĂ© prĂ©sumĂ©e de lâaccusĂ© avant cette dĂ©cision. Dans le cas particulier de les probabilitĂ©s y t et sont sĂ©parĂ©ment indĂ©pendantes de A, et ont pour valeur commune Elles sont aussi Ă©gales Ă©Btre elles, quelle que soit la valeur de u, lorsque lâon a k = 7. 118. Soit c, la probabilitĂ© que lâaccusĂ© sera condamnĂ© par nâi voix au moins et absous par i voix au plus, câest-Ă -dire la probabilitĂ© dâune condamnation Ă la majoritĂ© de m voix au moins. Soit aussi c?, la probabilitĂ© que lâaccusĂ© sera acquittĂ© par n â i voix au moins et condamnĂ© par i voix au plus. DâaprĂšs la rĂšgle du n° 1 o, on aura 'i c i = y» + y, + % + âą âą+ y» d-i = T» -H T,+ cT a +...-f- cf.; et au moyen des formules prĂ©cĂ©dentes, il en rĂ©sultera = k\Ji -h 1 - kUâ } d ; = Wi + 1 - Ă'Uâ j 6 en faisant, pour abrĂ©ger, N 0 m"+ N,kâ i âu + N,â +... + m'=U I N..iâ'+N 1 iâmâ+N.iâ»ââą+.. â â*= V b de maniĂšre que U, soit une fonction donnĂ©e de u, et Y,, ce ue devient cette fonction, quand on y met 1 â u an lieu de u. On aura, en mĂȘme temps, ^ + di = U, + Vâ 42 33 o RECHERCHES pour la probabilitĂ©, indĂ©peudaate de k, que lâaccusĂ© sera, ou condamnĂ©, ou acquittĂ©, Ă la majoritĂ© dâau moins m voix. Si lâon met n â iâ i au lieu de i dans lâexpression de d ,, on en conclura U, + V, c i + d n et, en effet, si un nombre de voix au moins Ă©gal an â i est nĂ©cessaire pour la condamnation, lâaccusĂ© sera acquittĂ© lorsquâil y aura n â i â i voix au plus qui lui seront contraires; en sorte que lâun des deux Ă©vĂ©nements dont les probabilitĂ©s sont c. et * devra certainement arriver. Si n est un nombre impair, et quâon ait n = ai + i et consĂ©quemment m = i, on aura Uf + V, = \u + i â ]" =i, Ci~hdj = i; en sorte que lâaccusĂ© sera certainement condamnĂ© ou acquittĂ© Ă la majoritĂ© dâune voix au moins; ce qui est Ă©vident en soi-mĂȘme. Si n est un nombre pair, la plus petite majoritĂ© possible sera m = 2, et rĂ©pondra Ă n = ai -f- 2. On aura alors U, + V, = [ + 1 â ]âą â N i+I i+ ' 1 â u i+ '; dâoĂč il rĂ©sultera A + 1 . 21. . ,i - f- 2 [i-or*- c,- -f- di = 1 1 . 1 .3... i + 1 11 ne sera donc pas certain que lâaccusĂ© sera condamnĂ© ou absous Ă la majoritĂ© dâau moins deux voix ; ce qui est Ă©vident, et tient au cas possible du partage Ă©gal des voix pour lâacquittement et pour la condamnation. La probabilitĂ© de ce cas unique sâobtiendra en retranchant de lâunitĂ©, la valeur prĂ©cĂ©dente de c, -f- dr, elle sera indĂ©pendante de k-, SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 331 et en la dĂ©signant par H ; , son expression pourra sâĂ©crire sons cette forme u _ i . .21 + â [â i â + i* Le maximum du produit u i â u rĂ©pond Ă u = Ăź, et est Ă©gal Ă Cette probabilitĂ© H ; diminuera donc Ă mesure que sâĂ©cartera davantage de ÂŁ. Elle diminuera aussi continuellement Ă mesure que i augmentera ; car on dĂ©duit de son expression lr _ 2» -f- + 4 âą â 1 - U II â-7+Tp et dâaprĂšs le maximum, ÂŁ de u i â u, on en conclut que le rapport de H l+ , Ă H; sera toujours moindre que lâunitĂ© la plus grande valeur de H, rĂ©pondra Ă u = { et i = o, et sera Ă©gale Ă i. Quand i-f- i sera un grand nombre, on aura n° 67 . .i+i=i+i pour la valeur approchĂ©e de H,, qui sera, comme on voit, une trĂšs petite fraction, lorsque u diffĂ©rera notablement de y, ou 4 1 â-m de lâunitĂ©. Dans le cas de = i, et en prenant pour exemple f-f-i = 6 ou n = 12, cette formule, rĂ©duite Ă ses deux premiers termes , donne - 3 -_» 94- pour cette valeur; ce qui diffĂšre trĂšs peu de la valeur 1024 23l exacte 1024* I uo * o ou k > , on aura aussi c, 1 â uy _ i â ku*- t â u 1 + ki â u n -u r Si lâon suppose kâj, on aura p i =q i ; et, en effet, lorsquâĂ priori, on nâa pas de raison de croire plutĂŽt Ă la culpabilitĂ© quâĂ 1 innocence de lâaccusĂ©, il est Ă©vident que la bontĂ© des jugements rendus Ă la mĂȘme majoritĂ©, a aussi une Ă©gale probabilitĂ© dans les deux cas de la condamnation et de lâacquittement. Pour uâ j, on a â uf â i â uf~ l iĂ , et, par consĂ©quent, comme cela doit ĂȘtre, p t = k et q t = i â k, quels que soient les nombres n et i. En faisant, dans les formules 7 et 8, u 1 + t> u 1 et observant que n = m -f- ai, on aura _ k,m Pi A *" 1 - J- 1 â k â _ 1 â kt m 1 _ k t m + k â ce qui montre que la probabilitĂ© de la bontĂ© dâun jugement, ue dĂ©pend, toutes choses dâailleurs Ă©gales, que de la majoritĂ© m Ă laquelle il est rendu, et nullement du nombre total n des jurĂ©s; et, effectivement, les votes contraires et en nombres Ă©gaux, dans le cas dâune mĂȘme chance dâerreur pour tous les jurĂ©s, ne sauraient augmenter ni diminuer la raison de croire que le jugement soit bon ou mauvais. Mais ce rĂ©sultat suppose essentiellement la chance u que les jurĂ©s ne se tromperont pas, donnĂ©e avant le jugement; et il nâen serait plus de mĂȘme, comme on le verra plus loin, si cette chance devait ĂȘtre conclue, aprĂšs le jugement, des nombres de voix qui ont eu lieu pour et contre. Pour une valeur donnĂ©e de m, un jugement rendu Ă la majoritĂ© dâune seule voix, par exemple, ne mĂ©rite donc ni plus ni moins de confiance, quel que soit le nombre impair des jurĂ©s, que sâil y avait un seul jurĂ©; mais la probabilitĂ© quâun tel jugement, de condamna- RECHERCHES 334 tion ou dâacquittement, sera rendu, diminue Ă mesure que le nombre total des jures devient plus grand. En effet , cette probabilitĂ© sera la somme des formules 4 et 5, dans laquelle on fera n = 21+1 ; en la dĂ©signant par , et q lt indĂ©pendantes du nombre total n des jurĂ©s, et dĂ©pendantes seulement de m ou n â 2/. Pour les â comparer numĂ©riquement les unes aux autres, je prends k = 4; ce qui rend Ă©gales les quantitĂ©s P, et Q , ainsi que p, et q lf et suppose quâavant le jugement, lâinnocence de lâaccusĂ© avait la mĂȘme probabilitĂ© que la culpabilitĂ©. Je fais aussi = ; en sorte quâil y ait trois Ă parier contre un que chaque jurĂ© ne se trompera pas. En prenant pour n le nombre ordinaire des jurĂ©s, et faisant n = 12 et i=. 5, on trouve dâabord 9 1 Pi = â, 1 â Pt = â ; r 10 r IO 7 on trouve, en outre, 37 U,=7254.^7, V, = 239122.^; et lâon en dĂ©duit, Ă trĂšs-peu prĂšs, P, ce qui montre que dans cet exemple, la probabilitĂ© 1 âP ; de lâerreur dâune condamnation prononcĂ©e Ă la majoritĂ© de deux voix au moins, est Ă peine un septiĂšme de la probabilitĂ© 1 â p t de lâerreur Ă craindre dans un jugement rendu Ă cette majoritĂ© de deux voix prĂ©cisĂ©ment, ou par sept voix contre cinq. Les formules 4, 5 , 6, 7, 8, 9, 10, sâappliqueront sans difficultĂ© au cas oĂč lâaccusĂ© traduit devant le jury que nous considĂ©rons, aura dĂ©jĂ Ă©tĂ© condamnĂ© ou acquittĂ© par un autre jury y on prendra alors pour la quantitĂ© k que ces formules renferment, la probabilitĂ© que lâaccusĂ© est coupable, rĂ©sultant du premier jugement, et que lâune de ces formules aura servi Ă dĂ©terminer. 121. Lorsque nâi et i seront de trĂšs grands nombres, on sera obligĂ© de recourir aux mĂ©thodes dâapproximation, pour calculer les valeurs de U et V,. 536 RECHERCHES Pour cela , jâobserve quâen faisant 1 âu = v, la quantitĂ© U; est la somme des t + i premiers termes du dĂ©veloppement de n-v", ordonnĂ© suivant les puissances croissantes de i>; elle devra donc coĂŻncider avec la formule 8 du n° en mettant dans celle-ci, u, v, i, n, au lieu d ep, q, n, par consĂ©quent, dâaprĂšs les formules i 5 du n° 77, nous aurons U ; = U,= n-fĂŻ l/a r _ fl . 3 \/ xni n â i * 3 [/ uni n â â e i - 6 ». 9 00 6 Ă©tant une quantitĂ© positive dont le carrĂ© a pour valeur G* = i log âą i Kn-f i + n + i â i log n -f i â i et en employant la premiĂšre ou la seconde de ces deux expressions de U ; , selon que ^surpassera le rapport - ou sera moindre. Si lâaccusĂ© a Ă©tĂ© condamnĂ©, et que toutes les majoritĂ©s puissent avoir eu lieu, depuis la plus petite, de une ou deux voix, jusquâĂ lâunanimitĂ©, le nombre n + i et le rapport ^ * j â . , seront Ă trĂšs peu prĂšs double de i et lâunitĂ© ; on devra donc employer la premiĂšre ou la seconde formule i i, selon que lâon aura v > u ou v v, et lâunitĂ© dans le cas de u u. Dans le cas de u = v = j, et en faisant n = ai -J- i ou n â 21 + 2 , selon que n sera impair ou pair, le rapport ^ * â. sera un peu V 4 moindre que -, ou que lâunitĂ©; il faudra donc employer la premiĂšre formule 11 ; et comme la valeur de 0 sera une trĂšs petite fraction, on aura, Ă trĂšs peu prĂšs, U âą 2. 11 en rĂ©sultera u 1 2 en sorte que la chance moyenne ne pourra par excĂ©der ni ĂȘtre moindre que 7, qui rĂ©pondent Ă a = 2 et a = o. Supposons encore que X varie en progression gĂ©omĂ©trique, pour des accroissements Ă©gaux de x; et prenons X = SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 543 valeur qui satisfait Ă la condition J' %dx â i , quelle que soit la constante a, et dans laquelle e est, Ă lâordinaire, la base des logarithmes nĂ©pĂ©riens. Nous aurons i i dâoĂč lâon conclut quâen faisant croĂźtre a depuis a = â oo jusquâĂ a = 2 Ă cause de J' Xdx = i, on aura donc 1 fl_ fodx = i â ĂŻg; ce qui exigera que g ne surpasse pas a, puisque fx ne peut avoir RECHERCHES 3 44 que des valeurs positives. Dans lâintĂ©grale J, xfxdx, on pourra, 2 ' en-dehors de Jx, regarder x comme une constante Ă©gale Ă j; on aura donc aussi fl_ t xfxdx = 7 â i g; Ăą et en observant quâon a - â âą 1 / o xfxdx = f o xfxdx - f- H xfxdx - f- f t xfxdx , ° J 3~ * J l on en conclura ou bien, en rĂ©duisant, B = ĂŻ + i?' Par consĂ©quent, dans ce cas, la chance moyenne ne pourra pas excĂ©der u â , qui rĂ©pond Ă g = a, ni ĂȘtre moindre que u = - j, qui rĂ©pond ag= o. On pourrait faire ainsi une infinitĂ© dâhypothĂšses diffĂ©rentes sur la forme de la fonction X. Si lâune dâelles Ă©tait certaine, la valeur correspondante de la chance moyenne u le serait aussi ; si, au contraire, elles sont toutes possibles, leurs probabilitĂ©s respectives seront infiniment petites, et il en sera de mĂȘme Ă lâĂ©gard des diverses valeurs de la chance moyenne qui rĂ©sulteront de ces hypothĂšses. Le dernier cas aura fieu, lorsque les valeurs diffĂ©rentes dont est susceptible la chance quâuu jurĂ© ne se trompera pas, nous seront inconnues, et que nous ne connaĂźtrons mĂȘme pas la loi de leurs probabilitĂ©s, de sorte que nous puissions faire sur cette loi toutes les suppositions possibles, qui donneront Ă la chance moyenne des valeurs inĂ©galement probables. Alors en reprĂ©sentant par , et de p t , nous aurons k J u a ~\ â ufudu âFTâ - â - Tx -. .3 k Jo u *~i â uçudu - J-1 â k J ui â ii *- 1 çudu Cette probabilitĂ© sera zĂ©ro ou lâunitĂ© en mĂȘme temps que k. Eu mettant son expression sous la forme = k - f- A-i â k f 1 â liyçudu â J* ni â w n-, ^iirfi^j k J' u* _i i â uYfudu -f- iâ k J' u' 1â u tt ~ipudit on voit que pour toute autre valeur de k, la probabilitĂ© que lâaccusĂ© est coupable, aprĂšs le jugement, sera plus grande ou plus petite quâauparavant, selon que la premiĂšre des deux intĂ©grales J ' mâ - ' 1 â u il faut supposer une personne qui ait, avant le jugement du jury, une certaine raison de croire lâaccusĂ© coupable, exprimĂ©e par la probabilitĂ© k; qui ne connaisse aucun des n jurĂ©s, ni lâaffaire quâils ont eu Ă juger; et qui sache seulement quâon les a pris au hasard sur la liste gĂ©nĂ©rale. Pour cette personne, la probabilitĂ© quâun jurĂ© ne sâest pas trompĂ© dans son vote, est Ă©gale pour tous les jurĂ©s n° 122, mais inconnue; avant le jugement elle peut supposer Ă cette inconnue u, toutes les valeurs possibles depuis u = o jusquâĂ u = i par des considĂ©rations quelconques que nous nâexaminons point ici, la probabilitĂ© infiniment petite que la personne attribue Ă la variable u est exprimĂ©e par qĂčdu ; et a, on prendra le signe supĂ©rieur devant le second radical et le signe infĂ©rieur devant le premier, afin que la valeur de X soit nĂ©gative et que celle de A' soit positive. Pour exprimer u en sĂ©rie ordonnĂ©e suivant les puissances de x , âąsoient y, y', y", etc., des coefficients constants, et faisons u = u-t-yx -Ăź- y'x % - f- y"x 5 - f- etc. ; en ayant Ă©gard aux valeurs de et, 6, x, il en rĂ©sultera = 2 inâi > x + y' x% + y" x 5 *+* etc * + y x + y' x% + Ăż' x ' + etc. 5 4- etc.; en Ă©galant les coefficients des mĂȘmes puissances de x dans les deux membres de cette Ă©quation, on en dĂ©duira les valeurs de y , y', y", etc., au moyen desquelles, on aura / 2/ft â i u â a-t-x \J et, en mĂȘme temps, n â 2 l 3 n* âj - etc., 4 xn â il , . + e,c - Si la fonction â j etc. En nous arrĂȘtant Ă son premier terme, et y^nâ nĂżnâ n' y'n observant que lâintĂ©grale J e~ x 'dx est Ă©gale Ă \Ar, nous aurons, i'{n â ixin â i /n â i V n J' u*~ i â utpudu â dâoĂč lâon conclut aussi P 1 .. » i n â i* â ' y'lxin â i /i\ par la permutation des nombres i et n â i. Si lâon dĂ©signe par f une quantitĂ© positive et trĂšs petite par rapport a\/n; que lâon fasse n V n et quâon dĂ©veloppe en sĂ©ries les logarithmes contenus dans les expressions de A et A', on trouvera A= â le second cas sera exclu , et lâon pourra regarder comme Ă peu prĂšs certain que la valeur de u sâest trĂšs peu Ă©cartĂ©e du rapport , ou, autrement dit, que les chances u et 1 â u de ne pas se tromper et de se tromper, ont Ă©tĂ© entre elles comme les nombres n â i et i des voix de condamnation et dâacquittement. Il semblerait, dâaprĂšs cela, que la probabilitĂ© au lieu de se rĂ©duire sensiblement Ă lâunitĂ©, devrait diffĂ©rer trĂšs peu de la valeur de p t relative Ă u = - * . Mais il faut remarquer que la probabilitĂ© p t rĂ©pondant au cas oĂč^a chance u nâa certainement quâune seule valeur possible ; pour faire rentrer ce cas dans celui auquel rĂ©pond lâexpression de Ti, il faudrait supposer que Qu=-Qac. Le radical y/ , * sera susceptiblu double signe db; on prendra le signe supĂ©rieur dans les intĂ©grales oĂč la variable 0 est croissante, et le signe infĂ©rieur dans celle oĂč elle est dĂ©croissante ; en changeant ensuite le signe de ces derniĂšres, et intervertissant lâordre de leurs limites, nous aurons &.IB- SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMElNTS. 35 9 J' U t âą a,et que lâon reprĂ©sente par b et b t les valeurs positives de A qui rĂ©pondent Ă u = a et u â a t , on aura, au degrĂ© dâapproximation oĂč nous nous arrĂȘtons, fl /â! i /7âĂ*d8. Par le procĂ©dĂ© de lâintĂ©gration par partie, on a dâailleurs f f d e - X â dx d9 = b f b e ~ x ' dcc ~\~\ â \ e ~ h â fXJ7^' dx m = et, par consĂ©quent, />-*âą + i -{** . fl Uwdu=fyudu - ,» v /Ăź^i4,y^ eâdx+'- Je mets actuellement V,- Ă la place de U, dans les formules 11, et jây change,en consĂ©quence, en 1âwn° j 18.La premiĂšre aura lieu quand surpassera ~ ^ c est-a-dxre depuis =1 â a jusqu a u = 1, en prenant n pour n - f- 1, et faisant toujours a = -âLa seconde sub sistera depuis u = o jusquâĂ u= 1 â a. En reprĂ©sentant par ĂŽ' ce que devient 0 par le changement de u en 1 â n, et continuant de nĂ©gliger 36o RECHERCHES les termes de lâordre de petitesse de -, nous aurons dâabord f' = ^, les limites des iutĂ©grales que renferme la formule i3 se rĂ©duiront Ă u=o et u= i; on pourra faire sortir pu hors des signes f ; et comme on a I J', u iâ ĂŒ n -du= Ă 2 u n ~[ iâ ufdu, cette formule deviendra 46.. 364 RECHERCHES k iâ udu Cr- k J'* u*-iâujdu 4- iâ k âu j du en supprimant le facteur constant = 5, la formule i5 donne les fractions . 1 14 92 378 1093 238 o 8192â 8192â 8192â 8192â 8192â 8192â pour la probabilitĂ© de lâerreur des condamnations prononcĂ©es par les 12 jurĂ©s, par 11 contre 1, par 10 contre 2, par 9 contre 3, par 8 contre 4> par 7 contre 5. A la plus petite majoritĂ©, la probabilitĂ© de lâerreur serait presque Ă©gale Ă ^ ; de sorte que sur un trĂšs grand nombre dâaccusĂ©s, condamnĂ©s Ă la majoritĂ© de sept voix contre cinq, il serait trĂšs probable que les deux septiĂšmes nâauraient pas dĂ» lâĂȘtre ; ce serait Ă peu prĂšs un huitiĂšme Ă la majoritĂ© de huit voix contre quatre. En appliquant lâhypothĂšse de Laplace Ă la formule 12; dĂ©signant par eT une quantitĂ© positive et qui nâexcĂšde pas et faisant k = Z = ^, Z' = ^-f-cf, on trouve J o n_ 1 âujdu r a *u n - i 1â Ăč j i-t pour la probabilitĂ© que la chance u de ne pas se tromper, qui nâa pas pu, suivant lâhypothĂšse, sâabaisser au-dessous de -, a Ă©tĂ© comprise entre ^ et ^ -f- cf, dans une condamnation prononcĂ©e par n â i contre 36b RECHERCHES . i jurĂ©s. Les intĂ©grations sâeffectueront sans difficultĂ©. Dans le cas de i = o, ou de lâunanimitĂ©, on aura Si lâon prend, par exemple, =12 et T = 0 , 448 , on trouve, Ă trĂšs peu prĂšs A, = de sorte quâil y a un Ă parier contre un que la chance u a Ă©tĂ© comprise entre o,5, et 0 , 948 . En faisant eT= et ne supposant pas 1 = o, on a C = pr, [ 3" + - * + ^ - 3 + 3â - 5 + .. - -+- n - f- 1 .n. [ . - 3-^*-30], pour la probabilitĂ© que la chance u a Ă©tĂ© comprise entre ^ et , ou plus rapprochĂ©e de que de lâunitĂ©. Pour n = 12 et i'=5, la valeur de cette quantitĂ© est 0 , 915 ....; en sorte quâil y a un peu plus de dix Ă parier contre un, que dans le cas de la plus petite majoritĂ©, cette 3 chance u a Ă©tĂ© au-dessous de 4 ^ 1 33. Puisque la formule i5 est dĂ©duite dâune autre dans laquelle la chance u de ne pas se tromper Ă©tait la mĂȘme pour tous les jurĂ©s, cette quantitĂ© ne saurait ĂȘtre, quoique Laplace ait omis de le dire, la chance propre Ă chacun des n jurĂ©s qui ont jugĂ© lâaccusĂ©; elle doit reprĂ©senter la chance moyenne relative Ă la liste gĂ©nĂ©rale sur laquelle ces n jurĂ©s ont Ă©tĂ© pris au hasard n° 122. Sur cette liste, il y a sans doute des personnes pour lesquelles la chance de ne pas se tromper, au moins dans les affaires difficiles, est au-dessous de - , ou moindre que la chance de se tromper. LâhypothĂšse de Laplace exige donc que leur nombre soit assez peu considĂ©rable pour ne pas empĂȘcher la chance moyenne dâĂȘtre toujours plus grande que Lâillustre gĂ©omĂštre suppose, en outre , quâau-dessus de 1 2 les valeurs de cette SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 567 chance, depuis â = ~ jusquâĂ u = 1, sont toutes Ă©galement probables. La seule raison quâil donne de cette double supposition est que lâopinion du juge a plus de tendance Ă la vĂ©ritĂ© quâĂ lâerreur. Mais, en partant de ce principe, on en conclurait seulement que la fonction LâhypothĂšse que nous examinons nâest donc pas suffisamment motivĂ©e Ă priori; et, comme on va le voir, les consĂ©quences qui sâen dĂ©duisent la rendent tout-Ă -fait inadmissible. En effet, la formule i 5 , qui est une de ses consĂ©quences nĂ©cessaires, ne renferme rien qui dĂ©pende de la capacitĂ© des personnes por- tĂ©ĂȘ§ §ur lĂą liste gĂ©nĂ©rale des jurĂ©s ; quelquâun qui saurait, par exemple, que deux condamnations ont Ă©tĂ© prononcĂ©es Ă une mĂȘme majoritĂ©, et par des jurys dâun mĂȘme nombre de jurĂ©s, mais pris sur deux listes diffĂ©rentes, aurait donc la mĂȘme raison de croire que ces deux jugements sont erronĂ©s, quoiquâil sĂ»t que les personnes portĂ©es sur lâune des listes ont une capacitĂ© bien supĂ©rieure Ă celle des personnes portĂ©es sur lâautre; or, câest dĂ©jĂ ce quâil est impossible dâadmettre. La fraction pĂ©tant plus petite que^, quand lâaccusĂ© est condamnĂ© Ă la majoritĂ© de n â i voix contre ij la quantitĂ© = a V â?ââ pour la premiĂšre inconnue , bi /ibi ;l - =f * y â fc-bi a b pour la seconde inconnue ; _ _ . /ladftâai =F a V â-p -1- pi - » pour la premiĂšre diffĂ©rence, et =f - y'- ^ 0 d pour la deuxiĂšme. Toutes choses dâailleurs Ă©gales, Ă mesure que u et fi' augmenteront , les amplitudes de ces limites dĂ©croĂźtront Ă peu prĂšs suivant la raison inverse des racines carrĂ©es de ces grands nombres, parce que a, et b t roitront Ă peu prĂšs comme le nombre , et que al et b/ croĂźtront de mĂȘme avec pt!. Elles auront aussi dâautant moins dâĂ©tendue*que la quantitĂ© a sera plus petite ; mais leur probabilitĂ© P diminuera en mĂȘme temps que a. 135. Toutes les donnĂ©es numĂ©riques dont je vais faire usage sont tirĂ©es, comme je lâai dit dans le prĂ©ambule de cet ouvrage, des Comptes gĂ©nĂ©raux de Vadministration de la justice criminelle , publiĂ©s par le Gouvernement. Depuis 1825 jusquâĂ i85o inclusivement, les nombres des affaires soumises annuellement aux jurys, dans la France entiĂšre, ont Ă©tĂ© 5i2i, 53oi , 5287, 5721, 55 o 6 , 5 o 68 ; et les nombres des accusĂ©s, dans ces procĂšs criminels, se sont Ă©levĂ©s Ă 6652, 6988, 6929, 7^96, 7^73, 6962; ce qui fait chaque annĂ©e, Ă peu prĂšs sept accusĂ©s pour cinq affaires. 47 - RECHERCHES 572 Les nombres ries condamnĂ©s Ă la majoritĂ© dâau moins sept voix contre cinq, ont Ă©tĂ©, dans ces mĂȘmes annĂ©es , 4037, 4348 > 4 2 ^6, 4 ^ 5 1 , 44 76, 4 1 > dâoĂč il rĂ©sulte, pour les rapports de ces derniers nombres aux prĂ©cĂ©dents, o,_io68, 0,6222, 0,6115, 0,6153, 0,6069, >5952 ; oĂč lâon voit dĂ©jĂ que ces rapports annuels ont trĂšs peu variĂ©, dans cet intervalle de six annĂ©es pendant lesquelles la lĂ©gislation criminelle nâa pas changĂ©. Je prends pour la somme des nombres des accusĂ©s pendant ces six annĂ©es, et pour as celle des nombres correspondants des condamnĂ©s. On aura ÂŁt = 4 2 3 oo, dâoĂč il rĂ©sulte pour ces deux annĂ©es, ^ =r 0,0887 ; = 0,5895. Ces rapports diffĂšrent, comme on voit, trĂšs peu lâun de lâautre; mais leur movenne o,5888 surpasse la valeur o,5388 de â, qui avait lieu en 1831, de o,o5, ou dâenviron un dixiĂšme de cette valeur; ce qui serait hors de toute vraisemblance, dâaprĂšs les limites c et leur probabilitĂ© P, sâil nâĂ©tait survenu aucun changement dans les causes qui peuvent influer sur les votes des jurĂ©s. La lĂ©gislation criminelle a subi, en effet, un tel changement, qui consiste dans la question des circonstances attĂ©nuantes , posĂ©e aux jurys depuis i 832; question qui SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 3 7 5 entraĂźne, dans le cas de lâaffirmative, une diminution de pĂ©nalitĂ©; ce qui a rendu les condamnations plus faciles et plus nombreuses. i 36 . Les diffĂ©rents rapports que nous venons de calculer pour la France entiĂšre, ne sont pas les mĂȘmes pour toutes les parties du royaume; mais si lâon excepte le dĂ©partement de la Seine et quelques autres dĂ©partements, les nombres des affaires criminelles qui ont Ă©tĂ© jugĂ©es en quelques annĂ©es ne sont pas assez considĂ©rables pour que lâon en puisse dĂ©duire, avec une probabilitĂ© suffisante et pour chaque ressort de cours dâassises, la quantitĂ© constante vers laquelle doit converger le rapport du nombre des condamnĂ©s Ă celui des accusĂ©s. Voici les rĂ©sultats relatifs Ă la cour dâassises de Paris. De i 8 a 5 Ă i 83 o, les nombres dâindividus quelle a jugĂ©s annuellement ont Ă©tĂ© 802, 824, 6 7 5 , 868, 908, 8o4 ; et ceux des condamnĂ©s 56 7 , 527, 456 , 55 g, 604, 484; ce qui donne pour les rapports des uns aux autres 0,7070, o, 63 g 6 , 0,6459, 0,6440, o, 6652 , 0,6020. En prenant pour fx la somme des six premiers nombres, et pour a s celle des six nombres suivants, on aura fi = 4 881, a s = 3177, â=0,6509. DâaprĂšs les nombres 423oo et 25779 dâaccusĂ©s et de condamnĂ©s, relatifs Ă la France entiĂšre, pendant les mĂȘmes annĂ©es, nous avons trouvĂ© que ce rapport doit diffĂ©rer trĂšs peu de 0,6094 ; fraction moindre que la prĂ©cĂ©dente, de 0,0416, ou dâenviron un quinziĂšme de sa valeur; or les limites c et leur probabilitĂ© P rendraient un tel Ă©cart tout-Ă -fait invraisemblable, sâil nây avait pas, pour le dĂ©partement de la Seine, une cause particuliĂšre qui rendĂźt les condamnations plus faciles que dans le reste de la France. Quelle est cette cause? Câest ce que le calcul ne saurait nous apprendre. Toutefois, nous ferons remarquer que dans ce dĂ©partement, dont la population est Ă peine un trente-sixiĂšme de celle RECHERCHES 376 du royaume, le nombre des accusĂ©s surpasse un neuviĂšme de celui qui a lieu, pour un mĂȘme intervalle de temps, dans la France entiĂšre; en sorte quâil est proportionnellement quatre fois aussi grand ; circonstance qui rend la rĂ©pression des crimes plus nĂ©cessaire, et qui, peut-ĂȘtre pour cette raison, est cause dâune plus grande sĂ©vĂ©ritĂ© des jurĂ©s. Au moyen de ces valeurs de fL et a s , les limites a deviennent o ,65 09 a 0,00960 ; et si lâon prend a =2, on aura P = o,99532, 1âP = o,00468; câest-Ă -dire plus de 200 Ă parier contre un, que lâinconnue R s ne diffĂšre de o, 65 og, que de 0,0 ig 3 , en plus ou en moins. Le dernier 0,6020 des six rapports citĂ©s plus haut Ă©tant notablement moindre que la moyenne des cinq autres, il y a lieu dâexaminer si cette diffĂ©rence indique suffisamment lâexistence de quelque cause particuliĂšre qui aurait rendu les jurĂ©s moins sĂ©vĂšres en i 83 o que dans les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes. Or, en prenant pour fi. et o s les sommes des nombres dâaccusĂ©s et de condamnĂ©s dans le dĂ©partement de la Seine, depuis 1826 jusquâĂ 1829, et pour fi! et a' s les nombres relatifs Ă lâannĂ©e i 83 o, on a fi. = 4077, a s = 2695, fi! = 804, a' s = 484 ; dâoĂč il rĂ©sulte ^ = o, 66 o 5 , r* t* *s 0,6019, r 1 5 t* o,o 585 . Les limites c deviennent aussi =F *°»02657 >â en sorte quâen faisant et = 2, il y aurait plus de 200 Ă parier contre un / que la diffĂ©rence des rapports â et ^ nâaurait pas dĂ» excĂ©der o,o 53 1 4 elle a surpassĂ© cette fraction, dâĂ peu prĂšs un 1 o* de savaleur; on peu t donc SUR UA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 3 77 croire quâil y a eu Ă cette Ă©poque quelque anomalie rĂ©elle dans les - votes des jurĂ©s; et la cause de cette anomalie, qui les a rendus un peu moins sĂ©vĂšres, a pu ĂȘtre la RĂ©volution de i 83 o. Cette cause, quelle quelle soit, paraĂźt avoir agi sur les jurĂ©s de la France entiĂšre; car, en i 83 o, le rapport du nombre des condamnĂ©s Ă celui des accusĂ©s dans tout le royaume, sâest abaissĂ© Ă prĂšs de 0,5g, tandis que sa valeur moyenne avait Ă©tĂ© 0,61 pour les cinq annĂ©es prĂ©cĂ©dentes. Depuis 1826 jusquâĂ t 83 o inclusivement, le nombre des affaires criminelles sâest Ă©levĂ©, dans le dĂ©partement de la Seine, Ă 2963; et dans ce nombre il y a eu ig4 affaires oĂč la condamnation par le jury a Ă©tĂ© prononcĂ©e Ă la majoritĂ© de sept voix contre cinq, et oĂč cour a dĂ» intervenir. En prenant le rapport de 19 j Ă 2963 pour la valeur de â, on auFa donc 1â â = o,o 655 ; quantitĂ© un peu moindre que la valeur du mĂȘme rapport pour la France entiĂšre. i 3 7 . Si nous considĂ©rions sĂ©parĂ©ment, comme dans les Comptes gĂ©nĂ©raux, toutes les espĂšces de crimes dont les cours dâassises ont eu Ă sâoccuper, les nombres dâaccusĂ©s et de condamnĂ©s pour chaque espĂšce en particulier, ne seraient pas assez grands pour donner lieu Ă des rapports constants, et servir de base Ă nos calculs. Mais dans ces Comptes f on a aussi groupĂ© toutes les affaires criminelles en deux classes, dont lâune renferme les crimes contre les personnes, et lâautre les crimes contre les propriĂ©tĂ©s âą et ces deux grandes divisions ont prĂ©sentĂ© annuellement des rapports trĂšs diffĂ©rents lâun de lâautre, mais Ă peu prĂšs invariables pour chacune dâelles. Ce sont ces rapports que nous allons citer. Pendant les six annĂ©es comprises depuis 1825 jusquâĂ i 85 o, les nombres des accusĂ©s de crimes contre les personnes, ont Ă©tĂ©, pour la France entiĂšre, 1897, 1907, et contre les propriĂ©tĂ©s âą 9 1 G 1844, 1791, 1666, 48 mnpn, i 3 7 8 . RECHERCHES 4 7 55, 5o8i, 5oi8, 5552, 5582, 5296; les nombres correspondants des condamne's, sous lâempire dâune mĂȘme lĂ©gislation criminelle, se sont Ă©levĂ©s Ă 882, 967, 948, 8 7 i, 854, 766, pour les crimes de la premiĂšre espĂšce, et Ă 3155, 338i, 3288, 368o, 364i, 3364, pour ceux de la seconde. De lĂ , on dĂ©duit °> 4^49, o,5o 7 i, 0,4961, o,4 7 23, o,465 7 , 0,4598, pour les rapports des nombres de condamnĂ©s Ă ceux des accusĂ©s de crimes contre les personnes, et o,6635, o,6654, o,6552, 0,6628, o,6523, o,6352, pour les rapports des nombres de condamnĂ©s Ă ceux des accusĂ©s de crimes contre les propriĂ©tĂ©s ; oĂč lâon voit que les uns et les autres nâont pas beaucoup variĂ© dâune annĂ©e Ă uue autre, mais que les derniers excĂšdent notablement les premiers. En prenant pour fx et a s les sommes des nombres dâaccusĂ©s et de condamnĂ©s dans le cas des crimes contre les personnes, et pour et a\ leurs sommes dans le cas des crimes contre les propriĂ©tĂ©s, nous aurons /* = 11016, 05=5268, fj t'= 31284, o ' 5 = 20509; dâoĂč il rĂ©sulte ces deux rapports a i = > 4782 , Ăż = o,6556 , r n dont le second surpasse le premier dâun peu plus du tiers de celui-ci. Au moyen de ces nombres, on trouve o, 4 7 82 qp a o,oo6 7 5 pour les limites a de lâinconnue R 5 , relative aux crimes contre les personnes, et 0,6556 qp a o,oo38o , SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 5 79 pour ces limites relatives aux autres crimes. En faisant a = 2, il y aura une probabilitĂ© trĂšs approchante de la certitude, que cette inconnue R 5 ne diffĂšre pas de la fraction 0,4782, de plus de 0,01 55 , dans le premier cas, et de la fraction o, 6556 , de plus de 0,0076, dans le second. En 1 83 1 , oĂč les condamnations ont Ă©tĂ© prononcĂ©es Ă la majoritĂ© dâau moins huit voix contre quatre , si lâon prencf pour f/, et pour a 4 les nombres dâaccusĂ©s et de condamnĂ©s, relatifs aux crimes contre les personnes , et pour fxl et a 4 ces nombres relatifs aux crimes contre les propriĂ©tĂ©s, on a !& â 2046, 4 = 743 , /-&' â 556 o, a ' 4 = 5355 ; dâoĂč lâon tire - 4 = o, 363 1 , ^ = o,Go 34 ; /U fi et en retranchant ces rapports des prĂ©cĂ©dents, il vient 65 o, ii5i , b !± t t* = 0,0022 , pour les rapports du nombre des condamnĂ©s Ă la plus petite majoritĂ© de sept voix contre cinq au nombre des accusĂ©s, dans les deux sortes de crimes. Il est remarquable que le rapport â , relatif aux crimes con- H" tre les personnes, soit Ă peu prĂšs double du rapport ^7, relatif aux t* crimes contre les propriĂ©tĂ©s , tandis quâau contraire câest le rap- f port -4 relatif Ă ces derniers crimes, qui surpasse dâenviron un tiers le rapport â relatif aux premiers. Ainsi, non-seulement les condam- f* nations prononcĂ©es par les jurys ont Ă©tĂ© proportionnellement plus nombreuses dans le cas des crimes contre les propriĂ©tĂ©s, mais elles ont aussi Ă©tĂ© prononcĂ©es Ă de plus grandes majoritĂ©s. Les rapports que nous considĂ©rons ne sont pas non plus tout-Ă - fait les mĂȘmes pour les deux sexes. Chaque annĂ©e, le nombre des femmes traduites aux cours dâassises est, Ă trĂšs peu prĂšs constamment, les dix-huit centiĂšmes du nombre total des accusĂ©s des deux 48 .. 58o * ' RECHERCHES sexes. Dans les cinq annĂ©es Ă©coulĂ©es depuis 1826 jusquâĂ i83o inclusivement, si lâon appelle x et fjtf les nombres de femmes accusĂ©es de crimes contre les personnes et de crimes contre les propriĂ©tĂ©s , et que lâon dĂ©signe dans ces nombres, par a s et a\ ceux des femmes condamnĂ©es, on aura fx = 5o5, \Ă ! â 5465, a s = 586, a' s = 33i2; dâoĂč lâon dĂ©duit J = 0,449° > Ăż = 0,6061 ; r r et en comparant ces rapports aux valeurs prĂ©cĂ©dentes de â et ^4, on fi voit quâils sont moindres, mais seulement dâĂ peu prĂšs un 16 e ou un 12* de ces valeurs. Relativement aux annĂ©es i 832 et i833, pendant lesquelles les condamnations ont Ă©tĂ© prononcĂ©es Ă la majoritĂ© dâau moins huit voix contre quatre et avec la question des circonstances attĂ©nuantes , on a eu, pour les accusĂ©s et les condamnĂ©s ds deux sexes, u = 4108, fx == 10421 , a 4 â 1889, a\ = 6664, et, par consĂ©quent, J = 0,4598, ^ = o,6395; les lettres accentuĂ©es rĂ©pondant, comme plus haut, aux crimes contre les propriĂ©tĂ©s, et les lettres non accentuĂ©es aux crimes contre les personnes. En faisant x= 2 dans lâexpression des limites a, on trouve quâil y a une probabilitĂ© trĂšs approchante de la certitude que lâinconnue R s ne sâĂ©carte pas de la fraction 0,4698, de plus de 0,022, ou de la fraction o,63g5, de plus de 0,0133, selon quâil sâagit des crimes de la seconde ou de la premiĂšre espĂšce. On peut remarquer que les valeurs de ^ et ^4 ont conservĂ© entre elles, Ă trĂšs peu prĂšs, le rapport qui existait entre celles de - et ^ quâon a trouvĂ©es fi fi plus haut. En comparant ces quantitĂ©s ^ et ^4, a leurs analogues en i83i , on peut aussi observer que lâinfluence de la question des SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 381 circonstances attĂ©nuantes a augmente le rapport ^4 relatif aux crimes contre les propriĂ©tĂ©s, seulement dâun i5% et le rapport â, f* relatif aux crimes contre les personnes, de prĂšs dâun tiers de sa valeur. 1 38. Maintenant, d'aprĂšs ce quâon a vu dans le n° ma, la chance, pour un accusĂ©, dâĂȘtre condamnĂ© par un jury pris au hasard sur la liste gĂ©nĂ©rale dâun dĂ©partement ou du ressort dâune cour dâassises, est la mĂȘme que si la chance de ne pas se tromper Ă©tait Ă©gale pour tous les membres de ce jury ; Ă la majoritĂ© dâau moins n âi contre i voix, la chance de la condamnation est donc exprimĂ©e par la premiĂšre formule 6, et Ă la majoritĂ© de n â i voix contre i, par la formule 4; par consĂ©quent, pour chaque dĂ©partement et pour chaque genre dâaffaires criminelles, les quantitĂ©s c t et y t , exprimĂ©es par ces formules, sont celles dont les rapports â et â approchent indĂ©finiment Ă mesure que le nombre /x, supposĂ© trĂšs grand, augmente encore davantage; ou, autrement dit, les quantitĂ©s c, et y, coĂŻncident avec les inconnues R, et r t du n° i34, lorsque lâon considĂšre des affaires dâun mĂȘme genre, dans un mĂȘme dĂ©partement, et mĂȘme pour chaque sexe des accusĂ©s sĂ©parĂ©ment. Nous rangerons en deux classes distinctes tous les genres dâaffaires criminelles lâune de ces classes comprenant, comme plus haut, les crimes contre les personnes, et lâautre les crimes contre les propriĂ©tĂ©s. Mais, pour ne pas trop compliquer les calculs, nous nâaurons point Ă©gard au sexe des accusĂ©s, dont lâinfluence sur la proportion des condamnations peut ĂȘtre nĂ©gligĂ©e, si lâon considĂšre que, dans le nombre total des prĂ©venus, le nombre des femmes nâest pas un cinquiĂšme de celui des hommes. Les lettres /x, a it b if c t , rĂ©pondant aux affames de la premiĂšre espĂšce, et les mĂȘmes lettres accentuĂ©es dĂ©signant les quantitĂ©s analogues relativement aux affaires de la seconde espĂšce, nous aurons, pour chaque dĂ©partement en particulier, aj_ t 1 h / âą > a'i t* / >t , 6 avec dâautant plus dâapproximation et de probabilitĂ© que les nombres /x et fx! seront plus considĂ©rables. RECHERCHES 382 Si les rapports qui forment les premiers membres de ces Ă©quations Ă©taient donnĂ©s pour les diffĂ©rents dĂ©partements, ces quatre Ă©quations suffiraient pour dĂ©terminer les inconnues k et u contenues dans c, et y ,, et leurs analogues dans c', et y', que je dĂ©signerai par k' et il ; mais la nĂ©cessitĂ© de trĂšs grands nombres u et fjJ rend impossible, quant Ă prĂ©sent, lâapplication des Ă©quations 16 Ă chaque dĂ©partement isolĂ©ment, et pour sâen servir, on sera obligĂ© de supposer que les inconnues u, u ', k, k ', ne varient pas beaucoup, en gĂ©nĂ©ral, dâun dĂ©partement Ă un autre; ce qui permettra dâemployer dans leurs premiers membres, les rapports relatifs Ă la France entiĂšre. Les quantitĂ©s u et u' que lâon dĂ©terminera de cette maniĂšre seront exactement les chances de ne pas se tromper qui auraient lieu si les listes de jurĂ©s de tous les dĂ©partements Ă©taient rĂ©unies en une seule, et que chaque jurĂ© fĂ»t pris au hasard sur cette liste totale. Dans cette hypothĂšse, les quantitĂ©s k et k', en ce quâelles dĂ©pendent de lâhabiletĂ© des magistrats qui dirigent lâinstruction prĂ©liminaire, pourraient encore nâĂȘtre pas les mĂȘmes dans les diffĂ©rents dĂ©partements; mais les Ă©quations 16 Ă©tant linĂ©aires par rapport Ă ces inconnues, leurs valeurs que lâon obtiendra, seraient alors les moyennes de celles qui ont rĂ©ellement lieu pour tous les dĂ©partements. Au reste, on doit observer que si lâon est obligĂ© de se contenter de ces valeurs gĂ©nĂ©rales de u, u ', k, k', câest seulemeut faute de donnĂ©es complĂštes de lâobservation> et non pas par quelque imperfection de la thĂ©orie que nous exposons. expressions dec, et y t ne changent pas lorsquâon y metiâA eli âu au lieu de k et u n os 117 et 118; pour des valeurs donnĂ©es de â et â , sâil y a un couple de valeurs de k et u plus grandes que ^, qui satisfassent aux deux premiĂšres Ă©quations 16, il y aura donc aussi un couple de valeurs de k et de u plus petites que ^qui satisferont Ă©galement h ces Ă©quations. Or, on doit supposer que la probabilitĂ© moyenne de la culpabilitĂ© des accusĂ©s avant le jugement, surpasse celle de leur innocence, et que, chez les jurĂ©s, la chance moyenne de ne pas se tromper est plus grande que celle de lâerreur; ce sont donc les valeurs de k et u plus grandes que ^ quâil faudra employer; 585 SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. et lâon devra rejeter les autres comme Ă©trangĂšres Ă la question. La mĂȘme remarque convient aux deux derniĂšres Ă©quations 16 , et aux valeurs de k' et /j.' qui sâen dĂ©duiront. Toutefois, si lâon appliquait ces Ă©quations aux jugements en matiĂšre politique, rendus en grand nombre dans les temps malheureux de la RĂ©volution, on pourrait employer, ainsi quâon lâa expliquĂ© dans le prĂ©ambule de cet ouvrage, leurs racines moindres que car alors lâinnocence lĂ©gale des accusĂ©s avant le jugement pouvait ĂȘtre plus probable que leur culpabilitĂ© ; et pour les jurĂ©s, la probabilitĂ© quâils se tromperaient volontairement pouvait surpasser leur chance de ne pas se tromper. 159. Je fais n= 12 et i = 5 , dans les formules 4 et 6; les coefficients quâelles contiennent auront pour valeurs N.= i, N, = i2, N a = 66 , N 3 = 22 o, N 4 = 495 , ^ = 792. Je fais aussi - 5 P 79 2 -y> u = 1 -Hâ 1 la seconde Ă©quation 16 devient + , 2 *â!6 + ^0 = + â â* t pour la probabilitĂ© dâun jugement unanime, soit quâil condamne, soit quâil absolve. On aura aussi y* â cT. = 2 kâ 1 ['* â 1 â '*]; quantitĂ© positive Ă cause de k> ÂŁ et u > 1â u, en sorte que lâunanimitĂ© est moins probable dans le cas de lâacquittement que dans celui de la condamnation. On voit que ces diverses probabilitĂ©s sont trĂšs faibles, dĂšs que la chance u de ne pas se tromper diffĂ©rĂ© sensiblement de zĂ©ro et de lâunitĂ©. Si lâon prend, par exemple, les valeurs 49 - RECHERCHES 388 de u et k qui se rapportent Ă la France entiĂšre, sans distinction de lâespĂšce de crimes, câest-Ă -dire si lâon fait k = o, 65 gi et u = 0,7494, il en rĂ©sultera . >. = 0,0201, ^0 = 0,0113, >.-f- prĂšs de trente-deux Ă parier contre un quâaucun jugement ne serait rendu; et cela arriverait 32 fois sur 33 environ, si les jurĂ©s ne communiquaient pas entre eux, et ne convenaient pas, pour en finir, de sâarrĂȘter Ă une simple majoritĂ©. En appelant M la probabilitĂ© que dans un nombre p. de jugements, il nây en a eu ou il nây en aura aucun qui soit unanime, on aura M = ' â y. â J'.V'j et si lâon veut que M soit il faudra quâon ait ** = rog._y 0 ^ 7 ĂŒ = 21 â 7 5 â en employant toujours la valeur prĂ©cĂ©dente de y 0 - f- ce qui donne p' 5 = 0,9618. Enfin, si lâon considĂšre les deux sortes de crimes indistinctement et toujours pour la France entiĂšre, on devra prendre o, 63 9 t et 2,9g, pour les valeurs de k et t a 0 140; et en dĂ©signant par RECHERCHES les nombres des jugements oĂč câest le juge A, ou A', ou A", qui nâa pas votĂ© comme les deux autres. On aura, avec une trĂšs grande approximation et trĂšs probablement, Le nombre ⏠étaut la sommede a, a', a", et b la somme de a, a', a*; la seconde de ces Ă©quations est une suite des trois derniĂšres, et les ciuq Ă©quations se rĂ©duisent Ă quatre. Si les nombres a, a', a', Ă©taient donnĂ©s par lâobservation; en substituant dans les trois derniĂšres Ă©quations, les expressions prĂ©cĂ©dentes de a, a', a", on en pourrait dĂ©duire les valeurs de u, u, u", et en mettant dans la premiĂšre Ă©quation lâexpression de^;, on en conclurait la valeur de y ; de sorte que si ce nombre y Ă©tait aussi donnĂ© par lâobservation, la comparaison du nombre donnĂ© au nombre calculĂ© servirait Ă vĂ©rifier la thĂ©orie. Les valeurs de u, u ', u ", Ă©tant ainsi dĂ©terminĂ©es, on en dĂ©duirait sans difficultĂ©, au moyen des formules prĂ©cĂ©dentes, les probabilitĂ©s p et q de la bontĂ© dâun jugement unanime et dâun jugement non unanime. Mais lâobservation nâa fait connaĂźtre, pour aucun tribunal, les nombres y, a , a!, et"; toutefois, afin de donner un exemple de lâusage de ces formules, je choisirai arbitrairement les valeurs des probabilitĂ©s u, u', u*. Je prends donc, par exemple, Pour chacun des trois juges, la chance de ne pas se tromper est plus grande que celle de lâerreur; A' et A" sont Ă©galement instruits, et ont la mĂȘme chance de ne pas se tromper ; A est plus instruit, et sa chance dâerreur est moindre. On aura de sorte quâon pourra parier 17 contre 8, ou un peu plus de deux contre un, que les trois juges ne rendront pas un jugement uuanime. On aura aussi P = 7 . 85â SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 407 il y aurait donc 9 Ă parier contreun pour la bontĂ© dâun jugement unanime, et seulement 5 y contre 28, ou, Ă trĂšs peu prĂšs, deux contreun pour la bontĂ© dâun jugement non unanime. Pour ces trois juges, la chance moyenne de ne pas se tromper serait u' + '==! ; en les supposant Ă©galement instruits et prenant cette fraction , pour la valeur commune de u, 11 on trouverait Ces valeurs dep et q Ă©tant un peu moindres que les prĂ©cĂ©dentes, il sâensuit que, dans notre exemple, une Ă©gale rĂ©partition entre les trois juges, de leur somme dâinstruction, diminuerait la probabilitĂ© que le jugement est bon, soit quâil ait eu lieu ou non Ă lâunanimitĂ©; mais, dâun autre cĂŽtĂ©, la derniĂšre valeur de c Ă©tant plus grande que la premiĂšre, et la premiĂšre valeur de b surpassant la derniĂšre, cette rĂ©partition Ă©gale de lâinstruction augmente la probabilitĂ© que le jugement des trois juges sera unanime, et diminue, en consĂ©quence, la probabilitĂ© quâil ne le sera pas. Lorsque nous ignorons si un jugement rendu par les trois juges a Ă©tĂ© ou nâa pas Ă©tĂ© unanime, la raison que nous avons de croire que ce jugement soit bon diffĂšre de p et de -211âv 5 t>*- 35 i âĂȘV 3 ] =[i>-f-iâv] 7 = 1. On aura C = C' = ^, soit dans le cas de /=^, et pour une valeur quelconque de v , soit dans le cas de 0 = ^, et pour une valeur quelconque de /âą; rĂ©sultats qui sont dâailleurs Ă©vidents en eux-mĂȘmes. En considĂ©rant sĂ©parĂ©ment les deux parties de lâexpression de chacune des quantitĂ©s C et C', on peut aussi dire que la premiĂšre partie de C est la probabilitĂ© que les deux tribunaux successifs jugeront bien Ănn et lâautre; que la seconde partie est la probabilitĂ© quâils jugeront mal tous les deux ; que la premiĂšre partie de C' exprime la probabilitĂ© que le premier tribunal jugera mal et le second bien ; et que, enfin, la seconde partie de C'sera la probabilitĂ© que le premier tribunal jugera bien, et le second mal. Si donc, 011 appelle f la probabilitĂ© que la cour dâappel jugera bien, soit que le tribunal de premiĂšre instance juge bien ou mal; p sera la somme des deux premiĂšres parties de C et C', 1 âp la somme de leurs secondes parties, et lâon aura f = u 7 -+- 7^ 1 â p4-2ii> 5 i â Oâ - ! - 55 > 4 i âv 3 , i â p = 1 â ââ 71 â v e v + 211 â vfv* - f- 35 1 â cV , ainsi quâon le trouverait directement. En dĂ©signant par T la probabilitĂ© que lâarrĂȘt de celte cour sera confirmĂ© par une seconde cour royale, composĂ©e Ă©galement de sept juges, et par Tâ la probabilitĂ© quâil ne le sera pas; et en appelant w, pour chacun de ces sept juges, la chance de ne pas se tromper, T et T 7 se dĂ©duiront de C et Câ en y -v-r SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 411 mettant p et w au lieu de r et v; par consĂ©quent, si lâon suppose quâon ait w=v, il en rĂ©sultera r = p' + 1 â f % , r' = api â f; valeurs qui satisfont Ă la condition r-f- T' = 1. DâaprĂšs les expressions de C et C', celles de p et p' pourront dâailleurs sâĂ©crire ainsi _ r â C' _ r â C ^ ' 2 r â t â 1 ^ 2 r â 1 â DĂ©signons encore par P la probabilitĂ© de la bontĂ© de lâarrĂȘt rendu par une premiĂšre cour dâappel, lorsquâil est conforme au jugement de premiĂšre instance, et par P' quand il est contraire. Dans le premier cas, en supposant successivement que lâarrĂȘtsoit bon et quâil soit mauvais,la probabilitĂ© de lâĂ©vĂ©nement observĂ©, qui est ici la conformitĂ© des deux jugements, sera la premiĂšre partie de C dans la premiĂšre hypothĂšse, et la deuxiĂšme partie dans la seconde ; la probabilitĂ© P de la premiĂšre hypothĂšse, aura donc pour valeur ccttc premiĂšre partie de C divisĂ©e par la somme de ses deux parties; nous aurons, en consĂ©quence, CP = r[V -f- 7 ,6 i â v + 21 1 â eâ -f- 35 v* 1 â o s ] ; et, lâon trouvera de mĂȘme, C'P' = 1 â /â{V -f- 7 6 i â v - j- 2 iv 5 j â v * - f- 35V 4 '! â v 3 ] ; rĂ©sultats qui se dĂ©duisent aussi, comme cela doit ĂȘtre, des formules g et 10, en y faisant k â r, n = 7, i= 3 . Ces Ă©quations pourront ĂȘtre remplacĂ©es par celles-ci CP = r P , C'P' = 1 - /âą/>, en ayant Ă©gard Ă ce que p reprĂ©sente. i 5 o. Il faut au moins trois juges pour prononcer un jugement de premiĂšre instance, et sept pour un arrĂȘt de cour dâa ppel ; gĂ©nĂ©ralement ces moindres nombres ne sont pas dĂ©passĂ©s; câcst pourquoi, jâai pris trois et sept pour les nombres dĂ©jugĂ©s des deux tribunaux successifs que je viens de considĂ©rer. En substituant pour r sa valeur en fonction de w, dans les formules que jâai obtenues, elles renfermeront les deux chances u 52 .. 1 V 4ia . RECHERCHES et v, qui ne peuvent se dĂ©duire que de lâobservation; malheureusement, elle ne nous fournit pour cela quâune seule donnĂ©e, savoir, le rapport du nombre des jugements de premiĂšre instance, confirmĂ©s par les cours royales, au nombre total des jugements qui ieur sont faire usage de ces formules, il est donc nĂ©cessaire de rĂ©duire Ă une seule, au moyen dâune hypothĂšse particuliĂšre, les deux inconnues u et v; celle qui mâa paru la plus naturelle a Ă©tĂ© de supposer quâon ait v â u, câest-Ă -dire, de regarder les juges du premier tribunal et ceux du second, comme ayant la mĂȘme chance de ne pas se tromper. Cela posĂ©, dans un trĂšs grand nombre ft. de jugements de premiĂšre instance, soit m le nombre de ceux qui ont Ă©tĂ© confirmĂ©s, et, par consĂ©quent, /jl â m celui des jugements non-confirmĂ©s. On pourra prendre le rapport âą pour la valeur approchĂ©e et trĂšs probable de la pro- Z * 4 habilitĂ© que nous avons dĂ©signĂ©e par C; et si lâon fait C = V = U, U t 7+V I â II = 1 +' âą il en rĂ©sultera m _ 2râ 1 1 + -f- 2 i/â 4 - 350 r On aura, eu mĂȘme temps, r '+ 3t 2 râi â 1 2fl + 3 '> - >+0â U + 0 3 â et en substituant ces valeurs dans celle de â , on obtiendra une Ă©quation du 10 e degrĂ© pour dĂ©terminer la valeur de t, et, par suite, celle de u. Dans le cas de v=u, lâexpression de C demeure la mĂȘme, quand on y change, u et r en 1âu et 1â rj ce qui rĂ©pond au changement de t en Ăż. Il sâensuit que si lâon satisfait Ă la valeur donnĂ©e de â, par une valeur de t plus petite que lâunitĂ©, on y satisfera Ă©gale- lement par une valeur de t plus grande que un ; et, en effet, lâĂ©quation dâoĂč dĂ©pend lâinconnue t est du genre des Ă©quations rĂ©ciproques, et SUR LA PROBABILITE DES JUGEMENTS. t O reste la mĂȘme, quand on y met Ăż au lieu de t. Ce sera la valeur de t plus grande que lâunitĂ©, qu il faudra prendre ; car câest celle qui rĂ©pond Ă la valeur de u plus grande que câest-Ă -dire, Ă une chance de ne pas se tromper plus grande que celle de se tromper, ce quâon doit admettre dans le cas de magistrats intĂšgres et instruits. i5i. Le Compte gĂ©nĂ©ral de P administration de la justice civile, publiĂ© par le gouvernement, donne, pour le ressort de chaque cour royale, les nombres m et fiâm de jugements confirmĂ©s et de jugements non confirmĂ©s, pendant les trois derniers mois de i85i, et pendant les annĂ©es entiĂšres i83» et r855. Mais il nây a guĂšre que le ressort de la cour royale de Paris, dans lequel le nombre total p soit assez grand pour servir isolĂ©ment Ă la dĂ©termination de l\ nous serons donc obligĂ©s, quant Ă prĂ©sent, de supposer, comme nous lâavons fait pour les jurĂ©s, que la chance u de ne pas se tromper est sensiblement Ă©gale pour tous les juges du royaume; ce qui permettra dâemployer Ă la dĂ©termination de t, les valeurs de m et de j tu â p relatives a la to j talitĂ© des cours royales. Or, on a eu dans le dernier trimestre de 1 85i, en i 832 et en 1 853, et pour la France entiĂšre 771 = 976, 77 j =53 oi , 777 = 5470; P â 777 = 388, j U 777 = 2 {o5, P 7/7=2617, dâoĂč lâon dĂ©duit, pour ces trois pĂ©riodes, 777 77Z â = 0,7155, â H ' fi 0,6879, -=0,6764. Les deux derniers rapports, qui rĂ©pondent Ă des annĂ©es entiĂšres, ne diffĂšrent pas lâun de lâautre, d r un 70 * de leur moyenne; ce qui prĂ©sente un exemple bien remarquable de la loi des grands nombres *. En prenant pour 771 et p les sommes des nombres relatifs aux trois pĂ©riodes, on aura * Cette loi a Ă©tĂ© de nouveau confirmĂ©e par la valeur du rapport â , q^a eu lieu en 1824 , et q u ' s â esl Ă©levĂ©e o,6g58, dâaprĂšs le Compte relatif Ă cette annĂ©e, que le gouvernement a publiĂ©, il y a peu de temps. 4i4 RECHERCHES m = 11747, ^=17157^-1=0,6847. Si lâon considĂ©rait sĂ©parĂ©ment les nombres relatifs Ă la cour royale de Paris, on aurait m = 25 iu, = 5297 , ^ = 0,761 5 ; en sorte que dans le ressort de cette cour, le rapport â surpasse sa valeur moyenne pour la France entiĂšre, dâĂ peu prĂšs un 9' de sa valeur. En employant sa valeur 0,6847 relative Ă la France entiĂšre, on trouve ÂŁ = 2,-t57, u = o,683a, r = 0,7626. DâaprĂšs cette valeur de r, il y a donc un peu plus de trois contre un Ă parier pour la bontĂ© dâun jugement de premiĂšre instance, lorsquâon ne connaĂźt, ni le tribunal qui a jugĂ©, ni la nature du procĂšs. On voit aussi que la chance ude ne pas se tromper surpasse fort peu, pour les juges en matiĂšre civile, la fraction 0,6788 qui exprimait cette chance, pour les jurĂ©s avant i 832, câest-Ă -dire, avant la loi qui a prescrit la question des circonstances attĂ©nuantes. Au moyen de cette valeur de r, et en prenant les rapports ^ et ~ m pour les valeurs de C et C', on dĂ©duit des formules du nu- n r mĂ©ro prĂ©cĂ©dent, P = 0,9^79, P'= 0,6409, r = 0,7466 j ce qui montre que lâon peut parier Ă trĂšs peu prĂšs 19 contre un pour la bontĂ© dâun arrĂȘt dâappel conforme au jugement de premiĂšre instance, et moins de deux contre un dans le cas dâun arrĂȘt contraire. On voit aussi que quand on ignore si lâarrĂȘt est conforme ou contraire, la probabilitĂ© T quâil sera confirmĂ© par une seconde cour royale, jugeant sur les mmes donnĂ©es que la premiĂšre, est un peu moindre que Les quatre parties qui composent les expressions donnĂ©es de C et C', ont 'Wir k SUR LA PROBABILITĂ DES JUGEMENTS. 4i5 pour valeurs rf = 0,6495, i-r p=o,2022, r i-/>=o,i i3i, 1 -ri-/>=o,o352 ; et ces fractions, dont la somme est TunitĂ©, expriment les probabilitĂ©s que les deux tribunaux successifs de premiĂšre instance et dâappel, jugeront bien, que le premier jugera mal et le second bien, que le premier jugera bien et le second mal, que tous les deux jugeront mal. FIN. II» '» niv 4& 5gj ' * ' - mmm mm mm Wmmmm SMmi ĂŠggggn âșâąs*»-*?** 4b- iĂ©Mi 7 ; ĂŻfe ffriSata SijWĂf- y * 7 r J*â i >c*-svi*a pptg V y y* -** '*rrj*M -VV 'Mm &SSSS < _, wsmk a?2^ -'*Ăź?r<5
- Dans la vie, il y a des scĂšnes qui exaltent, comme le combat, lâentrechoquement des corps par exemple, mais lâĂ©tat suprĂȘme de la beautĂ©, câest lâharmonie. Il sâagit de la qualitĂ© Ă©thique de la beautĂ©. Cette beautĂ© Ă©thique permet Ă lâhomme de conserver sa dignitĂ©, sa gĂ©nĂ©rositĂ© et sa noblesse dâĂąme. Ces qualitĂ©s nous permettent de transcender notre condition humaine, de dĂ©passer la douleur pour atteindre lâharmonie. La beautĂ© nous transfigure, car elle nous sort de lâhabitude, nous permet de revoir les choses qui nous entourent comme au matin du monde, comme pour la premiĂšre fois. En sortant dans la rue, vous voyez cet arbre en fleur, et lâunivers vous apparaĂźt comme au matin du monde. Comme PrĂ©vert qui, dans un poĂšme Voyages, in Histoires, Gallimard, Folio, 1972, raconte quâil voit sa femme de loin dans un bus, sans dâabord la reconnaĂźtre, comme sâil la voyait pour la premiĂšre fois. Seule la beautĂ© est capable de nous donner cet Ă©tonnement, cet Ă©merveillement de la premiĂšre fois. » - La beautĂ© nâest-elle quâun ornement, un surplus, voire un superflu ? Est-elle, au contraire, au fondement mĂȘme de lâĂtre, donc une nĂ©cessitĂ© vitale ? - En tout Ă©tat de cause, elle constitue un mystĂšre qui mĂ©rite notre inlassable interrogation. Ă travers elle se rĂ©vĂšle, de fait, la vĂ©ritĂ© de lâunicitĂ© de notre ĂȘtre Ă chacun, et du sens de notre existence terrestre sensation â direction â signification. Se pose alors la question quant Ă savoir comment dĂ©visager la vraie beautĂ©, tant il est vrai quâon ne peut fixer le soleil sans en ĂȘtre aveuglĂ©. Que dâartistes, affrontant la beautĂ©, se sont brĂ»lĂ© les ailes ! - La beautĂ© procĂšde de l'ĂȘtre, elle est avant tout dĂ©sir de beautĂ© et Ă©lan vers la beautĂ©. La vraie beautĂ© n'est donc pas seulement formelle ; elle n'est pas faite de la seule combinaison de traits extĂ©rieurs. Cette beautĂ© formelle, lorsqu'elle est utilisĂ©e comme un instrument de tromperie ou de domination, et, Ă terme, d'anĂ©antissement de l'autre, est la laideur mĂȘme. Une beautĂ© n'est pas fondĂ©e sur le bien cesse d'ĂȘtre "belle". Inversement, tout acte de bontĂ© est beau, ce qu'on appelle un "beau geste". Ce qui signifie que la bontĂ© est garante de la qualitĂ© de la beautĂ©. Pour moi, tout est liĂ© beautĂ© physique, beautĂ© morale et beautĂ© spirituelle. Ces derniĂšres confĂšrent Ă l'homme une noblesse et une dignitĂ© par-dessus l'abĂźme tragique, comme le montrent les icĂŽnes. La beautĂ© fĂ©minine tient surtout dans le regard, le sourire, dans la voix qui rappelle Ă l'humanitĂ© son rĂȘve de douceur et d'harmonie. MĂȘme un visage ravagĂ© peut ĂȘtre beau dans un moment de profonde priĂšre, d'abandon Ă l'Esprit. Quelque chose sourd alors de l'intĂ©rieur de lui-mĂȘme qui le mĂ©tamorphose. Entretiens avec François Cheng de lâAcadĂ©mie française, ed. Albin Michel.
vers l infini et au dela signification